GARY COOPER, LE PLUS GRAND ACTEUR AMERICAIN (II)
GARY COOPER 1901 - 1961
Acteur américain
2ème Partie
C'est le maître de la Comédie hollywoodienne : Ernst Lubitsch qui réalisa "La Huitième Femme de Barbe-Bleue" (Bluebeard's Eighth Wife,1938) avec Claudette Colbert et Gary Cooper qui ne sent pas son rôle et son jeu manque de naturel. En revanche, dans "Madame et son Cow-Boy" (The Cow Boy and The Lady,1938) de H.C. Potter, Cooper donne libre cours à sa verve et à sa fantaisie, face à sa partenaire Merle Oberon.
"Beau Geste" (1939) de William A. Wellman permit à Cooper d'interpréter le rôle principal, tiré du roman de Percival Christopher Wren. Le rôle de Beau coïncidait parfaitement avec la personnalité et avec le tempérament de l'artiste. De nombreux artistes sont de la distribution : Cooper, Ray Milland, Robert Preston, Brian Donlevy et Susan Hayward. Ce fut le dernier film que Cooper tourna pour la Paramount; désormais, il décida lui-même et travailla pour son propre compte.
"La Glorieuse Aventure" (The Real Glory,1939) d'Henry Hathaway est un film d'aventure riche en suspense et en rebondissements, reçut un accueil favorable dans tous les pays et contribua à remplir les caisses de Samuel Goldwyn. Puis en 1940, Gary Cooper et Walter Brennan sont les principaux interprètes du film de William Wyler dans "Le Cavalier du Désert" (The Westerner). Il 'agissait de l'un des westerns les plus représentatif de cette période, un critique estime :"Gary Cooper et Brennan forment une fameuse équipe. La sobriété de Cooper et sa connaissance de la nature humaine contrastent fortement avec la mobilité de Walter brennan."
"Les Tuniques écarlates" (North West Mounted Police,1940) est le premier film réalisé par Cecil B. De Mille entièrement en Technicolor mais aussi le premier film en couleurs qu'ait tourné Gary Cooper. Le faste et le spectacle grandiose imaginé par De Mille fascinent les spectateurs déjà éblouis par la qualité de la photographie en couleur. Gary Cooper retrouve son partenaire de "Beau Geste" : Preston Foster, à leurs côtés : Madeleine Carroll, Paulette Goddard,Robert Preston, George Bancroft, Akim Tamiroff et Lon Chaney Jr. Ce premier film en couleurs de De Mille remporta cinq prix de l'Académie du Cinéma : Meilleure Photographie, Meilleur montage, Meilleure Musique, Meilleure Direction Artistique et Meilleure Prise de son.
Après l'immense succès remporté par "L'extravagant Monsieur Deeds", Frank Capra et Robert Riskin, son scénariste attitré, étaient à la recherche d'un nouveau scénario permettant d'utiliser de la meilleure façon le talent de Cooper. C'est la Warner Bros qui proposa : "L'Homme de la rue" (Meet John Doe,1940). Ce fut l'une des plus belles interprétations de l'acteur. Il n'a jamais été aussi bon en journaliste en donnant la réplique à Barbara Stanwyck et Walter Brennan. Cooper était le seul capable d'incarner John Doe tel que le percevait Capra, en individu simple et intègre. Pour le critique du "Baltimore Evening Sun": "Gary Cooper est, sans conteste, et sous tous les aspects, l'incarnation de l'Américain moyen; on imagine mal quelqu'un d'autre, à Hollywood, capable de jouer un tel rôle. Cet acteur de classe possède une personnalité telle que chaque séquence à laquelle il participe est comme transcendée."
"Sergent York" (Sergeant York,1941) d'Howard Hawks est l'un des rôles préférés de Cooper et pour lequel il obtint un Oscar qui faisait de lui le meilleur interprète de l'année, ainsi le champion du Box-Office de l'époque. Il fut également couronné Meilleur Acteur de l'année par l'Association des Critiques de cinéma. On peut considérer que ce film est l'une des meilleures biographies filmées produite par Hollywood...
La même année, toujours sous la direction d'Howard Hawks, il joua dans "Boule de Feu" (Ball O Fire,1941), une brillante comédie à laquelle avait collaboré Billy Wilder. Dans le rôle du professeur de langue, spécialiste de l'argot, qui séduit la pétillante Barbara Stanwyck, Cooper campa magistralement son personnage familier, l'homme timide et maladroit qui finit par l'emporter sur ses adversaires.
"The Pride of the Yankees" (1942) de Sam Wood avec Gary Cooper, Teresa Wright, Walter Brennan et Dan Duryea obtint huit récompenses de l'Académie du Cinéma, dont celui de la Meilleure Interprétation pour Cooper (le troisième de sa carrière). C'est sous la direction de Sam Wood que Cooper tourna "Pour qui sonne le glas" (For Whom the Bell Tolls,1943), d'après le roman d'Ernest Hemingway avec Ingrid Bergman pour partenaire. Tout le monde s'accordait à dire que seul Cooper était capable d'interpréter Robert Jordan, même Hemingway en personne, avait parrticulièrement insisté pour que Cooper aît ce rôle. Ce fut une énorme production pour l'époque, le couple Cooper-Bergman fit sensation et le film remporta un vif succès.
"L'Odyssée du Docteur Wassell" (The Story of Dr Wassell,1944) de Cecil B. De Mille est inspiré de faits authentiques : un médecin de la Marine américaine sauva la vie de huit marins américains blessés placés sous sa protection en les rapatriant de Java en Australie, dans les premières années de la guerre du Pacifique. Cet épisode isolée et peu connu attira l'attention du metteur en scène des deux versions des "Dix Commandements".
Gary Cooper enchaîna avec "Le Grand Bill" (Along Came Jones,1945) qui lui permit de retrouver un ancien réalisateur des années 30 (Stuart Heisler) avec qui, il avait déjà tourné (The Wedding Night,1934). Cooper considérait ce film comme une comédie western et Loretta Young, lui servait de partenaire. Autre retrouvaille : Ingrid Bergman et Gary Cooper dans "L'Intrigante de Saratoga" (Saratoga Trunk,1945) sous la direction de Sam Wood. Les critique furent plus sévères que le public, étant donné que le film rencontra, à sa sortie un grand succès commercial alors que les critiques mentionnèrent : " (...) Le film manque de logique dans les enchaînements et les personnages gagneraient à être nettement plus caractérisés. Le métier et le jeu de Bergman et Cooper ne peuvent rien contre cela. En définitive, "L'intrigante de Saratoga" ne vaut qu'à cause de la participation de ces deux vedettes."
Cooper changeant de registre en incarnant un agent secret dans "Cape et Poignard" (Cloak and Dagger,1946) du réalisateur Fritz Lang avec Lilli Palmer dont ce fut sa première prestation aux Etats-Unis. C'est de nouveau, Cecil B. De Mille qui se consacre à l'illustration d'épisodes de l'histoire américaine dans "Les Conquérants du Nouveau Monde" (Unconquered,1947) avec Gary Cooper, Paulette Goddard, Howard Da Silva, Boris Karloff, Ward Bond, Henry Wilcoxon, et C. Aubrey Smith. Une des séquences les plus spectaculaires montre Cooper et Goddard franchissant des rapides dans un canoë; cette scène valut au technicien responsable des effets spéciaux un Prix de l'Académie du Cinéma.
"Le Rebelle" (The Fountainhead,1948) de King Vidor est adapté d'un roman de Ayn Rand, fut l'occasion d'un de ses plus grands rôles... Inspiré du début de la carrière d'un célèbre architecte américain idéaliste refusant tout compromis (Frank lloyd Wright, qui fut l'un des précurseurs de la construction en verre et en acier. Le cinéaste déclara : "Je ne pensais pas que Gary Cooper était le personnage; mais on l'avait choisi avant que je n'arrive. J'aurais voulu quelqu'un comme Bogart, un type d'homme plus arrogant. Mais, maintenant que j'ai oublié tout ça et que j'ai revu le film quelques années après, j'ai apprécié la performance de Cooper." Ce film représenta également un évènement dans sa vie puisqu'il s'éprit de sa partenaire Patricia Neal. Mais son épouse légitime s'opposa obstinément à la demande de divorce. Les deux principaux acteurs du film durent se séparer en 1951.
Sa carrière souffrit de cette affaire privée qui défraya la chronique et il ne tourna, pendant cette période, que quelques films d'action pour la Warner, à laquelle il était lié par contrat. De cette épouqe date notamment "Horizons en flammes" (Task Force,1949) de Delmer Daves, un hymne à la gloire de la marine américaine. Ce film connut un grand succès auprès de la critique et du public.
Au "Roi du Tabac" (Bright Leaf,1950) de Michael Curtiz avec Lauren Bacall et Patricia Neal, succèda "Ville Frontière" (Dallas,1950) de Stuart Heisler avec Ruth Roman et Raymond Massey. Western en technicolor, dominé en majeure partie par l'humour. A cette même période Cooper retrouve Henry Hathaway sur le tournage de "La Marine est dans le lac" (You're in The Navy Now,1951).
"Les Aventures du Capitaine Wyatt" (Distant Drums,1951) est un film d'aventures, en technicolor, tourné dans le parc des Everglades, à l'extrémité de la Floride. D'ailleurs le réalisateur Raoul Walsh se félicitait d'avoir été le premier à avoir tourné dans ce parc , pendant six semaines, où il a fallu travailler parmi les moustiques, serpents...
Il faudra attendre 1952 et "Le Train sifflera trois fois" (High Noon) pour que sa carrière connaisse un nouvel essor. Il fut le premier étonné de l'Oscar qu'il reçut pour ce film et déclara : "Il ne s'agissait que d'une bonne histoire de shérif qui a un travail à exécuter et qui se retrouve seul pour le faire. Mais le scénario était excellent et nous avions en Fred Zinnemann un remarquable réalisateur. Je doute cependant qu'on puisse voir dans ce film un western psychologique."
"Le train sifflera trois fois" exalte les vertus et le courage d'un homme représentant l'ordre et la loi débouche sur une nouvelle catégorie de western, un nouveau genre. Désormais le cow-boy n'est plus une figure stéréotypée; Cooper lui prête les traits d'un homme d'un certain âge qui se bat pour faire triompher les principes et la morale. Considéré aujourd'hui comme l'un des grands classique de l'histoire du western. Gary Cooper a été six fois nominé pour l'Oscar mais seuls "Sergent York" et "Le Train sifflera trois fois" lui ont permis d'obtenir cette récompense.
"La Mission du Commandant Lex" (Springfield Rifle,1952) d'André De Toth n'eut pas le succès escompté, dans d'autres circonstances, ce western aurait bien été accueilli par la critique et par le public. Malheureusement, sorti sur les écrans, juste après "Le train sifflera..."Il souffrit de cette comparaison et n'eut pas le succès escompté auprès du public. De même pour "Retour au Paradis" (Return To Paradise,1953) de Mark Robson, les critiques soulignent la performance de Cooper qui va au-delà des exigences du scénario, seul l'acteur sauve cette mise en scène...
"Le Souffle Sauvage" (Blowing Wild,1953) peut être considéré comme le type même du film dit de "série B" : un genre de production soignée, faites par des cinéastes sans génie mais excellents techniciens, et qui tâche de réunir, en limitant au maximum les dépenses. A l'affiche de ce film : Gary Cooper, Barbara Stanwyck, Ruth Roman, Anthony Quinn et Ward Bond.
Dans les années années de sa vie, Cooper ne tourna aucun film qui puisse se comparer au "Train", même si ses cachets et redevances ne cessaient d'augmenter. En 1954, sort sur les écrans de cinéma : "Le Jardin du diable" (Garden Of Evil,1954), ce film est le 81ème film tourné par Gary Cooper. Il a de nouveau pour partenaire Susan Hayward qui avait auparavant participé au tournage de "Beau Geste" en 1939, tout au début de leurs carrières respectives. Ce western mis en scène par par Henry Hathaway, fournissait aux inconditionnels de films d'aventures les éléments qu'ils recherchaient....
"Vera Cruz" (1954), c'est dans un premier temps, la rencontre de deux géants du cinéma américain : Gary Cooper et Burt Lancaster. Robert Aldrich dirigea le tournage avec maîtrise et intelligence. Tourné au Mexique, les paysages mexicains sont magnifiques et admirablement filmés.
Cooper souffrit de sa réputation de héros de western. Il préférait se souvenir de ses rôles dans "Condamné au Silence" (Court-Martial of Billy Mitchell,1955) d'Otto Preminger, qui évoquait le cas d'un général accusé de négligence. A noter la présence de Charles Bickford, Ralph Bellamy, Rod Steiger, Elizabeth Montgomery, Jack Lord et Peter Graves dans ce film qui fut plutôt mal accueilli aux Etats-Unis par la critique et le public. Unique collaboration entre Cooper et le cinéaste Otto Preminger.
Pour "La Loi du Seigneur" (Friendly Persuasion,1956), le réalisateur William Wyler fit appel à Cooper pour incarner Jess Birdwell, qui appartient à la secte des Quakers. Tiré du roman de Jessamyn West, la version de Wyler fut récompensée de la Palme d'Or au Festival de Cannes en 1956. Cooper n'a jamais mieux utilisé son physique si authentiquement américain.
Après William Wyler, c'est Billy Wilder qui dirigea Cooper, aux côtés de Audrey Hepburn et Maurice Chevalier dans "Ariane" (Love In The Afternoon,1957). Le cinéaste s'en alla tourner les prises de vues à Paris, en extérieurs et aux studios de Boulogne. Certains se mirent à critiquer la performance du "Monstre Sacré" qu'était Gary Cooper, estimant que celui-ci était trop âgé pour une aussi jeune actrice qu'Audrey Hepburn!
Cooper enchaîna avec "10, Rue Frederick" (The North Frederick,1958) dans lequel les membres de la famille d'un défunt reconstituent les étapes de sa vie; ce genre de mélodrame familial est très prisé du public américain. Bâti sur un flash-back, cela commence avec l'enterrement de Joe Chaplin (Cooper), l'intigue est construite sur des conflits causés par l'ambition et l'hypocrisie des milieux bourgeois.... Cette oeuvre réalisée par Philip Dunne, fut récompensée au Festival de Locarno (Voile d'Or -1958).
Opéré en 1958, d'un ulcère à l'estomac, il subit la même année une intervention mineure de chirurgie faciale. En 1959, il se convertit au catholicisme, religion de sa femme et de sa fille. Après avoir joué dans l'un de ses derniers films "L'homme de l'Ouest" (Man of The West,1958) qui fut le dernier western d'Anthony Mann. Ce film d'action et de violence se distingue car c'est le premier film de Cooper qui, en l'espace de trente ans, n'ait pas fait recette dans les grands cinémas de Broadway, mais il connut le succès dans des petites salles et plus tard sur les écrans de télévision.
Cooper ne devait tourner que quatre films avant de disparaître, il y a un demi-siècle!. C'est la Warner Bros qui ne lésina pas sur les moyens de porter à l'écran "La Colline des Potences" (The Hanging Tree,1959), tiré d'une nouvelle de Dorothy M. Johnson, le sujet du film gagna le Prix de la Meilleure histoire de western de l'année.
Robert Rossen le réalisateur de "Ceux de Cordura" (They Came to Cordura,1959) racheta les droits du film mais ne put le tourner comme il le souhaitait, il projetait d'effectueur un nouveau montage plus conforme au plan initial. Cependant le cinéaste mourut quelques années plus tard, depuis le film n'a fait l'objet d'aucune autre exploitation commerciale. On lit dans le "Variety" : "Gary Cooper qui interprète le personnage principal est bon, bien qu'il soit un peu trop âgé pour le rôle mais on a peine à croire qu'un homme de son âge découvre seulement maintenant ce que le personnage qu'il incarne est censé découvrir...
Avec Charlton Heston, pour partenaire, il tourna dans "Cargaison Dangereuse" (The Wreck oF The Marie Deare,1959) de Michael Anderson pour le compte de la MGM. L'histoire est inspiré du roman d'Hammond Innes, spécialiste des récits maritimes. Cooper fatigué, nul ne savait à quel point il était souffrant... En 1960, ses médecins diagnotiquèrent un cancer mais cachèrent la vérité à l'acteur. Il subit deux opérations chirurgicales importantes, puis après une periode de convalescence, il se rendit en Angleterre pour le tournage de "La Lame Nue" (The Naked Edge,1961) qui est le 92ème et dernier film interprété par l'immense acteur qu'était Gary Cooper. La mise en scène est à nouveau orchestré par Michael Anderson. Deborah Kerr revenue d'Australie, fut sa partenaire.
En 1961, peu avant sa mort, il reçut un nouvel Oscar pour sa contribution à l'industrie cinématographique. Gary Cooper était convaincu de la nécessité d'un dur apprentissage pour assimiler le métier :"Un acteur doit avoir tant soit peu vécu." Cooper vécut beaucoup de mourur trop tôt.
En février 1961, les médecins lui révèlent la nature du mal...James Stewart, ami intime de Gary reçut à sa place l'Oscar, qui déclara, des larme dans les yeux : A Gary Cooper pour ses nombreuses et mémorables interprétations à l'écran et pour le prestige international qu'il a valu en tant qu'individu, à l'industrie cinématographique. Nous sommes tous fiers de toi, Coop, extrêmement fiers".
Cooper se rendit quelques semaines à Sun Valley. La nouvelle de sa maladie est rendue publique et de tous les coins du monde, des milliers de lettres d'admirateurs inconnus tentent d'apporter à Gary Cooper un ultime réconfort. Le Président John F. Kennedy et la Reine d'Angleterre se joignent à cet effort international. Le 13 mai 1961, Gary Cooper s'éteignit six jours avant son soixantième anniversaire. Les obsèques eurent lieu à Beverley Hills dans l'église du Bon Pasteur. Les journaux du monde entier célébrèrent sa mémoire.
Condamné au Silence (The Court-Martial of Billy Mitchell,1955) de Otto Preminger
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