DÉCÈS DU CINÉASTE FRANÇAIS ALEXANDRE ASTRUC
DÉCÈS DU CINÉASTE FRANÇAIS
ALEXANDRE ASTRUC 1925 - 2016
Le cinéaste et écrivain Alexandre Astruc, figure du Saint-Germain-des-Prés d'après-guerre et théoricien de la «caméra-stylo», est décédé dans la nuit de mercredi à jeudi 19 mai 2016 à Paris à l'âge de 92 ans, ont annoncé ses proches à l'AFP. Il était l'un des pères spirituels de la Nouvelle vague, considérant le cinéma comme l'équivalent de la littérature et hésitait à se définir comme «un metteur en scène qui aurait écrit des livres ou un écrivain qui aurait réalisé des films».
Né le 13 juillet 1923 à Paris, ancien étudiant en Droit et en Lettres, le jeune Astruc, passionné de mathématiques, renonce à Polytechnique et, saisi par le démon de la littérature, multiplie les articles dans les revues de la zone libre pendant les années noires de l'occupation.
Après la Libération, il rencontre Sartre, Camus, Juliette Gréco, fréquente les cinémas de la Rive gauche et s'enthousiasme pour Bresson, Rossellini, Hitchcock et Orson Welles, futurs cinéastes cultes de la Nouvelle Vague. Astruc alterne films, romans et essais: Confluences, Poésie 44 ou Les vacances, publiés par Gallimard en 1945, sont le prélude à "Le rideau cramoisi", une adaptation cinématographique de Barbey d'Aurevilly, couronné par le Prix Louis-Delluc en 1951.
Alexandre Astruc devient assistant de Marc Allégret pour "Blanche Fury" (1947) et de Marcel Achard pour "Jean de la Lune" (1948). Il signe de brillantes critiques cinématographiques dans "Combat", "Les Cahiers du Cinéma", "Cinédigest". Un article paru dans "L' Ecran français" du 30 mars 1948 rend célèbre sa formule "Caméra-stylo". Par cette expression, Alexandre Astruc présente le cinéma comme un langage "qui s'arrachera peu à peu à la tyrannie du visuel, de l'anecdote immédiate, du concret, pour devenir un moyen d'écriture aussi subtil que celui du langage écrit." Alexandre Astruc souligne : "Il ne s'agit pas d'une école, ni même d'un mouvement, peut-être simplement d'une tendance. D'une prise de conscience, d'une certaine transformation du cinéma, d'un certain avenir possible et du désir que nous avons de hâter cet avenir. Bien entendu, aucune tendance ne peut se manifester sans oeuvres. Ces oeuvres viendront, elles verront le jour. "Il faut dire que par ailleurs, Alexandre Astruc était l'auteur d'un roman écrit à l'âge de 22 ans, "Les vacances" (NRF) et qu'il a participé aux scénarios de "La P...respectueuse" (1952) de Marcello Pagliero et du "Vicomte de Bragelonne" (1954) de Fernando Cerchio. Il a également écrit les commentaires de "L'affaire Manet" (1950) de Jean Aurel et de "Bassae" (1964) de Jean-Daniel Pollet.
En tant que réalisateur, il trouve son inspiration dans les adaptations d'auteurs réputés : Barbey d'Aurevilly "Le rideau cramoisi" (1952), Cecil Saint-Laurent "Les mauvaises rencontres" qu'il réalisera en 1954, salué par François Truffaut, puis signe deux adaptations soignées, "Une vie "de Maupassant (1961) et "L'éducation sentimentale" (1961) de Gustave Flaubert, Edgar Poe "Le puits et le pendule" (1963) moyen métrage. Il est l'auteur complet de "La proie pour l'ombre", un «drame mondain» à la limite de l'exercice de style, interprété par Annie Girardot et Daniel Gélin. Les éloges de la critique n'ont guère fait déplacer le public et après l'échec commercial de "Flammes sur l'Adriatique", Alexandre Astruc s'est tourné vers la littérature ("Ciel de cendre", "La tête la première", "Les vivants et les morts") et la télévision. On lui doit deux bonnes biographies filmées consacrées à Jean-Jacques Rousseau et à Louis XI, un essai sur les mathématiques modernes et plusieurs adaptations d'Edgar Poe "Le portrait ovale", "La lettre volée", "Le chevalier Dupin". Il fut le précurseur de la «politique des auteurs» menée par Truffaut, Godard ou Chabrol.
Dans les années 70, Alexandre Astruc tourne pour la télévision, notamment un documentaire sur Sartre, Sartre par lui-même» (1976), conçu comme une émission de télévision a été diffusé sur les écrans de cinéma. L'idée de base du film rejoint celle de Sacha Guitry qui, dans "Ceux de chez nous" (1919), avait voulu conserver sur la pellicule le visage de quelques célébrités de son temps, Auguste Renoir, Degas, André Gide : donner à s'exprimer, trois heures durant, l'un des grands penseurs du XXième siècle, Jean-Paul Sartre. Mais le film, préalablement pensé sous la forme d'un montage élaboré avec de nombreux documents d'archives, vit son budget considérablement réduit par ses commanditaires. Il ne subsiste donc, pour sa plus grande partie, qu'un très long entretien avec Sartre, presque un monologue, dans lequel l'écrivain-philosophe s'explique sur son temps, ses options, ses choix, ses engagements et la place que doit tenir, à ses yeux, l'Intellectuel face à l'Histoire. Revenu à l'écriture, il avait récemment publié "Le roman de Descartes" (1989), une anthologie de ses textes critiques et ses mémoires, "Le montreur d'ombres" (1996). En 1994, l'ensemble de son œuvre cinématographique est distingué par le Prix René Clair, créé la même année.
Le Rideau cramoisi - 1952
1955
1957
1960
1961
1966
1968
1975
_____________________Tod Browning