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26 janvier 2025

DITA PARLO ET L'ATALANTE

DITA PARLO            1908  - 1971

Actrice Allemande 

Le nazisme et la Seconde Guerre mondiale ont bouleversé sa carrière cinématographique. Pour de nombreux cinéphiles du XXème siècle, Dita Parlo restera à jamais, la jeune mariée de "L'Atalante" de Jean Vigo.  En dépit d'une carrière somme toute quelconque, cette Allemande née Grethe Gerda Kornstadt est née le 4 septembre 1908 à Stettin (Empire Allemand) en Pologne.

Dita Parlo a eu la chance en effet d'apparaître dans deux chefs-d'œuvre incontestés, "L'Atalante" (1934) de Jean Vigo, où elle incarne Juliette, l'épouse de Jean le marinier et "La Grande illusion" (1937) de Jean Renoir dans le rôle d'Elsa, la paysanne allemande dont l'évadé Jean Gabin tombe amoureux. Y est-elle sublime ? on ne sait plus, tant elle participe dans les deux cas d'ensembles parfaits, dont les interprètes sont des constituants éminents mais nullement uniques.

Dita Parlo étudie la danse et l'art dramatique dans son pays, et débute au cinéma en 1928 sous la houlette d'Erich Pommer, le grand patron de la UFA : opérettes et mélos. Un bref séjour à Hollywood ne lui permet pas de s'imposer parmi la cohorte des Européennes importées, elle rentre en Europe où elle choisit la France, Hitler venant de prendre le pouvoir à Berlin. Julien Duvivier la dirige dans son dernier film muet "Au bonheur des dames" (1929) d'après le roman d'Emile Zola. 

L'année 1934 lui est faste. Le Russe français Dimitri Kirsanoff fait appel à elle pour le tournage du film "Rapt", une curieuse mélopée des montagnes adaptée d'un roman du Suisse Ramuz par le Roumain Benjamin Fondane, où elle incarne la fière Valaisane. Dita Parlo arbore déjà cet air à la fois émerveillé et têtu qui la caractérisera. Mais surtout bien sûr Jean Vigo fait d'elle l'héroïne de "L'Atalante", fière mariée dressée à la proue de la péniche. Son charme singulier et timide, son accent rehaussent magnifiquement l'étrangeté de Michel Simon et l'inquiétude de Jean Dasté. L'échec commercial du film ne confère pourtant pas à Dita Parlo le rang de vedette auquel elle aurait pu prétendre.

En 1937, "Mademoiselle Docteur" de son compatriote Georg Wilhem Pabst connaît plus de succès, mais elle y est un peu noyée au milieu d'une distribution foisonnante : Pierre Fresnay, Louis Jouvet, Pierre Blanchar, Charles Dullin, Jean-Louis Barrault, bien qu'elle y tienne fort bien un premier rôle d'espionne à la Mata Hari. Elle incarnera le même role dans sa version anglaise réalisé par Edmond T. Gréville, où elle a pour partenaire Erich von Stroheim. Dita Parlo interprète également une jeune femme entraînée sur la mauvaise pente dans le remake de "La Rue sans joie" (1938) d'André Hugon, où elle reprit le rôle tenu dans la version muette par Asta Nielsen.

 

Deuxième temps, "La Grande illusion", où Renoir confie très logiquement à cette Allemande, seule présence féminine du film. Personne n'oubliera le visage noyé de larmes d'Elsa quand les soldats français Maréchal et Rosenthal, Gabin et Dalio, sont contraints de l'abandonner pour reprendre leur fuite. Non plus que les scènes sublimes où Maréchal tient la fille d'Elsa dans ses bras et lui parle dans son pauvre allemand : "Lotte hat blaue Augen". Epoque troublée; c'est la "drôle de guerre". Dita Parlo désormais consacrée a été la vedette éplorée de "L'Affaire du courrier de Lyon" (1937) de Claude Autant-Lara et Claude Lehmann, elle interprète à présent toutes les Allemandes de l'écran, dans "La Paix sur le Rhin" (1938) de Jean Choux ou "Ultimatum" (1938) de Robert Wiene et Robert Siodmak.

La guerre la contraint à l'inactivité. En 1940, l'actrice eut maille à partir avec les autorités françaises, en raison de ses origines germaniques, qu'elle se refusait à renier. Cela stoppa net sa carrière, et elle ne reparut après-guerre que dans un petit rôle dans "Justice est faite" (1950) d'André Cayatte, avant que Léonard Keigel ne lui donnât la vedette de "La Dame de pique" (1965), elle y campe une vieille comtesse russe détentrice d'une martingale maléfique qui cause la perte de ses proches. Ce sera son ultime prestation à l'écran, bouclant la boucle avec son premier film allemand "La Dame au masque" (1928) de Wilhelm Thiele. Un bilan assez maigre au total, mais qu'importe, elle avait épousé le pasteur Frank Gueutal, c'est dans l'anonymat qu'elle se consacra. Dita Parlo décède le 12 décembre 1971 à l'âge de 63 ans à Courbevoie.     

Extraits de "Noir & Blanc" de Raymond Chirat et Olivier Barrot -Editions Flammarion                                                                  *Affiches-cine * Cinema français * Cinetom

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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