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CINETOM
6 septembre 2015

ERICK VON STROHEIM, LE PRINCE PRODIGUE DU CINÉMA MUET AMÉRICAIN

         ERICH von STROHEIM               1895 - 1957

          Réalisateur, Acteur Américain d'origine Autrichienne

 

 

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Erich Von Stroheim est né le 22 septembre 1895 à Vienne. Sa biographie constitua longtemps un mystère, entretenu par lui-même. Il prétendait s'appeler Erich Oswald Hans Carl Marie Stroheim von Nordenwall, fils d'un colonel au 6ème régiment des Dragons et d'une dame de compagnie d'Elizabeth d'Autriche. En réalité, son père était un modeste fabricant de chapeaux de paille et de feutre, et sa mère une simple bourgeoise israélite. Aucun d'eux n'était d'ascendance noble.

Il émigre en 1909 à l'âge de vingt-quatre ans. En Amérique, il se fabrique un passé "fictif" : "Erich Oswald" devient l'aristocratique "Erich Von", que l'on connaît, catholique pratiquant. Il tiendra à cette biographie jusqu'à la fin de sa vie. Dans le rôle de l'aristocrate européen qui a eu des revers de fortune, il exerce divers petits métiers à New York et ailleurs, part pour San Francisco en 1912 et se retrouve à Hollywood en 1914. Pour percer au cinéma, il essaie de vendre des scénarios de son cru, mais survit comme figurant.

Employé par D.W. Griffith, Stroheim se fait la main comme assistant et conseiller technique pour les sujets européens, tout en continuant à tenir de petits rôles. Vers 1917-1918, lorsque l'Amérique entre en guerre, il se plait à camper les méchants officiers prussiens et devient "l'homme que vous aimeriez haïr". Le dernier, et pas le moins notoire, de cette série de rôles se remarque dans "Le coeur de l'humanité" (The Heart Of Humanity,1918) il incarnait un affreux officier allemand, où lors d'une séquence de viol, il lance un bébé parla fenêtre. Grâce à ce film, il ne laisse pas indifférent. Comme indiqué auparavant, Stroheim commença sa carrière hollywoodienne comme figurant dans "Naissance d'une nation" (The Bird of a Nation,1915) de D.W. Griffith, quelques années après avoir soumis sans succès un scénario à Essanay. Il monta très vite en grade dans l'entourage de Griffith, devenant assistant à la réalisation et conseiller technique.

Stroheim demanda au directeur de l'Universal, Carl Laemmle, de passer à la réalisation et lui proposa un scénario de son cru "The Pinacle". Il parvint, on ne sait trop comment, à convaincre le producteur. Après avoir déclaré lors des accords préliminaires que le film coûterait environ 5 000 dollars, Erich von Stroheim fit immédiatement grimper le budget 10 000 dollars dès qu'il eut l'autorisation de commencer le tournage, mais le coût réel, une fois le film terminé, fut vingt fois supérieur à celui prévu. Il faut cependant souligner que ce film "La Loi des montagnes" intitulé par Laemmle, contre l'avis de Stroheim, "Maris aveugles" (Blind Husbands,1919), connut un succès commercial énorme.

Dès son premier film, Stroheim ébauchait, fut-ce de manière un peu rudimentaire, les grandes lignes qui (à l'exception des "Rapaces" (Greed,1925) seront celles de toute son oeuvre : une vision personnelle et mordante du vieux continent européen, en particulier de l'Autriche des Hasbourg, une propension à mettre en pièces la morgue des puissants et à dénoncer la misère morale et physique des déshérités. "La Loi des montagnes" propose ainsi des portraits aussi différents que celui du naïf et mystique guide tyrolien Silent Seep (Gibson Gowland) et du pervers et attirant Erich von Steuben incarné par Stroheim, lieutenant autrichien en permission qui devient l'amant d'une Américaine, Mrs Armstrong, (Francilla Billington) en vacances avec son mari médecin (Sam de Grasse).

Après le succès de "La loi des montagnes", Laemmle, sans attendre, chargea Stroheim de diriger "Le Passe-partout du diable" (The Devil's Passkey,1950), nouvelle variation sur le thème du triangle adultère, traité sur un mode plus léger. Sam de Grasse était une fois de plus le mari trompé; Stroheim pour sa part, avait laissé à Clyde Fillmore le rôle du séducteur, tandis que l'épouse infidèle était incarnée par Una Trevellyan. Situé en Europe comme le précèdent, ce film semblait vouloir prévenir les trop confiants Américains des risques qu'ils couraient sur le vieux continent. Malheureusement il ne semble pas subsister de copie du "Passe-partout du diable".

"Le Passe-partout du diable" eut lui aussi du succès. Laemmle proposa alors à Stroheim de tourner un film à gros budget en lui laissant plus de liberté. Le producteur désirait situer l'intrigue à Reno, dans le Nevada, royaume du jeu où les divorces étaient monnaie courante, mais le cinéaste eut gain de cause : "Folies de femmes" (Foolish Wives,1922) se passe en Europe, une fois de plus, plus précisément à Monte-Carlo au lendemain de la guerre. Pour lancer le film, on n'oublia pas de préciser qu'il s'agissait de la première production à un million de dollars; le budget du film apparut même au fronton d'un cinéma de New York, en gros caractères, tandis que la première lettre du nom du réalisateur était barrée de deux traits pour former ainsi le symbole du dollar. Cette initiative publicitaire fit beaucoup d'effet sur le public, mais désola Stroheim, qui comprit que sa réputation de metteur en scène dépensier pourrait lui nuire auprès de ses futurs producteurs.

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Chef-d'oeuvre absolu, "Folies de femmes" est un caravansérail de monstruosités morales et physiques où la corruption le dispute à la cruauté, un enfer de luxe extravagant peuplé d'individus sans scrupule, dominés par la figure d'un faux comte de russe en exil. En fait faussaire de haute volée, cet aventurier violera la fille demeurée de son fournisseur, séduira une Américaine en vacances à l'étranger avec son mari, avait d'être tué par le faux-monnayeur qui jettera son cadavre dans un égout.

Il est permis de penser aujourd'hui que le rôle tenu par Stroheim dans "Folies de femmes", celui d'un imposteur, dissimulait derrière le scénario certains élements autobiographiques. En 1962, en effet, cinq ans après la mort de Stroheim, l'historien du cinéma Denis Mario découvrit, grâce à son cousin et à un camarade de classe du disparu, que ce que Stroheim aimait raconter au sujet de son passé viennois, avant son départ pour l'Amérique en 1909, était totalement faux. Contrairement à ce qu'il affirmait, Stroheim n'était ni noble ni catholique pratiquant; on sut plus tard qu'il était le fils d'un chapelier juif.

Grâce à la très fidèle reconstitution en studio du casino de l'hôtel et du Café de Paris de Monte-Carlo, qui greva d'ailleurs le budget du film, Stroheim put donner libre cours à sa rage de traquer la vérité dans le détail et les moindres nuances. Son regard est celui d'un clinicien armé d'un scalpel tranchant à vif dans un abcès purulent. Mais avec ce film commença aussi la chronique des discordes à répétitions, de plus en plus pénibles et violentes, qui l'opposa à ses producteurs. Effrayés par la démesure du métrage tourné par Stroheim, Laemmle et Irvint Thalberg, à l'époque chef de production de l'Universal, obligèrent celui-ci à opérer des coupes sombres dans le matériel filmé. Mais cette nouvelle version, qui durait encore quatre heures, devait subir d'autres mutilations.

"Folies de femmes" fut donc pour Stroheim la première étape de l'inéductable processus de son éviction de la mise en scène. Mais Stroheim ne se laissait pas impressionner facilement, il lui restait encore quelques années pour exprimer à l'écran sa vision du monde, reprenant, au fond, toujours la même histoire. A l'exception des "Rapaces", dont le sujet n'était pas de lui, Stroheim semblait vouloir proposer toujours la même trame, un tableau imaginaire de la vie aristocratique dans la Vienne d'autrefois. A partir de "Chevaux de bois" (Merry-Go- Round,1923), tous ses films les plus importants furent autant de variantes du même thème, et chacun donnait l'impression d'être pour Stroheim la dernière possibilité de s'exprimer au cinéma. Tous les thèmes et tous les personnages précèdents étaient chaque fois comme remis à neuf, mais tout en gagnant encore en intensité.

Le dernier chapitre de la chronique des rapports entre le réalisateur et l'Universal devait être l'échec des "Chevaux de bois", film achevé par Rupert Julian, après que Thalberg eut renvoyé Stroheim. Celui-ci signa ensuite un contrat avec la Goldwyn et commença à travailler à un projet qu'il caressait depuis longtemps et qui devait déboucher sur un chef-d'oeuvre. Il s'agissait d'une adaptation du roman naturaliste "McTeague" de Frank Norris, tourné à San Francisco et dans la Vallée de la Mort en Californie. Avec "Les Rapaces", Stroheim quitte définitivement le décor européen et braque son obsession de réalisme vers les bas-fonds américains, en puisant probablement aux souvenirs de ses premières années d'immigré aux Etats-Unis. "Les Rapaces" se signale donc par un réalisme très poussé, mais son auteur se montre aussi capable de déployer son inspiration personnelle sans s'éloigner, pour l'essentiel du roman de Norris. Adaptant une histoire qui se déroule, selon toute vraisemblance, à la fin du siècle dernier et au début du XXème siècle; Stroheim finit par superposer trois périodes différentes. Les personnages principaux, par exemple, portent dans plusieurs scènes des vêtements de 1890, tandis que les figurants suivent la mode de 1923, bien que l'histoire ait lieu, en fait, entre ces deux époques.

Les quarante bobines du montage furent ramenées à une dizaine sur ordre de la MGM, qui avait racheté le film en absorbant la Goldwyn. Mais les mutilations n'ont pas réussi à entamer la puissance des "Rapaces" ni à endiguer vraiment ce véritable torrent d'images. Cette histoire de trois personnages -Mc-Teague (Gibson Gowland), son ami-ennemi Marcus (Jean Hersholt) et Trina (ZaSu Pitts) -inspira au critique André Bazin la réflexion suivante à propos des films de Stroheim : La réalité avoue son sens comme le suspect sous l'interrogatoire inlassable du commissaire : Le principe de la mise en scène est simple : regarder le monde d'assez près et avec  assez d'instance pour qu'il finisse par révéler sa cruauté et sa laideur. On imaginerait assez bien, à la limite, un film de Stroheim composé d'un seul plan..."

Les Films de Stroheim postérieurs aux "Rapaces" gagnent encore en amertume. Dans "La Veuve joyeuse" (The Merry Widow,1925), "Symphonie nuptiale" (The Wedding March,1928) et "Queen Kelly" (1928), le sarcasme et la dérision contaminent impitoyablement des sujets en apparence anodins. Le riche handicapé libidineux, fétichiste des bottines, interprété par Tully Marshall de "La Veuve joyeuse" meurt après avoir repoussé l'héroïne. Le même acteur reprendra d'ailleurs un rôle de handicapé dans les "scènes africaines" qui ont été conservées de "Queen Kelly". Si les subtilités narratives et pyschologiques typiques de "Folies de femmes" et des "Rapaces" avaient déserté ces derniers films, en revanche leur mélange savoureux de réalisme et de fantaisie grotesque annonçait longtemps à l'avance, le ton doux-amer d'un Billy Wilder.

Mais pour un Stroheim, qui avait de plus hautes ambitions, il s'agissait en réalité d'une forme de défaite, à laquelle sa propre popularité, à son comble avec la sortie de "La Veuve joyeuse", son dernier film pour la MGM ne changeait rien. Peu après, Stroheim tomba d'ailleurs en disgrâce. Les producteurs de la Paramount confièrent le montage de "Symphonie nuptiale" à Josef von Sternberg et ceux de "Queen Kelly", à savoir Joseph Kennedey et Gloria Swanson (actrice du film), déconcertés par l'avènement du sonore, bloquèrent carrément le film au milieu du tournage.

La dernière chance de Stroheim, en tant que réalisateur, fut un unique film parlant, "Walking Down Broadway" (1932-1933), refait partiellement par Alfred Werker et peut-être, même Raoul Walsh, et sorti sous le titre "Hello Sister !". Bien que Stroheim n'abandonnait jamais totalement l'idée de mettre à nouveau un film en scène, les années qui suivirent le cantonnèrent au rôle d'interprète d'autres réalisateurs. Après plusieurs années assez ternes à Hollywood, Stroheim s'embarqua en novembre 1936 pour tenir en France un rôle d'officier allemand dans "Marthe Richard au service de la France" de Raymond Bernard.

La rencontre avec Jean Renoir l'année suivante lui fournit l'occasion de créer une de ses compositions les plus célèbres, à juste titre, celle de Von Rauffenstein dans "La Grande Illusion", rôle pour lequel Stroheim apporta beaucoup de lui-même par rapport au scénario original. "Renoir m"a donné plein pouvoir en ce qui concerne les décors, certaines conceptions et certains jeux de scène. Il avait un réel respect pour mon travail et Pierre Fresnay avait accepté mes transformations de dialogue", écrivait-il en 1949. Malheureusement la collaboration entre les deux hommes devait en rester là en dépit de projets de films qui demeurèrent au stade de l'écriture.

Le succès des "Disparus de Saint-Agil" (1938) de Christian-Jaque, dans lequel Stroheim campe un rôle sympathique de professeur d'anglais, fit accéder ce dernier au rang des grands acteurs et lui permit de composer une galerie d'aventuriers douteux mêlant l'exotisme et l'équivoque dans un certain nombre de films que la diction et le flegme de Stroheim ont bien sauvés de la routine. Les plus intéressants sont "L'Alibi" (1938) de Pierre Chenal, "Pièges" (1939) de Robert Siodmak, "Menaces" (1939) de Edmont T. Gréville, "Macao, l'enfer du jeu" (1939) de Jean Delannoy.

La guerre contraignit Stroheim à revenir aux Etats-Unis où; au milieu de quelques oeuvres mineures, il incarne le maréchal Rommel dans "Les Cinq secrets du désert" (Five Graves to Cairo,1943) de Billy Wilder. Son retour en France ne donnera pas les résultats espérés, et s'il réussit à apporter une touche personnelle dans "On ne meurt pas comme ça" (1946) et "L'Envers du Paradis" (1953), son interprétation et sa participatin à l'adaptation de "La Danse de la mort" (1947), d'après Strindberg, ne sauveront pas le film d'un académisme artificiel et pesant.

Son chant du cygne, Stroheim le trouvera lors d'un dernier séjour aux Etats-Unis où, une nouvelle fois sous la direction de Billy Wilder, il est le chauffeur e

x-mari et ancien metteur en scène de Norma Desmond incarné par la magistrale Gloria Swanson, la star déchue de "Boulevard du Crépuscule" (Sunset Boulevard,1950). Sroheim livre là en effet son véritable testament au travers du personnage hautain, humilié et digne de Max. Dans les dernières scènes, alors que Norma Desmond, devenue folle, est emmenée par la police et se croit de nouveau promue au rang de vedette, le regard de Stroheim se teinte soudainement de regret et de nostalgie tandis qu'il lance aux caméras des journalistes, venus filmer la démence mégalomane de celle qui fut "Queen Kelly", un ultime "Moteur !".  Stroheim fit quelques films en France dans les années 50, vivant auprès de sa compagne, Denise Vernac. Sa mort est survenue en sa propriété de Maurepas, en France, le 12 mai 1957 à l'âge de 71 ans. 

 

 En tant que Réalisateur

                                        1919

 

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                                                Les Rapaces - 1922

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"Greed" - Regia di Erich von Stroheim (USA, 1924 - Silent) -

                                                  1925

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                                                  1926 - 1928

                                     La Symphonie nuptiale -1926-1928 

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En tant qu'Acteur

                                                             1937

 

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                                                              1938 

 

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                                             1940

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                     Tempête sur Lisbonne - 1944 de George Sherman

 

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         AA01EVS3

 

 

                                                    1945 

        AA01EVS18 

 

                      Le Masque de Dijon - 1945 de Lew Landers

         AA01EVS17

 

                                                       1949

 

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                                                                    1950 

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                                                               1951

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                                                   1953

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                                              1955 

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___________________________________King Vidor

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