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4 octobre 2018

JOSETTE DAY, LA BELLE ET LA BÊTE

                    JOSETTE DAY          1914 - 1978

            Comédienne Française

 

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 Grande comédienne? peut-être pas, mais une vraie carrière. Josette Day fut d'abord une grande amoureuse, très consciente de ses charmes, très ambitieusen très spirituelle. Pendant l'entre-deux guerres, elle a paré de son chic et de son chien les concours d'élégance, les dîners mondains, les fêtes les plus folles de Paris, de Deauville, de Monte Carlo. Industriels, gens du monde, artistes se sont disputés ses faveurs et "ses déjeuners du samedi" rassemblaient après la Libération les Chardonne, Déon, Nourissier, Blondin, Guimard, les "hussards" de la littérature : toute une époque.

Josette Day est née Josette Dagory, le 31 juillet 1914 à Paris. Dès l'âge de cinq ans, elle aborde le cinéma et figure, de 1919 à 1922, au générique de trois films sous son patronyme de naissance. Puis elle est attirée par la danse. A neuf ans, elle est "petit rat" à L'Opéra : une chute malencontreuse au cours d'une représentation de Tannhaüser met fin à sa carrière de danseuse. Cet enfant de cinéma apparue dans "Ames d'Orient" (1914) de Léon Poirier puis dans "La Pocharde" (1921) de Henri Etiévant et "L'Ecran brisé" (1922) de René d'Auchy. S'ensuit une longue interruption brisée en 1931 seulement avec l'amusant "Allô Berlin, ici Paris" de Julien Duvivier, une comédie téléphonique entre les deux capitales, que la comédienne désormais connue sous son pseudonyme définitif, illumine de sa bonne humeur et de l'éclat de son sourire.

Car Josette Day qui avait été petit rat à l'Opéra, avec Odette Joyeux, fut une ravissante personne, beaucoup courtisée, et par les plus grands. Sa carrière au parlant démarre à toute vitesse, la longue silhouette blonde enchante et qu'importe si les films qu'elle tourne sont de petites comédies sans prétention, "Les Filles de la concierge" (1934) de Jacques Tourneur (avec Marcel André qui fut douze ans plus tard, le père de Belle dans "La Belle et la Bête" de Jean Cocteau), "Bibi la purée" de Léo Joannon ou "Coralie et compagnie" de Calvalcanti, toute en 1934. Christian-Jaque l'entraîne dans "La Sonnette d'alarme" (1935) et Duvivier à nouveau dans "L'Homme du jour" (1936) : partenaire ici de Jean Murat, là de Maurice Chevalier,elle ne montre pas grand chose, sinon un entrain sympathique et une réelle beauté. Piquante dans "Lucrèce Borgia" (1935) d'Abel Gance, elle l'une des pensionnaires du "Club de femmes" (1936) de Deval, un peu en retrait cependant par rapport à Danielle Darrieux, Betty Stockfeld ou Valentine Tessier.

Sa rencontre avec Yves Mirande va tout changer. La même année 1936, la jolie Josette tourne deux films écrits sur mesure par lui, avec ce sens de la constuction et du dialogue qui en fait souvent un Guitry en mineur. "Ménilmontant" de Guissart donne à résonner la corde sensible de la comédie à vue sociale, "Messieurs les ronds de cuir" au contraire joue à plein des situations irrésistibles, imaginées par Courteline. Mais Mirande, qui s'est aussi attribué la réalisation, accentue encore, et avec quelle efficacité, les abracadabrantes saynètes, qui ont pour cadre l'improbable ministère des dons et des legs. Josette Day, flanquée d'Arletty, de Baroux, Larquey, Tissier, Signoret et Saturnin Fabre, s'en donne à coeur joie. Epouse volage et fort allurée, elle virevolte et séduit.

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Elle convaincra moins en espionne sous la houlette de Léon Poirier, qu'elle retrouve près de vingt ans après ses débuts "Soeurs d'armes" (1937), ou en princesse russe "Le Patriote" (1939) de Maurice Tourneur. Son registre, c'est la comédie, "Les Cinq sous de Lavarède" (1939) de Maurice Cammage, "Monsieur Brotonneau" (1939) d'Alexandre Esway. C'est pendant le tournage de cette gentille adaptation d'un vaudeville de Flers et Cavaillet que se noue une idylle entre le scénariste et producteur Marcel Pagnol et l'interprète principale qu'est Josette Day, à laquelle peu avant Paul Morand aussi avait trouvé tous les charmes. Du coup, son rôle de Louise, la maîtresse, dans cet éloge du ménage à trois, est nettement amplifié par rapport à la pièce d'origine...       

C'est une vraie passion. Mariage? Pagnol divorcera en 1941. "La rencontre de Josette a été l'événement le plus important de ma vie", écrit-il à son vieil ami Raimu. Et c'est pour elle qu'il entreprend "La Fille du puisatier" en 1940 où Josette, blonde et bouclée, charme agréablement, sans cependant participer de l'univers Pagnol aussi parfaitement que ses partenaires Raimu et Fernandel. Mais le film triomphe en zone libre et Pagnol songe carrément à faire construire une cité du cinéma à côté de Marseille. Il prépare toujours pour Josette, "La Prière aux étoiles" (1941) mais la maladie de celle-ci, suivie d'une opération entraîne l'arrêt du tournage. Et le couple, déchiré, se sépare vite.

Josette est alors plus proche de Jean Cocteau, de qui elle aurait espéré un enfant (cf. Journal de Cocteau, Gallimard,1989) et qui va l'imposer dans "La Belle et la Bête" (1946) aux côtés de Jean Marais. C'est son meilleur rôle : émouvante, retenue, elle défie la peur et la mort, enchante et convainc. Cocteau réunit peu après à nouveau le couple vedette pour "Les Parents terribles" (1948). Josette Day encore ne fois figure de vie est exquise, mais éclipsée par les performances écrasantes de ses aînées Yvonne de Bray et Gabrielle Dorziat. C'est peu après qu'elle rencontre le milliardaire Maurice Solvay, qu'elle l'épouse et se retire des plateaux.

Josette Day dès lors tiendra salon. On retrouve notamment trace de ses éminentes qualités sociales dans "Le Journal de Matthieu Galey (Grasset,1987 et 1989). Invité chez elle en 1959, il note : "C'est ce qu'il y a de plus séduisant chez cette femme, le sourire, inscrit à merveille dans son visage. Et aussi les yeux violets; comme enjôleurs de nature, troublants. Mais qui ne la connaissais qu') travers le film de Cocteau, je lui trouve un petit air démodé : on l'imagine bien en courtisane en 1900, la taille sanglée, ronde, appétissante, faite pour le plaisir des grands ducs. Dans la mémoire des spectateurs et dans l'histoire du cinéma français, elle restera à jamais l'inoubliable Belle de "La Belle et la Bête". Josette Day est morte le 29 juin 1978 à l'âge de 63 ans, après avoir consacré les dernières années de sa vie à des oeuvres de bienfaisance.

Extraits de "Noir & Blanc" de Olivier Barrot et Raymond Chirat - Editions Flammarion

                                                                1931

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La fille du Puisatier (1940) de Marcel Pagnol - Extrait - 

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LA BELLE ET LA BETE : Bande annonce - Film de Jean Cocteau

La Belle et la Bête (1946) de Jean Cocteau - Extrait #1 [VF-HD]

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Les Parents terribles de Jean Cocteau

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