ANNABELLA, DE NAPOLEON A BONAPARTE, DU MILLION AU 14 JUILLET
ANNABELLA 1907 - 1996
Comédienne Française
Elle avait le plus bouleversant visage que l'on puisse rêver, l'exquise Suzanne Charpentier plus connue sous le nom d'Annabella. C'est le parlant qui qui allait la consacrer grande actrice du cinéma français et faire d'elle la reine des écrans...
Actrice Française, née le 14 juillet 1910, à La Varenne Saint-Hilaire (lieu-dit de Saint-Maur des Fossés) dans le Val de Marne. De son véritable nom Suzanne Georgette Charpentier, elle est la nièce de Germaine Dermoz et fille d'un directeur de revue touristique, lut un jour un poème d' Edgar Poe et imposerait ce pseudonyme euphonique d'Annabella. Violine Fleuri était le nom poétique imaginé pour son personnage, par Abel Gance, qu'on rencontre à l'orée de sa carrière...C'était dans le fameux "Napoléon" (1926), où débutait, à seize ans à peine, une ingénue, secrètement éprise de Bonaparte. Très remarquée au milieu d'une distribution féminine pourtant nombreuse et relevée, de Gina Manès à Suzanne Bianchetti , la nouvelle actrice allait tourner après "Maldonne" (1927) de Jean Grémillon aux côtés de Charles Dullin, un autre hymne à la liberté,et, avec le parlant, une carrière cosmopolite accordée au nom de la comédienne, hors de tout temps, hors de tout lieu fixe.
En Angleterre, Henri Fescourt l'emmène tourner "La Maison de la flèche" (1930), l'un de ces premier films parlants qu'on ne savait pas encore enregistrer dans les studios français. En Allemagne, elle figure dans maintes versions françaises "Barcarolle d'amour" (1930)de Carl Froelich et Henry Roussell, "Autour d'une enquête" (1931) de Robert Siomak mais l'agrément et la renommée naissante d'Annabella lui font interpréter également la version allemande de "Variétés" (1935) de Nicolas Farkas. En Hongrie, Paul Fejos lui confie le rôle principal de "Marie légende hongroise" (1932) dans les versions française et hongroise. Ou encore en Autriche, ou le même Fejos distribue le couple Annabella-Gustav Froehlich dans les versions allemande et française de "Gardez le sourire" (1933).
A Hollywood, Erik Charell, en fait la vedette de "Caravane" (1934) aux côtés de Charles Boyer, vedette déjà au transatlantique. Son emploi est si peu lié à ses origines françaises qu'Annabella peut être plausiblement japonaise dans "La Bataille" (1933) de Nicolas Farkas, la jeune berbère amoureuse de Jean Gabin dans "La Bandera" (1935) de Julien Duvivier ou russe dans "La Citadelle du silence" (1937) de Marcel L'Herbier. Le visage chiffonné dès que la peine la gagne, on donnerait tout alors à Annabella pour qu'elle retrouve le sourire lumineux qu'elle sait arborer comme un triomphe dans les bras de Jean Murat "Paris-Méditéranée" (1931) de Joe May; "Mademoiselle Josette ma femme" (1933) d'André Berthomieu, de Pierre Richard- Willm "Anne-Marie" (1936) de Raymond Bernard (personnage d'aviatrice écrit par Saint-Exupéry); "Les Nuits moscovites" (1934) de Alexis Granosky ou même d'Albert Préjean "Un fils d'Amérique" (1932) de Carmine Gallone.
Mais c'est le parlant qui allait la consacrer grande actrice du cinéma français et faire d'elle la reine des écrans nouveaux, surtout entre 1930 et 1935,puis, dans une seconde carrière internationale, jusqu'à la guerre. Mais en 1931, c'est le cinéaste René Clair qui avait du goût, lui fit succéder à la déjà délicieuse Pola Illéry au rang d'interprète préférée, et comme cette intronisation coïncidait avec la meilleure période du grand cinéaste, Annabella régna en souveraine dans "Le Million" (1931) et mieux encore dans "Quatorze Juillet" (1933). La première année faste d'Annabella se situe en 1931, grâce à trois titres : "Autour d'une enquête" de Robert Siodmak, tourné en Allemagne, en deux versions, selon le mode d'alors, la version française étant dirigée par Henri Chomette, le frère de René Clair; "Un soir de rafle" de Carmine Gallone, cinéaste italien (le scénario est d'Henri Decoin et de Henri-Georges Clouzot), où elle a pour partenaire Albert Préjean, et surtout "Le Million" où elle remporte un triomphe personnel. Fraîche, rieuse, éclatante, elle est exquise dans le personnage de Béatrice, et sa précence illumine le chef-d'oeuvre de René Clair.Elle retrouve ce dernier l'année suivante pour "14 Juillet", où elle incarne Anna, l'émouvante petite fleuriste amoureuse, et où elle est si possible encore meilleure.
On put la trouver un peu nièvre dans "Hôtel du Nord" (1938) de Marcel Carné où son rôle et celui de Jean-Pierre Aumont s'embarrassaient de fadaises misérabilistes bien ténues face à la robustesse du couple Jouvet-Arletty. En revanche, Annabella ne manqaut d'aucune des grâces de la maturité dans "L'Equipage" (1935) d'Anatole Litvak ou dans "Anne-Marie".
Survient alors un nouvel essor de la vocation internationale de Suzanne Charpentier. Conviée à Londres par Darryl Zanuck, elle accomplit sa destinée, qui fait penses aux romances de quatre sous des magazines pour coeurs simples. Interprète la même année 1937 du dernier film mis en scène par le grand Viktor Sjöström, "Under the Red robe", avec Conrad Veidt, de "Wings of the Morning" et "Dinner at the Ritz" avec David Niven d'Harold Schuster, elle retourne à Hollywood, en vedette ce"tte fois de véritables films américains produits par la Twentieth-Century Fox. C'est sur le plateau de "Suez" d'Allan Dwan, en 1938, qu'elle rencontre, un véritable rêve, n'est-ce pas?, le prince charmant Tyrone Power. Elle est alors l'épouse de Jean Murat. Edwige Feuillère nous dévoila la suite (Les Feux de la mémoire",1977) : "Gentiment protecteur à mon égard , me voulant du bien, il se piquait de m 'apprendre à vivre. Une vedette de cinéma doit se montrer, rencontrer des gens du monde, jouer son rôle en toute circonstance (...) Il me cite l'exemple de Zette sa bien-aimée : c'est le surnom que dans l'intimité il réserve à sa compagne, "la grande jeune première internationale". Il est très fier et très amoureux d'elle(...) qui commence à Hollywood une carrière de star (...). Dès le lendemain matin il part pour le Havre attendre l'arrivée du bateau qui ramène la star dans sa patrie. Dans la bousculade des journalistes, des photographes et des badauds, il apprend le mariage prochain de Cette avec son jeune et séduisant partenaire américain : Annabella épouse Tyrone Power.
Revenue en France pour tourner "Hôtel du Nord" et divorcer de Jean Murat, Annabella devenait Me Tyrone Power devant Pat Paterson (Me Charles Boyer) et Don Ameche, ses témoins installés à Brentwood, voisins de Claudette Colbert et de Gary Cooper, les Power recevaient fréquemment Selznick, Zanuck, Hathaway, qui dirige Annabella en 1946 dans "13, Rue Madeleine" au côté de l'immense acteur qu'était James Cagney. Et Annabella fut l'une des rares comédiennes françaises à affronter le théâtre en Amérique (Jocubowsky ant the colonel à Broadway), dirigée en particulier par Elia Kazan et John Huston, qui la mit en scène dans "Huis Clos de Sartre à New York. Sa romance américaine se termina en 1945. Elle regagna la France deux ans plus tard. On la revit, fort peu, dans d'oubliables productions comme "L'éternel conflit" (1948) de Georges Lampin, où elle était particumièrement ravissante comme "L'homme qui vient de loin" (1949) de Jean Castanier et dans deux films espagnols. Annabella décède d'une crise cardiaque le 18 septembre 1996 à Neuilly-Sur-Seine, elle avait 89 ans.
1925
1928
1935
1937
La Citadelle du silence (1937) de Marcel L'Herbier
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