JACQUES TOURNEUR, LA GRIFFE DU PASSÉ
JACQUES TOURNEUR 1904 - 1977
Cinéaste, Producteur, Scénariste Français naturalisé Américain
Maurice et Jacques Tourneur sont sans doute les deux réalisateurs de la même famille les plus illustres de l'histoire du cinéma. L'oeuvre la mieux connue de Maurice Tourneur, le père, réalisateur très influent de l'époque du muet, se situe principalement entre 1914 et 1925.
Jacques Tourneur, pour sa part, a beaucoup travaillé dans les années 40 et 50. Le cinéma doit autant à l'un et à l'autre, ce qui n'a pas toujours été le cas dans cette profession où les fils de cinéastes ne sont pas forcément de la même trempe que leurs illustres pères : Richard et Jerry Thorpe, Max et Marcel Ophüls, Jacques et Jean Becker.
Très admiré pour l'esthétisme de ses deux films muets, Maurice Tourneur (voir lien Maurice Tourneur) se destine au départ à la peinture et commence à réaliser en 1912 en France. De ce créateur, on retient surtout les films qu'il a tournés à partir de 1914 aux Etats-Unis, où son fils l'a rejoint. Ses meilleurs films reposent sur une conception très moderne de l'éclairage et de la composition cinématographique, ainsi que le prouve, par exemple, l'excellente adaptation de "Une Victoire" (Victory,1919) d'après Conrad. Il a aussi travaillé avec les plus grands stars de l'époque, entre autres Mary Pickford.
Jacques Tourneur est né à Paris, le 12 novembre 1904. Après des études à New York puis à Hollywood avant d'acquérir la citoyenneté américaine en 1919. Tout en faisant de la figuration dès 1922, il collabore aux scripts des films de son père, Maurice Tourneur. Revenu en Europe en 1929, il devient monteur et assistant de Pathé Nathan "Le montage est une très bonne école pour la mise en scène" dira-t'il par la suite. Lorsque Jacques Tourneur se lance à son tour dans la réalisation, son père est rentré en France. Il revient lui aussi et démarre le métier comme assistant au début des années 30
Il signe enfin sa première réalisation en 1931, une comédie avec un tout jeune premier nommé Jean Gabin avec "Tout ça ne vaut pas l'amour", puis en 1934 "Les Filles de la concierge" avec Josette Day. Ce film était considéré comme perdu à jamais. Il fut retrouvé et restauré aux Archives du film du Centre national de la cinématographie en 1996. Après avoir dirigé cinq films, il regagne la Californie de son enfance dès 1934. Tourneur est engagé par la MGM comme réalisateur de seconde équipe et réalisateur de courts-métrages dont l'un de ceux-ci "Romance Of Radium" (1937), sera selectionné pour l'Oscar. L'un de ses courts-métrages sur les pénitenciers fédéraux - un semi-documentaire de deux bobines tourné dans le cadre de la série "Crime Doesn't Pay" plus particulièrement au tout-puissant patron du studio, Louis B. Mayer. D'après Tourneur, Mayer a pris la décision d'en faire un sujet de quatre bobines, puis de six : "C'est ainsi "qu'on s'est retrouvés avec un long métrage, "They All Come-Out" (1939)...et voilà comment j'ai fait mon premier film à la MGM"
Très indépendant de caractère, il quitte bientôt le gigantisme impersonnel de la MGM. Le producteur Val Lewton, un vieil ami, lui propose du travail. En 1935, ils avaient déjà tourné ensemble à la MGM certaines séquences de "A Tale Of Two Cities. Tourneur le rejoint donc aux côtés du monteur Mark Robson dans la petite unité de production qu'ils ont montée à la RKO. C'est Tourneur qui réalise les trois premiers titres "La Féline" (Cat People,1942), "Vaudou" (I Walked With A Zombie,1943) et "L'Homme léopard" (The Leopard Man,1943). Ces films d'horreur, au départ ostensiblement quelconques, sont si bien écrits et réalisés, avec un souci exceptionnel de l'atmosphère et du détail, qu'il sont devenus aujourd'hui des classiques du genre. Tourné en 21 jours pour la somme minime de 130 000 dollars, "La Féline dépassa le record d'exclusivité de "Citizen Kane" en tenant l'affiche pendant treize semaines. Le film rapporta plus d'un million de dollars et sauva la RKO de la faillite en cette année 1941.
Tourneur monte immédiatement en grade, se spécialisant dans le thriller et le film d'action. On lui offre le technicolor pour son premier film en extérieurs, "Le Passage du Canyon" (Canyon Passage,1946), western riche en action interprété par Dana Andrews et Susan Hayward. Sa meilleure contribution au film noir des années 40, "La Griffe du passé" (Out Of the Past,1947) d'après le roman de Geoffrey Homes "Build my Gallows High" repose sur une trame complexe, efficacement filmée en teintes contrastées par Nicholas Musuraca, opérateur de "La Féline". C'est peut-être là, la réponse de la RKO au "Grand sommeil" (Big Sleep) de la Warner, de même que "Days Of Glory" (1944), de Tourneur également avait fait écho à "Pour qui sonne le glas" de la Paramount.
Devenu enfin une valeur sûre, les diverses propositions qui lui sont faites dès lors lui permettent de signer des oeuvres d'inspirations très diverses comme des thrillers "La Griffe du passé" au film d'espionnage "Berlin Express" (1948) avec Robert Ryan, mais Jacques Tourneur aime à ce point son métier qu'il accepte parfois d'être sous-payé pour avoir la possibilité de réaliser un film qui lui tient particulièrement à coeur comme "Stars in My Crown (1949) avec Joel McCrea, qu'il a toujours considéré comme sa meilleure oeuvre.
Il continuera ainsi une carrière d'une haute tenue artistique en marge de la grosse production hollywoodienne, s'essayant au film d'aventures à costumes "La Flèche et le flambeau" (The Flame and the Arrow,1950), "La Flibustière des Antilles" (Anne of The Indies,1951) tous deux interprétés par Burt Lancaster, au western "Un Jeu risqué" (Wichita,1955) ou moderne "Le Gaucho" (Way of a Gaucho,1952), et au film fantastique surtout dont il se révèle un maître avec "Rendez-vous avec la peur" (Night Of the Demon,1957) avec Dana Andrews, réalisé en Angleterre. Il revient d'ailleurs au noir et blanc et à l'épouvante pour ce dernier grand film, qui est une pétrifiante adaptation de "Casting the Runes" d'après M.R. James, rebaptisée "Night Of the Demon". D'une manière générale, Tourneur s'est montré moins à l'aise avec la couleur, comme en témoigne son travail des années 50. A partir de 1956, Tourneur se partage entre la télévision et le cinéma, et se retire en 1966 après avoir tourné "War-Gods Of the Deep". Puis il se retire, à Pécharmant, un petit village de Dordogne, tout près de Bergerac où il décède, le 19 décembre 1977, oublié de son pays natal.
Vaudou - 1943 -
L'Homme léopard - 1943 -
Le Passage du Canyon - 1946 -
La Griffe du passé - Pendez-moi haut et court - 1947 -
Le Juge Thorne fait la loi - 1955
Un Jeu risqué - 1955 -
Les Révoltés de la Claire-Louise - 1953 -
Rendez-vous avec la peur - 1957 -
La Cible parfaite - 1958 -
Le Croque-mort s'en mêle - 1963 -
*Affiches-cine * Cinetom
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