ERROL FLYNN, LE FLIBUSTIER ÉLÉGANT ET FOUGUEUX

5 mars 2016

ERROL FLYNN, LE FLIBUSTIER ÉLÉGANT ET FOUGUEUX

ERROL FLYNN 1909 - 1959

Acteur Américain

Errol Flynn est né 20 juin 1909 à Hobart en Tasmanie. Sa mère était fille d'un capitaine de marine et dès sa jeunesse, le jeune Errol se sentit attiré vers le monde de la mer et de la navigation. Après a) avant devoir exercé toutes sortes de métiers (successivement chercheur d'or, chasseur, contrebandier en diamants et policier.

Errol Flynn parvient enfin en 1930 à investir ses économies dans une petite goélette, le "Sirocco", avec laquelle il fait du cabotage le long des côtes. Le cinéaste australien Charles Chauvel l'engage pour personnifier dans "Dans le sillage du Bounty" Fletcher Christian, le second du Bounty. Deux ans plus tard, en 1935, c'est Clark Gable qui jouera ce rôle dans la version de la MGM. Le film de Charles Chauvel n'était pas parvenu à attirer l'attention sur lui. Errol Flynn se rend à Londres. Il tourne "Murder à Monte Carlo" et, intéressé par la prestance et le jeu d'Errol Flynn, Jack Warner, le patron de la Warner Bros, lui fait signer un contrat. C'est le début d'une fulgurante carrière.

Dès son arrivé à Hollywood, il s'impose avec "Capitaine Blood" (1935) de Michael Curtiz, qui fera de lui le héros idéal de films d'aventures. Durant son apprentissage à la Warner, Flynn s'essaye à tous les genres : comédie, avec "Un homme a disparu" (The Pefect Specimen,1937) de Michael Curtiz, aussi bien que drame historique, comme "Nuits de bal" (The Sisters,1938) d'Anatole Litvak. Mais chacun au studio se range bientôt à l'avis de Jack Warner, qui prétendait que "Flynn n'était doué que pour deux choses : se bagarrer et faire l'amour". En 1935, Errol Flynn épouse Lily Damita dont il aura un fils, Sean Flynn (qui deviendra lui-même acteur)

Errol Flynn n'est pas à l'aise dans son personnage de superstar de Hollywood et ne désespère pas de parvenir à briser l'archétype dans lequel le système l'a enfermé. Son expérience sur la scène, en Angleterre lui permet de penser son éventail de rôles possibles. Errol Flynn ne réussit pas à marquer vraiment ses interprétations de personnages contemporains; il en est de même des rôles sérieux, tel l'infortuné journaliste, époux de Bette Davis dans "Nuits de bal" . La même année, Flynn campa avec succès son premier rôle de guerre, le Capt. Courtney, un as de l'aviation de la Première Guerre mondiale, appartenant à la Royal Flying Corps, fataliste et solide buveur, dans "La Patrouille de l'aube" (The Dawn Patrol,1938) de Edmund Goulding, excellent remake de l'original tourné en 1930 par Howard Hawks.

En dépit de son accent anglais, on voit en lui un héros de western : Curtiz le dirige dans "La Bataille de l'or" (Gold Is Where You Find it,1938), "Les Conquérants" (Dodge City,1939), "La Caravane héroïque" (Virginia City,1940) et "La Piste de Santa Fé" (Santa Fe Trail,1940). Un titre reste dans toutes les mémoires "Les Aventures de Robin des Bois" (The Adventures of Robin Hood,1938) avec un Errol Flynn plein d'entrain et de joie de vivre, habilement soutenu par l'aéropage de vedettes du studio et Olivia de Havilland dans le rôle de Marian. Ce long métrage, le plus coûteux pour la Warner Bros, et le plus gros budget jamais investi en Technicolor à cette époque, sera le point culminant de sa carrière, le seul cité pour l'Oscar du meilleur film.

Errol Flynn s'entend mal avec Michael Curtiz. La Warner décide qu'il travaillera avec Raoul Walsh. C'est le début d'une longue complicité amicale et d'une collaboration fructueuse. Des sept films qu'ils tournèrent ensemble, certains sont des chefs- d'oeuvre : dans "La Charge fantastique" (They Died With Their Boots On,1941), Flynn est un inoubliable général Custer. On n'oubliera pas non plus l'euphorie communicative et l'exubérance généreuse de l'acteur dans "Gentleman Jim" (1942), ni l'humour de "Sabotage à Berlin" (Desperate Journey,1942). Quant à "Aventures en Birmanie" (Objective Burma!,1945), il reste un classique du film de guerre. Toujours d'actualité, Flynn y incarne le capitaine d'un commando américain ayant pour mission de préparer la voie principale offensive birmane. C'est pour lui l'occasion d'interpréter un rôle sérieux, mettant plutôt l'accent sur la psychologie que sur l'action. Il y fait une remarquable prestation : plus tard, ces images seront parmi les plus rares il sera fier. Il s'éfforce également de percer dans "Les Conquérants", somptueuse réalisation en Technicolor, avec Olivia de Havilland. D'autres suivront, dont le plus important reste, sans doute, "La Charge fantastique" déjà souligné au début de la biographie.

Ajoutons d'ailleurs que Flynn, qui incarne alors si bien le combattant américain n'est pas mobilisable pour raisons de santé. Dès cette époque, les journalistes se font l'écho de rumeurs désobligeantes concernant sa vie privée. Vincent Sherman, scénariste et réalisateur de la Warner, se souvient que l'acteur en était très affecté : "Tout le monde croyait qu'il se moquait éperdument d'être ou non un bon acteur. Mais ce n'était pas le cas. Il prenait tout très à coeur et était profondément affecté par les ragots qui circulaient sur son compte. Et il se mettait alors à boire. Il arrivait au studio à 9 heures, mais restait enfermé dans sa loge jusqu'à 11 heures. Il ne pouvait se passer de son médecin, et de ses piqûres..." Au début des années 40, Flynn divorce de Lili Damita pour épouser Norah Eddington, mais son deuxième mariage se révèle aussi décevant que le premier. IL partage une garçonnière avec son ami David Niven, son partenaire de "La patrouille de l'aube" David Niven avait eu ses mots : "Bien qu'il paraisse toujours en bonne forme physique, et donne l'impression d'être resté le même...il y a en lui quelque chose d'infiniment triste, comme un manque."

Fin 1942, Flynn est accusé de viol par deux mineures. Bien qu'il ait été acquitté en janvier 1943, il resta marqué par ce scandale pour le reste de ses jours et on ne lui épargnera par les allusions graveleuses. L'alcool et la drogue deviennent désormais les fidèles compagnons de sa vie. Il est la cible de la presse à sensation. Ainsi ses exploits guerriers d'Aventures en Birmanie (le dernier film important qu'il tourna pour la Warner) lui valurent le surnom ironique et méprisant de "'l'homme qui gagna la guerre à lui tout seul).

Après "La Rivière d'argent" (Silver River,1948) de Walsh, il rompt avec la Warner, jugeant trop stéréotypés les rôles qu'on lui propose. Son instabilité émotive et ses problèmes financiers sont encore aggravés par une série de mariages qui tournent court (et par les substantielles pensions alimentaires qui s'en suivent!). Errol Flynn devient alors une sorte de vagabond, parcourant le globe à bord de son yacht entre deux films. Mais les journalistes n'abandonnent pas leur proie pour autant. Mais Flynn apparaît toujours bravache et fanfaron dans "Les aventures de Don Juan" (The Adventures of Don Juan,1949) de Vincent Sherman, comédien parfois taxé de désinvolture, travailla avec acharnement pour faire de ce rôle l'un des meilleurs de sa carrière et son favori. Il tient un rôle court mais efficace dans "Kim" (1950), une production MGM tirée du livre de Rudyard Kipling. Quoi qu'il en soit, sa célébrité est sur son déclin

Dans les années 50, si l'on excepte deux films intéressants comme "Kim" (1950) de Victor Saville et "Le Vagabond des mers" (The Master of Ballantree,1953) d'après Stevenson, Flynn en est réduit à faire des apparitions somnanbulesques dans des productions moindres, comme "Istanbul" (1956). Errol Flynn tourna "La Révolte des Dieux rouges" (Rocky Mountain,1950) avec l'actrice Patrice Wymore qu'il épousa la même année. Entre-temps, il venait d'incarner un personnage à l'opposé de ceux qui ont fait sa gloire. Il se montre suffisant et pompeux, froid et impitoyable, mais révèle néanmoins, au-delà de sa capacité d'égoïsme, une émouvante vulnérabilité. En 1952, Vincent Sherman le dirige aux côtés de Maureen O'Hara et Anthony Quinn dans "A l'abordage !" (Against all Flags). Premier film de Flynn pour l'Universal

Le penchant à l'autodestruction semble l'emporter. Mais l'année 1957 laisse espérer le début d'une seconde carrière : Flynn est bien utilisé dans "Trafic dans la Havane" (The Big Boodle,1957) et Henry King lui offre le rôle de Mike Campbell dans "Le soleil se lève aussi" (The Sun Also Rises,1957). L'acteur est remarquable dans ce rôle d'alcoolique vaincu, las et cynique, mais son dépourvu de charme et de lucidité. Un homme pour qui on pouvait encore éprouver de la sympathie et du respect. L'année suivante, il incarne John Barry-more, qui fut ironie du sort, son ami et compagnon de débauche dans "Une femme marquée" (Too Much, Too Soon,1958).

Pour la troisième fois, Errol Flynn jouera un alcoolique plus vrai que nature dans "Les Racines du ciel" (The Roots of Heaven,1958) de John Huston. Le film est un désastre financier. Le dos au mur, l'acteur signe un contrat avec un petit producteur et écrit un scénario, avec un double rôle, pour lui-même et son amie de l'époque, Beverley Aadland, qui n'a que dix-sept ans!. L'échec est total. Triste fin pour l'immortel Robin des bois. Le réalisateur du film, Barry Mahon déclarera : Flynn était profondément insastifait. Il ambitionnait un Oscar, mais ses rôles ne lui permirent jamais. Il était aigri, car le cinéma ne lui avait pas permis de se réaliser pleinement."

Errol Flynn mourut d'une crise cardiaque le 14 octobre 1959, alors qu'il tentait de tirer quelque argent de son yacht. C'est la curiosité disait-il, qui m'a valu à la fois mes succès et mes échecs. Et non l'alcool, la drogue et le sexe. Je n'ai jamais pu m'empêcher d'ouvrir un bon livre ou une vieille bouteille, pas plus qu'un sac d'ordures."

Capitaine Blood - 1935 de Michael Curtiz