GABY MORLAY, 50 ANS DE GLOIRE AU CINEMA ET THEATRE
GABY MORLAY 1893 - 1964
Comédienne Française
Blanche Fumoleau plus connue sous le nom de Gaby Morlay est née le 8 juin 1893 à Angers. En 1912, elle débute aux Capucines dans une revue "Potins et patins", grâce au soutient du directeur des lieux. (...)Au final du premier acte, elle disait : "Et moi je suis le houx, qui s'y frotte s'y pique." C'était là tout son rôle. Après différentes autres petites créations (...)on l'avait vue dans deux revues au théâtre Michel, en 1917 aux Bouffes-Parisiens dans un acte de Sacha Guitry "Un soir quand on est seul", dans une reprise du "Poulailler" de Tristan Bernard, et à Marigny dans "La Mariée du Touring-Club du même Tristan. Dans toutes cespièces, j'avais l'intuition qu'elle avait été constamment mal utilisée", écrit le dramaturge Louis Verneuil (Rideau à neuf heures,1945) qui, pour sa nouvelle pièce "Le Traité d'Auteuil", engage "l'inconnue Gaby Morlay aux appointements qui la comblèrent de joie de trente francs par soirée et quinze francs par matinée". Les répétions commencent...le 11 novembre 1918 dans la salle de Firmin Gémier, le théâtre Saint-Antoine. Sur scène, Félix Galipaux, totalement oublié aujourd'hui et qui fut en son temps une des gloires du Boulevard, André Lefaur, Marcelle Praince, Gaby, grande révélation du spectacle, "exquise de naturelle, de simplicité et de vérité. Elle remplacera Mademoiselle Eve Lavallière", prophétise Lucien Dubech dans "L'action française", en 1920, retrouvait le jeune Louis Verneuil pour "Mademoiselle ma mère", une comédie excellente qu'animaient également Galipaux, Alerme et Denise Grey, "Simone est comme ça" (1921) d'Yves Mirande avec Jules Berry, "Après l'amour" (1924) d'Henri Duvernois avec Lucien Guitry confirment la renommée et les aptitudes de l'actrice dans le genre léger. L'apothéose, c'est la gravité un brin vulgaire, bien agencée, très démodée d'Henry Berstein qui fait six fois de Gaby son interprète entre 1926 et 1931, dans des drames mondains comme "Le Secret" ou "Le venin" où elle forme couple avec Charles Boyer.
Elle n'avait pas vingt ans à ses débuts à l'écran, dans "La Sandale rouge" (1912) d'Henry Houry. C'était l'adaptation d'une pièce que Gaby Morlay venait de jouer sur scène. Dès son premier film, elle illustrait cette durable habitude du cinéma français de faire du cinéma avec le théâtre, et dont elle sera la plus constante figure. Après un film patriotique dirigé par Max Linder, "Août 1914", elle tourne plusieurs comédies sous la direction de Georges Monca et Charles Burguet et créa son propre personnage : "Pour épouser Gaby" (1917), "Le Chevalier de Gaby" (1920) dont l'interprète masculin en même temps que scénariste n'est autre que Gaston Modet.
Premier mélo en 1923 : "La Mendiante de Saint-Sulpice" avec Charles Vanel et un grand film en 1928, "Les Nouveaux Messieurs" de Jacques Feyder, d'après la pièce de Flers et de Croisset. Cette incisive satire du monde politique présentait deux politiciens l'ancien syndicaliste Albert Préjean et l'aristocrate Henry Roussell, rivalisant pour le coeur d'une charmante divette, Gaby Morlay. Le film, qui fut interdit pour "atteinte à la dignité du Parlement et des ministres", avec le rythme vif et le sens du récit des meilleurs René Clair, dont Feyder utilisait du reste beaucoup de collaborateurs, Meerson, Kamenka.
Arrive le parlant. Osons un sacrilège et posons que la voix flûtée de Gaby, son fameux rire en cascade, ses mines contrites, sa diction sèche n'ont pas toujours servi les rôles qu'elle a interprétés. Son métier parfait a dissipé la spontanéité qu'elle offrait mieux sur scène. Il faut dire aussi que toutes les pièces filmées qu'elle empile dans les années trente ne sont pas des plus folâtres : "Mélo" (1932) de Paul Czinner, d'après Bernstein, avec Pierre Blanchar et Victor Francen, "Le Scandale" (1934) de Marcel L'Herbier, d'après Bataille, avec Henri Rollan et Jean Galland, "Le Bonheur" (1935) L'Herbier encore, d'après Bernstein toujours, avec Charles Boyer et Michel Simon, "Sanson" (1936) de Maurice Tourneur, d'après Bernstein, avec Harry Baur, "Le Messager" (1937) de Raymond Rouleau, d'après Bernstein avec Jean Gabin. Non, la Gaby mémorable n'est pas là mais dans la fantaisie sans prétention, dans l 'entrain qu'elle affectionne tant dans sa vie. Tête en l'air des "Amants terribles" (1935) de Marc Allégret, elle y forme un couple véritable avec André Luguet. Irrésistible en "petite youyou du "Roi" (1936) de Pierre Colombier, d'après un chef-d'oeuvre de Flers et Caillavet, elle séduit Victor Francen étonnant de malice et tous deux semblent délivrés de leur obligation et habituelle componction. Premier volet de la célèbre trilogie satirique dont "L'Habit vert" et "Le Bois sacré" (1939) de Léon Mathot où l'on pouvait retrouver Gaby Morlay aux côtés d'André Lefaur et Elvire Popesco.
Complice de Jules Berry dont elle égale la désinvolture dans "Un déjeuner de soleil" (1937) de Marcel Cohen, étourdissante dans "Derrière la façade" (1939) d'Yves Mirande et Georges Lacombe, elle y a Marcel Simon pour "ami sérieux", qu'elle assure de sa fidélité dans uns scène téléphonique de haute volée. Elle campe également une étonnante reine d'Angleterre au théâtre dans "Victoria Régina" de L. Housman.
La guerre et la cinquantaine altèrent en profondeur la veine Guitry-Mirande de Gaby Morlay. "Elle avait en somme, écrit Jacques Siclier (La France de Pétain et son cinéma,1981), un type de française moyenne, et lorsqu'elle se mit au service des mères, elle devint, l'âge et l'air du temps aidant, un modèle auquel bon nombre de françaises purent s'identifier". Dotée de l'accent provençal dans "L'Arlésienne" (1941) de Marc Allégret. Marcel L'Herbier présenta en grand gala le 21 avril 1939, "Entente cordiale", on peut souligner la performance de Gaby Morlay dans le rôle de la reine Victoria.
D'autres films ont été tourné par l'actrice pendant la période des années 30 : "Accusée,levez-vous" (1930) de Maurice Tourneur où elle fit la connaissance de Charles Vanel qu'elle retrouva l'année suivante sous la direction du même cinéaste dans "Maison de danses". Il s'agit du deuxième film français réalisé à son retour des Etats-Unis par Maurice Tourneur. Ce film fut un échec critique et commercial. On reprocha à Gaby Morlay de "donner à son personnage une apparence souvent comique, qui étonne un peu; on la souhaiterait plus femme, plus ensorceleuse, cette petite Estrella pour laquelle bien des hommes se battent" (Louis Saurel).
Il y eut aussi "Faubourg Montmartre" (1931) de Raymond Bernard, Gaby Morlay retrouvait ici le rôle qu'elle tenait dans la première version muette (1924), du roman à succès d'Henri Duvernois, réalisée par Charles Burguet avec Céline James (Céline), Maurice Schutz (le père) et René Blancard (Frédéric). Ecrit en août 1937, crée en septembre, tournée en novembre, "Quadrille" le film sortit en février 1938. Sacha Guitry, Gaby Morlay et Jacqueline Delubac furent les principaux interprètes.
Le cinéma de l'Occupation va lui réserver le triomphe de sa carrière : "Le Voile bleu" (1942), elle devait ainsi connaître son apogée mélodramatique. Ce fut l'un des plus grands succès du cinéma français et qui se prolongea longtemps après l'Occupation. Elle allait être consacré comme un symbole, la figure féminine dominante d'un ordre moral où la maternité, le dévouement de la femme au foyer et à la famillen son esprit de sacrifice étaient exaltés". "Le voile bleu" et Gaby en gouvernante de trois générations d'enfants firent pleurer, comme émurent "Les Ailes blanches" (1942) de Robert Péguy, Gaby Morlay y interprète une bonne soeur, mais aussi "Service de nuit" (1943) de Jean Faurez, "L'enfant de l'amour" (1943) de Jean Stelli (réalisateur du "voile bleu") et "Lunegarde" (1946) de Marc Allégret, possédait heureusement l'extravagance propre au romancier Pierre Benoît et Gaby, redoutable théâtreuse repentie achevant sa vie par une prise de voile, était assez cocasse en gommeuse de bouge fredonnant avec son inénarrable partenaire Jean Tissier "Mademoiselle, écoutez-moi donc..."
Dans "Un Revenant" (1946) de Christian Jaque, grand film méconnu qui montrait Lyon, ses traboules et ses bassesses comme jamais depuis les romans d'Henri Béraud, Gaby Morlay était déjà un peu en retrait. Elle manquait de l'éclat dont brillaient Jouvet et Marguerite Moreno, et qu'elle retrouvera pour sa dernière grande composition, Maryse la truculente clocharde compagne de Michel Simon des "Amants du Pont Saiint-Jean" (1947) d'Henri Decoin. Dans "L'Amour d'une femme" (1953) de Jean Grémillon, elle était parfaite de discrétion, laissant la vedette à Micheline Presle. A noter son rôle principal dans "Millionnaires d'un jour" (1949) de André Hunebelle avec Jean Brochard, Pierre Brasseur et Jeanne Fusier-Gir.
Ensuite, vinrent "Papa, Maman, la bonne et moi" (1954) de Jean-Paul Le Chanois avec Robert Lamoureux, Gaby Morlay, Fernand Ledoux, Nicole Courcel et Louis De Funès. C'est Vittorio De Sica qui conseilla le cinéaste de poursuivre les aventures de la famille Langlois. Après un refus catégorique, il fit quand même cette suite avec : "Papa, Maman, ma femme et moi" (1956) et bien entendu la même équipe.
Dans ce début des années 60, on peut souligner sa participation au film d'Alex Joffé : "Fortunat" (1960) aux côtés de Bourvil et Michèle Morgan, ainsi que son dernier film "Monsieur" (1964) de Jean-Paul Le Chanois. L'amie de Cocteau, de Serge Lifar, de Colette, avait de la constance. Elle refusa de tourner pour la Continental allemande sous l'Occupation, mais ne démentit jamais son amitié pour Sacha Guitry. Epouse de Max Bonnafous, qui fut secrétaire d'état de Vichy, elle assistait le 21 octobre 1947 à Pleyel, à la premiere réapparition de Sacha en public. Elle avait obtenu son brevet de pilote de dirigeable, écrivit un petit ouvrage sur Sainte-Pélagie, patronne des comédiens et était titulaire de la légion d'honneur. Infatigable, Gaby Morlay décéde le 4 juillet 1964 d'un cancer.
Avec le concours de Olivier Barrot & Raymond Chirat "Noir & Blanc
"Un Ours" (1919) de Charles Burguet
1921 1922
1928
1930
1931
1932
1933
1934
1935
Gaby Morlay - Maurice Tourneur - Harry Baur
1937
1938
1939
1940
1941
1942
1943
1945
1948
1951
1956
1956 1958
1960
* Affiches : * Affiches-cine * Cinémafrançais * Cinetom
_____________________________________