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CINETOM
24 septembre 2018

JOHN BARRYMORE, LE ROMANTISME DES ANNÉES 30

                  JOHN BARRYMORE           1882 - 1942

           Acteur Américain 

 

 

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En 1926, peu après s'être installé à Hollywood, John Barrymore écrit à un ami "L'événement le plus merveilleux de ma vie a été de venir dans cet endroit béni des dieux, ensoleillé, plein de vie et de jeunesse." L'arrivée de Barrymore dans ce paradis n'est pas le fruit du hasard. A quarante-quatre ans, le cadet de la célèbre famille Barrymore  est lié au théâtre. Une mémoire rendue défaillante par l'alcool et le constant besoin d'argent l'ont amené à Hollywood.

Pendant de nombreuses années les Barrymore - John, Lionel et leur soeur Ethel, rejetons d'une grande famille de comédiens américains de la fin du XIXe siècle et eux-mêmes parent d'autre génération d'acteurs, furent considérés, de l'avis général, comme la "famille royale de Broadway". Ainsi furent d'ailleurs intitulées une comédie à succès écrite par Edna Ferber et George S. Kaufman et son adaptation cinématographique, réalisé en 1930 par George Cukor, ami et admirateur de la famille Barrymore. La comédie s'inspirait librement des Barrymore et les soumettait à une satire affectueuse. Tous ceux qui virent la pièce se rendirent compte en effet que les charmantes têtes folles de la famille Cavendish, individus emportés, hystériques, arrogants et mélodramatiques étaient en réalité les Barrymore.

La satire visait juste, car à l'époque John, le plus célèbre des Barrymore, défrayait la chronique par toute une série de bravades bizarres, qui avaient fait de lui un mythe théâtral mais aussi la terreur de ses partenaires, lesquels ne savaient jamais comment se comporter avec un type de ce genre. John, qui fut également un des grands acteurs du cinéma muet, était connu en outre pour ses aventures sentimentales avec de jeunes et très jolies jeunes femmes, comme la poétesse Michael Strange, qui devient sa deuxième femme, et ses partenaires Mary Astor, Carmel Myers, Camilla Horn et Dolores Costello, qui fut la troisième madame Barrymore. Inconstant, trépidant, alcoolique, porté à l'autodestruction, terriblement romantique et presque trop beau, John Barrymore fut aussi et surtout l'un des plus grands comédiens de sa génération. 

Les Barrymore étaient les enfants des comédiens Maurice Barrymore et Georgina Drew, soeur de John Drew, un acteur de premier plan à son époque. Le plus jeune et le plus beau des Barrymore, John naquit le 15 février 1882 à Philadelphie (Pennsylvanie) (Sa grand-mère maternelle était la fille de Frederick Lane, grand comédien anglais du XIXe siècle). Sa mère meurt alors qu'il n'a que 11 ans. Son père finira sa vie interné dans un hôpital psychiatrique.

A 14 ans, John, lui, est déjà alcoolique...Il exerce un temps la profession de journaliste, puis espère gagner sa vie comme peintre et caricaturiste. Mais il revient à la profession de ses parents à partir de 1903 et débute la même année à Broadway. Son physique exceptionnel, sa voix charmeuse, son énergie et sa formidable présence sur scène firent très vite de lui l'idole du public. "Peter Ibbetson" et "Svengali" de George du Maurier comptent parmi ses plus grands succès au théâtre. Son interprétation la plus inquiétante à l'écran fut peut être celle qu'il fournit dans l'adaptation de "Svengali". Il jouait aussi Shakespeare de façon admirable et le Hamlet qu'il incarna à Londres en 1924 est resté légendaire.

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On vit pour la première fois John Barrymore à l'écran dans "An American Citizen" (1913). A partir de cette date, et malgré son amour du théâtre, il se consacra de plus en plus au cinéma. Contrairement à Lionel et à Ethel, il ne reçut jamais d'Oscar, mais fut une personnalité cinématographique de premier plan et joua des rôles bien plus importants. On l'adora  pour les personnages artificiellement romantiques qu'il incarna dans "Le Beau Brummell" (Beau Brummell,1924) de Harry Beaumont, "Don Juan" (1926) de Alan Crosland, "L'étrange aventure du poète vagabond" (The Beloved Rogue,1927) et dans d'autres drames en costumes et dans les films de cape et d'épée. Mais il ne cachait pas sa préférence pour des rôles plus complexes, plus démoniaques aussi comme ceux du "Docteur Jekyll et M. Hyde" (Dr Jekyll and M. Hyde,1920) de John S. Robertson. Barrymore aura le coup de foudre pour ce double rôle jugé à l'époque comme un sommet de composition cinématographique et qui lui apportera la gloire internationale. Mais il demeure toujours fidèle au théâtre : ses deux plus grands rôles seront "Hamlet" et "Richard III" qui le feront reconnaître comme le numéro un des scènes américaines. Au cours d'une tournée en Angleterre, il sera également acclamé dans la patrie de Shakespeare.

Il incarne "Sherlock Holmes" en 1922, "Brummell" en 1924, "François Villon" et, à deux reprises le capitaine Achab de "Moby Dick". Sa vie est turbulente : en 1926, il a déjà divorcé deux fois et épouse Dolores Costello, l'une des plus belles femmes du cinéma américain de l'époque. Il en fera plusieurs fois sa partenaire. Il l'impose aussi à ses côtés à la place de Mary Astor d'abord pressentie, dans "Don Juan" (son premier film avec bande musicale synchronisée sur disque) : c'est ce film qui lui vaudra le titre de "plus grand acteur et le plus grand amoureux de tous les temps". Il connaîtra un grand succès et le passage au cinéma parlant ne lui pose aucun problème. La Warner renégocie son contrat pour cinq films avec un cachet de 30 000 dollars par semaine plus un pourcentage, mais les résultats ne sont pas à la hauteur des fonds engagés : "General Crack" (1929) d'Alan Crosland, pesant film en costumes, "The Man From Bankley's" (1930) d'Alfred E. Green, fade comédie et "Jim le harponneur" (Moby Dick,1930) de Lloyd Bacon. Le physique de Barrymore est transformé : des pupilles comme des balles de ping-pong et un maquillage de "professeur d'escroqueries", l'effet est utilisé dans "Le Génie fou" (The Mad Genius,1931) réalisé par Michael Curtiz, où il incarne un manipulateur de marionnettes hypnotiseur. 

En 1927, il sera le chevalier Des Grieux aux côtés de son épouse dans "When A Man Loves", une adaptation de "Manon Lescaut".A l'orée du parlant, John Barrymore va connaître son "âge d'or" : le grand public peut enfin entendre à l'écran sa voix bien timbrée qui fait merveille sur les scènes du théâtre. A cette époque, il figure en tête de liste des acteurs les plus populaires devant entre autres Harold Lloyd, Gloria Swanson, Richard Dix, Tom Mix, Buster Keaton et même le chien Rin-Tin-Tin...". Après le tournage de "Svengali" (1931) réalisé par Archie Mayo où l'on remarque que le physique de Barrymore s'est transformé : des pupilles comme des balles de ping-pong et un maquillage de "professeur d'escroqueries". L'effet est réutilisé dans "Le génie fou" (The Mad Genius", où il incarne un manipulateur de marionnettes hynotiseur.

La Warner le laisse partir et il rejoint un temps son frère Lionel à la MGM. Au cours des trois années suivantes, Barrymore donne quelques-unes de ses meilleures interprétations en jouant une parfaite sobriété, alors que Greta Garbo tient la vedette dans "Grand Hôtel" (1932). Son proche déclin et la jeunesse de Katharine Hepburn, star montante, accentuent le caractère poignant de "Héritage" (A Bill Of Divorcement,1932) mis en scène par George Cukor pour le compte de la RKO. Ravagé par l'alcool, Barrymore commence à fléchir : il a besoin de grands panneaux où sont écrits ses rôles pour pouvoir poursuivre les tournages. "Les Invités de huit heures" (Dinner At Eight,1933) également de Cukor, constitue le tournant de sa carrière : il y incarne un acteur de dernière catégorie, alcoolique, préparant soigneusement son suicide et loupant son dernier instant de mélodrame en rampant tristement sur la moquette de la chambre d'hôtel. La pièce dont fut tiré le film fut jouée près de deux cents cinquante fois à Broadway. Le film à "stars" réunissait notamment Greta Garbo, John Barrymore, Lionel Barrymore, Wallace Beery et Jean Harlow. Il brille pourtant d'un dernier éclat dans "Train de luxe" (Twentieth Century,1934) d'Howard Hawks : dans le personnage d'Oscar Jaffe, producteur égocentrique et cabotin, Barrymore encense et combat la notion du "jeu d'acteur" par une rivalité implacable avec Carole Lombard. Puis, il retombe dans l'alcool...

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Les films qu'il tourne au début des années trente resteront parmi ses plus célèbres : il est "Arsène Lupin" (1932) de Jack Conway, il retrouve son frère Lionel et sa soeur Ethel dans "Raspoutine et sa cour" (Rasputin and the Empress,1932) de Richard Boleslawski. En 1933, c'est un nouveau triomphe avec une adaptation américaine de "Topaze" de Marcel Pagnol dans laquelle il incarne le petit professeur français embarqué dans des affaires frauduleuses...Au théâtre, sa notoriété demeure inchangée et il triomphe toujours dans "Hamlet", à tel point que beaucoup songent à filmer la pièce avec son immortel interprète. Selznick voudrait le faire en Technicolor, mais les essais réalisés en 1935 ne seront pas concluants. Sa dernière création d'importance au cinéma sera celle de Mercutio pour une adaptation de "Roméo et Juliette" (Romeo and Juliet,1936) de Cukor avec Leslie Howard et Norma Shearer. A la Paramount, il est l'inspecteur Neilson dans trois films dont "Le Triomphe de Bulldog Drummond" (Bulldog Drummond Comes Back,1937) de Louis King; les yeux dans le vague, il regarde au loin les ruines de sa carrière. Il se ressaisit dans "The Great Man Votes" (1939), où il est un professeur d'université alcoolique réhabilité par l'amour de ses enfants. Il se révèle excellent avec Claudette Colbert et Don Ameche dans "La Baronne de minuit" (Midnight,1939) de Mitchell Leisen.  Désormais, sur le déclin, il devenait indésirable dans la plupart des studios d'Hollywood et apparaissait depuis dans des films de série B qui se servaient de son prestige passé. En 1940, on peut noter sa prestation dans "La Femme invisible" (The Invisible Woman) de Edward Sutherland.  

John Barrymore avait été un grand buveur et durant sa carrière il se mit à boire de plus en plus. Lorsque le parlant s'imposa, il n'était plus tout jeune et le "grand profil" d'autrefois portait déjà les marques d'une vie dissipée. A la fin de sa vie il était devenu un alcoolique chronique et travailler avec lui n'était plus possible. Il en était arrivé au stade où plus rien ne l'intéressait, si bien qu'il se vendit dans des films comme "The Great Profile" (1940) de Walter Lang etn en dernier lieu, "Playmates" (1941) de David Butler, où, caricature de lui-même, il jouait les vieux acteurs perdus dans le souvenir de leur gloire passée. Exemple évident du désordre du génie, John Barrymore ne fut jamais capable de garder le sens de la mesure : tour à tour extraordinaire acteur ou exécrable cabotin, nul ne pouvait prévoir dans quelle direction allait s'orienter sa prestation. Après d'innombrables cures de désintoxication, il n'est plus que l'ombre de lui-même. Les tournages de ses films sont inconsidérément prolongés à cause de ses frasques et de ses caprices. Les studios fermeront les yeux à cause de sa toujours considérable popularité. Mais il souffre de plus en plus de pertes de mémoire dues à son alcoolisme invétéré. On dit que, devenu médiocre acteur, le public vient le voir au théâtre pour le découvrir ivre, bafouillant, incapable de se tenir sur ses jambes. Il n'est plus qu'un pitre....Atteint d'une pneumonie, John Barrymore disparaît le 29 juin 1942 à l'âge de 60 ans.  

 

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                            Les  Invités de huit heures -  1933 - George Cukor 

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                     Roméo et Juliette - 1936 - George Cukor

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             La Baronne de minuit - 1939 - Mitchell Leisen

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