BOURVIL, Bouleversant d'authenticité
Acteur, chanteur, humouriste Français
Le succès commercial n'a jamais éloigné Bourvil de ses origines paysannes. C'était un homme simple et droit, qui a su interpréter avec beaucoup de sincérité et d'humanité des rôles bouleversants.
Henri Jeanson avait dit de lui : C'était un personnage qui, le film terminé ou le rideau baissé, nous prenait par la main, nous accompagnait jusqu'à la porte et nous glissait dans la paume un peu de son innocence.
Le 23 septembre 1970, disparaissait l'un des plus grands acteurs français du XXème siècle/ Il fut émouvant dans quelques uns de ses plus grands rôles au cinéma : On oubliera jamais son interprétation émouvante de "Fortunat" d'Alex Joffé aux côtés de sa partenaire Michèle Morgan, avec qui il avait précèdemment tourné "Le miroir à deux faces" d'André Cayatte.
Charles Ford : Aux heures les plus sombres de l'occupation, la France entière écoutait la radio. De Suisse nous parvenait la voix d'un chanteur nommé Pierre Dudan qui détaillait une chanson nostalgique sur "le café au lait au lit". Bientôt sur les ondes françaises se fit entendre un chanteur et conteur assez obscur se faisant appeler Bourvil.
Au lendemain de la Libération, Bourvil mit au service du cinéma le personnage de paysan ahuri mais malicieux qui lui a valu une immense populairité à la radio. Sa personnalité normande dégageait une sympathie à laquelle le public répondit bien vite par la réciproque. "Pas si bête", "Blanc comme neige", "Le coeur sur la main" furent les premiers succès de ce personnage qui prit bientôt du relief en abandonnant le comique pur au profit d'une plus grande humanité. "Seul dans Paris" amorçait le virage qui allait se concrétiser dans "La traversée de Paris" que d'aucuns regardent comme son meilleur film.
Petit à petit, pas à pas, le talent de Bourvil prenait de l'ampleur et, à la stupéfaction des anciens admirateurs du chansonnier satirique, le paysan normand plein de bonhomie mais aussi d'astuce se transformai en un grand comédien. Il allait donner de multiples preuves de son immense savoir-faire en élargissant considérablement l'éventail de ses créations, des "Misérables" à "Fortunat", du "Chemins des ecoliers" au "Jour le plus long", des "Bonnes causes" au "Cercle rouge". Aussi parfait dans la comédie que dans le drame, Bourvil insufflait une vie authentique dans chacun de ses personnages les plus divers. Il reste inoubliable et toujours regretté.
André Raimbourg dit Bourvil est né le 27 juillet 1917 à Pretot-Vicquemare, en Normandie et passe son enfance dans le petit village nommé Bourville. Ses parents soucieux d'assurer la promotion sociale de leur descendance, auraient voulu faire de lui un instituteur. Mais celui qui allait devenir l'un des acteurs les plus populaires du cinéma français des années 50 et 60, avait l'humeur vagabonde et la tête pleine de chansons. Son séjour à l'Ecole normale d'Yvetot ne lui a pas laissé de très bons souvenirs : "J'avais une petite casquette, un uniforme, on marchait en rangs. Pendant deux ans, de treize à quinze ans, j'ai eu l'impression que j'étais un petit soldat désemparé dans un pauvre petit régiment."
De retour à la ferme familiale, après avoir définitivement renoncé à la carrière à laquelle le destinaient ses parents, il va manifester, en revanche, un goût prononcé pour la musique : pas la grande, bien sûr, pas celle que l'on écoute le mercredi soir au théâtre de Rouen, mais celle qui fait tourner le coeur des garçons et des filles de la campagne dans les petits bals du samedi soir.
Son premier maître sera un boulanger de Fontaine-le-Dun, auprès de qui on l'a mis en apprentissage. Son patron lui apprend à faire le pain, certes, mais aussi à jouer du cornet à piston : il l'enrôle d'autorité dans la fanfare municipale. Mais avec ses économies, André Raimbourg achète un accordéon, et le voilà qui parcourt les villages du canton les jours de fête, se taillant rapidement une jolie réputation locale. C'est en faisant ainsi danser la jeunesse normande qu'il rencontre celle qui sera la femme de sa vie, Jeanne Lefrique.
Cependant, André Raimbourg a gardé les pieds sur terre. Il n'a pas vingt ans, Jeanne n'en a que dix-sept, et il décide de se doter d'une situation stable : il revient à Bourville pour s'y établir comme boulanger. Mais comme la clientèle ne vient pas assez vite remplir sa boutique. Il prend rapidement une autre décision. Il ferme sa boulangerie et, devançant l'appel, va s'engager pour trois ans dans la musique du 2ème régiment d'infanterie, à Paris. Il profite de ses jours de permission pour jouer dans les guinguettes de la banlieue parisienne et pour tenter sa chance dans les "crochets radiophoniques qui, à l'époque, permettaient aux amateurs de se faire connaître, et, le cas échéant, d'attirer l'attention sur leur talent. Car André Raimbourg ne joue pas seulement de l'accordéon : il chante aussi, puisant dans le répertoire à la mode et imitant Fernandel.
La percée des armées allemandes, en 1940, va jeter le soldat Raimbourg sur les routes du Sud. A la signature de l'armistice, il revient à Bourville, où il aurait pu traverser confortablement les années noires de l'Occupation. Pourtant André Raimbourg va choisir l'aventure : il prend le train et débarque un beau matin à la gare Saint-Lazare. Il survit tant bien que mal dans la capitale, passe des auditions, devient l'accordéoniste attitré d'une chanteuse, et finit par se produire seul dans un cabaret "chez Carrère". Mais il lui faut prendre un nom de scène : ce sera tout simplement Bourvil !
C'est avec une indéniable réussite qu'il se compose alors un personnage de paysan à l'âme trop sensible pour être madré, de benêt de village dont le regard trahit parfois une muette souffrance. Dès le lendemain de la guerre, sa popularité lui vaut de participer aux émissions radiophoniques de Francis Blanche et Jean-Jacques Vital. Ses chansons ne sont certes pas des plus subtiles. Mais, comme le dit Maurice Bessy, c'est un univers naif, un peu fleur bleue sur les bords, drôle à force d'être banal, aimable, peu dérangeant, peuplé de calembours, de plaisanteries d'autant plus sûres de faire mouche qu'elles son éculées, avec quand même, un arrière goût d'amertume, un soupçon de peine".Il participe à des "crochets" et obtient le premier prix à celui de Radio-Paris. Il chante alors le répertoire de Fernandel et tout particulièrement "Ignace".
Le 23 janvier 1943, le Normand au coeur fidèle avait épousé Jeanne Lefrique : sa vie privée sera d'ailleurs un modèle de modestie et de simplicité. Mais dès 1945, le cinéma comprend tout le parti qu'il peut tirer de son personnage. Les dix premières années de sa carrière cinématographiques seront difficiles
En 1942, après avoir figuré dans "Croisières sidérales", on retrouve Bourvil en 1945, il incarne son premier rôle au cinéma dans "La Ferme du pendu" du cinéaste Jean Dréville, où à la fin d'un repas de noces il chante l'un de ses succès "Elle vendait des cartes postales". Le cinéma exploite son côté "paysan benêt"
Bourvil avait tourné quatre films avec un même cinéaste : André Berthomieu "Pas si bête" (1946), "Blanc comme neige" (1948), "Le coeur sur la main" (1949) avec Paulette Dubost et Mona Goya et "Le Roi Pandore" (1950). il crée l'un des personnages clé du cinéma français, le gendarme et remporte un énorme succès avec la chanson "La Tac-tac-tac-tic du gendarme".
Henri-Georges Clouzot lui offre un rôle totalement différent dans "Miquette et sa mère" (1950), celui d'un timide. Aux côtés de Bourvil, Louis Jouvet, Danièle Delorme, Saturnin Fabre, Pauline Carton, Mireille Perrey, Jeanne Fusier-Gir, Louis Seigner et Jean Temerson (Volpone).
Selon les propres termes de son réalisateur, "Miquette et sa mère" est " une erreur et le fruit d'un malentendu". " J'avais signé un contrat pour un autre film que le Centre du Cinéma m'a déconseillé de faire, précisa le cinéaste. J'ai donc dû renoncer, mais des pressions se sont exercées sur moi qui m'ont obligé à faire Miquette, que je n'avais pas du tout en vie de tourner " (Cinéma 65, n¼ 96, mai 1965). En fait, "Miquette et sa mère" est la seule et unique incursion du réalisateur du CORBEAU dans le domaine superficiel et factice de la comédie de boulevard.
Dans "Le Rosier de Madame Husson" (1950) réalisé par Jean Boyer, il prend la place de Fernandel qui avait interprété le fameux "rosier" en 1932. Inspiré d’une nouvelle de Marcel Aymé (1902-1967), “Le passe-muraille”, qui donne son titre à un recueil publié en 1943, le film de Jean Boyer lui est relativement infidèle: à la fin du texte, par exemple, le modeste employé reste bloqué au milieu d’un mur!
Il s’agissait d’un des premiers travaux du scénariste Michel Audiard, alors âgé de 30 ans. Bourvil, quant à lui, y confirmait sa popularité naissante avec ce rôle qui le changeait de ceux de paysan benêt, dans lesquels il était alors souvent relégué. Après avoir fait une apparition dans le film de Jean Boyer "Cent francs par seconde". Bourvil débute une collaboration avec le réalisateur André Hunebelle, avec le tournage de quatre films : "Les Trois Mousquetaires" (1953) aux côtés de Georges Marchal et Gino Cervi, puis l'année suivante "Cadet Rouselle" avec François Périer et Dany Robin. (Suivront en 1959 "Le bossu" et "Le capitan", ces deux films auront pour interprète principal Jean Marais.
Bourvil donna la réplique à l'actrice Suzy Delair dans un film de Gilles Grangier "Par la fenêtre" en 1948. Le cinéaste ecrivit : C'est Berthomieu, qui venait de faire "Pas si bête" avec Bourvil, qui m'a recommandé au producteur. "Par la fenêtre" est un bon souvenir en ce qui concerne Bourvil, mais Suzy Delair m'a beaucoup emmerdé. Je n'avais pas pensé à elle pour le rôle, mais Clouzot, que j'avais connu lorsqu'il était scénariste et qui était un copain m'a fait un chantage à l'amitié : "Je suis aux abois, il faut que tu engages Suzy, la vie n'est plus possible à la maison."
Moi, je voulais Michèle Philippe que j'avais dirigé dans "Le cavalier noir" et qui était d'une grande vivacité. Elle joue dans le film d'ailleurs, mais un rôle secondaire. Finalement, j'ai accepté de prendre Suzy. Mais dès le moment ou elle avait signé, elle a commencé à nous emmerder, sous n'importe quel pretexte. Elle arrivait tous les jours au studio avec une seule envie : mettre le bordel.....
Et comment t'es-tu entendu avec Bourvil? -Très bien. C'était quelqu'un de blagueur, toujours très gai. Pendant le tournage, une voiture venait nous chercher tous les matins. Elle prenait Bourvil juste avant moi. Et celui-ci pour m'appeler, jouait un solo de clairon dans la cour de mon immeuble. Inutile de dire que ce réveil matinal n'était pas du goût de tous. J'ai dû faire promettre à Bourvil de laisser le clairon chez lui. Le lendemain, à sept heures moins le quart du matin, il se pointait avec un accordéon !. Gilles Grangier -Entretien avec François Guerif
Après avoir joué dans un film méconnu "Seul dans Paris" (1951) de Hervé Bromberger, il enchaîne avec "Le Trou Normand" (1952) de Jean Boyer avec une débutante nommée Brigitte Bardot. Situé sur les terres natales de Bourvil, ce film marquait de fameux débuts : ceux de Brigitte Bardot à l’écran. Autre révélation : celle de Jacques Deray comédien. Les autres acteurs du film sont Jane Marken, Pierre Larquey, Noel Roquevert, Jeanne Fusier-Gir et Roger Pierre.
Bourvil participe au tournage du colossal "Si Versailles métait conté" (1954) de Sacha Guitry, en interprétant un gardien du Château de Versailles. La distribution est des plus importante puisqu'elle comprend 83 acteurs...Jean Marais, Georges Marchal, Brigitte Bardot, Micheline Presle, Gérard Philipe, Orson Welles, Charles Vanel, Jean-Louis Barrault, Claudette Colbert, Gino Cervi, Tino Rossi, Gaby Morlay,Fernand Gravey....
En 1954, c'est la première rencontre entre Bourvil et Louis de Funès, le futur tandem inoubliable et légendaire avec "Le corniaud" et "La Grande vadrouille". Mais en cette année 54, c'est dans un film de Gilles Grangier que nos deux acteurs français vont faire leur première scène au cinéma, avec "Poisson d'avril". Le cinéaste déclara : De Funès est resté seulement quatre jours sur le film. Il était très drôle. Lui et Bourvil ont tout de suite sympathisé. C'était difficile de ne pas sympathiser avec Bourvil qui était très agréable et avait toujours le sourire aux lèvres. Ce qui frappe dans le film, c'est le côté assez réaliste des décors, notamment en ce qui concerne le deux-pièces cuisine de Bourvil et Annie Cordy.
1956 marque une date importante dans la carrière de Bourvil, la sortie du film "La Traversée de Paris" de Claude Autant-Lara, d'après une nouvelle de Marcel Aymé. Bourvil compose un personnage timoré et pitoyable qui lui valut le grand prix d'interprétation à Venise. "Au terme d'une dizaine d'années de cinéma pour digestions difficiles, écrit encore Maurice Bessy dans l'excellente monographie qu'il lui a consacrée, Bourvil atteint ici une grandeur dans le pitoyable qui le classe soudain parmi les plus grands, à force de candeur suggérée, de simplicité, de désarroi."
Marcel Aymé estimait que "La Traversée de Paris" nouvelle tirée de son recueil " Le Vin de Paris " - était la plus fidèle adaptation que le cinéma ait fait de ses écrits. Cependant dans son récit, Martin poignardait Grandgil, et l'épilogue de la Gare de Lyon a été rajouté. Autant-Lara, qui n'approuvait pas cette fin " plus public ", a su montrer son désaccord par un noir entre la vraie fin du film et cette séquence. Gabin crée ici un personnage nouveau, assez éloigné de sa mythologie habituelle, cynique, agressif, antipathique. Face à Gabin hurlant son fameux " salauds de pauvres ", Le film tourné en noir et blanc a été tiré sur une pellicule couleur : ce procédé employé pour la première lois par Autant-Lara lui permettait de retrouver " le cÔté froid, verdâtre, de l'Occupation".
Il obtient le grand prix d'interprétation au Festival de Venise pour son rôle de Martin dans "LA TRAVERSÉE DE PARIS". " J'ai eu le prix à Venise, bon, j'en suis pas mal fier. déclare-t-il mais je ne confonds pas vitesse et précipitation. Bourvil et Sarah Bernhardt. Le rire dans la qualité c'est ce que je voudrais pouvoir faire. L'imbécile heureux, voilà mon emploi. Que je m'évade de temps en temps je ne dis pas non mais ce sera toujours pour y revenir. " (cité par M. Bessy in "André Bourvil").
Dès lors, Bourvil va trouver des rôles merveilleusement accordés à sa personnalité. Avec "Les Misérables- 1ère Partie" (1957) et "Les Misérables-2ème Partie" (1958) où il interprète l'ignoble Thénardier sous la direction de Jean-Paul Le Chanois avec Jean Gabin dans le rôle de Jean Valjean et Bernard Blier dans celui de Javert. Le cinéaste est arrivé à condenser en deux parties l'énorme roman de Victor Hugo en bourrant de faits, de personnages et d'épisodes célèbres le deuxième épisode surtout. L'adaptation de 1934 due à Raymond Bernard et André Lang, découpée en trois époques (avec Harry Baur), suivait plus minutieusement les chapitres du livre. Bourvil aura tourné deux opérettes avec son ami Luis Mariano : "Sérénade au Texas" (1956) et "Le Chanteur de Mexico" (1958), tous les deux sous la direction de Richard Pottier.
Bourvil poursuit sa carrière cinématographique en interprétant le pitoyable Tardinet dans "Le Miroir à deux faces" (1958) d'André Cayatte. Connu pour avoir défendu à l’écran diverses thèses qui lui avaient été inspirées par son ancien métier d’avocat, André Cayatte (1909-1989) changeait radicalement de style avec cette étude psychologique de la vie d’un couple, dont le sujet fut le premier travail de scénariste du comédien Gérard Oury qui amorçait ainsi son passage à la mise en scène. Excité par « le numéro de corde raide que constituait l’enlaidissement de Michèle Morgan, et les problèmes techniques énormes qu’il a soulevés » – la difficulté à trouver le moyen de rendre l’actrice méconnaissable grâce à un maquillage plastique –, le cinéaste avoua qu’avec ce film, il prenait « un risque plus formel et esthétique qu’intellectuel. » (in “André Cayatte”, par Guy Braucourt, Seghers, 1969). À noter qu’il n’existe aucune photo sur laquelle Michèle Morgan apparaît dans son maquillage enlaidissant : le découvrir était l’un des arguments publicitaires du film. La performance de Bourvil fut récompensée par une Victoire du meilleur acteur français.
Il retrouvera avec bonheur l'univers cruellement ambigu de Marcel Aymé avec "LE CHEMIN DES ECOLIERS" (1959) de Michel Boisrond avec une distribution prestigieuse : Lino Ventura, Françoise Arnoul (qui était sommet de sa carrière),Alain Delon, Jean-Claude Brialy (tous deux au début de leurs carrières),Pierre Mondy, Paulette Dubost (bientôt centenaire), Lise Delamare et Jean Brochard.
Trois ans avant "Le Chemin des écoliers", Aurenche et Bost avaient adapté une autre oeuvre de Marcel Aymé avec "La Traversée de Paris". (Ils utilisèrent le même style de décor de "Paris de l'Occupation" et même contexte de marché noir et l'altitude des Français face à la Résistance). Mais la vision de Michel Boisrond est moins tragique et cynique que celle de Claude Autant-Lara.
Il y eut également "LA JUMENT VERTE" (1959) de Claude Autant-Lara aux côtés de Francis Blanche, Yves Robert, Julien Carette et Sandra Milo. Le roman, qui fut un des gros succès de vente de Marcel Aymé, comporte en regard de l'intrigue proprement dite une série de chapitres intitulés "les propos de la jument", dans lesquels l'animal fabuleux donne son point de vue sur le déroulement des événements Une des difficultés de l'adaptation fut de rendre visuels ces propos. Autant-Lara révéla que deux versions en furent tirées. L'une où la jument se transformait en femme, l'autre où la jument restait accrochée dans son cadre tandis que ses propos sont prêtés aux différents personnages; c'est cette version qui fut adoptée.
Le film terminé eut des démêlés avec la censure qui, à la présentation, le renvoya en commission plénière et interdit la projection des bandes-annonces, puis l'interdit aux mineurs de moins de dix-huit ans.
Bourvil trouve un nouvel emploi, celui de valet dans les films de cape et d'épée. Il sera Passepoil dans "LE BOSSU" (1959) et Cogolin dans "LE CAPITAN" (1960) tous deux réalisés par André Hunebelle avec Jean Marais.Il s'agit de la seconde version inspirée par le roman de Zévaco, après celle de Robert Vernay, réalisée en 1945 avec Aimé Clariond, Claude Génial, Jean Tissier, Pierre Renoir et - déjà - Lise Delamare.
Préparée pour le centenaire du célèbre roman de Paul Féval, celle adaptation tournée par André Hunebelle (après celles de Jean Kemm en 1925, René Sti en 1934 et Jean Delannoy, en 1944) restitue la flamme et la droiture généreuse du chevalier de Lagardère auquel Jean Marais confère son charme et la popularité que lui a conquise son intrépidité de "premier cascadeur de France". Sa composition dans la seconde partie demeure légendaire et l'association avec Bourvil se reproduira l'année suivante, lors du "CAPITAN", toujours sous la houlette de André Hunebelle.
Période Alex Joffé
1960, Bourvil réussit à nous émouvoir avec l'un de ses plus beaux rôles au cinéma : "FORTUNAT", il y retrouve sa partenaire du "Miroir à deux faces", Michèle Morgan. Alex Joffé reformait en cette occasion le couple Bourvil-Morgan qui avait fait le succès, en 1958, du film d'André Cayatte: "LE MIROIR A DEUX FACES".
Il s'agit d'un des très rares films français - avec "Le Vieil homme et l'enfant" - qui ne comporte pratiquement aucune erreur de détail sur la restitution du temps de l'Occupation.
Bourvil et Alex Joffé ont tourné ensemble outre "FORTUNAT", cinq autre films : "LES HUSSARDS" (1955), "LE TRACASSIN" (1961), "LES CULOTTES ROUGES"(1962), "LA GROSSE CAISSE" (1965) et "LES CRACKS" (1967).
Français moyen pris au piège du quotidien dans un Paris embouteillé dans "LE TRACASSIN ou les plaisirs de la ville" (1961), aux côtés de Bourvil, Armand Mestral, Rosy Varte et Maria Pacôme.
C'est peut être dans "LES CULOTTES ROUGES" (1962) toujours sous la direction d'Alex Joffé, que Bourvil fit sa création la plus émouvante, la plus humaine. Son personnage de prisonnier de guerre pétainiste qui, aux exploits guerriers, préfère la couture, et qui verra sa timidité maladive affreusement blessée par la violence cynique du jeune gaulliste qui veut l'associer à ses plans d'évasion, est proprement inoubliable. Le film, d'une facture parfaitement classique, est d'ailleurs très réussi.
Le film de Joffé se situe tout de suite après "La Vache et le Prisonnier" (1959) d'Henri Verneuil, et "Le Caporal épinglé" (1961) de Jean Renoir. Les histoires de prisonniers de guerre connaissaient alors une certaine vogue, un peu analogue à celle des films de caserne avant la guerre. S'y ajoutaient le parfum de l'aventure, un chauvinisme élémentaire et des tentatives d études de caractères comme ceux des héros des "CULOTTES ROUGES". Alex Joffé avait beaucoup contribué à débarrasser Bourvil de son personnage de paysan naïf et madré, d 'abord en 1955 avec "LES HUSSARDS", ensuite avec "Fortunat" douloureux récit de l'occupation, enfin avec "LE TRACASSIN" satire de la vie dans une grande ville. Quant à Laurent Terzieff, il put abandonner l'espace de ce film, les rôles de séducteur ténébreux qu'on lui imposait depuis sa révélation dans LES TRICHEURS (Carné, 1958).
A propos des "CULOTTES ROUGES", Maurice Bessy écrivait : "un jour viendra où l'on s'apercevra qu'il est une manière de chef-d'œuvre. Avec, pour point de départ, un cadre et un sujet au premier degré qui n'incitent guère au rire - de peur d'avoir à en pleurer -, le film évolue subtilement vers une thématique infiniment plus complexe, plus ambiguë : les liens terribles qui unissent le bourreau et sa victime avec, au fond de tout cela, l'image comme en négatif de toutes les amours humaines qui font que l'on est tour à tour le tyran et le supplicié de l'autre". (in : "Bourvil " Collect. Étoiles 1972)
Sous la direction de René Clair, Bourvil composa plusieurs rôles dans "TOUT L'OR DU MONDE" (1961) aux côtés de Philippe Noiret, Claude Rich, Alfred Adam et la jeune actrice Françoise Dorléac. Fernandel avait lui aussi eut le privilège d'interpréter plusieurs personnages dans "Le Mouton à cinq pattes" d'Henri Verneuil.
Dans "LE JOUR LE PLUS LONG" (The Longest Day",1962) de Bernard Vicki, Andrw Marton, Ken Annakin, Bourvil complèta la prestigieuse distribution d'acteurs internationaux, du côté des acteurs français, s'affichèrent Arletty, Fernand Ledoux, Madeleine Renaud, Pauline Carton, Daniel Gélin.
"LA CUISINE AU BEURRE" (1963) de Gilles Grangier n'est pas seulement la rencontre dans un même film de deux grands acteurs français, de deux grands comiques, mais c'est à travers la personnalité de Bourvil et de Fernandel, la confrontation de deux types de français : le Normand et le Marseillais.
Avec le tournage du film "LE MAGOT DE JOSEFA" (1963) le co-producteur du film (via Raimbourg Productions), Bourvil avait demandé au cinéaste Claude Autant-Lara d'engager des acteurs de premier plan. Le cinéaste racheta donc au prix fort le contrat d'exclusivité qui liait Anna Magnani au producteur italien Alfredo Bini (Arco Film). Le film fut sur le plan commercial un échec, et Autant-Lara ruiné par l'achèvement, à ses frais, de "Tu ne tueras point" (1961), son film sur l'objection de conscience, aurait été déclaré en faillite si Bourvil, en souvenir de son Prix d'interprétation à Venise pour "La Traversée de Paris", n'avait comblé lui-même le lourd déficit de l'opération. Josefa est émue par le disque que lui fait écouter Pierre dans l'église : il s'agit de « Un Air de jeunesse », chanson mise en musique par Henri Salvador, sur des paroles de Bernard Dimey et interprétée par Bourvil.
Anna Magnani-Pierre Brasseur-Bourvil-Claude Autant-Lara
"LES GRANDES GUEULES" (1965), dit Robert Enrico, c'était un projet de Lino Ventura. À l'origine José Giovanni avait écrit une nouvelle sur les libérés conditionnels embauchés dans un haut-fer(une scierie). Sur les conseils de Lino, Giovanni a transformé la nouvelle en scénario. Puis, comme personne ne voulait le tourner, il a repris son scénario et cette fois l'a transformé en roman." (Nouvelles Littéraires, 28 octobre 65). Le producteur Michel Ardan s'intéresse alors au sujet et envisage d'en confier la réalisation à Jean Becker, puis à Claude Sautet.
Le film a été tourné sur les lieux où Giovanni a situé son roman, dans la clairière de Cellet, près de Gérardmer. Aux côtés de Lino Ventura, Bourvil, Marie Dubois, Michel Constantin, Jean-Claude Rolland, Jess Hahn et Paul Crauchet.
Reconnu comme l'un des meilleurs acteurs français de sa génération, Bourvil sera bientôt l'heureux bénéficiaire, avec Louis de Funès, de deux succès commerciaux sans précèdent dans l'histoire du cinéma français : sous la direction de Gérard Oury, il tourne en effet "LE CORNIAUD" (1964) puis "LA GRANDE VADROUILLE" (1966). Le premier fera 915 000 entrées pendant l'exclusivité parisienne, le second pas moins de 1 295 000..._____
Mais il va connaître un immense succès populaire dans les deux films où Gérard Oury l'oppose à Louis de Funès : LE CORNIAUD (915 000 en première exclusivité parisienne) et surtout LA GRANDE VADROUILLE (1 295 000 entrées en vingt semaines d'exclusivité !). Robert Enrico révèle un nouvel aspect de son talent en lui confiant le rôle du forestier dans LES GRANDES GUEULES. Enfin, Bourvil incarne, sous la direction de Jean-Pierre Melville, le très impressionnant commissaire Mattei du CERCLE ROUGE, et, pour la première fois au générique d'un film, son prénom précède son surnom : André Bourvil. Malheureusement, avec courage, il supporte plusieurs mois un mal impitoyable : il meurt le 23 septembre 1970, maintenant regretté par le public sensible à la générosité, à la bonté, à l'humanité de son grand talent
"C'est Louis De Funès, jouant la seule scène drôle de mon film "Le crime ne paie pas", qui m'a décidé à tourner "Le Corniaud", déclara Gérard Oury. "J'ai raconté mon scénario à Louis et à Bourvil et ils ont tous les deux signés, sans avoir rien lu." (in "France-Soir", 11-10-71).
Après l'immense succès du "Corniaud", la même équipe, à laquelle vint se joindre Danielle Thompson (la fille de Gérard Oury, future réalisatrice de "La Bûche", tenta et tint la gageure de reformer le tandem Bourvil-De Funès et de le conduire au triomphe, au terme d'une "GRANDE VADROUILLE" qui fut vue par quelque 13 millions de spectateurs.
Tout fut mis en œuvre lors de la préparation et de la réalisation, sans oublier le budget (trois fois celui du CORNIAUD, le plus élevé pour un film français à cette époque) pour mettre en valeur l'étonnante complémentarité des deux acteurs, dont De Funès disait : "Bourvil avait quelque chose de plus. Un je ne sais quoi de tendresse qui ajoutait à son jeu. Moi, je n'ai qu'un seul registre mais les ressources sont grandes".
Gérard Oury a travaillé deux ans sur la préparation du film "LE CERVEAU" (1969). Il voulait, en effet, qu'à aucun moment il ne rappelle ses films précèdents. La Compagnie Générale Transatlanlique a accepté que Gérard Oury attache entre les cheminées du "France" une gigantesque reproduction de la statue de la Liberté. Au générique Bourvil, Jean-Paul Belmondo, David Niven et Elli Wallach.
Période Jean-Pierre Mocky
1963, la rencontre entre Bourvil et le cinéaste Jean-Pierre Mocky, le meilleur est à venir, c'est sans conteste Jean-Pierre Mocky qui va nous l'offrir. Anarchiste aux utopies truculentes, ce jeune cinéaste indépendant va utiliser l'ancien boulanger de Bourville, avec un véritable génie de l'inattendu : dans "UN DROLE DE PAROISSIEN" (1963) avec la complicité de Francis Blanche, Jean Poiret, Jean Tissier et Marcel Perès.
C'est parce qu'il avait été séduit par le personnage de Lachesnaye, un rôle d'"aristocrate distingué" inhabituel pour lui, que Bourvil avait accepté de tourner ce film (en y participant, également, financièrement). "Un drôle de paroissien" fut tourné dans les décors naturels de vingt-cinq églises parisiennes, les prises de vues s'efforçant d'avoir lieu entre les baptêmes et les enterrements. À signaler, dans ce film en noir et blanc, une séquence-couleurs d'environ dix minutes : le cauchemar de Bourvil. D'autre part, dans le couple insolite poussant, fugitivement, un landau, devant l'église Saint-Bernard, on peut reconnaître le metteur en scène, Jean-Pierre Mocky et son assistant, Luc Andrieux.
L'amitié et la complicité qui les liaient l'un à l'autre donna lieu à trois autres films :
"LA CITÉ DE L'INDICIBLE PEUR" plus connu sous le titre : "LA GRANDE FROUSSE" (1964), ce film fut exploité, en 1964, dans une version mutilée. À la demande des distributeurs Jean-Pierre Mocky avait dû tourner des scènes supplémentaires et en supprimer d'autres. En 1972, à l'expiration des droits de distribution, le metteur en scène racheta tout le matériel et rétablit le film dans son montage et avec son titre d'origine (celui du roman de Jean Ray). Le tournage eut lieu dans le Cantal, à Salers, ville du XVe siècle, avec le concours de la population locale. Un figurant - qui était sorcier - refusé, se vengea en jetant un sort sur le film... Effectivement, au retour du développement, la pellicule impressionnée présentait des traînées claires d'origine inconnue (des " effluves ") qui obligèrent à refaire des séquences importantes.
"LA GRANDE LESSIVE" (1968) permit à Bourvil de retrouver ses acolytes (Francis Blanche, Jean Poiret, Jean Tissier et Marcel Perès) pour une nouvelle aventure avec Mocky, il incarne un professeur délicieusement vieux jeu qui, pour sauver la santé mentale de ses élèves, entreprend de priver les Parisiens de télévision. Ce neuvième film réalisé par Jean-Pierre Mocky et dont le tournage se déroula au moment même des événements de Mai 68, devait primitivement s'intituler "Le Tube", ou encore "Le Schproum". D'un avis toutefois différent de celui de Mocky, les distributeurs optèrent pour "LA GRANDE LESSIVE". Le (!) insolite qui ponctue ce titre - et qui figura d'ailleurs dans tout le matériel publicitaire - indique les distances prises par le réalisateur vis-à-vis de cette option.
Dans l'un de ses derniers films "L'ÉTALON" (1970), Bourvil interprète un philanthrope aux idées peu ordinaires, le crâne rasé, il compose un personnage particulièrement anticonformiste.
Le film fut tourné à Port-Bou. Bourvil qui devait disparaître quelques mois seulement plus tard. Au sujet de sa collaboration avec celui-ci, Mocky précise : "L'ÉTALON" est le film le plus violent que j'ai fait avec Bourvil. Je crois qu'il faut insister sur ce point : lorsque je fais "un Bourvil", ce n'est pas "un Bourvil" comme les autres. J'utilise Bourvil comme "dérangeur" de la société de consommation alors que, généralement, Bourvil est utilisé comme un héros de cette société. La grande vertu du comique, c'est de déranger le public sans qu'il s'en aperçoive; le faire rire tout en "agaçant" les dents ! "L'ÉTALON" - ajoute Mocky - n'est certes pas un film pudique, mais c'est incontestablement un film sain, décontractant, disons rabelaisien, une sorte de Gargantua érotique...
C'est tout à l'honneur du populaire comédien que d'avoir accepté de mettre son talent et sa notoriété au service d'oeuvres aussi originales et aussi personnelles. Une association fructueuse qui devait être, hélas, interrompue par la disparition de l'acteur. "L'étalon" est le dernier des quatre films que Jean-Pierre Mocky réalisa avec Bourvil.
Tourné par Terence Young, "L'ARBRE DE NOEL" (1969) s'inspirait d'un incident survenu quelque temps auparavant : la perte d'un engin nucléaire par un avion au large de Palomares, en Espagne, qui avait fortement troublé l'opinion publique. Laurent Ségur y fait d'ailleurs allusion lorsqu'il téléphone à un ami au ministère, qui demeure singulièrment muet. On a mémorisé la musique, la même que celle de "Jeux Interdits" de René Clément. Avec une distribution internationale, William Holden, Bourvil, Virna Lisi
C’est fort du succès de "La grande vadrouille", qu’il avait écrit pour Gérard Oury, et dans la même veine, que Marcel Jullian adapta "LE MUR DE L'ATLANTIQUE" (1970) pour le peu prolixe Marcel Camus (réalisateur d’Orfeu Negro) ce récit de résistance rapporté par le colonel Rémy, alias Gilbert Renault, fondateur d’un réseau de renseignement pendant la guerre et auteur des «Mémoires d’un agent secret de la France libre». Aux côtés de Bourvil, Sophie Desmarets, Bourvil, Peter McEnery et Jacques Bulletin.
Les possibilités dramatiques de Bourvil étaient immenses. Avant qu'un mal impitoyable ne l'emporte à l'aube de l'automne, le 23 septembre 1970, dans sa chère campagne normande où il aimait se retirer entre chaque film, il avait eu l'occasion de donner la mesure de son talent dans un superbe film policier de Jean-Pierre Melville, "LE CERCLE ROUGE" (1970). De son jeu grave et pudique, Melville dira : "Il apporte à mon histoire un élement d'humanité que je n'avais imaginé." C'est sans doute le plus bel hommage qui pouvait être fait à cet acteur, qui n'a jamais été meilleur que lorsqu'il était simplement lui-même.
Melville avait fait inscrire au générique de l'ultime film de l'immense acteur, son prénom suivi de son nom André Bourvil. La télévision française lui rendit un hommage en diffusant le film d'Alex Joffé "LES CULOTTES ROUGES" ....
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- 1942
CROISIÈRES SIDÉRALES (André Zwobada).
- 1945
LA FERME DU PENDU (Jean Dreville).
- 1946
PAS SI BÊTE (André Berthomieu).
- 1948
BLANC COMME NEIGE (André Berthomieu)
LE STUDIO EN FOLIE (Walter Kapps. c.m.)
PAR LA FENÊTRE (Gilles Grangier).
- 1949
LE COEUR SUR LA MAIN (André Berthomieu).
- 1950
MIQUETTE ET SA MÈRE (Henri-Georges Clouzot)
LE ROI PANDORE (André Berthomieu)
LE ROSIER DE MADAME HUSSON (Jean Boyer).
- 1951
LE PASSE MURAILLE (Jean Boyer)
SEUL DANS PARIS (Hervé Bromberger).
- 1952
LE TROU NORMAND (Jean Boyer)
CENT FRANCS PAR SECONDE (Jean Boyer, apparition).
- 1953
LES TROIS MOUSQUETAIRES (André Hunchelle).
- 1954
SI VERSAlLLES M'ÉTAIT CONTÉ (Sacha Guitry)
CADET ROUSSELLE (André Hunebelle)
POISSON D'AVRIL (Gilles Grangier).
- 1955
LE FIL À LA PATTE (Guy Lefranc)
LES HUSSARDS (Alex Joffé).
- 1956
LA TRAVERSÉE DE PARIS (Claude Autant-Lara)
LE CHANTEUR DE MEXICO (Richard Pottier).
- 1958
SERENADE AU TEXAS (Richard Pottier)
LES MISERABLES (Jean-Paul Le Chanois)
UNE DROLE DE DIMANCHE (Marc Allégret)
LE MIROIR A DEUX FACES (André Cayatte).
- 1959
LE CHEMIN DES ECOLIERS (Michel Boisrond)
LA JUMENT VERTE (Claude Autant-Lara)
LE BOSSU (André Hunebelle).
- 1960
FORTUNAT (Alex Joffé)
LE CAPITAN (André Hunebelle).
- 1961
TOUT L'OR DU MONDE (René Clair)
LE TRACASSIN (Alex Joffé).
- 1962
LES CULOTTES ROUGES (Alex Joffé)
LE JOUR LE PLUS LONG (Bernard Vicki, Andrw Marton, Ken Annakin).
- 1963
LES BONNES CAUSES (Christian Jaque)
UN DROLE DE AROISSIEN (Jean-Pierre Mocky)
LE MAGOT DE JOSEFA (Claude Autant-Lara)
LA CUISINE AU BEURRE (Gilles Grangier).
- 1964
LA GRANDE FROUSSE (Jean-Pierre Mocky).
- 1965
LE CORNIAUD (Gérard Oury)
GUERRE SECRETE (Christian Jaque)
LA GROSSE CAISSE (Alex Joffé)
LES GRANDES GUEULES (Robert Enrico).
- 1966
LA GRANDE VADROUILLE (Gérard Oury)
TROIS ENFANTS DANS LE DESORDRE (Léo Joannon).
- 1967
LES ARNAUD (Léo Joannon).
- 1968
LES CRACKS (Alex Joffé)
LA GRANDE LESSIVE (Jean-Pierre Mocky).
- 1969
LE CERVEAU (Gérard Oury)
L'ARBRE DE NOEL (Terence Young).
- 1970
GONFLES A BLOC (Those daring Young men in their jaunty jalopies - Ken Annakin)
L'ETALON (Jean-Pierre Mocky)
LE MUR DE L'ATLANTIQUE (Marcel Camus)
LE CERCLE ROUGE (Jean-Pierre Melville).
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