GENE TIERNEY, LA BEAUTÉ MYSTÉRIEUSE
GENE TIERNEY 1920 - 1978
Actrice Américaine
Gene Tierney est née le 20 novembre 1920 à Brooklyn (New York) et débute sur les planches dès la fin de ses études secondaires. On la remarque en 1940, alors qu'elle tient un petit rôle dans "The Male Animal" sur la scène de Broadway. Gene Tierney passe ses premiers essais cinématographiques sur les conseils d'Anatole Litvak mais refuse un contrat trop peu lucratif.
Engagée à prix d'or par la Fox, elle débute à l'écran avec un fameux western de Fritz Lang, "Le Retour de Frank James" (The Return of Frank James,1940), où elle est la partenaire de Henry Fonda. Son allure féline, sa chevelure auburn et ses beaux yeux verts font aussitôt sensation. L'année suivante, John Ford et Irving Cummings la choisissent pour tenir les rôles principaux de leur film respectivement "La Route du tabac" (Tobacco Road) et "La Reine des rebelles" (Belle Starr). Mais ce fut surtout le film de Josef von Sternberg "Shangaï" (The Shangaï Gesture,1941) qui lui permet de donner une autre dimension à sa carrière cinématographique. Elle y fait sa première grande création, dans un personnage de fille déchue, égarée dans un tripot chinois, qu'elle sait rendre bouleversant. Après ce chef-d'œuvre, on note une réussite bien différente, une exquise comédie fantastique de Ernst Lubitsch "Le Ciel peut attendre" (Heaven Cant Wait,1943), où elle donna la réplique à Don Ameche dans son premier film en technicolor
Puis c'est, en 1944, la rencontre avec Otto Preminger et leur triomphe commun "Laura", film noir à l'ambiance quasi-onirique, où certaines apparitions de Gene Tierney, filmée avec dévotion par le cinéaste, sont proprement sublimes. Le nom de Gene Tierney et celui d'Otto Preminger sont étroitement associés. Elle est (avec Linda Darnell, mais les rôles de celle-ci furent moins intéressants), l'actrice à qui le cinéaste a recouru plus volontiers et le plus souvent : quatre films ensemble. Et c'est avec ce dernier qu'elle a le plus collaboré, devant à Preminger quelques-uns de ses plus beaux rôles, même si on n'oublie pas ce qu'elle a fait avec des réalisateurs de l'envergure de Fritz Lang, Sternberg, Lubitsch ou Mankiewicz. Cela est tellement vrai qu'on croit souvent que sa carrière commence avec "Laura", alors qu'il s'agit de son douzième film. Mais pour elle, comme pour Preminger, ce fut bien le vrai départ pour la gloire.
Tous deux se retrouveront en 1949 pour "Le mystérieux Dr Korvo" (Whirlpool), moins connu mais aussi réussi que "Laura", où Gene Tierney est encore admirable en kleptomane aux prises avec un charlatan. De nombreux commentateurs ont vu une criante similitude entre les deux films dans les rapports des personnages : dans les deux cas, un homme "raffiné, intelligent et habile jusqu'au machiavélisme" (dixit Jacques Lourcelles) tente d'imprimer sa marque personnelle sur une jeune femme frêle et vulnérable qui finit quand même par se libérer de son emprise...Gene Tierney tournera un troisième film avec Preminger, "Mark Dixon détective" (Where the Sidewalk Ends,1950), dans lequel elle tient toutefois un rôle beaucoup plus effacé. Ces trois films constituent l'essentiel de la collaboration Preminger-Tierney. Ensuite le même cinéaste lui permettra un "come-back" tardif en lui offrant une apparition dans "Tempête à Washinghton" (Advise and Consent) en 1962. Gene Tierney et Dana Andrews avaient été réunis par Preminger dans "Laura", s'étaient déjà rencontrés deux fois dans "La route du tabac" et "La reine des rebelles". Ils devaient également interpréter un cinquième film ensemble, en incarnant le couple central du "Rideau de fer" (The Iron Curtain,1949), un film antisoviétique de William A. Wellman.
Dans l'intervalle, l'actrice a fait quelques autres créations mémorables, comme "Péché mortel" (Leave Her to Heaven,1946), flamboyant mélodrame de John M. Stahl. L'intensité que l'actrice confère à son personnage torturé (elle reçut à cette occasion son uniquement nomination à l'Oscar d'interprétation) provient son conteste de certaines épreuves rencontrées dans sa vie privée. Son interprétation dans "Péché mortel", une femme égoïste, malade de jalousie, qui ne fera que du mal autour d'elle, avant de se suicider, est en grande partie la raison de l'accueil triomphal réservé à ce film par le public. L'intensité
Gene Tierney incarne également une autre sorte de victime, dans "Le Château du Dragon" (Dragonwick,1946) de Joseph L. Mankiewicz, puis avec le même réalisateur, elle fut l'héroïne du roman de R.A. Dick : "L'Aventure de Madame Muir" (The Ghost and Mrs Muir,1947). Cette pure romance cinématographique est un chef-d'œuvre. Jusqu'en 1955, les bons rôles ne vont pas lui manquer, et sa filmographie est une des plus séduisantes que puisse rêver un cinéphile : "Les Forbans de la nuit" (Night and the City,1950) de Jules Dassin, "Le Gaucho" (Way of a Gaucho,1952) de Jacques Tourneur, "Capitaine sans loi" (Plymouth Adventure,1952) de Clarence Brown avec Spencer Tracy et Van Johnson et enfin "La Veuve noire" (Black Widow,1954) de Nunnally Johnson aux côtés de Ginger Rogers, Van Heflin et George Raft.
Mariée avec le célèbre créateur de mode Oleg Cassini, qui avait dessiné bon nombre de ses tenues de scène, dans les années 40, elle divorça en 1952. C'est le début de son déclin, même si on la voit dans "Ne me quitte pas" (Never Let Me Go,1953) de Delmer Daves et dans "L'Egyptien" (The Egyptian,1954), film à grand spectacle, en Cinémascope de Michael Curtiz. La carrière de Gene Tierney subit un coup d'arrêt, imputable aux effets d'une vie privée agitée, dont les épisodes marquants furent un mariage manqué, la naissance d'une enfant retardée, deux romances tumultueuses avec Ali Khan et le futur président des Etats-Unis, John Fitzgerald Kennedy. Ensuite ce fut le cycle classique des dépressions nerveuses, des séjours en clinique psychiatrique, sans parler de quelques faits divers qui vont défrayer la chronique.
En 1955, après le tournage de "La Main gauche du Seigneur" (The Left Hand Of God) d'Edward Dmytryk, elle abandonne le cinéma.... Mais en 1962, la Fox la sollicite de nouveau. Elle accepte de revenir à l'écran parce que Preminger va la diriger. On la voit alors dans "Tempête à Washington" avec Charles Laughton et Henry Fonda; elle est toujours aussi belle, à peine marquée par les ans et meilleure actrice que jamais. Mais cette rentrée sera sans lendemain, et après le tournage de deux autres films : "Le Tumulte" (Toys In The Attic,1963) de George Roy Hill et "The Pleasur Seekers" (1964) de Jean Negulesco, avant qu'elle se consacre à la télévision. Gene Tierney dit un adieu définitif au cinéma en 1964. Tant d'années après, les cinéphiles n'ont pas oublié la créatrice de Laura et de Lucy Muir, "l'étrange fascination se dégageant de son visage, cette allure à la fois meurtrie et mystérieuse, déchirée et distante" (Bertrand Tavernier). Au Panthéon du septième art, Gene Tierney a sa place inscrite et personne ne prétendre la lui disputer, et consacre la fin de sa vie aux oeuvres pour enfant attardés mentaux. Elle meurt le 6 novembre 1991 à l'âge de 70 ans.
1940
La Route au Tabac - 1940 de John Ford
Crépuscule - 1941 de Henry Hathaway
Pilotes de chasse - 1942 de William A. Wellman
La Pagode en flammes - 1942 de Henry Hathaway
Le Ciel peut attendre - 1943 de Ernst Lubitsch
1944
1945
1945
Le Fil du rasoir -1946 de Edmund Goulding
1947
Le Rideau de fer - 1948 de William A. Wellman
Le Mystérieux Docteur Korvo - 1949 de Otto Preminger
Les Forbans de la nuit - 1950 de Jules Dassin
Mark Dixon Détective - 1950 de Otto Preminger
Sur la Riviera - 1951 de Walter Lang
Le Gaucho - 1952 de Jacques Tourneur
Ne me quitte jamais - 1953 de Delmer Daves
1954
1954
Tempête à Washington - 1962 de Otto Preminger
1963
Décès du cinéaste Polonais Andrzej Wajda _____________________