Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
CINETOM
10 mai 2012

PIERRE LARQUEY, UN EXCENTRIQUE DU CINEMA FRANCAIS (Le Corbeau, Le Père Goriot, Le Voile bleu)

                    PIERRE LARQUEY                      1884 - 1962     

                     Comédien Français 

 

AA01PL101

 

Un petit homme à moustache, tout simple d'allure et modeste, le français moyen de l'époque. A le regarder, on évoque les manches de lustrine, le parapluie de coton, les bons souliers bien cirés, le chapeau melon, la chaîne de montre qui barre le ventre. De ce bonhomme attentif et méticuleux, d'une attendrissante dignité, émane une sympathie qui, pendant des années réchauffe le coeur de ceux qui sont heureux de le retrouver, au ciné du coin, chaque fin de semaine. Franc et honnête, plus finaud qu'on ne le croit et habile à faire percer une pointe d'émotion à travers les toussotements d'une voix ouatée par un semblant de rhume.

-Noir&Blanc Olivier Barrot et Raymond Chirat -Editions Flammarion 

   

AA01PL201

      

Acteur français né le 10 juillet 1884 à Sciton-Sinac (Dordogne). Pierre larquey eut une enfance dure et sa jeunesse oscilla curieusement entre la tentation du séminaire et le rire du théâtre. Une représentation de cirque avait déclenché en lui l'appel. Mais jusqu'au service militaire qu'il fit à Madagascar dans la coloniale, et même après, il travailla à Bordeaux dans des maisons de commerce.  

Il y avait dans cette grande ville un conservatoire : le jeune Larquey y entra, et, d'après lui apprit le "naturel"". Ce fameux naturel, cette tranquille bonhomie qui caractériseront son jeu tout au long de sa vie.  C'est alors que le journal "Comoedia organisa un concours de comiques en 1937, dont le premier prix était un engagement dans un théâtre réputé du boulevard. Larquey fut lauréat en remportant sous le nom de Roger Maxel, le premier prix pour sa composition d'Harpagon. Dès lors, il joue dans des véritables théâtres. C'est ainsi qu'il abordera les vaudevilles, opéras-comiques et opérettes. 

Pendant cette période, il débute au cinéma dans "Le Nabad" (1911) du réalisateur Albert Capellani, suivit de "Patrie" et "Germinal" (1912). Il lui faudra attendre le début des années 30 pour l'aperçevoir dans "Le Chien jaune" (1932) de Jean Tarride, "Topaze" (1932) de Louis Gasnier avec Louis Jouvet ou bien dans "Le grand jeu"  (1933) de Jacques Feyder, "Madame Bovary" (1933) de Jean Renoir, "La Rue sans nom" (1933) de Pierre Chenal et "Les Misérables" (1933) avec  Harry Baur et Charles Vanel.

Une proposition en 1937, Larquey saute dans le train et arrive à Paris.  Engagé à la Comédie-Mondaine, sur la Butte-Montmartre, il accumule rôle sur rôle à un rythme forcené et, sur la pointe des pieds, se faufile dans les studios du Film d'Art. Mobilisé, il retrouve les planches à l'armistice, triomphe dans un "concours de comiques" et récolte ainsi un engagement d'une année aux Variétés. Larquey y restera quinze ans, créera notamment le père Tamise de "Topaze" qu'il retrouvera aux feux des studios, en 1932.

Soutenant une cadence frénétique de tournage, il a paru dans des plaisanteries qui s'intitulent "Compartiments de dames seules" (1934) de Christian-Jaque avec Armand Bernard, "La Mariée du régiment" (1933) de Maurice Cammage, "La Rosière des Halles" (1933) de Jean de Limur, "Une poule sur un mur" (1936) de Maurice Gleize, à quoi feront écho, des années plus tard : "Et ta soeur" (1931) d'Henry Lepage et la production Couzinet : "Trois vieilles filles en folie" (1931)...

1937 : l'acteur chéri du public : Pierre Larquey qui ajoute déjà à son palmarès déjà riche le chiffre ahurissant de onze nouveaux films tournés en douze mois. Trois d'entre eux sont signés par René Pujol : "Titin des Martigues", "La griffe du hasard", "Trois artilleurs au pensionnat", les autres titres se partagent entre Roger Richebé "L'habit vert", Marcel L'Herbier "La Citadelle du silence", Jean-Paul Paulin "Les Filles du Rhône", Henri Decoin "Mademoiselle ma mère".

En 1931 et 1940, un rapide examens des titres de film interprétés par Pierre Larquey démontre que ce comédien doué de sa génération, acceptait à peu près tout...le mélodrame larmoyant, la bouffonnerie, les satires signées Yves Mirande, les adaptations de romans célèbres, et encore et toujours les comédies de caserne, prétextes à gros rires. Tambour de ville dans "Knock" (1933) de Roger Goupillères. Il devient clairon de la Légion dans "Le Grand Jeu" (1934) de Jacques Feyder avec Pierre-Richard Willm, Françoise Rosay et Marie Bell. Sous une perruque poudrée, il souffle ses rôles ses rôles à "Adrienne Lecouvreur" (1938) sous la direction de Marcel L'Herbier en attendant de devenir  le bon pêcheur flammand de "L'empreinte du Dieu" (1940) de Léonide Moguy ou le père Hochepot, tout heureux de vivre au "Sixième étage" (1939) de Maurice Cloche. Il bégaie en gangster marseillais dans "Justin de Marseille" (1934) de Maurice Tourneur avec Antonin Berval    

En 1936, Larquey donna la réplique à Antonin Berval et Yvette Lebon dans "Romarin" (1936) d'André Hugon. Les extérieurs furent tournés en Provence, à Cassis, Cros-de-Cagnes, Toulon et dans l'arrière-pays. L'année 1936 vit la résurrection dans le cinéma français des grands classiques de la littérature populaire comme "La Loupiote", tiré du roman d' Aristide Bruant avec Pierre Larquey, Jeanne-Fusier Gir et Ginette Leclerc, réalisé par Jean Kemm et Jean-Louis Bouquet.

Dans "Sept hommes, une femme" (1936) d'Yves Mirande, Larquey incarnait un brave ouvrier arrivé par son travail à un rang supérieur. On le retrouve aussi dans "Messieurs les ronds-de-cuir" (1936) où il est un malheureux conservateur de province, victime de l'administration et de la malignité des choses. On a voulu lui faire tout jouer et il a tout accepté. Les paysans collés dans la glèbe dans "La Terre qui meurt" (1936) de Jean Vallée, il est aussi un bon père de famille dans "La Marmaille" (1935) de Dominique Bernard Deschamps

"Les Filles du Rhône" (1937) de Jean-Pierre Paulina a été entièrement réalisé en décors naturels (extérieurs et intérieurs) en Camargue, à une époque où le travail en studio prévalait. Il fut la vedette de "Monsieur Coccinelle" (1938) où le réalisateur Bernard Deschamps donnait une valeur symbolique à ce personnage de tout petit français moyen, englué dans sa routine et empêtré dans ses habitudes.  Ce film est l'un des rares où Pierre Larquey tint le rôle principal. Aucun de ses partenaires n'était des acteurs de premier plan. 

L'Occupation ne ralentit en rien l'activité cinématographique de Pierre Larquey, en quatre ans il parait dans vingt et un films, mieux elle lui procure l'occasion d'un renouvellement total de ses compositions. Henri-Georges Clouzot qui connaissait le talent du comédien à la scène jugea bon de le débarasser de la défroque de vieux paysan ou de petit rentier qui menaçait de l'étouffer et en fit d'abord un des trois coupables de "L'assassin habite au 21" (1942) aux côtés de Pierre Fresnay, Suzy Delair, Jean Tissier et Noël Roquevert. Clouzot le métamorphose, d'un artisan paisible, il fait surgir un étrangleur...

Larquey ressuscite les vieux domestiques, complices des jeunes filles de bonne famille dans "Le Mariage de Chiffon" (1941) réalisé par Claude Autant-Lara. Directeur de pensionnat dans "Les Anciens de Saint-Loup" (1950) de Georges Lampin avec Serge Reggiani, Bernard Blier et François Périer. Geôlier sentencieux dans "Le lit à colonnes" (1942) de Roland Tual.  Il est aussi le père noble dans "Sylvie et les fantômes" (1945) de Claude Autant-Lara.

Il fut aussi Vorzey le médecin honorable, auteur des lettres anonymes du "Corbeau" (1943), il extirpe un être pervers qui brouille les pistes et finit la gorge tranchée. Dans le même temps, il chaperonnait Chiffon en parfait domestique de la belle époque jouait l'ange luttant contre le malin dans "La Main du diable" (1942) aux côtés de Pierre Fresnay et Noël Roquevert.  Pierre Larquey donna la réplique à Gaby Morlay dans "Le Voile bleu" (1942) de Jean Stelli, en étant un amoureux transi, soupire en vain auprès d'une nurse sublime. Il encourt à deux reprises les sévices de l'occupant, celui de 1914 et celui de 1940 dans "Les Otages" (1939) de Raymond Bernard avec Charpin et dans "Jericho" (1945) d'Henri Calef avec Pierre Brasseur.

Sur le mince fil conducteur d'une recherche d'identité, "La Collection Ménard" (1944) de Bernard-Roland se présente comme une sorte de film à sketches où abondent les personnages insolites, voir totalement loufoques avec Suzy Prim, Lucien Baroux, Robert Le Vigan, Jean Tissier, Edouard Delmont, Pierre Larquey, Marguerite Moreno...Tous les excentriques du cinéma français.... Pierre Larquey a sublimé l'amour paternel dans "Le Père Goriot" (1944) de Robert Vernay, il fit aussi une remarquable interprétation d'un père noble dans "Sylvie et le fantôme" (1945) de Claude Autant-Lara avec Odette Joyeux.

Il interpréta avec un succès croissant une cinquante de films sans parvenir à lasser son public. La dernière étape de sa carrière, Clouzot fait appel à lui pour incarner ce fameux surveillant du collège privé dans "Les Diaboliques" (1954) d'Henri-Georges Clouzot. La propriétaire de cet établissement est incarnée par Vera Clouzot et son époux (Paul Meurisse) , préférant le concours de sa maîtresse (Simone Signoret) pour commettre un meurtre machiavélique... Larquey fut aussi l'un des protagonistes de ce film maudit "Les Espions" (1957) de Clouzot.  C'est en guide au château de Versailles dans "Si Versailles m'était conté" (1953) que l'on aperçoit Pierre Larquey, qui enchâina toujours pour le compte de Sacha Guitry en interprétant Pierre Broussel qui eut sa part dans le déclenchement de la Fronde dans "Si Paris nous était conté". Dans "Assassins et Voleurs" (1956) de Sacha Guitry, Larquey devait dire quelques phrases d'une philosophie souriante prononcées par un vieux pêcheur.

Juché sur un tracteur et figurant un véritable paysan, il avait donné la réplique à Jean Gabin dans une scène du "Président" (1960) d'Henri Verneuil. C'était véritablement un acteur du terroir. Symbole de la mythologie du cinéma français des années 30 au début des années 60. Pierre Larquey décéda le 17 avril 1962, il y a cinquante ans.     

 

patrieprisonnier_de_mon_coeur

 vive_la_classe tout_s_arrange01

l_enfant_du_miracle   le_chien_jaune

                                                              1933 

                                307045433

madame_bovary il_etait_une_fois

la_rue_sans_nom casanova

                                            knock03

             knock__ou_le_triomphe_de_la_medecine_01

             knock_1933_02_g

vive_la_compagnie  justin_de_marseille (1)

justin-de-marseille-01-g

    le_grand_jeu         dede

                                                              1934

                                 CAVALIER LAFLEUR (le)

                 

hotel_du_libre_echange   zouzou

si_j_etais_le_patron01   3_de_la_marine01 (1)

compartiment_de_dames_seules     le_bebe_de_l_escadron (1)

                             j_aime_toutes_les_femmes02 (1)

                                                  1937

                     CITADELLE DU SILENCE (la)

                                    CITADELLE DU SILENCE (la)  

                                 rendezvou 

 

                                                            1938

                                SOUS LES PONTES DE PARIS

                                  adrienne_lecouvreur01__1_ 

                   adrienne_lecouvreur_1938_08_g                   

 

                   CA C'EST DU SPORT

                                                   1939           

                   EMIGRANTE (l')

                                        EMIGRANTE (l')

                   image0 

                               l_amant_de_borneo                     

               l_amant_de_borneo_1942_8_g__1_      

   

                 assassin

                 assassin-habite-au-21-42-02-g

                 assassin-habite-au-21-42-06-g

                                                                   1942

BIENFAITEUR (le) BIENFAITEUR (le)

        

              voile-bleu-1942-01-g

 

 

                   

                                  l_ange_de_la_nuit03__1_

                  ange_de_la_nuit_1944_02_g

                   

                   corbeau-1943-01-1-g (1)

                  la_rabouilleuse01

                  rabouilleuse_1943_01_1_g

 

                                                                   1945

                                  TENTATION DE BARBIZON (la)

               tentation-de-barbizon-1945-03-g

               tentation-de-barbizon-45-04-g

 

                              jericho 

 adieu_cherie 6_heures_a_perdre01

 sylvie_et_le_fantome    la_cabane_aux_souvenirs02__1_                                                             1946

SERENADE AUX NUAGES SERENADE AUX NUAGES

 la_nuit_de_sybille__1_ la_femme_en_rouge01__1_

 carre_de_valets01 quai_des_orfevres03

 le_fiacre_13_01  la_maternelle 

                                la_nuit_blanche

                 nuit_blanche_1948_01_g__1_

               

                                 MONSIEUR BIBI

       

               

                topaze-1950-09-g   

                                                             1952

                 

   

                           danseuse
                          

           

                27540274

                     27736748

  la_madelon si_paris_nous_etait_conte

 les_sorcieres_de_salem,0 mon_coquin_de_pere

 777778480_L c_est_arrive_a_36_chandelles

 les_espions02  la_p_sentimentale

 la_vie_a_deux03   dossier_1413_01                                   

                                                           1958

                

le_president03 les_bras_de_la_nuit

                         la_traversee_de_la_loire02

 

 

 

 

________________________________________

Publicité
Publicité
Commentaires
C
cool
Répondre
D
félicitations pour ce travail formidable !!<br /> <br /> daniel
Répondre
C
Merveilleux Pierre Larquey, avec cet air qui conjugue sagesse, expérience, innocence et filouterie. Un Dieu pour tout passionné de comédie. Cette voix au service d'une diction parfaite, d'un timbre mémorable, faussement enroué pour mieux séduire, capter en ses filets, ces regards si profonds et malicieux, ces attitudes toutes en finesse et sobriété... Ce naturel pourtant si particulier. Oui, un Dieu que le temps ne saurait pourfendre tant que son ou image, si possible les deux, pourront encore nous régaler de son art, nous éblouir à jamais.
Répondre
CINETOM
Publicité
Visiteurs
Ce mois ci 332
Depuis la création 1 718 024
Pages
Newsletter
8 abonnés
CINETOM
Derniers commentaires
Publicité