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CINETOM
17 novembre 2008

LINO VENTURA

                LINO VENTURA                1919  - 1987     

                              Acteur  français

                       

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Il restera l'un des acteurs préférés des français. Après avoir été longtemps cantonné dans les rôles de "dur", ce populaire acteur de cinéma français a su en effet prouver qu'il peut être un grand comédien.-   Lino Ventura disait : -"Etre un homme, c'est d'abord assumer complètement un certain nombre de responsabilités qui font partie complètement de la vie d'un homme. Mais je pense qu'il faut une grande part de dignité pour être un homme tel que je le considère, moi. La dignité, ça englobe beaucoup de choses...Je ne suis pas du tout intimidé par une position dans la hiérarchie des hommes, par exemple président, vice-président, peu importe. Pour moi, l'homme n'a de valeur en tant qu'homme que quand il assume quelque chose...C'est vrai que j'ai un goût prononcé pour les personnages de "solitaire", de "silencieux"", c'est peut être mon caractère, mais j'aime bien les gens qui assument..." L.Ventura

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C'est ainsi que Lino Ventura a pris une place à part dans le cinéma français. Il a été l'un des acteurs français les plus appréciés du public, mais il n'est jamais devenu une "star". Car  une "étoile" est lointaine...l'immense popularité de Ventura n'est pas due à cette inaccessibilité qui fascine les foules et façonne les mythes. Elle tient au contraire à une extraordinaire proximité avec son public. Lequel sympathisait immédiatement avec ce personnage si familier, auquel il pouvait s'identifier. Sous le costume de l'acteur, on devinait un homme sans artifices, généreux et discret, fidèle à ses conceptions, à ses racines et aux siens, grande gueule sans prétention, tendre sous ses airs renfrognés, amateur de repas intimes entre amis, plutôt que des coktails mondains. Un homme qu'on aimerait compter parmi ses amis.

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Lino Ventura, de son véritable nom Angiolino Ventura (Angelo Borrini), est né le 14 juillet 1919, à Parme (Italie). Il quitte l'Italie à l'âge de sept ans, en compagnie de mère, Luisa Ventura, née Borrini, qui comptait rejoindre son mari à Paris. La jeune femme issue d'une famille très modeste, avait 19 ans à la naissance de son fils unique. Elle avait épousé Giovanni Ventura, originaire du Sud de l'Italie, qui s'était expatrié peu après leur mariage. Lino Ventura résumait ainsi la situation familiale : "Mon père était parti pour des raisons mi- politiques mi- financières d'Italie. Nous l'avons rejoint ici, en France. Quelques temps plus tard, il a disparu".

Une disparition qui, sans aucun doute, a profondément marqué son fils, car ce dernier n'aimait guère évoquer ce père volage qu'il ne revit jamais. Il n'en parlait que très rarement et très brièvement, même à son épouse. Par contre Ventura fut toujours extrêmement attaché à sa mère, une femme au caractère bien décidé et à la personnalité haute en couleurs. Et malgré l'absence du père, la famille était là, protectrice et soudée.

De son enfance, on ne sait rien ou presque tant cette antistar, venue accidentellement au cinéma, fut peu loquace sur sa vie privée. Ses parents sont exportateurs et, en 1927, quittent l'Italie pour s'installer à Paris. Le petit Lino fréquente l'école du quartier mais son tempérament de bagarreur se révèle déjà et il est renvoyé à sa famille. Il quitta l'école à l'âge de quatorze ans, il n'avait guère de goût pour les études et, très jeune, exercera plusieurs métiers : groom, mécanicien, représentant de commerce et employé de bureau, on le retrouve finalement entrepreneur de bonneterie pour enfant.

Mais dès cette époque, il manifesta deux passions: la lutte gréco-romaine, dont il dira plus tard qu'elle fut pour lui "une école d'humilité extraordinaire" (pour José Giovanni, futur directeur de l'acteur, il ne fait aucune doute que c'est là que Ventura apprit son métier de comédien et acquit sa "présence physique"), et le cinéma dont ces acteurs favoris ont alors pour nom : Humphrey Bogart, Gary Cooper, Spencer Tracy, et, surtout, James Cagney, qu'il s'amuse à imiter.

C'est finalement dans une activité plus accordée à son tempérament et à sa carrure qu'il semble trouver sa voie : il devient lutteur professionnel. En 1950, il est champion d'Europe de lutte. Malheureusement, un accident survenu au cours d'un combat l'oblige à abandonner le ring. Mais, conquis par le milieu du sport et pour lui rester fidèle, il décide d'organiser des matches. Il devient un habitué de la salle Wagram à Paris. En 1953, alors qu'il s'occupe de son affaire de bonneterie, le cinéma va faire appel à lui. C'est là que Jacques Becker le remarque et l'engage pour un rôle important dans "Touchez pas au grisbi", celui d'Angelo, un chef de gang opposé aux personnages incarnés par Jean Gabin et René Dary. C'est ainsi, sous le double parrainage du film policier et de son aîné, Jean Gabin, qu’il admire et qui le prend en amitié, que Lino Ventura débute dans un métier auquel il était, de toute évidence, destiné. Non seulement par un physique dont la virilité convient aux personnages du genre, qu'ils soient policiers ou gangsters, mais par son aisance, un naturel et un talent qui n'attendaient qu'une occasion pour se révéler. Ventura se taille un honnête succès personnel.

L'année suivante, le cinéaste Henri Decoin lui donne une nouvelle chance, toujours avec Jean Gabin, dans "Razzia sur la schnouff" (1955). Tourné en grande partie en décors naturels, le film passionna le public par son aspect documentaire, montrant sans détours les effets de la drogue sur le comportement des intoxiqués -ce qui ne s'était encore jamais vu à l'écran.Scandalisée par cet "étalage des tares de notre société", la critique s'insurgea de voir "tant de crimes et de vices complaisamment décrits". Les autres protagonistes du film aux côtés de Jean Gabin et Lino Ventura furent Magali Noel, Albert Rémy, Jacqueline Porel, Marcel Dalio, Armontel, Paul Frankeur, Lila Kedrova et Pierre-Louis.

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Bien que voué aux rôles de deuxième couteau, Lino Ventura retient pourtant l'attention par son gabarit, très inhabituel dans le cinéma français de l'époque. Il enchaîne successivement plusieurs tournages de films dont "La Loi des rues" (1956) de Ralph Habib,"Le Feu aux poudres" (1957) d'Henri Decoin, "Action immédiate" (1957) de Maurice Labro, Puis deux autres films avec Gilles Grangier "Le Rouge est mis" (1957) de Gilles Grangier (à nouveau avec Jean Gabin), et "Trois jours à vivre" (1958) aux côtés de Jeanne Moreau et Daniel Gélin.

Le public découvre au milieu des années 50, les classiques américains du film noir et de la littérature policière, Lino Ventura, avec son physique à la fois puissant et clame, va tout naturellement incarner les policiers, truands ou agents secrets à la française, ce qui lui vaut d'emblée une très grande popularité. Une popularité bientôt encombrante d'ailleurs : Ventura aura en effet quelque mal à se défaire de l'étiquette du "Gorille", héros bien français de toute une série de films d'espionnage auquel le public l'identifie bien malgré lui.

Depuis sa première apparition dans "Touchez pas au grisbi" en 1954, l'ascension de Lino Ventura a été rapide et régulière. Il a très vite prouvé qu'il savait être autre chose qu'un "bagarreur" Le Gorille vous salue bien" (1958) de Bernard Borderie et, "Le Fauve est lâché" (1959) de Maurice Labro pour passer, grâce à son incontestable instinct de comédien, à des rôles plus complexes. Son véritable grand départ lui est donné par Claude Sautet, qui lui fait partager la vedette avec Jean-Paul Belmondo, en 1960, dans "Classe tous risques". Un film qui marquait également sa première rencontre avec un auteur de la "Série Noire", José Giovanni. Ce constant élargissement du registre du comédien, le métier acquis et le poids qu'il sait donner à ses personnages vont permettre à Lino Ventura de s'affirmer définitivement comme l'un des meilleurs interprètes du cinéma français. Dans le rôle traditionnel du truand – ou du policier – vieilli, fatigué, de l'homme d'expérience sensible à l'amitié virile.

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Avec "Ascenseur pour l'échaffaud" (1957) de Louis Malle, Ventura s'essaye donc à un autre registre ce qui lui vaut l'attention des critiques qui signale son excellent prestation dans le rôle du commissaire Cherier. Il en est de même avec "Montparnasse 19" (1958) ou, à nouveau dirigé par Jacques Becker, il compose un portrait tout à fait ambigu de spéculateur en œuvres d'art. Promu tête d'affiche, Ventura peut désormais choisir ses rôles : il le fera avec prudence et circonspection, ce qui l'amènera trop souvent hélas à opter pour une certaine facilité. C'est ainsi qu'il restera totalement en marge de la "Nouvelle Vague" dont les cinéastes admirent pourtant, comme lui le cinéma américain.

Ainsi, après avoir échappé à l'image du "Gorille" et à la suprématie de Jean Gabin, Lino Ventura s'enferme de film en film dans un nouveau stéréotype : le dur au cœur tendre. Si cette image lui confère un surcroît de popularité auprès du grand public. Il faut signaler aussi sa prestation dans le film de Julien Duvivier en 1959 dans "Marie-Octobre", un véritable huit-clos ou de nombreux prestigieux acteurs vont s'en donner à cœur joie pour connaître l'assassin qui se trouve autour des invités, interprétés par Danielle Darrieux, Bernard Blier, Paul Meurisse, Paul Frankeur, Serge Reggiani, Noel Roquevert, Robert Dalban, Paul Guers, Daniel Ivernel et Jeanne Fusier-Gir. Puis avec Michel Boisrond "Le Chemin des écoliers" (1959) avec Bourvil, Alain Delon, Jean-Claude Brialy et Françoise Arnoul.

Avec Edouard Molinaro ce fut "Un Témoin dans la ville" (1959), une intrigue policière donnant l'occasion de décrire, à travers de nombreux éléments quasi-documentaires, le milieu des chauffeurs de taxi, plus spécialement ceux équipés de radiotéléphones reliés à un standard, relative nouveauté alors. Lino Ventura  y jouait un de ses rares rôles antipathiques. Egalement en 1959, il tourne sous la direction de Gilles Grangier "125, Rue Montmartre",  qui fut l'adresse des Messageries de la Presse Parisienne, tiré du roman d'André Gillois sur des dialogues d'Audiard. Le film fut tourné en partie en extérieurs, rue Montmartre, de jour comme de nuit...

 

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"Classe tous risques" est le premier vrai film de Claude Sautet. Celui-ci avait remarqué Lino Ventura quelques années auparavant dans "Touchez pas au grisbi" de Jacques Becker, où il avait un petit rôle. Il fit sa connaissance en écrivant pour lui, ensuite, le scénario du "Fauve est lâché" (1958) et c'est Ventura qui lui donna à lire le roman de José Giovanni et lui proposa de le tourner. Quant à Jean-Paul Belmondo, il n'était pas encore une vedette. Sautet eut des difficultés à terminer son film. Les producteurs, à cause de la censure, ne voulaient pas de la fin du livre, que Sautet aimait beaucoup. Il ne voulait pas non plus que son personnage se rende à la police. Le tournage ne fut pas terminé. Deux mois après, il eut l'idée du dernier plan : Abel marche dans la foule, pendant qu'une voix off conclut : "Quelques jours plus tard, Abel Davos fut arrêté, condamné et exécuté."

En 1960, il participe au tournage d' "Un Taxi pour Tobrouk" de Denys de la Patellière, ce huit clos dans le désert est dialogué par Michel Audiard, et interprétés en dehors de Ventura par Charles Aznavour, Maurice Biraud et Hardy Kruger. Amitié, solidarité, absurdités de la guerre sont dépeintes avec précision tout au long des 175 minutes du film.Le tournage se déroula en Espagne dans la région d'Almeria. Du roman à succès de l'écrivain-comédien René Havard, Denys de La Patellière a tiré un film fort spectaculaire dont le scénario original était titré : "Commando perdu". "Ce scénario fut modifié car il prônait un peu trop, déclare La Patellière, la solidarité entre militaires." A la demande des producteurs, le film fut projeté en avant-première à des officiers qui ne trouvèrent rien à lui reprocher. 

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Lino Ventura tourna son premier film avec le cinéaste Henri Verneuil, en 1961 dans "Les Lions sont lâchés" aux côtés de Michèle Morgan, Danielle Darrieux, Claudia Cardinale et Jean-Claude Brialy, puis enchaîne à nouveau avec Denys de la Patellière dans "Le Bateau d'Emile", d'après une nouvelle de Georges Simenon, avec une pléiade d'acteurs, Annie Girardot, Pierre Brasseur, Michel Simon, Jacques Monod, Edith Scob.(Et toujours Michel Audiard, comme dialoguiste...Sa sortie au cinéma eut lieu le 3 mars 1962. Lino Ventura et Annie Girardot s'étaient côtoyés dans "Le Rouge est mis" (1957) et "Maigret tend un piège" (1958).

Après une escapade avec le Maître de la comédie italienne Vittorio de Sica, dans  "Le jugement dernier", il participe au tournage d'un film à sketches de Julien Duvivier dans "Le Diable et les Dix Commandements"  (1962) ou l'on peut voir quelques uns des plus grands noms du cinéma français, d'Alain Delon à Fernandel, de Louis de Funès à Michel Simon, de Micheline Presle à Charles Aznavour, de Françoise Arnoul à Claude Dauphin, et bien d'autres...

Un film culte qu'on ne se lasse pas de voir ou revoir, celui de Georges Lautner avec "Les Tontons flingueurs" (1963), Ventura rencontre un certain bonheur à faire de la comédie. En travaillant avec Albert Simonin, dont son roman s'intitulait "Grisbi or not grisbi"  et auquel Lautner utilisa l'écrivain en tant que dialoguiste, étant donné qu'il était spécialiste de la "langue verte" ou "argot du milieu". Aux côtés de Ventura, Bernard Blier, Francis Blanche, Claude Rich, Robert Dalban, Jean Lefebvre et Venantino Venantini. Pourtant étrillé par la critique. "Les tontons flingueurs" séduit le public : 470 935 entrées en première exclusivité sur Paris-périphérie. A tout majeur du film, les dialogues au vitriol d'Audiard. Georges Lautner récidiva avec "Les Barbouzes" en 1964, mais le film ne rencontra pas le même succès que le précèdent. Ventura, Blier, Francis Blanche et Robert Dalban se retrouvèrent à nouveau, à l'affiche de ce film, aux côtés de Mireille Darc qui allait être "Galia" dans un film de Lautner. Il y eut au total trois films sous la direction de Georges Lautner, trois des plus grands succès de sa carrière. Le troisième fut "Ne Nous fâchons pas" (1965) avec la même équipe Ventura-Lefebvre-Darc-Audiard.

propos de "Ne Nous fâchons pas" Louis Chauvet (in "Le Figaro", 22 avril 1966) écrivait : "Lino Ventura, dont les mines accablées les colères - contenues - et les colères moins bien contenues - forment un récital des plus réjouissants (...). Lautner s'offre une parodie personnelle de James Bond : Lino Ventura contre les Beatles du crime(...). Georges Lautner a décidément un style très personnel, cursif et joyeux. Depuis l'anglais Mackendrick (Tueurs de dames), aucun auteur de film n'a pratiqué l'humour noir avec plus de malice."

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"Cent mille dollars au soleil" d'Henri Verneuil fut choisi pour représenter officiellement la France au Festival de Cannes 1964, ce qui provoqua un tollé général de la part de la critique non seulement française mais également étrangère. En Italie, le journal «Paesa Sera» le qualifia de «sorte de sous-Clouzot qui s'adresse aux plus bas instincts», à Londres, le "Guardian" déplora «Si c'est là un exemple du goût populaire français, que Dieu sauve la France». Et en France, Pierre Billard s'étonna. «Comment supporter, en 1964, cette image purement colonialiste de l'Afrique où un petit groupe de Tarzans européens vient faire la loi parmi les peuplades de dégénérés tout juste bon à recevoir des coups de pieds au derrière et des paires de claques '» in « Cinéma 64» n° 86). Toutefois, le public fut loin de partager cette opinion puisque le film totalisa la meilleure recette de l'année avec 447 000 entrées à Paris en 18 semaines d'exclusivité. Ventura retrouva le Belmondo de "Classe tout risques", le Blier des "Tontons flingueurs" et les dialogues d'Audiard.

Après le coup de maître de "Classe tous risques", unanimement salué par la critique comme un grand film noir; les cinéphiles s'étonnèrent de ne pas voir un autre film de Claude Sautet. À cette époque, il était surtout scénariste et adaptateur. “Entreprendre un film comme je le fais, devait-il déclarer dans une interview en 1970, c'est se consacrer toute une année à ce film, sacrifier.sa vie privée, et il faut vraiment que ça en vaille la peine. Alors je préférais aider les autres à faire leurs films”.

Jusqu'au jour où “l'angoisse de ne pas tourner a été la plus forte”. Sautet jeta alors son dévolu sur un roman de Charles Williams, “Ont-ils des jambes ?” (“Aground”),pour certains aspects qui l'intéressaient plus particulièrement : le fait que le héros était passif durant la majeure partie de l'histoire, l'idée d'un bateau “immobile sur la mer”. La construction du film est celle de l'attente, de l'accumulation de force et de haine, avant une explosion de violence retardée au maximum et qui ne peut manquer de se produire. Ce fut "L'arme à gauche" (1965).Ce fut une année importante dans la vie de Lino Ventura. Elle correspond, en effet, à la création du Comité "Perce-Neige" pour l'aide à l'enfance inadaptée et au mariage, en mars de sa fille ainée, Milène, avec Claude Lasserre. Enfin, le mois de décembre voit l'organisation de la  première opération grand public au profit de "Perce-Neige".

Lino Ventura tourna trois films avec le cinéaste Pierre Granier-Deferre qui mit en scène  "La Métamorphose des cloportes" (1965) avec à l'affiche Aznavour, Maurice Biraud, Françoise Rosay, Pierre Brasseur et Irina Demick. Puis "Adieu poulet" en 1975, Ventura donna la réplique au grand acteur qu'était Patrick Dewaere. Puis "La Cage" (1975), un huit-clos entre Ventura et Ingrid Thulin.

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Avec "Les Grandes gueules" tourné au printemps 1965 et sorti en octobre, Lino Ventura signe son quarantième film. Dans ce film réalisé par Robert Enrico d'après le roman "Le haut-fer" de José Giovanni; il retrouve Bourvil avec qui il avait tourné "Le chemin des écoliers", six ans plus tôt. Figurent également au générique Marie Dubois, Michel Constantin, Jess Hahn, Paul Crauchet et Jean-Claude Rolland. Robert Enrico affirma qu'il s'agissait d'un projet de Lino Ventura. À l'origine José Giovanni avait écrit une nouvelle sur les libérés conditionnels embauchés dans un haut-fer (une scierie). Sur les conseils de Lino, Giovanni a transformé la nouvelle en scénario. Puis, comme personne ne voulait le tourner, il a repris son scénario et cette fois l'a transformé en roman." (Nouvelles Littéraires, 28 octobre 65). Le producteur Michel Ardan s'intéresse alors au sujet et envisage d'en confier la réalisation à Jean Becker, puis à Claude Sautet.
Le film a été tourné sur les lieux où Giovanni a situé son roman, dans la clairière de Cellet, près de Gérardmer.

L'action du roman de Gilles Perrault se déroulait pendant la guerre froide, autour du mur de Berlin qui a disparu de l'adaptation de José Giovanni car, raconta celui-ci, ni Lino Ventura, ni Jacques Deray, ni Eugène Tucherer, le producteur, ne voulaient d'un film « politique ». « Je prends la température chez Lino, heureux de tourner un film d'espionnage. Et il aime bien Deray. J'ai besoin d'un ancrage. Jacques pense à Vienne. Nous partons en repérage pour que je m'imprègne. Je travaille sur le registre majeur de Lino, qui est également le mien : l'amitié. J'invente un deuxième agent secret. Je livre un premier scénario. Je n'aime pas replâtrer. Je recommence tout. Le film s'intitulera "AVEC LA PEAU DES AUTRES" (1966). Deray apportera son style. » (José Giovanni, in "Mes Grandes Gueules", Fayard, 2002).

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"LE DEUXIEME SOUFFLE" (1966) de Jean-Pierre Melville d'après un roman de José Giovanni, avec notamment Lino Ventura, Raymond Pellegrin et Paul Meurisse. Un fleuron du film noir français. Une des plus belles réussites de Lino Ventura. Dès sa parution en 1958, le livre de José Giovanni intéresse producteurs et réalisateurs, dont Jacques Becker, Melville faillit tourner le film en 1964. La distribution était alors la suivante: Serge Reggiani (Gu), Simone Signoret (Manouche), Lino Ventura (Blot), Roger Hanin (Jo Ricci), Raymond Pellegrin (Paul Ricci). Dans le projet de Denys de La Patellière, Gabin interprétait Gu et Ventura gardait celui de Blot.

Avec "LES AVENTURIERS" (1967), Robert Enrico emprunta à José Giovanni le sujet de son nouveau film, mais ne garda que certains épisodes du roman. De plus, il supprima un personnage masculin pour le remplacer par une femme. Il pensa tout d'abord confier le rôle à Bibi Andersson mais finalement le donne à une jeune actrice canadienne, Joanna Shimkus. Le film fut tourné à Djerba, en Lozère et au Fort Boyard, au large de La Rochelle. Huit ans après "Le chemin des écoliers", Lino Ventura retrouve Alain Delon dans ce film d'aventures qui fonctionna à merveille.

"LE RAPACE" (1968) fut tourné au Mexique, avec des acteurs locaux dont Rosa Furman."La réussite de José Giovanni me paraît assez exceptionnelle pour mériter un hommage (..). LE RAPACE est un défi délibéré à ceux qui doutent d'un cinéma français capable d'aborder des sujets réservés au western (..). A mon sens, LE RAPACE est l'un des meilleurs films d'aventures de classe internationale qu'on ait faits en France depuis le temps qu'on s'évertue à imiter le cinéma étranger" (Henry Chapier in "Combat" 24 avril 1968). Paraît-il que Ventura considérait ce film, comme son préféré dans sa filmographie.

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Retour devant les caméras du cinéaste Jean-Pierre Melville dans "L'ARMEE DES OMBRES" (1969), Lino Ventura est l'ingénieur Gerbier, membre de la résistance de "l'armée des ombres" et partage l'affiche avec Paul Meurisse, Simone Signoret, Jean-Pierre Cassel, Paul Crauchet, Christian Barbier et Serge Reggiani. Le film est, bien sur, l'adaptation à l'écran du célèbre roman de Joseph Kessel. A propos de ce film, Melville déclara "Je l'ai porté en moi 25 ans et 14 mois exactement. Il fallait que je le fasse et que je le fasse maintenant, complètement dépassionné sans le moindre relent de cocorico. C'est un morceau de ma mémoire, de ma chair." (Cinéma 69. No 140). Ce fut un véritable chef d'oeuvre.

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"LE CLAN DES SICILIENS" fut une superproduction à "l'américaine". Avec 829 580 entrées en première exclusivité sur Paris-périphérique, le film sorti le 5 décembre 1969 fut un immense succès populaire. Comment aurait-il pu en être autrement avec, à l'affiche, le trio Gabin-Ventura-Delon ?.Le film sera d'ailleurs l'une des vedettes de la 25ème Nuit du Cinéma qui se déroula le 18 décembre 1970. Henri Verneuil, pour la réalisation, et Lino Ventura, pour l'interprétation, y recevront chacun un "triomphe" des mains de Denise Fabre.

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                       Pendant le tournage du "Clan des siciliens"

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"Car la vie est un bien perdu quand on n'a pas vécu comme on l'aurait voulu"... Cette phrase du poète roumain Mihai Eminescu, José Giovanni l'a placée en conclusion de son film, à propos duquel il déclarait : "L'idée m'avait passionné de montrer un flic qui marchait à pied dans la ville, qui ne prenait pas de bagnole rapide, ni tout ce folklore qu'on voit dans les films. Je l'ai fait pour cette raison, ce film, en contrepoint de tout ce qui existait." DERNIER DOMICILE CONNU" (1969) est devenu depuis un classique du cinéma policier français. les principaux interprètes furent Lino Ventura,Marlène Jobert et Michel Constantin.

"BOULEVARD DU RHUM" (1971) de Robert Enrico avec Brigitte Bardot et Lino Ventura donnait l'impression d'une affiche a priori alléchante, et pourtant ce fut un résultat médiocre. Le courant d'ailleurs, ne passa pas du tout entre le sex-symbol national et l'acteur le plus discret du cinéma français. Il fut très choqué par le tapage médiatique fait autour de la star. Tous deux se regardent en chien de faience et selon le réalisateur, cette anthipathie aurait nuit au succès du film...

 

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                                 Pendant le tournage avec José Giovanni et Marlène Jobert

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                        Robert Enrico -Brigitte Bardot -Lino Ventura

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Au début des années 70, Lino Ventura fait de nouvelles rencontres, lie de nouvelles amitiés. Ainsi, il s'embarque dans une extraordinaire aventure, celle de Lelouch, en compagnie de Jacques Brel. Le 10 novembre 1971, remise des Etoiles de Cristal de l'Académie du Cinéma. Outre Marie-José Nat et Marina Vlady, sont récompensés Lino Ventura et Charles Denner qui vont tourner ensemble dans "L'AVENTURE C'EST L'AVENTURE" en 1971 sous la direction de Claude Lelouch, ils partageront la vedette avec Jacques Brel, Charles Gérard et Aldo Maccione. Un film qui viendra à point pour redorer le blason de Ventura. 

Ventura tourna un deuxième film avec Lelouch,"LA BONNE ANNEE" (1973), on le retrouve ensuite en voyageur de commerce, tueur à gages à ses heures perdues affligé d'un encombrant candidat au suicide (Jacques Brel) dans "L'EMMERDEUR" toujours en 1973, noire comédie d'Edouard Molinaro. Ce fut un succès qui repose entièrement sur la comique association de deux personnages opposés : Brel, tendre et pitoyable rêveur, s'accroche aux basques de ventura, tueur cynique, méticuleux et glacial, et l'empêche d'exécuter sa mission. Mais si à l'écran, les deux hommes, semblaient totalement antagonistes, dans la vie, ils se rejoignaient sur bien des points : On avait les mêmes principes sur les hommes, sur la dignité, sur la liberté.

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Claude Lelouch - Lino Ventura - Françoise Fabian

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Enfin, Lino Ventura apparait par amitié dans des films beaucoup plus confidentiels : "La raison du plus fou" écrit par Raymond Devos (1972), et "Le Far-West" (1973) réalisé par Jacques Brel. En 1972 c'est "LE SILENCIEUX" de Claude Pinoteau, l'histoire d'un homme traqué tiré d'un roman de Francis Ryck "Drôle de pistolet". Trois autres succès de Claude Pinoteau, viendront encore couronner sa collaboration avec Ventura : "LA GIFLE" (1974), "L'HOMME EN COLERE" (1979) et "LA SEPTIEME CIBLE" en 1984.

Dans "LA GIFLE", l'acteur interprète avec maestria un rôle inhabituel d'intellectuel (un prof de géographie) et de père inquiet, face à la jeune Isabelle Adjani. "Le sujet    m'a plus car Dabadie (qui écrit les dialogues,) Pinoteau et moi-même, avions des filles. Nous avons voulu faire une comédie inter-générations en faisant appel à nos propres expériences de pères". Isabelle Adjani raconte avec amusement : "Lino était plein de gentillesse et de chaleur. A tel point qu'il finissait par se prendre pour mon père, et qu'il n'était pas d'accord sur la scène d'amour un peu déshabillée au moment ou je cède à Jacques Spiesser..."

Dans "L'HOMME EN COLERE", Lino se bagarre avec son fils interprété par Laurent Mallet. (Ventura manqua de mettre K.O, le jeune acteur !) Ce fut la première fois que Lino Ventura fit un véritable baiser sensuel à l'actrice américaine Angie Dickinson.

"LA SEPTIEME CIBLE" , Lino est, aux côtés de Jean Poiret, Léa Massari, Elizabeth Bourgine et Jean-Pierre Bacri. Le film fut à l'affiche au cinéma le 19 décembre 1984'.Ce fut véritablement son dernier grand film français à Lino, mise à part son apparition au film de son ami Roger Hanin dans "LA RUMBA" (1987).  Après, on le vit que dans un film de TV de Michael Anderson  "Vengeance" et au final, un film inédit italien "Maladetto ferragosto" en 1987, l'année de sa disparition.

A propos du scénario de "LA SEPTIÈME CIBLE", le réalisateur a déclaré qu'il ne voulait pas "écrire seul" - son ambition étant "purement cinématographique" - et qu'il avait besoin d'un excellent scénariste.. ceux-ci étant rares dans le cinéma français. "Avec Dabadie, a ajouté Pinoteau, "nous avons essayé de donner au "thriller" une couleur un peu différente. Ainsi, le film est construit comme le concerto de Vladimir Cosma qui l'illustre, avec des andante, des vivace des alternances de sourires et de violence... Nous voulions aussi que le "héros" ne soit ni un truand ni un policier, mais un homme de tous les jours, avec un entourage, une famille, des amis..."

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Francesco Rosi décida de confier le rôle principal de "CADAVRES EXQUIS" (1976) à Lino Ventura. Rosi à qui l'on demandait de justifier ce choix, répondit "Il me fallait un héros solide, un homme qui n'ait rien d'un naif mais qui soit honnête." Et c'est bien ce que fut le populaire acteur français dans le rôle de l'inspecteur Amérigo Rogas chargé d'enquêter sur des mystérieux assassinats de juges italiens. Après cette expérience concluante, unaniment saluée par la critique, Lino Ventura se voit proposer des rôles plus fouillés dans lesquels la nuance prime enfin sur la puissance physique. "Jusqu'à maintenant dans mes films j'avançais les  mains pleines de mitraillettes. Pour la première fois j'avance les mains nues", déclara Ventura après "UN PAPILLON SUR L'EPAULE" (1978) de Jacques Deray, ou il compose le rôle d'un vacancier anonyme en villégiature à Barcelone, est embringué dans une véritable machination. Tout commence par la découverte d'un cadavre ensanglanté  dans sa propre chambre d'hôtel, puis son réveil dans un lit d'hôpital, après qu'il ait été assommé par des inconnus. Ce film est un thriller haletant. Au cours d'un " Grand échiquier " à la télévision, le 31 mai 1979, Lino Ventura disait avoir été choqué par l'indifférence des gens, constatée lors du tournage de la dernière scène, où il s'effondre, devant la gare, filmé en caméra invisible, au téléobjectif. Il est ainsi resté plusieurs dizaines de secondes, gisant par terre, sans que personne n'intervienne.

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Dans "La Grande Menace" (1978) de Jack Gold, Lino cotoie un autre grand nom du cinéma américain : Richard Burton. A partir des années 80, Lino Ventura prend d'ailleurs ses distances avec le cinéma : Après "ESPION LEVE TOI" (1981) un thriller  d'espionnage d'Yves Boisset, qui permet à Lino Ventura de retrouver un de ces rôles d'homme traqué tels qu'il les affectionne et dans lesquels il excelle. Les autres interprètes du film sont Michel Piccoli, Bruno Cremer, Bernard Fresson et Krystina Janga.

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