PETER LORRE, M LE MAUDIT
PETER LORRE 1904 - 1964
Acteur Américain d'origine Autrichienne
Ce petit homme trapu, aux yeux implorants ou écarquillés de terreur parfois exorbités, faciès mou, jouissait d'un génie de l'incongru et du grotesque. Hollywood lui confia le même rôle, pendant de nombreuses années, mais il conservait une extraordinaire présence à l'écran, hantant irrésistiblement l'univers de quelques grandes productions.
Peter Lorre est né le 26 août 1904 à Rosenberg (Rusomberok), petit village en Autriche, actuellement en Slovaquie, de parents juifs. Sa mère meurt alors qu'il n'a que quatre ans, son père et ses deux autres frères quittent Rosenberg pour Vienne en 1913. Dès l'âge de dix-sept ans, il débute une carrière théâtrale sous la direction de Richard Teschner, jouant notamment du Brecht. En 1929, Peter Lorre s'expatrie à Berlin ou il rencontre le dramaturge et metteur en scène Bertolt Brecht avec lequel il jouera "Un homme est un homme" ainsi qu'une comédie musicale, adaptée de Brecht et composée par Kurt Weil.
Des débuts au cinéma en Allemagne avec "Le Diable blanc" (Der Weisse Teufel,1929) de Alexandre Volkoff. Il se lance dans le cinéma, à la naissance du parlant, il marquera de son étonnante présence le chef-d'oeuvre de Fritz Lang "M le Maudit" (M,1931). Inspiré de la "carrière" de l'assassin de Dusseldorf Peter Kurten; sa prestation, fondée sur le mime et le suggestif, est un chef-d'oeuvre d'exécution. Premier film parlant de Fritz Lang, révèle de manière étonnante la maîtrise total du réalisateur sur la technique nouvelle. Muet, le film n'aurait sans doute pas eu la même force de suggestion. Dès la séquence initiale, le son joue un rôle aussi important que l'image. Une petite fille, Elsie, fait rebondir son ballon contre une affiche promettant une forte récompense à qui permettra de capturer un mystérieux assassin qui s'attaque aux enfants. Comme le ballon frappe l'affiche, l'ombre d'un homme vient obscurcir l'image. La petite fille se retourne vers l'homme qui lui murmure : "Tu as un joli ballon". Comment t'appelles tu?" La voix de l'homme autant que son ombre nous alertent sur le danger qui menace l'enfant.
Peter Lorre quitte l'Allemagne hitlérienne pour la France où il tournera un film : "Du haut en bas" (1933) réalisé par G.W. Pabst avec Jean Gabin dans le rôle principal , puis s'installera en Angleterre puis les Etats-Unis, où sa carrière se poursuivra jusqu'à sa mort. On lui fera jouer volontiers les pervers, les lâches, les espions, parfois les détectives retors. Ses meilleurs rôles avant-guerre, en dehors de "M. le Maudit" furent : deux prestations inoubliables chez Alfred Hitchcock, le tueur balafré de "L'Homme qui en savait trop" (The Man Who Knew Too Much,1934) et "Quatre de l'espionnage" (Agent Secret,1936). Entre ces deux tournages, il fait ses débuts à Hollywood en incarnant un chirurgien sadique dans "Les Mains d'Orlac" (Mad Love,1935) de Karl Freund à la MGM; enfin le modeste et subtil détective japonais M. Moto, collègue de Charlie Chan qui eut son heure de gloire. La 20th Century-Fox entreprit dès 1937 la production d'une série de films avec Peter Lorre en vedette. Sept films suivirent "L'Enigmatique M. Moto" (Think Fast,1937) de Norman Foster dont cinq autres seront réalisés par lui, "Le Serment de M. Moto" (Thank You, Mr Moto,1937), "M. Moto dans les bas-fonds" (Mysterious Mr Moto,1938), "M. Moto court sa chance" (Mr Moto takes a chance,1938), "M. Moto sur le ring", "Mr Moto's Last Warning" (1939), "Monsieur Moto en péril" (Mr Moto in Danger Island,1939) de Herbert I. Leeds et "Mr Moto Takes a Vacation" (1939) de Norman Foster. Peu de temps aupararavant, il avait tourné pour la Columbia en interprétant Raskolnikov dans "Crime et châtiment" (Crime And Punishment"1935) de Josef von Sternberg.
En 1941, il est Joël Cairo dans "Le Faucon Maltais" (The Maltese Falcon) de John Huston avec Humphrey Bogart dans le rôle principal produit par la Warner. Au cours des années de guerre, il tourne dans "Casablanca" (1942) de Michael Curtiz à nouveau avec Bogart, puis "Intrigues en Orient" (Back-ground To Danger,1943) et "La Croix de Lorraine" (The Cross Of Lorraine,1943) de Tay Garnett. Il participe ensuite à plusieurs films dont le succès est ephémère, et fait une remarquable étude du phénomène de l'hallucination dans "La Bête à cinq doigts"(The Beat With Five Fingers,1946) réalisé par le cinéaste franco-américain Robert Florey. On retiendra le jeu particulièrement impréssionnant de Peter Lorre et la qualité des trucages avec, tout spécialement la scène où celui-ci poignarde la main coupée vivante et, littéralement, "l'épingle", telle une monstrueuse araignée, sur son bureau.
En 1951, il retourne en Allemagne pour produire et mettre en scène "L'Homme perdu" (Der Verlorene), où il interprète le rôle principal, histoire d'un biologiste criminel témoin de l'effrondrement du régime nazi, mais c'est un échec commercial. Atteint d'une affection glandulaire qui lui fait enfler le visage, Peter Lorre est désormais réduit à des petits rôles, parfois dans des films médiocres, parmi lesquels se détachent "Plus fort que le diable" (Beat The Devil,1954) de John Huston et "La Belle de Moscou" ( Silk Stockings,1957) de Stanley Donen. Peter Lorre révèle son talent pour la comédie, bien exploité lorsqu'il se parodie dans trois films de Roger Corman, dont "Le Corbeau" (The Raven,1963) et "L'Empire de la terreur" (Tales Of Terror,1962). Il aura également participer au tournage de "Vingt mille lieues sous les mers" (20,000 Leagues Under the Seades,1954) des productions Disney et mis en scène par Richard Fleischer ainsi que "Le Tour du monde en 80 jours" (Around the World in Eighty Days,1956) de Michael Anderson; on peut également ajouter "Cinq semaines en ballon" (Five Weeks in a Balloon,1962) d'Irwin Allen. "Jerry souffre-douleur" (The Patsy,1964) de et avec Jerry Lewis sera son dernier film. Peter Lorre meurt d'un accident vasculaire cérébrale le 23 mars 1964 à Hollywood, il n'avait que 59 ans.
Les Mains d'Orlac - 1935 - Karl Freund
Quatre de l'espionnage - 1935 - Alfred Hitchcock
L'Enigmatique M. Moto - 1937 - Norman Foster
Le Serment de M. Moto - 1937 - Norman Foster
M. Moto sur le ring - 1938 - James Tinling
M. Moto court sa chance - 1938 - Norman Foster
M. Moto dans les bas-fonds - 1938 - Norman Foster
Pour un million - 1938 - Walter Lang
J'accuse cette femme - 1940 - William Morgan
L'Inconnu du 3ème étage - 1940 - Boris Ingster
L'Agent invisible de la Gestapo - 1942 - Edwin L. Marin
Tessa, la nymphe au coeur fidèle - 1942 - Edmund Golding
Intrigues en Orient - 1943 - Raoul Walsh
Trois étrangers - 1946 - Jean Negulesco
L'Ange noir - 1946 - Roy William Neill
La Bête aux cinq doigts - 1946 - Robert Florey
La Brune de mes rêves - 1947 - Elliott Nugent
La Corde de sable - 1949 - William Dieterle
Sables mouvants - 1950 - Irving Pichel
Plus fort que le diable - 1953 - John Huston
P'tite tête de Trouffion - 1957 - George Marshall
Le Cirque fantastique - 1959 - Joseph M. Newman
Le Croque-mort s'en mêle - 1964 - Jacques Tourneur
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