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CINETOM
26 octobre 2015

LOUIS FEUILLADE, FIGURE FASCINANTE DU PREMIER CINÉMA FRANÇAIS

            LOUIS FEUILLADE                  1873 - 1925

              Cinéaste Français 

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Louis Feuillade naquit à Lunel, près de Montpellier, le 19 février 1873. Fils de Barthélémy Feuillade, commissionnaire en vins. Bachelier ès lettres classiques après ses études au séminaire de Carcassone, et toute sa vie resta bon chrétien et monarchiste fervent. Il fut Sous-officier au 4e Dragons à Chambéry  (1891-1895). Lors de son arrivée à Paris en 1898, il fut engagé comme comptable par la Maison de la Bonne Presse, célèbre maison d'édition catholique. Il occupa ce poste jusqu'en 1902, puis s'essaya au journalisme et fonda sa propre revue, un hebdomadaire satirique intitulé "La Tomate" qui disparut au bout de trois mois. Pour la Revue mondiale, un magazine infiniment plus prestigieux, il écrivit alors un long essai historique intitulé "La Genèse d'un crime historique", consacré au destin de l'enfant qui aurait dû être Louis XVII. Ce personnage l'obsédait depuis longtemps : des descendants supposés du Dauphin avaient visité Lunel lorsqu'il était enfant. Il a aussi inspiré quelques-uns des films historiques qu'il a réalisé entre 1910 et 1913. Il est peut-être aussi l'expression de son goût pour le mystère : changements d'identité, évasions, poursuites - les élements mêmes de ses futurs films...

En 1905, Feuillade fut engagé par la compagnie Gaumont. Son travail se bornait d'abord à fournir des scénarios : mais en quelques mois il devint metteur en scène, dirigeant des drames et de petits films comiques. Puis, à la fin de 1906, Alice Guy, alors responsable du studio, épousa le cameraman britannique Herbert Blaché et partit avec lui diriger les studios Gaumont à New York.

Gaumont voulut d'abord la faire remplacer par Albert Capellani, mais Alice Guy elle-même insista pour que Feuillade ait sa chance. Le 1er janvier 1907, celui-ci devint donc directeur artistique de la Gaumont, avec un salaire hebdomadaire de 125 francs, plus une part de bénéfice sur les recettes. Déployant une énergie prodigieuse, Louis Feuillade allait réaliser, jusqu'en 1913, près de 80 films par an : comédies, histoires policières, grandes fresques historiques ou religieuses, longues séries.

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En 1911, des problèmes financiers amenèrent Léon Gaumont à demander à toute son équipe une réduction des coûts de production. Feuillade entreprit alors le tournage de "La vie telle qu'elle est" (18 films de 1911 à 1913), simples tranches de vie réalisées à peu de frais. Faisant de nécessité vertu, le metteur en scène écrivit même un manifeste où il déclarait que "pour la première fois de tels films s'efforçaient de montrer la réalité sur l'écran" et que "ces scènes représentent les gens et les choses tels qu'ils sont, et non tels qu'ils devraient être".

Le public se montra malheureusement assez peu réceptif, et bientôt il fallut pimenter l'ensemble d'épisodes un peu plus exictants, comme "La souris blanche" (1913), dans lequel deux vieilles filles héritent d'une maison close, s'aperçoivent vite qu'elle peut être d'un bon rapport, et en prennent la direction avec enthousiasme. Les revues professionnelles accusèrent Feuillade de friser la pornographie, mais les spectateurs étaient revenus. Il produisit aussi deux séries dont les acteurs étaient des enfants. "Bébé" (1910-1913) mettait en scène le jeune et talentueux Clément Abélard; et "Bout-de-Zan" (1912-1916) avec un sympathique petit garnement auquel Feuillade donna le rôle du Môme Réglisse dans "Judex". 

Pendant ce temps deux écrivains populaires, Marcel Allain et Pierre Souvestre, avaient publié la grande saga des exploits du célèbre criminel "Fantômas" : 32 épisodes en tout, qui avaient connu un succès fantastique. Pour 6000 francs, Gaumont se rendit propriétaire des droits d'adaptation cinématographique. Feuillade se chargea de la réalisation, en étroite collaboration avec les auteurs, souvent présents lors du tournage et qui contribuèrent aux scénarios, constamment improvisés. "Fantômas" n'est pourtant pas véritablement un film à épisodes : chacun d'eux constitue une histoire à part entière. Tous sortirent d'ailleurs en un peu plus d'un an (1913-1914); leur longueur variait de trois à cinq bobines. Feuillade venait de trouver sa voie.

Pour vigoureux et divertissant qu'il soit, "Fantômas" perd un peu aujourd'hui à être vu en une séance : il n'a pas été conçu pour cela. Les répétitions deviennent lassantes, les moments forts perdent de leur impact. Interprété par René Navarre, le personnage du criminel n'a pas encore la puissance et le panache qui caractériseront les héros de "Judex" et des "Vampires". Mais le film n'en est pas moins fascinant. Réalisme et imaginaire se mêlent pour créer un monde à la fois tragique et poétique propre à Feuillade : si finalement le Mal est vaincu, ce ne sera qu'après un déferlement d'anarchisme étourdissant, les lieux participant à l'action, tels des personnages maléfiques; on se souvient à juste titre de la bataille, presque chorégraphique, qui se déroule au milieu des tonneaux des entrepôts de Bercy.

Feuillade marqua un temps d'arrêt après "Fantômas". En faut, jusqu'à sa mobilisation en mars 1915, il revint aux petites farces et aux films à costumes par lesquels il avait commencé, n'y ajoutant que de redoutables drames patriotiques. En juillet 1915, réformé pour raisons de santé. Feuillade retrouvait un Paris bouleversé. Presque tous les acteurs et les techniciens étaient au front, l'argent était rare, l'électricité était soumise aux restrictions. C'est pourtant dans ces conditions que Feuillade allait donner son nouveau chef-d'oeuvre.

"Les Vampires", qui connut aussitôt un succès triomphal, était un véritable serial, dont les dix épisodes sortirent en intervalles irréguliers entre 1915 et 1916. Il met en scène une bande de criminels commandés par le Grand Vampire, dont l'égérie est la fatale et voluptueuse Irma Vep (Un anagramme de "Vampire", fabuleusement incarnée par l'actrice Musidora, moulée dans un maillot de soie noire. Mais la véritable vedette des "Vampires" reviendra à la banlieue parisienne. Contraint par la guerre de tourner dans les rues, Feuillade va révéler toute la sombre poésie des faubourgs parisiens. Des ruelles grises, des terrains vagues mélancoliques, des usines lugubres, de rares passants, et parfois une automobile dont les cuivres rutilants reflètent les lueurs d'une aube grise ou d'un crépuscule menaçant : tel fut le décor dans lequel Feuillade mit en scène la lutte du Bien (chancelant) contre le Mal (anarchique et triomphant).

L'intrigue fut très largement improvisée d'un épisode à l'autre. Certains acteurs, mobilisés, disparurent de l'action; d'autres s'y insérèrent à leur retour. Un jour où Jean Aymé, qui jouait le rôle du Grand Vampire, était en 1928 : "C'est dans "Les Vampires" qu'il faudra chercher la grande réalité de ce siècle. Au-delà de la mode. Au-delà du goût."

Comme ensuite dans "Judex", le justicier des "Vampires" est flanqué d'un homme de confiance, interprété par le grand acteur comique Marcel Lévesque. Grand, déjà dégarni, sardonique, lent d'allure. Lévesque joue un rôle fondamental dans l'action où il apporte un peu de bon sens et de distance aux pires extravagances.

Aussi réussi que "Les Vampires", "Judex" est peut-être un peu moins fascinant car pour la première fois dans l'oeuvre de Feuillade, le vengeur est du côté du Bien (les bien-pensants s'étaient déchaînés contre "Les Vampires"). Mais il a la même poésie et la même extravagance dans l'invention. Et Bout-de-Zan, dans le rôle du Môme Réglisse, forme un merveilleux tandem avec Lévesque.

Après "La Nouvelle Mission de Judex" (1917), moins éblouissant et surtout trop mélodramatique, Feuillade, comme pour se racheter auprès du public, lançait un nouveau serial, "Tih Minh", où il retrouvait, comme le dit bien Francis Lacassin, le meilleur exégète du cinéaste, "Le jaillissement onirique des Vampires", l'action se situant, cette fois, sur la Côte d'Azur. Aux périls de la banlieue ont succédé les poissons de l'Eden, le soleil de la Côte d'Azur  a chassé la grisaille parisienne, mais le flot du lumière qu'il répand efface les ombres et rend le bien et le mal indiscernables (...) Au bord de la mer que bercent les palmiers, continue, toujours aussi farouche, le combat commencé au bord de la Seine, parmi les tonneaux de Bercy." (Francis Lacassin, "Louis Feuillade", éd. Seghers.)

Artisan entièrement voué au public, Feuillade sans l'avoir vraiment cherché fait à jamais partie des grands maîtres du cinéma, il décède prématurément  le 26 février 1925 à l'âge de 52 ans. Louis Feuillade restera incontestablement une des figures les plus fascinantes                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                             1908 

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                                                              1909                                                                                                                                                                                                                     

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                                                     1910     

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                                                             1911           

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                                                                 1912

 

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                                                                   1913 - 1914 

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                                                                      1917 

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                                                                      1921                                                                                                                                                                                                                                 

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_____________________________________ James Stewart                                                                               

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