DÉCÈS DU CINÉASTE PRODUCTEUR CLAUDE BERRI
DÉCÈS DU CINÉASTE-PRODUCTEUR
CLAUDE BERRI
1934 - 2009
Le réalisateur et producteur de cinéma Claude Berri est décédé lundi 12 janvier 2009, au matin des suites "d'un accident vasculaire cérébral" à l'âge de 74 ans à l'hôpital de la Salpêtrière, à Paris, où il avait été admis dans la nuit de samedi à dimanche, a annoncé dans l'après-midi son agent.
"Claude Berri nous a quittés ce matin des suites d'un accident vasculaire cérébral survenu dans la soirée de samedi", indique l'agence de communication Moteur! dans un communiqué.
"Il était en train de réaliser avec François Dupeyron +Trésor+, une comédie avec Mathilde Seigner et Alain Chabat", son "vingtième film en tant que réalisateur, qui se poursuivra malgré sa disparition", conclut ce bref texte.
Dans la nuit de samedi à dimanche, l'hôpital de la Salpêtrière avait annoncé que M. Berri avait été admis dans son service de réanimation chirurgicale. Dimanche après-midi, l'établissement avait précisé que l'"état neurologique" du célèbre producteur de cinéma était "très sévère" et qu'il souffrait d'un "hématome intracrânien".
M. Berri avait déjà été victime d'un accident vasculaire cérébral en 2006.
Incontournable figure du 7e Art en France, Claude Berri a récemment produit "Bienvenue chez les Ch'tis" de Dany Boon, plus gros succès français au box-office avec plus de 20 millions de spectateurs.
Outre de nombreux succès populaires, il a aussi produit "Tess" de Roman Polanski et "La Reine Margot" de Patrice Chéreau, ainsi que des films d'Eric Rohmer, Maurice Pialat, André Téchiné, Jean-Jacques Annaud, Claude Zidi, Alain Chabat, Les Inconnus ou Costa-Gavras...
Auteur de plusieurs oeuvres à coloration autobiographique "Le vieil homme et l'enfant", il a connu le succès en réalisant "Tchao Pantin", qui a valu à Coluche le César du meilleur acteur en 1984, ou encore "Manon des sources" et "Jean de Florette", tirés de l'oeuvre de Marcel Pagnol.
Né Claude Langmann à Paris en 1934, ce producteur autodidacte, fils d'un fourreur, a pris le nom de Berri et s'est imposé dès son deuxième court métrage, "Le Poulet", couronné d'un Oscar.
Grand amateur et collectionneur d'art, il a ouvert en mars dernier à Paris un lieu dévolu à l'art contemporain, l'Espace Claude Berri.
Claude Berri -Michel Simon et Alain Cohen
Hubert Deschamps et Claude Berri
Coluche et Claude Berri, pendant le tournage du "Maître d'école"
Stan the flasher
Claude Langmann dit Berri est né le 1er juillet 1934 à Paris. Malgré la guerre, il jouit d'une enfance heureuse et poursuit des études secondaires jusqu'au brevet qu'il rate. En 1951, Berri est figurant dans "Rues de L'Estrapade" de Jacques Becker. Il obtient une apparition dans "Le Bon Dieu sans confession" de Claude Autant-Lara qui le reprendra, l'année suivante, pour "Le Blé en herbe". Après avoir joué quelques petits rôles au cinéma - citons "Les Bonnes femmes" de Claude Chabrol, "La Vérité" de Clouzot - et assuré la coréalisation de "Janine" avec Maurice Pialat, dès 1963, il tourne son premier court-métrage, "Le Poulet" , et se fait remarquer, ce film lui a valut, outre un prix à Venise un oscar à Hollywood. Enfin, en 1966, consécutivement à deux films à sketches - "La Chance et l'Amour" et "Les Baisers", Claude Berri parvient à réaliser son premier long-métrage en 1966, "Le Vieil homme et l'enfant", il décide de se raconter : "je suis juif et mes parents m'ont confié pendant l'occupation à une famille non-juive où j'ai été caché sous un faux nom pendant six mois... A partir de mes souvenirs j'ai d'abord écrit une nouvelle, puis une première adaptation, puis une seconde après avoir eu l'idée de prendre Michel Simon pour le rôle : celle idée m'a aidé à travailler et je puis dire que j'ai écrit le rôle pour lui". Puis Claude Berri donnera quatre autres chapitres à son autobiographie "Mazel Tov", "Le Pistonné", "Le Cinéma de Papa" et "La Première fois". Alain Cohen. après avoir Joué Claude enfant dans "Le Cinéma de Papa", retrouvera, 10 ans plus tard dans "La Première fois", ses parents du "Vieil homme et l'enfant" Charles Denner et Zorica Lozic. Distribué aux États-Unis sous le titre de "The Two of US", le film y remporta un considérable succès.
"Le Pistonné "(1969) est de nouveau un succès public où Guy Bedos fait ses premiers pas dans le cinéma et donna la réplique à Coluche.Claude Berri continue la chronique plus ou moins romancée de ses souvenirs. Après avoir évoqué son enfance sous l'occupation puis son mariage, voici le service militaire. Ce film s'inscrit en fait dans une tradition satirique et humoristique bien connue (instruction, corvées, adjudant tyrannique) dont "Les gaités de l'escadron" de Georges Courteline, porté à l'écran par Maurice Tourneur en 1932 ou "Tire au flanc" de André Mouezy-Eon, réalisé en 1928 par Jean Renoir et en 1933 par Henry Wulschleger avec Bach le célèbre comique troupier, en sont de parfaits exemples.
Mais cette référence au vaudeville militaire ne saurait faire oublier la fin du film. " La dernière image du "Pistonné", remarque François Truffaut - il ne faut pas la raconter, il faut la voir - n'a pas fini de faire parler d'elle. C'est une image inattendue et puissante, qui résume tout et nous montre que le service militaire, celui de Claude, le nôtre, le vôtre, le leur, est de nature à porter atteinte au moral des civils. " (L'Express, 13 avril 1970).
C'est en hommage à son père qu'il signe "Le Cinéma de Papa" (1970). Dans son « Autoportrait » (Éditions Léo Scheer, 2003), Claude Berri livre quelques clés de son film, largement autobiographique. Le scénario de « Comme on fait son lit on se couche » fut vendu à l'imprésario de Jacques Charrier, qui voulait jouer le rôle de Berri. Le film ne se fit pas. Jean Prat, en 1965, le réalisa pour la Télévision avec Berri dans son propre rôle. Jean Timent est en réalité Jean Herman : c'est dans son court métrage "Les Fusils"(1961) - sketch d'un long, "Les Guerriers", qui ne fut jamais réalisé - qu'apparaît Henri Langmann. Albert Soisfranc n'est autre que François Billetdoux, dans la fiction comme dans la réalité. Quant à Sarah, elle est l'évocation de Susannah York, courtisée par Berri sur le tournage de "THE GREENGAGE SUMMER" (Lewis Gilbert, 1961), dont il fut chassé à cause de sa méconnaissance de la langue anglaise.
De 1972 à 1977, il réalise quatre films : "Sex Shop", "Le Mâle du siècle", "La Première fois", "Un Moment d'égarement" avec Jean-Pierre Marielle, Victor Lanoux et Agnès Soral, dont ce fut le premier film, avait bien l’âge de son rôle, dix-sept ans, puisqu’elle a vu le jour en 1960. Jean-Pierre Marielle, né en 1932, avoue quarante-quatre ans dans le film, ce qui est bien son âge. Françoise est ce qu’on appelle une « lolita », une toute jeune fille qui bouleverse les sens d’un homme d’âge mûr
1980 est l'année de "Je vous aime" pour lequel Claude Berri réussit l'exploit de réunir Catherine Deneuve, Jean-Louis Trintignant, Gérard Depardieu, Serge Gainsbourg et Alain Souchon. Coluche, qui fait son entrée dans le monde de Berri avec "Le Maître d'école", réitère sa confiance au cinéaste pour qui 1983 est une année faste avec le désormais célèbre "Tchao Pantin" grâce auquel, entre autres, la nouvelle coqueluche du cinéma français, mais aussi Richard Anconina, obtiennent des Césars cru 1984.
Claude Berri a produit la majeure partie de ses films ainsi que, le plus souvent en participation, un registre varié d'œuvres filmiques telles que "Céline et Julie vont en bateau" de Rivette ou "Inspecteur La Bavue" de Zidi. Signalons enfin qu'il assure ponctuellement de petits rôles chez ses confrères, par exemple "L'Homme blessé" de Patrick Chéreau; sans oublier ceux plus importants qu'il joue régulièrement dans ses propres films. « Je souhaite que les réalisateurs s'assument et soient responsables économiquement, même en s'associant avec d'autres producteurs. » Fort de son expérience, Claude Berri a été à l'origine de l'A.R.P. - Association des Réalisateurs Producteurs - regroupement des cinéastes français soucieux d'être les responsables complets de leurs films, y compris en assumant le risque financier de leurs choix artistiques.
Ce risque peut être énorme, comme celui pris par Berri lorsqu'il entreprend de porter à l'écran le diptyque de Marcel Pagnol, "JEAN DE FLORETTE" et "MANON DES SOURCES". Neuf mois de tournage, des comédiens prestigieux, un budget, considérable à l'époque, de 110 millions de francs. Le cinéaste estimait qu'il faudrait au moins 5 millions de spectateurs en France pour l'amortir : il y en eut près de 14 millions ! Avec "URANUS", Berri adapte une fois encore un texte qu'il aime avec le roman de Marcel Aymé, foisonnant de personnages hauts en couleurs. Il fait appel, pour les incarner, à de fortes personnalités, Depardieu, Noiret, Marielle, Luchini, Blanc, entre autres. Réalisateur classique, Berri aurait été, sur le tournage de "GERMINAL" « un poil moins tyrannique que Saddam Hussein » selon Renaud, l'interprète principal de cette adaptation ambitieuse du roman d'Émile Zola.
La réputation du cinéaste, plutôt que celle d'un tyran, est celle d'un artiste perfectionniste qui sait obtenir, par la confiance et l'amitié, le meilleur des acteurs qu'il dirige. Des qualités qui feront de "GERMINAL", avec plus de 6 millions de spectateurs, un succès qui compensera les échecs des productions risquées que furent "TROIS PLACES POUR LE 26" et "VALMONT". Le grand public boudera "LUCIE AUBRAC", évocation scrupuleuse d'un épisode de la Résistance. C'est sans doute ce semi échec qui incitera Claude Berri à revenir, pour la première fois depuis "Je vous aime" (1980), à un sujet personnel, celui de "LA DÉBANDADE". Le cinéaste y incarne Claude Langmann, son patronyme de naissance, personnage vieillissant en proie à l'angoisse de la « panne » de virilité. Le film ne rencontrera pas le vaste public auquel il était destiné. En revanche, en 2002, avec "UNE FEMME DE MÉNAGE", interprété par Jean-Pierre Bacri et Émilie Duquesne. Claude Berri renoue avec le succès. Claude Berri revient, comme réalisateur, à un cinéma plus personnel : après "La Débandade" (dans lequel on retrouve son personnage de Claude Langmann), il poursuit son exploration du couple, de la rencontre à la rupture, avec "Une Femme de ménage", adapté du roman de Christian Oster, puis "L'Un reste, l'autre part", film aux accents autobiographiques qui mêle la comédie au drame.
Il restera comme le champion du box-office "Astérix et Obélix contre César" et -en association avec son fils Thomas Langmann - "Mission Cléopâtre", il investit aussi dans des premiers films "Ma Femme est une actrice", "Didier" et des oeuvres saluées par la critique "Les Sentiments". Très affecté par le décès de son ex-femme Anne-Marie puis de son fils Julien Rassam.
En 2003, cet amateur d'art contemporain et de photographie est élu président de la Cinémathèque. Après avoir réalisé "Ensemble, c'est tout", d'après le best-seller d'Anna Gavalda, Claude Berri produit "Bienvenue chez Ch'tits"", le plus grand succès de l'histoire du cinéma français. Il venait de débuter le tournage de "Trésor", avec Alain Chabat et Mathilde Seigner en tête d'affiche.
Michel Simon reçut le Prix d'interprétation dans de nombreux Festivals dont celui de Berlin 1967.
Filmographie et DVD
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GEORGES CRAVENNE
CRÉATEUR DES CÉSAR EST MORT
1914 - 2009
Georges Cravenne, le créateur des César du cinéma et l'un des pionniers des relations publiques en France, est mort samedi 10 janvier 2009 à Paris à l'âge de 94 ans, a-t-on appris auprès de sa famille.
Georges Cravenne, né Joseph, Raoul Cohen le 24 janvier 1914 à Kairouan (Tunisie), avait créé en 1975, avec la complicité de son ami sculpteur, les « Césars » du cinéma français sur le modèle des Oscars américains, Georges Cravenne a apporté un formidable élan à notre cinéma, et créé un moment de célébration de la passion du cinéma pour les téléspectateurs.
Avec Georges Cravenne, le cinéma français perd l’une de ses figures tutélaires, un très grand professionnel qui a joué un rôle déterminant dans le rayonnement du cinéma français. Producteur, fondateur et secrétaire général de l’Académie des arts et techniques du cinéma, il était au cœur même du quotidien, des difficultés, mais aussi des rêves de ce milieu. Infatigable créateur d’événements de renom qui ont magnifié la magie du cinéma, il en fut l’ ambassadeur de talent.
En 1975 l'Académie des arts et techniques du cinéma, qui devait décerner dès l'année suivante les César pour le meilleur film, meilleur acteur... Il en était resté secrétaire général jusqu'à l'âge de 90 ans.
Depuis la première et inoubliable Nuit des Césars présidée par Jean Gabin et les premiers trophées (13 à l’origine), il en créa de nouveaux et permit que soient récompensés, année après année, dans un rituel de fête, les plus grands créateurs, artistes et techniciens de notre cinéma
C'est aujourd'hui, au cimetière du Montparnasse à Paris, qu'ont eu lieu les obsèques de Georges Cravenne,créateur des César, producteur et publicitaire français décédé le 10 janvier 2009, à l'âge de 94 ans.
Alain Delon -Pierre Lescure (Ancien patron de Canal+)-Georges Cravenne
De son vrai nom Joseph-Raoul Cohen, il avait aussi fait partie de la Résistance. En 2008, il avait d'ailleurs été élevé à la dignité de grand officier de la Légion d'honneur par le président Nicolas Sarkozy. C'est la raison pour laquelle son cercueil était recouvert du drapeau tricolore.
Père de trois enfants, François-David, Charles (qui travaille chez Sony Pictures à Paris) et Rebecca, il continuait malgré la maladie d'Alzheimer à s'intéresser au monde du septième art. Très proche d'Alain Delon, il faisait partie de grands hommes du cinéma.
Aujourd'hui, nombreux sont ceux qui sont donc venus lui rendre hommage. Personnalités du théâtre et du cinéma, ou de la scène politique.
En tête de cortège, il y a avait bien sûr ses trois enfants, suivis par Alain Delon et Mireille Darc, tous deux très peinés par cette disparition, Roger Hanin, Françoise Arnoul, la première épouse de Georges Cravenne, Yvette Camp, son assistante personnelle, Paul Wermus, Alain Terzian, producteur et président de l'Académie de César.
Côté politique, on comptait Brice Hortefeux, ministre de l'immigration, et sa femme, Thomas Fabius (fils de Laurent, ex-premier ministre), Nadine Morano, secrétaire d'Etat à la famille, Philippe Douste-Blazy, ancien ministre de la culture, Frédéric Lefebvre, porte-parole de l'UMP, Christian Estrosi, secrétaire général adjoint de l'UMP, Christophe Girard, adjoint au maire de Paris, chargé de la culture.
Un bel adieu, couvert de roses blanches.
PS/ Je me souviens dès la première cérémonie des César de la présence du créateur de cette fête du cinéma, il était toujours là, près des artistes, non loin du sculpteur César, du président de la cérémonie et de l'autre président des César (Robert Enrico, Jeanne Moreau, Daniel Toscan du Plantier...) Il y eut quelques moments ou le nom de Georges Cravenne était prononcé lors de la cérémonie des César, par exemple, lorsque Michel Serrault s'amuse à nous faire croire qu'il va recevoir un César d'honneur avec le concours de son ami Pierre Tchernia, mais celui-ci lui fait comprendre que c'est Bernard Blier qui va le recevoir et qu'il y a confusion...Serrault prononce à plusieurs reprises le nom de Georges Cravenne puis s'embrouille avec le prénom du fondateur des César....
Daniel Toscan du Plantier-Georges Cravenne - Michel Denisot
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