DÉCÈS D'EMMANUELLE RIVA (Hiroshima mon amour, Amour)
DÉCÈS DE LA COMÉDIENNE FRANçAISE
EMMANUELLE RIVA 1927 - 2017
Une voix inoubliable s'est tue: l'actrice française Emmanuelle Riva, célèbre pour ses rôles dans "Hiroshima mon amour" d'Alain Resnais et "Amour" de Michael Haneke, s'est éteinte vendredi 27 janvier 2017 à l'âge de 89 ans après un long combat contre le cancer.
La comédienne est morte à Paris "des suites d'une longue maladie", a-t-on appris samedi auprès de son entourage, confirmant une information du journal Le Monde. "Jusqu'au bout, elle a été active", a dit à l'AFP son agent, Anne Alvares Correa. L'automne dernier, l'actrice avait ainsi donné une lecture à la Villa Médicis à Rome, a-t-elle rappelé.
Emmanuelle Riva avait aussi tourné assez récemment dans un film, "Paris Pieds nus" de Dominique Abel et Fiona Gordon, qui doit sortir en mars sur les écrans. Elle avait aussi participé à un film islandais qui n'est pas encore sorti.
"Femme libre et discrète, Emmanuelle Riva a incarné de façon singulière tous les visages de l'amour, tout au long d'une vie dédiée aux plus grands auteurs", a souligné de son côté la ministre de la Culture, Audrey Azoulay, dans un communiqué."Comédienne empreinte d'élégance et de fragilité, au cinéma comme au théâtre, elle jouait avec passion et exigence encore récemment dans +Savannah Bay+ de Marguerite Duras" dans une mise en scène de Didier Bezace (2014), a relevé la ministre.
- "Tu me tues, tu me fais du bien"-
Visage harmonieux, silhouette élancée, Emmanuelle Riva captivait par sa voix et sa diction.
C'était "une femme bouleversante, une artiste à l'exigence rare. C'est une voix inoubliable qui s'en va. Une voix habitée par l'amour des mots et de la poésie", a souligné Frédérique Bredin, présidente du Centre national du cinéma et de l'image animée (CNC).
Dans "Hiroshima mon amour" (1959) où elle interprète une actrice française éprise d'un architecte japonais après la Seconde guerre mondiale, "sa voix s'emparait du texte de Marguerite Duras", déclare à l'AFP Gilles Jacob, ancien président du Festival de Cannes. "Elle en faisait une chose unique, comme une espèce de cantate religieuse".
"La voix d'Emmanuelle Riva disant +tu me tues, tu me fais du bien+ dans ce film est inoubliable", ajoute-t-il.
Née le 24 février 1927, Emmanuelle - qui s'appelle encore Paulette - grandit dans les Vosges, dans une famille ouvrière. Son père est un immigré italien. Poussée par ses parents, elle exerce un temps le métier de couturière tout en s'adonnant à l'art dramatique avec d'autres comédiens amateurs de sa ville. Convaincue de ses aptitudes, Emmanuelle Riva, malgré l'opposition de sa famille, passe le concours de l'école de la rue Blanche. Elle ne se résout pas à devenir couturière et réussit le concours d'entrée à l'Ecole de la rue Blanche. Elle a 26 ans. Si je n'avais pas réussi, j'en serais morte. Je n'avais plus une seconde à perdre. J'avais eu une dizaine de demandes en mariage, toutes refusées. Pourquoi me serais-je ligotée avec un mari et des enfants", avait-elle confié en 2012 à Libération.
Emmanuelle Riva monte à Paris en 1953, et obtient une bourse d'études. Elle est l'élève de Jean Meyer. Trop âgée pour tenter le concours du Conservatoire, Elle est engagée par René Dupuy pour jouer "Le héros et le soldat", de George Bernard Shaw. Dès lors elle joue successivement "L'Espoir", de Bernstein, "Le séducteur", "La profession de Madame Warren", "Le dialogue des Carmélites", "Britannicus", "l'épouvantail". C'est une photo d'Emmanuelle Riva dans cette pièce qui retient l'attention d'Alain Resnais à la recherche d'une comédienne pour son premier long métrage.
Emmanuelle Riva sera marquée à jamais par "Hiroshima mon Amour" (1959). "Il paraît, répondait-elle alors à ceux qui la cataloguaient trop vite, mais cela m'étonne au plus haut point, que je passe le plus souvent pour une "comédienne intellectuelle" ou "cérébrale". A cela, je répondrais simplement et très honnêtement que je suis le contraire de cela. (In "Ciné-Revue" du 26 nov. 64.) Elle le prouvera notamment dans "L'opéra du monde" d'Audiberti, "La journée d'une rêveuse", de Copi, "Le retour de Pinter", "C'est beau" de Nathalie Sarraute, "Charcuterie fine", de Tilly, et au cinéma, dans "Les heures de l'amour" (Le Ore dell'Amore,1962) de Luciano Salce et quelques années plus tard dans "Y'a t'il un français dans la salle ?" de Jean-Pierre Mocky.
En 1962, elle remporte le prix d'interprétation de la Mostra de Venise pour son rôle dans "Thérèse Desqueyroux", l'empoisonneuse du roman de François Mauriac. Elle fut la partenaire éprise de Jean-Paul Belmondo en soutane dans le merveilleux film de Jean-Pierre Melville "Léon Morin Prêtre" en 1961, de même au côté de Jacques Brel en instituteur fragilisée par les accusations de viol d'une élève, son épouse n"est autre qu'Emmanuelle Riva dans "Les risques du métier" (1967) réalisé par André Cayatte. Au début des années 60, un rôle marquant "Kapo" (1961) de Gillo Pontecorvo.
Dans les années 80, on la remarque dans "Trois couleurs : bleu" du regretté Krzysztof Kieślowski. On peut noter également sa prestation dans le film de "Liberté, la nuit" (1983) de Philippe Garrel et dans le magnique film de Jean-Pierre Améris "C'est la vie" (2001) aux côtés de Jacques Dutronc et Sandrine Bonnaire.
Exigeante et sélective, elle travaille ensuite pour le théâtre, la télévision et le cinéma dans une certaine discrétion. "Amour" de l'Autrichien Michael Haneke permet sa redécouverte par le grand public. Le film lui vaut de recevoir en 2013 le César de la meilleure actrice. "Une grande et sublime actrice nous a quitté", a estimé Alain Terzian, président de l'Académie des César.
"Emmanuelle Riva a profondément marqué le cinéma français qu'il s'agisse, avec +Hiroshima mon amour+ (...) d'invoquer une mémoire blessée ou, avec +Amour+ (...) d'évoquer la fin de la vie", a réagi le président François Hollande dans un communiqué."Au cinéma comme au théâtre, sa carrière est attachée à la naissance de nouvelles écritures dont celles de Marguerite Duras et de Jean-Pierre Melville. Elle créait une émotion intense dans tous les rôles qu'elle interprétait", a relevé M. Hollande.
1958
1959
Bande-annonce du film Hiroshima, mon amour d'Alain Resnais, 1959
1960
1961
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Extrait de "Léon Morin, prêtre", de Jean-Pierre Melville
1963
1964
1967 1970
1971 1973
* Affiches-Cine - Cinema français -
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