ROMY SCHNEIDER, LES CHOSES DE LA VIE...
ROMY SCHNEIDER 1933 - 1982
Actrice Française
Propulsée très jeune au faîte de la gloire grâce à l'espiègle Sissi, Romy Schneider tourna le dos à ce trop joli personnage pour se métamorphoser en grande comédienne, émouvante de beauté et de talent. Claude Sautet a donné à Romy Schneider quelques uns de ses plus beaux rôles : "Les Choses de la vie", "Max et les ferrailleurs", "César et Roslalie" ou "Une histoire simple".
Claude Sautet disait en parlant de Romy : "Je ne suis peut être pas très bonne comédienne, je ne suis peut être pas très bien foutue, mais je suis photogénique, ça je le sais ! C'est ma chance ! Mon père me l'a dit !. Ainsi m'avait parlé Romy la première fois que je l'ai rencontrée.
Etre à la hauteur de sa photogénie, de sa "chance", remplir cette image de toute la vie qu'elle pouvait y mettre, tel est peut être le secret del'intense combativité de cette véritable enfant de la balle. Fille et petite fille de comédiens fameux, toute sa vie professionnelle était tendue vers son père (Wolf Albach-Retty) disparu trop tôt de sa vie.
Romy était à la fois l'émotion et la violence, la panique et la plénitude, mais avant tout une force, une force éprise d'absolu. Il y avait en elle quelque chose de la grande écuyère de cirque, altière et dure avec son métier : lorsqu'après le tournage d'une scène difficile elle s'était sentie un peu en dessous, elle était sitôt prise d'un profond dégoût d'elle-même que rien ne pouvait apaiser. Cette exigence était la même vis à vis des autres. Elle en attendait beaucoup, avec soif de netteté morale et de rigueur partagée.
Pour moi, Romy c'était d'abord l'impulsivité populaire et sensuelle mais aussi à travers la lumière de son regard cette impression de dignité qui émanait d'elle et s'imposait à ceux qui l'entouraient.
Claude Sautet
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Actrice autrichienne, née à Vienne, le 23 septembre 1938. De son vrai nom : Rose-Marie Albach-Retty, elle est la fille de Magda Schneider et de Wolf Albach-Retty, un des couples de comédiens les plus populaires d'Europe à l'époque. Romy Schneider n'était pas une figure mythique. La réelle affection que lui portait son public reposait au contraire sur une correspondance directe entre la femme et l'actrice, qui formaient une entité unique, une image évoquant à la fois la beauté de la maturité et une certaine liberté d'allure, sans pour autant cesser d'être familière et très proche. Aussi sa mort, le 29 mai 1982, a-t'elle été profondèment ressentie, mort qui mettait un terme à une carrière de près de trente ans.
À l'arrivée des nazis, la famille Schneider doit quitter Vienne et l'enfance de la jeune Romy se passe dans un petit village près de Berchtesgaden. Quelque temps après la naissance d'un fils, Wolfgang, ses parents se séparent. Après la capitulation de l'Allemagne, Romy est pensionnaire dans une institution religieuse, près de Salzbourg. À quinze ans, Romy veut devenir décoratrice : elle rentre à l'École de Dessin de Mode, à Cologne. Magda Schneider, qui a repris son métier de comédienne, va tourner "Lilas blanc" (1953) pour lequel on cherche une adolescente qui doit tenir le rôle de sa fille dans le film : ce sera pour Romy l'occasion de faire ses débuts à l'écran.
Elle tournera plusieurs productions allemandes : "Feu d'artifice" (1953) de Kurt Hoffmann, "Mon premier amour" (1955) d'Haral Braun. C'est en 1954 que Romy connait la célèbrité internationale avec "Les Jeunes années d'une reine" d'Ernst Marischka ou elle interprète déjà une souveraine, le film relatait les débuts de la reine Victoria sur le trône d'Angleterre.
Puis, en 1955, le cinéaste Ernst Marischka lui offre le rôle principal de "Mam'zelle Cri-Cri" (Die deutschmeister), ou elle persuade un empereur autrichien de se fournir en pain auprès de sa tante Thérèse, la boulangère ! La jeunesse, le charme, la gentillesse de la jeune comédienne - elle avait alors dix-sept ans - avaient convaincu Marischka qu'il tenait en Romy celle qui, selon ses propres termes, allait faire rêver toutes les jeunes filles d'Europe. Il savait qu'elle serait l'Elisabeth de Bavière idéale, cette impératrice d'Autriche toujours chère au coeur de ses compatriotes.
- Mais c'est avec la série des "Sissi", où elle incarne l'Impératrice Elisabeth d'Autriche, aux côtés de Karl-Heinz Böhm, dans le rôle du jeune Empereur François-Joseph, que Romy Schneider devient célèbre. "Sissi" (1955), "Sissi Impératrice" (1956) et "Sissi face à son destin" (1957). Tous trois mise en scène par le veux routier Ernst Marischka, ils réactivents les bonnes vieilles traditions de l'opérette viennoise, revues selon les règles du roman-photo, et n'entretiennent avec la réalité historique que des rapports involontaires, mais le charme adolescent de Romy Schneider suffisait à faire passer tout cela.Avec des moyens financiers à la mesure de ses ambitions, Marischka réalise un film qui va rencontrer un succès considérable dans toute l'Europe. En France, SISSI sera vu par plus de six millions et demi de spectateurs.
Romy Schneider avait déjà manifesté quelques réticences à l'idée de s'enfermer dans cet unique personnage, elle accepte encore, succès oblige, de tourner le troisième vollet des "Sissi" à la suite duquel elle refusera obstinément, malgré la promesse d'un cachet d'un million de marks, de tourner un quatrième épisode. Tous les films qu'elle tourna jusqu'en 1959 racontent plus ou moins la même histoire : une jeune fille simple, un grand amour, de gros chagrins...
Romy tourna une nouvelle version de "Jeunes Filles en uniformes" (1958) de Geza Radvanyi aux côtés de Lilli Palmer. C'est curieusement par un remake du célèbre "Liebelei" (1932) de Max Ophuls, dont l'actrice principale n'est autre que la mère de Romy (Magda Schneider) - qu'elle entama une carrière internationale : "Christine" (1958) réalisé par Pierre Gaspard-Huit, ou elle avait Alain Delon et Jean-Claude Brialy pour partenaires. Il s'ensuit une liaison tumultueuse qui l'amena à rompre avec des rôles dont elle était déjà saturée.
En 1958, on la retrouve aux côtés du comédien chanteur Jean-Claude Pascal et Paul Guers dans "La Belle et l'Empereur" d'Axel Von Abesser. Puis elle récidive en 1959 avec Robert Siodmak dans une version romancée de "Katia". Curd Jurgens, Pierre Blanchar, Gabrielle Dorziat et Antoine Balpêtré.
Elle apparait dans un sketch réalisé par Luchino Visconti "Le Travail" pour le film "Boccace 70" (1961). Il s'agit d'une histoire d'un cynisme réjouissant, tirée d'une nouvelle de Maupassant : lassée des infidelités de son mari, une femme du monde décide de ne plus lui accorder ses faveurs que contre argent comptant. La rupture est brutale, et sans doute voulue, avec l'univers pastellisé des "Sissi". Ce film à sketches fut présenté au Festival de Cannes 1962 où il faillit provoquer un incident diplomatique. En effet, un quatrième épisode, "Renzo et Luciana", réalisé par Mario Monicelli avec Marisa Solinas et Germano Gilioli, fut coupé pour raccourcir le film. Cet épisode n'a jamais été présenté en France où la critique remarqua que la jeune Romy Schneider, qui n'avait jusqu'alors tourné que Sissi et ses multiples séquelles, pouvait, avec un grand cinéaste, jouer sur un tout autre registre.
D'abord assistant de Louis Malle, Alain Cavalier signe avec "Le Combat dans l'île" (1961), son premier long-métrage. La sortie du film, considéré à juste titre comme un film politique, fut d'abord suspendue, puis autorisée sous réserve de coupures. En particulier toutes les scènes où Clément affirme sans ambages ses tendances fascistes, d'abord au cours d'une discussion avec son père dans l'usine en grève, ensuite au cours dune bagarre avec un Noir, ont été gommées. Quant au personnage de Serge, d'autres coupures rendirent son comportement plus fou. Le film fut cependant bien accueilli par la critique et par le public. Les dialogues sont signées Jean-Paul Rappeneau. Ce fut Jean-Louis Trintignant et Henri Serre qui donnèrent la réplique à Romy.
En 1962, Romy Schneider joue dans "Le Procès" d'Orson Welles, le personnage de Leni, la gouvernante d'un inquiétant avocat (Welles lui-même).Tourné aux studios de Boulogne, dans la gare d'Orsay et à Zagreb, "Le procès" marque définitivement, après "La soif du mal" que le producteur Albert Zugsmith modifia après son départ, la volonté d'Orson Welles de s'expatrier loin des États-Unis, son pays natal. A noter la présence d'une pléiade de comédiens : Anthony Perkins, Jeanne Moreau,Suzanne Flon, Madeleine Robinson, Fernand Ledoux, Elsa Martinelli et Akim Tamiroff.
Installée à Paris, elle fait partie de la distribution de deux pièces de théâtre : "Dommage qu'elle soit une P..." de John Ford (le dramaturge anglais) en 1961, aux côtés d'Alain Delon, dans une mise en scène de Luchino Visconti et "La Mouette" de Tchekhov, en 1962, mise en scène de Sacha Pitoëff.
Romy tourne plusieurs films aux Etats-Unis, dont "Le Cardinal" (1963) d'Otto Preminger, entreprend sous la direction d'Henri-Georges Clouzot "L'enfer" (1964), resté inachevé. L'actrice ne supporta pas d'être giflé... Elle poursuit sa carrière cinématographique avec un film de Clive Donner "Quoi de neuf Pussycat? " (1964-What's new, Pussycat?).C'est le premier film interprété par Woody Allen, également auteur du scénario. Depuis, Woody Allen avoue volontiers que son principal phantasme est de se croire le collant d'Ursula Andress...
Le film a été tourné en France ce qui explique la présence de nombreux comédiens du cinémas français, notamment Jean Paredes, Robert Rollis, Daniel Emilfork, Jacques Balutin, Annette Poivre, sans oublier Françoise Hardy qui y fait une très brève apparition. Richard Burton apparait d'ailleurs lui aussi sans être mentionné au générique. Peter O'Toole le croise dans la boite de nuit...
Romy participa également à deux autres productions britanniques : "Les Vainqueurs" (1963) de Carl Foreman et "Prête-moi ton mari" (1964) de David Swift. Une autre rencontre importante, celle avec le cinéaste Jules Dassin, lequel tourna dans une co-production améroc-espagnole :"Dix heures et demie du soir en été" (1964), avec Mélina Mercouri et Peter Finch aux côtés de Romy Schneider. Jules Dassin décrivit son film comme : « une histoire d’amour moderne, celle de toutes les ambiguïtés de l’amour dans un monde qui ne veut ou qui ne peut plus vivre selon les règles et les schémas de la morale traditionnelle. » (rapporté dans “Jules Dassin”, par Fabien Siclier & Jacques Lévy, Édilig, 1986).
Avant "La Voleuse" (1966), Claude Lelouch avait proposé à Romy le rôle d'Anne dans "Un Homme et une Femme". Comme à son habitude, le cinéaste ne lui avait soumis qu'un bref synopsis et la comédienne, préférant se déterminer à la lecture d'un scénario dialogué, avait refusé. D'abord intitulé « Cheminée 4 », ce premier long métrage de Jean Chapot, est dialogué par Marguerite Duras, déjà auteur du scénario et des dialogues, d'après son roman, de "Dix heures et demie... Le film, où Romy Schneider partageait pour la première fois la vedette avec Michel Piccoli, fut un échec critique et commercial en dépit de l'interprétation, tout en nuances, de Romy, qui trouva là un des meilleurs rôles de sa brillante carrière.
Romy complèta la distribution internationale dans "La Fantastique vraie histoire d'Eddie Chapman" (Triple Cross-1967).Le titre original du film "Triple Cross", est un jeu de mots à partir de l'expression "double cross" qui signifie en anglais, "double jeu". Aux côtés de Romy, Yul Brynner, Christopher Plummer et Harry Meyen, qui deviendra son époux.
Le 15 juillet 1966, Romy Schneider épouse Harry Meyen, adaptateur et metteur en scène de théâtre. Un fils David-Christopher, naît le 3 décembre 1966. " Ma volonté, déclare-t-elle, c'est de changer de personnage à chaque film. À chaque film, une autre femme, un autre monde, c'est ma devise. J'aurais pu refaire dix SISSI. Mais, déjà à cette époque, ça m'était impossible. J'étouffais. Je ne savais rien. J'ai appris avec les années. Depuis "La Piscine", je choisis les sujets que je tourne en fonction du scénario dialogué et du metteur en scène avec qui je discute du film. Du film dans son ensemble, pas seulement de mon rôle, qui n'est pas forcément le principal".
Pendant le tournage avec Karl Heinz Bohm et Otto E. Hasse
Avec Otto Preminger
Ce n'est qu'avec "La Piscine" (1968) de Jacques Deray, ou elle retrouve Alain Delon (après une longue séparation), qu'elle se voit offrir un rôle vraiment important."La piscine" constitua pour ce dernier d'émouvantes retrouvailles avec Romy Schneider, avec qui il avait, à la ville comme à l'écran, formé un des couples modernes les plus célèbres. Le film fut tourné dans la continuité du scénario, du 15 août au 30 octobre 1968. Le film réunit à nouveau Alain Delon et Maurice Ronet.
Tout commence véritablement avec "LES CHOSES DE LA VIE" (1970) de Claude Sautet, dont elle restera l'interprète favorite. C'est lui qui élaborera son personnage définitifif : une femme libre, ou qui s'efforce de l'être, en qui se reflète l'évolution des moeurs. Le cinéma de Sautet se veut un retour à la simplicité, au naturel. Tout cela ne va pas sans rouerie ni recours à des procédés éprouvés. Mais il y avit chez Romy Schneider une authenticité qui faisait tout passer. Sa rencontre avec Claude Sautet est décisive : le très grand succès critique et public des "Choses de la vie", va la placer au sommet de sa popularité et révéler le talent de Claude Sautet. " Je me fais un peu peur, explique Romy Schneider, peur de lasser le public s'il me voit trop souvent. Peur quelquefois de l'épuisement nerveux. Mais je sens que je tiens bien le coup et je n'oublierai jamais que Claude Sautet, qui m'a redonné confiance en moi avec "Les Choses de la vie", m'a dit un jour :" Continue tant que tu en auras envie, tu le peux".
Le roman de Paul Guimard avait été un grand succès : le film connut le même sort : tout en conservant soigneusement l'esprit du livre, les auteurs ont assuré une vraie transposition en images. Claude Sautet prépara méticuleusement son film, six mois durant, avant le tournage qui à Paris et à La Rochelle, se déroula au cours de l'été 1969. L'accident, qui constitue le point central de l'histoire, fut mis au point par le cascadeur Gérard Streiff. Le montage très délicat de cette séquence retarda celui du film en prenant trois nouveaux mois.
"La violence absurde de l'accident nous a obligés, Jean-Louis Dabadie et moi, à traiter tout le reste du film, c'est-à-dire les neuf dixièmes, sur le mode de la "banalité" la plus rigoureuse : des rapports normaux, entre des gens normaux, dans des situations normales. C'était un point de vue moral". (Claude Sautet).
Le film fut récompensé par le prix Louis-Delluc et rencontra un triomphe public et critique.
Romy eut Maurice Ronet pour partenaire dans "Qui ? ". Le cinéaste du film Léonard Keigel,tenta de faire avec "QUI ?" une œuvre commerciale : «…mais j’ai raconté une histoire qui m’était très personnelle, complètement fantasmatique, dans un contexte qui se voulait policier et je crois que c’était l’erreur fondamentale du film : il fallait mener le combat de front et non pas faire cette concession au récit et au commerce » (in “Cinéma 77”, n° 227).
Débordante d'activité (en tout vingt cinq longs métrages de 1970 à 1981). Romy Schneider vise par ailleurs à une certaine diversification et met un style de jeu assez sobre au service de rôles tout à fait différent : l'ouvrière de "La Califfa" (1970) d'Alberto Bevilacqua avec Ugo Tognazzi dans le rôle d'un patron pris dans la tourmente du monde syndicaliste...Le cinéaste, journaliste au "Messagero" était surtout connu pour ses travaux littéraires. En 1960, il avait écrit "La Califfa", et, dix ans plus tard, il décida de porter son roman à l'écran, sans expérience cinématographique préalable. Toutefois, il fallait moderniser son récit et l'adapter à une nouvelle situation sociale. Le propos restait le même, et Alberto Bevilacqua se plaisait à le définir comme " le portrait de l'humanité féminine en pleine mutation, face à la suprématie séculaire du mâle. " Pour accéder à plus de réalisme, il emmena son équipe dans la région de Terni, zone industrielle du nord de lItalie. Le tournage commença par une audacieuse scène d'amour et Romy Schneider se retrouvant toute nue pour les premières prises de vues déclara avec humour qu'il s'agissait peut-être d'une " technique subtile chère aux réalisateurs italiens pour mettre tout de suite à son aise son interprète féminine".
La Califfa connut les honneurs d'une sélection au Festival de Cannes 1971 pour représenter officiellement l'Italie. L'accueil critique fut plutôt réservé. A noter la magnifique mélodie du musicien Ennio Morricone.
Dans "Max et les Ferrailleurs" (1971), Romy incarne Lily, la prostituée aux côtés de Michel Piccoli et Bernard Fresson.. Ce film de Claude Sautet inaugure ce qui pourrait être appelé le cycle des prénoms, poursuivi avec "César et Rosalie", "Vincent, François, Paul et les autres" et "Mado". "Pour moi,précisa le réalisateur, le prénom c'est la première identité des personnages, il m'inspire. Parfois, au lieu de travailler sur le scénario, nous passons des jours entiers à chercher un prénom. A un moment donné, arrive un prénom qui chante et on voit le personnage s'épaissir à travers lui." (Unifrance, novembre 1974.)
L'actrice retrouva son ancien partenaire et ami, Alain Delon, pour interpréter la maîtresse du meurtrier de "L'ASSASSINAT DE TROTSKY" (1972).Joseph Losey et Nicolas Mosley se sont référés scrupuleusement à divers ouvrages sur la mort de Trotsky: " Je n'ai à aucun moment pris parti et chaque fois que c'était possible, f ai suivi très exactement les traces de l'Histoire". Le producteur J. Shaftel avait d'abord proposé le film au cinéaste Costa-Gavras qui refusa. Puis Delon, déjà prévu pour le rôle de Jackson, demanda à Losey de reprendre le projet. Le cinéaste hésita avant de confier le rôle de Trotsky à Richard Burton.
Avec "CESAR ET ROSALIE" (1972) Le cinéaste Claude Sautet récidive en proposant le rôle de Rosalie à Romy Schneider. Il avait écrit le scénario de ce film huit ans avant de le réaliser. Il avait d'abord songé confier le rôle de César à Vittorio Gassman qui 'était dérobé. " Ce n'est qu'il y a deux ans, un jour où j'ai croisé Yves Montand à la sortie d'une projection, que son visage m'a frappé. Je l'ai trouvé changé, avec quelque chose de vulnérable et d'enfantin. Je me suis alors décidé à lui proposer le rôle. Il a accepté immédiatement. "
Claude Sautet est un analyste minutieux des hommes de quarante / cinquante ans, au moment où ils se posent les questions de travail, d'amitié, de respect de soi-même et des autres, au moment aussi où leur vie sentimentale est à un tournant. Alors qu'il a déclaré : "Ce qui compte avant tout pour moi, c'est de chasser les références extra-cinématographiques, car moins un film nous ramène à la littérature, à la peinture, ou au théâtre, plus il est obligatoirement du cinéma ", son œuvre se lit comme un roman d'analyse contemporaine.
Romy enchaîna en étant une réfugiée allemande dans "LE TRAIN" (1973) du cinéaste Pierre Granier-Deferre, ou elle donne la réplique à Jean-Louis Trintignant et Maurice Biraud. Il s'agissait du troisième film du cinéaste.
Elle retrouve aussi le personnage de Sissi entrant dans sa maturité, dans "LUDWIG, LE CREPUSCULE DES DIEUX" (1972) sous la direction de Luchino Visconti, plus rien à voir avec les précèdents "Sissi" de sa jeunesse, revue et corriger par Ernst Marischka, ici, Romy s'est transformée en grande dame volontaire et douloureuse.L'idée de tourner un film sur Louis II de Bavière était venue à Luchino Visconti au moment où il préparait "Les Damnés". Pour tenir le rôle de l'énigmatique roi, le réalisateur choisit Helmut Berger dont la ressemblance avec Louis II est frappante. C'est au Festival International du Film à Cannes 1971, que Visconti proposa le rôle d'Elisabeth d'Autriche à Romy Schneider. La production eut l'autorisation de tourner sur les lieux mêmes où vécut et mourut Ludwig. Elle reçut également l'aide de la famille des Wittelsbach qui prêta ses tableaux, bijoux et autres objets précieux. Le tournage débuta fin janvier en Autriche pour se terminer fin avril aux studios de Cinecitta. La majeure partie des prises de vues se déroulèrent en Bavière : à la Rezidenz, à Munich aux châteaux de Berg, Neuschwanstein, Linderhof, Hohenschwangau, Herrenchiemsee, sur le lac de Starnberg et l'Ile des Roses. La sortie du film fut retardée par la maladie de Luchino Visconti.
Luchino Visconti - Helmunt Berger
Après un bref passage dans le film réalisé par son ami Jean-Claude Brialy dans "Un amour de pluie" (1973) aux côtés de Nino Castelnuevo et Mehdi el Glaoui. Romy enchaîne avec "LE MOUTON ENRAGE" (1973) de Michel Deville avec Jean-Louis Trintignant, Jean-Pierre Cassel et Jane Birkin. Ce fut un succès public, puisque plus de 400 000 entrées en exclusivité parisienne.
Avec Michel Deville
Elle s'est aussi efforcée de rompre délibérement avec son image cinématographique, comme dans "LE TRIO INFERNAL" (1974) de Francis Girod, histoire féroce et burlesque d'une série de crimes commis par un escroc et ses deux maîtresses. Ce film est inspiré d'un fait divers réel. À la suite de dénonciations en cascades, Sarret fut arrêté, condamné et guillotiné le 10 avril 1934, à cinq heures du matin. Sa politique constante, dès l'instructio de son procès, de ne reconnaître aucun de ses crimes, s'était révélée inefficace. Qu'importe. Quand le procureur de la République pénétra dans sa cellule pour lui annoncer que son pourvoi était rejeté, il déclara : "Je suis victime d'une injustice".
Le principe du film, selon Francis Girod : "Je place trois monstres dans un bocal. Et je les observe. À intervalles réguliers, je jette un victime dans le bocal et regarde comment elle se fait dévorer. Mes trois monstres ne peuvent venir à bout de la dernière victime. Elle est "indigeste"...
C'est avec "L'IMPORTANT C'EST D'AIMER" (1974) d'Andrzej Zulawski, qu'elle va le plus loin en ce sens. Le film est d'une noirceur difficilement supportable : univers crépusculaire peuplé d'épaves (Jacques Dutronc est extraordinaire), mensonges, chantages, réglements de compte. Romy Schneider y incarne une petite actrice sans envergure et exprime remarquablement sa solitude face à un monde sinistre. C'est une réussite qui a parfois des allures d'exorcisme; mais l'expérience restera sans suite...
Albina de Boisrouvray possédait les droits du livre de Christopher Frank "La nuit américaine" et un contrat avec Romy Schneider. C'est lors d'une projection du film "LA TROISIÈME PARTIE DE LA NUIT" qu'elle proposa le projet à Andrzej Zulawski qui accepta.
L'adaptation de "La nuit américaine" devenu "L'IMPORTANT C'EST D'AIMER" posa beaucoup de problèmes, car il fallait absolument éviter d'en faire un film trop parisien. Un travail de collaboration de huit mois entre Zulawski et Frank a modifié totalement l'aspect initial du roman, car il était impossible de rendre à l'écran le thème assez complexe et cette méditation permanente entre le choix amoureux et le choix artistique.
C'est à une projection également que le réalisateur trouva en la personne de Jacques Dutronc le personnage idéal pour le film.
En fait c'est grâce à Romy Schneider que le film a pu être réalisé; amoureuse du scénario, elle a voulu absolument le tourner et a mis tout en œuvre poury parvenir. Le 3 avril 1976, Romy Schneider se voit décerner le "César" de la Meilleure Interprétation Féminine de l'année pour son rôle dans "L'IMPORTANT C'EST D'AIMER", sans oublier sa création dans "LE VIEUX FUSIL".
La carrière de Romy reflète assez bien l'état du cinéma français dont elle était l'une des valeurs les plus sûres. Pas de mauvais films, beaucoup d'oeuvres estimables, d'un classicisme de bon aloi. Après avoir essuyé un echec cuisant avec le film de Claude Chabrol "Les innocents aux mains sales" (1974), manifestement le courant n'est pas passé entre la fragile Romy et ce cinéaste débordant de vitalité. L'accueil de la critique fut très sévère, reprochant à Chabrol d'avoir, dans la seconde partie du film, multiplié les coups de théâtre « jusqu'aux limites de la parodie ». Partant du roman du même titre de Richard Neely ("The Damned Innocents", 1971), et se réfugiant derrière l'alibi d'un « polar féministe », le cinéaste s'en est expliqué dans un entretien avec Guy Braucourt : «... Une fois découverte la possibilité de faire un très beau portrait de femme, j'ai accumulé encore davantage les artifices : de sorte que, plus la situation devient délirante, plus le portrait devient vrai sur le plan de la physiologie féminine [...] L'artifice le plus délirant en profondeur consistant dans la construction régressive du récit qui se manifeste très visuellement et physiologiquement par le fait que Romy commence le film cuisses écartées et le finisse dans la position du fœtus. Avec cette division de l'histoire en deux parties qui fait terminer la première sur l'image clichée de la "salope blonde criminelle" et la seconde par un retournement total du spectateur en sa faveur... » (in "Écran 75" n° 36, mai 1975). Chabrol reconnaît néanmoins que "la mayonnaise n'a pas pris" à cause d'une incompatibilité d'humeur entre lui et ses interprètes, Romy Schneider et Rod Steiger (c'est Peter Finch qui avait été initialement pressenti). Le film fut entièrement tourné dans les environs de Saint-Tropez, dans la villa d'Elsa Martinelli, prêtée pour la circonstance.
puis avec Robert Enrico pour "LE VIEUX FUSIL" (1975), ou elle fait une composition magistrale. "LE VIEUX FUSIL" fut un énorme succès. L'Académie des Arts et Techniques du Cinéma lui décerna 3 Césars en 1975, récompensant le meilleur film français, la meilleure interprétation masculine à Philippe Noiret et la meilleure musique à titre posthume à François de Roubaix, décédé avant la sortie du film.
De Romy Schneider, Robert Enrico disait qu'"elle est une comédienne merveilleuse et d'une photogénie diabolique. Elle veut devenir la première. Elle sait se donner à fond dans un rôle. Dans la scène cruciale où elle est violentée, où elle se débat et où elle assiste à l'assassinat de la fille de son mari, elle était déchaînée au point qu'elle a renversé un comédien dans les escaliers. Elle était à la fin du tournage couverte de bleus, ses ongles étaient cassés et elle avait un doigt abîmé. J'ai coupé volontairement le son pour ne laisser agir que l'image, mais les hurlements étaient terrifiants" .
Des retrouvailles, d'abord avec Claude Sautet dans "MADO" (1976) ou elle ne joue qu'n petit rôle, puis avec Pierre Granier-Deferre et Philippe Noiret pour le tournage d' "UNE FEMME A SA FENETRE" (1976).
Si elle tourne sous la direction de metteurs en scène consacrés, Losey ou Visconti, elle fait aussi confiance à de jeunes réalisateurs : Francis Girod ou Andrzej Zulawski. Divorcée d'avec Harry Meyen, elle épouse Daniel Basiani, le 18 décembre 1975. Le 21 juillet 1977, naissance d'une petite fille, Sarah Magdalena. À la fin de l'année 1977, Romy Schneider commence LULU, adaptation de l'œuvre de Frank Wedekind, sous la direction de Liliana Cavani, la célèbre réalisatrice italienne. Les deux femmes s'opposent violemment sur leur conception du rôle et le film est arrêté.
"PORTRAIT DE GROUPE AVEC DAME" (1977) d'Aleksandar Petrovic, fut présenté en Compétition Officielle au Festival de Cannes 1977. Romy Schneider et Michel Galabru se donnèrent la réplique pour la première fois. Située à Berlin, à la fin de la guerre, l'action du film nécessitait des scènes de bombardement qui, sur l'écran, apparaissent particulièrement impressionnantes: "Il existait à Berlin, explique Aleksandar Petrovic, tout un quartier voué à la démolition; le Sénat de Berlin nous avait permis de nous en servir pour le film. Alors on s'est mis en rapport avec l'entreprise de démolition, et on a fait sauter les maisons, pan de mur après pan de mur. (...) D'autre part, je dois dire que j'ai acquis suffisamment d'expérience personnelle à Belgrade, pendant la guerre, pour savoir à quoi m'en tenir, en matière de bombardements!" (Cinématographe -Juin 1977).
Le moment fort de la collaboration entre Claude Sautet et Romy Schneider reste "UNE HISTOIRE SIMPLE" (1978), avec Claude Brasseur, Bruno Cremer et Roger Pigaut. Le cinéaste a écrit "Une histoire simple", en collaboration avec Jean-Loup Dabadie, pour offrir enfin un grand premier rôle à son actrice favorite Romy Schneider, qu'il avait déjà fait tourner dans trois de ces précédents films. Donc, on peut dire que ce dernier film est un hymne à la féminité rayonnante d'une comédienne. Mais c'est aussi la suite d'une longue chronique qui commence avec "Les choses de la vie" et où le cinéaste décrit avec minutie les petits et grands problèmes d'un milieu spécifique, celui des nantis. L'amitié, les parties de campagne ne résolvent pas les problèmes personnels. Une de ses plus belles créations : "J'ai voulu peindre un caractère. Un caractère inspiré en grande partie par le vrai caractère de Romy, avec cette fragilité qu'elle a, qui m'a toujours frappé, cette espèce de fierté dans le quotidien, cette noblesse." (Claude Sautet). L'univers de Sautet est celui des années soixante-dix, confort et amertume.
Le film connut un immense succès et valut à Romy Schneider un second César de la meilleure interprétation féminine. L'actrice trouve là un rôle à sa mesure, qui correspond à l'image que le public avait d'elle : femme adulte à la fois épanouie et vulnérable...
Succès et lauriers qui firent oublier l'erreur d'une apparition dans "LIÉS PAR LE SANG" (1979) à laquelle Romy consentit par amitié pour son réalisateur, Terence Young, malgrè une brillante distribution : Audrey hepburn, Omar Sharif, Maurice Ronet, Ben Gazarra, Irene Papas, James Mason et Gert Froebe. Romy Schneider avait déjà tourné sous la direction de Terence Young, en 1966, "Triple Cross"; elle était, à l'époque, enceinte de son fils David et le cinéaste s'était montré, à son égard, particulièrement prévenant sur le plateau. C'est pour lui manifester sa reconnaissance que la comédienne accepta ce petit rôle qui lui imposa, pendant une quinzaine de jours, en 1978, de tourner à Paris, à Munich et en Sardaigne. Le film ne sortit à Paris que le 16 janvier 1980, bien après "Clair de femme" et juste avant "La mort en direct l'un et l'autre réalisés plusieurs mois après.
"CLAIR DE FEMME" (1978) de Costa-Gavras fut encore l'occasion d'un grand succès public, partagé cette fois avec Yves Montand, son partenaire de "César et Rosalie". Le 15 avril 1979, Harry Meyen, le premier mari de Romy Schneider, se suicide. À compter de cette date, la vie privée et la carrière de la comédienne et de la femme vont se dérouler sous le signe de la mort. Mort cinématographique, d'abord. À la fin de "LA MORT EN DIRECT" (1980) réquisitoire contre les médias tout puissants et le voyeurisme qu'ils engendrent, Katherine Mortenhoe, malade traquée par les caméras d'une télévision avide de sensationnel se suicide. Ce film est un très beau sujet de science-fiction ou une femme condamnée par la médecine est suivie sans cesse grâce à des caméras implantées dans les yeux du témoin attaché à ses pas. C'est là encore, une histoire de solitude, que l'actrice semble avoir vivement ressentie.A propos de son film, Bertrand Tavernier déclarait : "Quand j'ai lu le livre, j'ai tout de suite vu la possibilité de faire un film qui soit à la fois lyrique et très fort par sa signification emblématique. J'ai tourné à Glasgow parce que j'y ai senti quelque chose de très évident. C'est une ville, qui depuis 1948, n'a jamais a été photographiée à l'écran, une ville à la fois victorienne, et dickensienne, qui servait parfaitement d'arrière-plan à cette histoire quand même étrange. A noter la présence dans le générique de Harvey Keitel, Harry Dean Stanton et Max Von Sydow.
Avec le cinéaste Costa-Gavras
1980 c'est l'année de la sortie de "LA BANQUIERE" de Francis Girod, un film à costumes (l'entre-deux-guerres) qui retrace la montée, puis la chute d'une femme d'affaires. Le film s'inspire de la vie de Marthe Hanau,femme d'affaires des années trente. À son propos, les auteurs entreprirent un énorme travail de recherche et découvrirent un personnage exemplaire.
À propos de "La Banquière", Le cinéaste Bertrand Tavernier déclara : "J'aime créer une fiction romanesque à partir de faits divers qui me paraissent exemplaires... j'essaie de donner à ce ciné-roman de l'histoire un éclairage moral personnel... le film joue sur plusieurs notes : à la fois "jeu de massacre", mais aussi apologie de la fidélité en amitié et en amour".
Avec Jacques Rouffio
Romy entreprend de jouer dans un film ou le fantastique peut rejoindre la réalité dans "FANTOME D'AMOUR" (1981) de Dino Risi, qui, renonçant occasionnellement à ses comédies grinçantes, signe là un film fantastique prenant. C'est le plus réussi des rares films qu'elle a tournés hors de France dans la seconde partie de sa carrière, bien supérieur à "Portraits de groupe avec dame". Son partenaire italien n'est autre que Marcello Mastroianni.
Pendant le tournage avec Dino Risi et Marcello Mastroianni
Romy fait une émouvante apparition d'une vingtaine de minutes dans "GARDE A VUE" (1981) réalisé par Claude Miller avec pour principaux interprétes Lino Ventura (Ce fut la première rencontre cinématographique de Ventura et Romy Schneider)C'est Michel Audiard qui découvrit le roman de Wainwright "Brainwash" (littéralement : "lavage de cerveau"), et le porta chez Ariane Films qui, à son tour, le proposa à Claude Miller. Ce dernier fit remarquer que, bien qu'il s'agisse d'un film de commande, il aurait lui-même cherché à le tourner si le hasard lui avait fait rencontrer le roman. En adaptant celui-ci, le personnage de Martinaud est devenu plus fort alors qu'à l'origine il n'était qu'un rond-de-cuir terrorisé par sa femme.
Chantal Martinaud, épouse d'un notable accusé de viol et de meurtre et se tire une balle dans la tête.... et, enfin, dans" LA PASSANTE DU SANS-SOUCI" (1982) de Jacques Rouffio, Romy n'est autre que Lina Baumstein, alias Elsa Wiener, qui est abattue par les nazis. Au générique de ce dernier film auquel Romy tenait tant et qui faillit ne pas se faire - à la veille du tournage, l'actrice subit une grave opération, l'ablation d'un rein - une mention le dédie : "A David et son père...".
Avec Gérard Klein et Jacques Rouffio
David, son fils et celui d'Harry Meyen, adolescent qui va fêter son quinzième anniversaire, s'est tué le 5 juillet 1981 dans des conditions atroces : il s'est empalé sur la pointe d'acier d'une grille qu'il avait voulu franchir d'un bond... La maladie, cette mort terrible, sa séparation d'avec Daniel Biasini, son second mari, compromirent la participation de Romy à "LA PASSANTE DU SANS-SOUCI". Déjà, Hannah Schygulla a été pressentie pour la remplacer. Pourtant, fin octobre 81, le tournage du film commence. Raymond Danon, le producteur, Jacques Rouffio, le réalisateur, ont tout fait pour que Romy en soit l'interprète, malgré les sommes considérables déjà perdues. LA PASSANTE... sort le 14 avril 1982. C'est un triomphe pour l'actrice dont le prochain film est déjà prévu : "L'UN CONTRE L'AUTRE", avec Alain Delon et sous la direction de Pierre Granier-Deferre. Mais, le 29 mai 1982, Romy Schneider est retrouvée morte à son domicile. Elle a succombé à une crise cardiaque dont les causes demeurent inconnues. À la mort de Luchino Visconti, Romy Schneider avait dit : "La vie a fait quelque chose de mal." À l'aube du samedi 29 mai 1982, la vie a récidivé...
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Avec sa mère, l'actrice Magda Schneider
Avec Alain Delon, au temps des amoureux...
Jean-Claude Pascal
Luchino Visconti - Romy Schneider -Ingrid Bergman
Avec Claude Sautet
Georges Cravenne -Jean Gabin -Romy Schneider
Gala de l'Union des artistes avec Jean Marais
François-Guillaume Lorrain
L'anniversaire est un peu dépassé, Romy est morte le 29 mai 1982, mais l'édition française (via les Editions Place des Victoires), propose aux éternels éplorés un nouvel objet propre à entretenir leur dévotion. Pour le texte, rien de nouveau, et l'on se reportera toujours à l'étude fine et perspicace de l'actrice qu'Evelyne Bloch-Dano avait rédigée l'an dernier dans La Biographe (éd. Grasset). L'objet, un album de près de 250 photos, rappelle à quel point Romy Schneider fut, avec Marilyn Monroe, l'actrice la plus aimée, la plus recherchée et dévorée par les photographes. Dès 1957, alors qu'elle vient tout juste de tourner Sissi et qu'elle est encore pour tout le monde la jeune fille sage, elle entame une relation visuelle étonnante avec Franz Xavier Lederle. Le décalage entre ces photos, où elle est déjà la femme qu'on connaîtra en France plus tard avec Sautet, et ce qu'elle montre à l'écran est stupéfiant. Au fond, c'est par la photo d'abord qu'elle a pu montrer son vrai visage et elle garda à cet art une éternelle reconnaissance. Il y eut bien sûr ensuite cette perpétuelle tentation de la nudité (avec les photographes George Pierre, Emil Peraner, Eva Sereny, au mitan des années 1970) chez cette femme qui ne se trouvait pas sexy, mais la séance la plus forte, la plus dramatique, demeure celle réalisée avec Will McBride. La photo de tournage sur La Piscine traduit très clairement la différence d'état. L'ouvrage égrène des citations extraites du Journal de ma vie , de Romy Schneider, mais on rappellera que l'édition française, publiée en 1989, livrait une version tronquée de ce journal que Romy Schneider tenait depuis l'âge de 14 ans. Y aura-t-il un jour une édition complète?
25 ans après sa mort, le culte demeure. Le nombre de sites consacrés à l'actrice est stupéfiant. On en trouve en hongrois, en russe et même en chinois. Après un rapide tour d'horizon, on vous conseillera l'adresse suivante : http ://site.voila.fr/RomySchneider. On y trouve un maximum d'interviews et d'anecdotes, qui rappelle que l'actrice fut la première à être contactée par Lelouch pour Un homme et une femme . Mais le "contact" ne passa pas entre l'actrice germanique et le jeune Parisien. Voilà comment Anouk Aimée, qui s'était pourtant endormie à la lecture du scénario, fut engagée. On retrouve aussi le récit par Robert Enrico de la scène de viol dans Le Vieux Fusil , où Romy Schneider joua comme une furie, griffant et battant les autres acteurs. "Ses cris étaient si terribles que je dus enlever la bande-son."
Revenons à l'album, signé Johannes Thiele : une des photos les plus parlantes concerne le tournage de La Piscine , qui marqua les retrouvailles professionnelles entre Delon et Schneider, trois ans après leur rupture. On y voit une Romy très amoureuse, heureuse de reposer sur la poitrine bronzée de son ex-fiancé, tandis que l'acteur arbore un air lointain, une mine
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