ANTHONY PERKINS                 1932 - 1992

Acteur Américain

On se souviendra d'Anthony Perkins, grâce à sa participation dans le chef-d'œuvre du maitre du suspense Alfred Hitchcock avec "Psychose" où il incarne avec brio Norman Bates. Paradoxalement, il arrive qu'un acteur s'efforce de faire oublier l'une de ses meilleures prestations. C'est le cas d'Anthony Perkins - fils du comédien de théâtre et de cinéma Osgood Perkins (1892 - 1937).

 

Anthony Perkins est né le 4 avril 1932 à New York, il fait ses études primaires dans le Massachusetts avant de partir en Floride pour raisons de santé.  Il fut un élève discipline au Rollins College, il travaille d'arrache-pied pour devenir à son tour comédien comme son père. Trois ans durant il participe à des spectacles amateurs. Apprenant que l'un deux, une pièce de Ruth Gordon intitulée "Years ago", va être porté à l'écran, il se rend à Hollywood et bénéficiant du soutien actif d'un ami de son père devenu producteur à la MGM, parvient à tourner un bout d'essai.

 

Convoqué six mois plus tard, Anthony Perkins fait ses débuts au cinéma dans un film réalisé par George Cukor "The Actress" (1953) dont Spencer Tracy et Jean Simmons sont les vedettes principaux de ce film, inédit en France. Mais le résultat le concernant n'est pas à la hauteur de ses espérances. De retour à New York il passe une audition devant Elia Kazan, à la recherche de l'interprète du film "A l'est d'Eden", mais il perd le rôle au profit de James Dean. Kazan lui propose toutefois de reprendre au théâtre le personnage crée à l'écran par John Kerr dans "Thé et sympathie".

 

En 1956, il donne la réplique à Gary Cooper dans "La Loi du Seigneur" (Friendly Persuasion) de William Wyler, lequel obtient la Palme d'Or au Festival de Cannes 1957. Quant à Anthony Perkins, il parvient à imposer son personnage d'adolescent austère. Qualités que confirment ses films suivants : "Prisonnier de la peur" (Fear Strikes out,1957) de Robert Mulligan où il partage l'affiche avec Karl Malden, histoire vraie de Jimmy Piersall, que son père entraîne sans répit pour qu'il devienne le joueur de baseball le plus performant de l'une des plus grandes équipes des Etats-Unis. Ce qui va conduire, Anthony Perkins de la dépression jusqu'à la maladie mentale. Puis, en athlète filiforme dans "La Tête à l'envers" (Tall Story,1960) de Joshua Logan.

 

En 1957, c'est Anthony Mann qui le dirige aux côtés d'Henry Fonda dans "Duel dans le désert" (The Tin Star) où il incarne un jeune shérif qui a des difficultés à faire respecter la loi. En 1958, en tournant en Thaïlande, sous la direction de René Clément "Barrage contre le Pacifique" (This Angry Age), il entre pour la première fois en contact avec le cinéma européen. Amoureux de Paris, il vient y tourner "Aimez-vous Brahms ?" (Goodbye Again,1961) d'Anatole Litvak aux côtés de Yves Montand et d'Ingrid Bergman, on constatera que ce film fixera à tout jamais son visage d'adolescent torturé.

 

Mais le personnage auquel on l'associe inévitablement est Norman Bates, le psychopathe propriétaire d'un motel dans "Psychose" (Psycho,1960), l'un des films les plus terrifiants d'Alfred Hitchcock. Il est à ce point inoubliable que, tout comme Norman Bates s'identifie à sa mère morte, Anthony Perkins s'identifiera trop profondément au personnage qu'il a crée. Cela étant, ce rôle demeure le plus saisissant de l'histoire du cinéma. Hitchcock, le rappelle lui-même : "Le film est inspiré d'un fait-divers authentique, l'histoire d'un homme qui avait gardé le cadavre de sa mère chez lui, quelque part dans le Wisconsin. Le talent diabolique du "maître du suspense" n'a jamais été aussi angoissant qu'ici et le meurtre sous la douche est justement célèbre, de même que l'assassinat du détective poignardé alors qu'il montait lentement l'escalier de la maison des Bates... 

 

Après ce triomphe, Anthony Perkins s'installe en Europe où il tourne dans une foule de films disparates. Son Joseph K. dans "Le Procès" ( (The Trial,1962) est assez plausible, bien que l'adaptation du roman de Kafka par Orson Welles soit trop prétentieuse mais devenu film classique, sans oublier la musique d'Albinoni. Cette même année, on le retrouve dans un thriller d'Anatole Litvak "Le Couteau dans la plaie" avec Sophia Loren puis "Une Ravissante idiote" (1963) d'Edouard Molinaro avec Brigitte Bardot ne change plus grand chose au futur de sa carrière cinématographique. De nombreux cinéphiles ont oublié qu'il a tourné également avec l'ancien avocat André Cayatte dans "Le Glaive et la balance" (1962).

 

Quant aux deux rôles qu'il interprète dans "Le Scandale" (1967) et "La Décade prodigieuse" (1972), de Claude Chabrol, Anthony Perkin ne réussit pas à nous émouvoir, mal ficelé, le public est resté quelque peu déçu par ses prestations qui n'étaient pas à la hauteur de ses performances. Par contre, on peut citer un film qui sort du lot, réalisé par Mike Nichols "Catch 22"(1970), ce qui permit à Perkins de retrouver l'un de ses partenaires de "Psychose", Martin Balsam, lequel incarne le colonel Cathcart. A partir de cette période, Anthony Perkins ne sera à l'affiche que épisodiquement ou dans des rôles moindres comme dans "Le Crime dans l'Orient-Express" (Murder on the Orient,1974) de Sidney Lumet, "Juge et hors-la-loi" (The Life and Times of Judge Roy Bean,1972) de John Huston ou en terroriste dans "Le Trou noir" (The Black Hole,1979) de Gary Nelson dans un production de Walt Disney. On notera également sa participation au film de Nicolas Gessner où il donne la réplique à Charles Bronson dans "Quelqu'un derrière la porte" (1971).

 

Par la suite, l'acteur se laissera envahir par le maniérisme et les tics de son premier personnage, celui de Norman Bates, de "Psychose", qu'il reproduit dans "Psychose II" (Psycho II,1983) de Richard Franklin, cependant il s'agit d'un fait rarissime dans l'histoire du cinéma, une suite tournée vingt-deux ans après l'œuvre originale, avec deux des acteurs de celle-ci : Anthony Perkins et Vera Miles. Cependant, très marqué par son personnage devenu mythique, il décide de réaliser et interpréter lui-même "Psychose III" (Psycho III,1986). En revanche, une fois le mécanisme enclenché, les "Psychose" se sont succédé à une cadence rapide. La mort d'Anthony Perkins le 12 septembre 1992 à l'âge de 60 ans a probablement mis un terme à la série. C'est sur le tournage de "Psychose 4", qu'il apprend être atteint du Sida.

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