JACQUES DE BARONCELLI N'A QU'UN DÉFAUT, C'EST DE NE PAS EN AVOIR !
JACQUES DE BARONCELLI 1881 - 1951
Cinéaste, Scénariste, Producteur Français
Jacques de Baroncelli a été un des réalisateurs les plus représentatifs de l'Ecole cinématographique française. Né Jacques de Baroncelli-Javon, le 25 juin 1881 à Bouillargues (Gard), frère du célèbre félibrige, Marquis de Baroncelli, il avait débuté à Paris dans le journalisme et était devenu rédacteur en chef de "l'Eclair".
C'est en 1915 qu'il aborda le cinéma en tournant son premier film "La Maison de l'espoir", puis "Trois Filles en portefeuille." Ses créations se divisent en trois : les adaptations d'oeuvres préexistantes, les films à ,sujets originaux, les films illustrant la nature et plus particulièrement la mer, dont il fut un véritable poète. Louis Delluc a salué les débuts de Jacques de Baroncelli en écrivant : "Il n'a qu'un seul défaut, c'est de ne pas en avoir."
D'un éclectisme rare, le réalisateur passait du mélodrame au drame mondain, du romantisme réaliste au romantisme poétique, du roman d'amour au roman maritime, réservant le meilleur de sa sensibilité à des oeuvres poétiques ou même mystiques, comme "Le Rêve' d'Emile Zola (qu'il porta deux fois à l'écran) : "Le Rêve" (1920) et celui de 1930, comme surtout "Pêcheur d'Islande" de Pierre Loti qui est son chef-d'oeuvre pour la période de l'art muet, il avait multiplié les aventures maritimes depuis "Le Roi de la mer" (1917) jusqu'à "La Rose de la mer" (1946) (avec Fernand Ledoux), est arrivé à mêler harmonieusement document et poésie. Après sa présentation en octobre 1924 au théâtre Mogador, Albert Bonneau, critique de "Cinémagazine" notait : "Au cours du film de nombreuses surimpressions, fort habilement exécutées mettent à nu ces coeurs simples, nous les découvrons et nous ressentons à leur aspect, la même impression émue qui nous avait étreints à la lecture du roman." Quant à la personnalité du réalisateur qui illustra en 1941 avec "La Duchesse de Langeais" le premier dialogue cinématographique de Giraudoux, elle est bien définie par ces lignes de Louis Delluc dans "Cinéma et Cie" (1919) "Baroncelli : n'a qu'un défaut, c'est de n'en pas avoir. Doué remarquablement, il n'a pas encore contrarié ou compliqué ses dons pour les intensifier. Ainsi "Roi de la mer" fut un excellent film au lieu d'être un grand film." En somme, un metteur en scène qui rappelle ces boîtes de peinture qu'on donnait autrefois aux enfants, dont les couleurs étaient garanties sans danger. Et pourtant, à son actif, une large soixantaine de films auxquels manque le charme pénétrant de "Pêcheur d'Islande".
Tout chez lui était raffinement, pudeur et sensibilité. Son talent d'imagier servait admirablement les drames de la mer tel que "Nitchevo" (1926), "Feu !" (1927) et surtout "Veille d'Armes" (1925) et la Camarague à laquelle il est resté fidèle "L'Arlésienne" (1930). Méridional de naissance et frère cadet de l'éleveur de taureaux camarguais Folco de Baroncelli, Jacques de Baroncelli était tout désigné pour tourner cette adaptation de son compatriote Alphone Daudet. Il se faisait d'ailleurs une fête à l'idée d'adapter à l'écran ce classique de la littérature provençale dans les décors qui avaient bercé son enfance. Un engouement qui ne l'empêchait pas pour autant de rester pleinement conscient des difficultés à traduire en images ce texte "périmé" et "trop littéraire". Hélas, le cinéma sonore encore balbutiant ne lui permit pas de réaliser la totalité du film en Camargue, mais seulement quelques scènes muettes. On tourna donc dans les studios de Joinville-le-Pont où le décorateur Robert Gys dut entièrement reconstituer le décor du mas de Rose Mamaï. Le film fut très mal accueilli à sa sortie en salles en septembre 1930. Marcel Carné se lamentait que l'on ai cru "pouvoir tourner impunément cette tragédie rustique en studio (in "Cinémagazine"), octobre 1930).
Jacques de Baroncelli a eut maintes fois l'occasion de venir tourner en Camargue, du "Réveil" (1925) à "Roi de Camargue" (1934), en passant par "Gitanes" (1932). Autant de films qui ont la particularité d'avoir le fidèle Charles Vanel comme interprète. Sur un scénario original de Jacques de Baroncelli, "Feu !" avait déjà fait par ses soins l'objet d'une version muette en 1926, interprétée par Dolly Davis et Charles Vanel. Le film s'inspirait d'un entrefilet publié dans une gazette : alors que la guerre du Rif (1921 -1927) battait son plein, un fait divers relatait l'abandon d'un yacht au large des côtés marocaines. Dix ans plus tard, le cinéaste sacrifiait à une mode assez répandue au début des années trente : le remake parlant des succès du muet. Après "Le Rêve" (1931) et "Nitchevo" (1936), il s'attela donc à "Feu !" à la faveur d'un nouveau contexte géopolitique qui remettait son sujet au goût du jour : en 1937, la guerre d'Espagne redonnait une actualité à la contrebande d'armes en Méditerranée.
Du 31 mars au 20 avril 1939 furent tournés au Soudans (Ségou et Bamako) les extérieurs de "L'Homme du Niger" et ceci dans des conditions particulièrement difficiles. Manquant cruellement de moyens, l'équipe dut réaliser le film -produit par une petite société - dans des conditions matérielles très précaires et, qui plus est, sous une chaleur accablante. Baroncelli avait néanmoins pris soin de s'entourer de comédiens qu'il appréciait : Harry Baur, qui avait déjà été son interprète dès 1916 pour "Le Suicide de Sir Leston", puis pour "Nitchevo", mais aussi Victor Francen avec lequel il avait déjà tourné "Feu !" (1937). "L'Homme du Niger" avait été sélectionné pour représenter la France au 1er Festival de Cannes, en 1939, ajourné pour cause de guerre.
Réalisé juste après une très remarquée "Duchesse de Langeais", "Haut-Le-Vent (1942) d'abord baptisé "Air Natal" est une oeuvre mineure que Baroncelli élabore dans des décors, des thèmes et des collaborateurs familiers. Tourné à Saint-Etienne de Baïgorry dans les Pyrénées-Atlantiques dans des décors naturels proches de son "Ramuntcho" (1918), le film traite une nouvelle fois le thème du retour à la terre déjà illustré dans "Le Retour aux champs" (1918). A la différence près qu'entre-temps le contexte politique a changé et que ce thème a été accaparé par la propagande vichyssoise. Quant à "La Duchesse de Langeais", interprétés par Edwige Feuillère et Pierre Richard-Willm lequel avait noté à ce propos dans ses souvenirs : "Baroncelli, homme charmant et d'une parfaite civilité ne s'occupait absolument pas de nous ! Je veux dire qu'il semblait nous considérer comme des objets de qualité, à qui Giraudoux avait tout dit! Il nous indiquait, l'instant venu, nos places, nos mouvements, nous demandant aimablement "Vous êtes prêts ?" et, après les une ou deux répétitions indispensables de lumière et de son, on tournait. Entièrement responsables de notre jeu, nous restions déroutés et bien perplexes quant au résultat ! Les premiers jours, Edwige, un peu audacieuse que moi, le lui dit. "Mais...c'est très bien, je ne peux pas mieux dire que Giraudoux et que vous-même" Il fallut en prendre son parti!. Après avoir tourné "Les Mystères de Paris" en 1943 et ultime film "Rocambole" (1947. On pourra considérer que "La Duchesse de Langeais" reste avec les drames de la mer, ce que Jacques de Baroncelli aura fait de mieux. Il est mort le 12 janvier 1951 à Paris.
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