Le célèbre comédien français est décédé "dans son sommeil" à l'âge de 93 ans.
C'est un grand nom du cinéma français qui vient de s'éteindre. Ce lundi 4 janvier, Michel Galabru est mort "dans son sommeil" à l'âge de 93 ans selon sa famille. Né le 27 octobre 1922 à Safi au Maroc, il était connu pour sa carrière sur les planches mais également au cinéma, notamment dans Le Juge et l'Assassin, de Bertrand Tavernier, qui lui avait valu le César du meilleur acteur en 1977.
Endeuillé par la mort de sa femme Claude, atteinte de la maladie de Parkinson, en août 2015, et celle de son frère quelques mois plus tôt, l'acteur avait préféré annuler jusqu'à fin janvier les spectacles qu'il devait jouer. L'acteur devait jouer Cancre, un texte autobiographique dans lequel il revenait avec humour sur sa carrière et notamment Louis Jouvet qui fut son professeur au Conservatoire."La vie commence à ne plus m'intéresser, j'ai d'ailleurs songé quelques fois à me supprimer, n'y renonçant que faute de courage" confiait-il à Libération fin novembre.
Connu pour ses rôles comiques, notamment dans La Guerre des Boutons ou dans la saga Le Gendarme à Saint-Tropez, qui le fit connaître du grand public à partir de 1964, Michel Galabru était également passé par la Comédie-Française. Malgré son succès sur grand écran, il n'abandonna jamais le théâtre et obtint même le Molière du meilleur comédien en 2008, à l'âge de 85 ans, pour son rôles dans Les Chaussettes - opus 124.
Les hommages ont inondé les réseaux sociaux, à commencer par celui de la ministre de la Culture Fleur Pellerin : "Michel Galabru portera à jamais dans le coeur des Français l'uniforme singulier d'un humour tendre et populaire. Immense comédien."
Michel Galabru est né le 27 octobre 1927 à Safi au Maroc. Fils d'un professeur de l'Ecole Nationale des Ponts-et-Chaussées, il fit des études médiocres au lycée, n'ayant qu'un rêve : devenir professionnel de football. C'est à Montpellier, en écoutant des disques de Sacha Guitry et d'Yvonne Printemps, que lui vient le goût du théâtre. Il monte à Paris et entre au T.N.P. comme contrôleur. C'est Denis d'Inès qui lui met le pied à l'étrier : deux ans de préparation et trois ans au conservatoire.
Le jeune comédien obtient un premier prix et entre à la Comédie Française le 1er septembre 1950, il y interpréta pendant sept ans des pièces classiques et c'est l'année suivante que Jean Devaivre lui propose un premier rôle au cinéma dans "Ma Femme, ma vache et moi" (1951). Quelque temps plus tard, il se décide à quitter la Comédie Française afin de mieux se consacrer à sa nouvelle carrière théâtrale, on le remarque sur les scènes de boulevard. C'est à cette même période qu'il incarna plusieurs petits rôles dans des films quelconques : "Trois de la Canebière" (1955), "L'increvable" (1958) de Jean Boyer, "Les Affreux" (1959) de Marc Allégret ou "Les Mordus" (1960) de René Jolivet.
Il faut noter quelques autres films non négligeables qui seront des signes avant-coureurs de son talent de comédien tel que "Tartarin de Tarascon" (1962) de et avec Francis Blanche dans une interprétation magistrale; "Les Pieds-nickelés (1964) de Jean-Claude Chambon et surtout la célèbre série des "Gendarmes" de Jean Girault. Dans les différents monologues que l'acteur évoqua dans ces différents "One Man Show", il explique les conditions de son embauche en soulignant que le producteur souhaitait des acteurs "ringards" afin de ne pas trop les payer... on connait la suite, "Le Gendarme de Saint-Tropez" (1964) a laissé place au "Gendarme à New York" (1965) succès assuré, De Funès nouveau grand comique français. Parallèlement, on le voit au théâtre la Bruyère, au vieux Colombier, et à la Madeleine.
"Le Gendarme de Saint-Tropez" est le premier d'une série de quatre : "Le Gendarme à New York" (1965), "Le Gendarme se marie" (1967) et "Le Gendarme en balade" (1969). Jean Girault et ses scénaristes imposaient par la même occasion Louis de Funès, Michel Galabru, Jean Lefebvre et Christian Marin, acteurs qui par la suite allaient devenir des valeurs sûres du cinéma commercial français.
Avec son visage bricolé comme en puisant dans un paquet de marrons et sa voix aux rocailles languedociennes. Second rôle, parfois même silhouette, il est de ceux, les "inoubliables" ou les "excentriques" du cinéma français, qui, par leur seule présence, sauvent un dialogue, une séquence voir tout un film que la médiocrité aurait condamnés à l'oubli. Sa carrière cinématographique lui permit de donner la réplique à quelques-uns des plus grands acteurs français comme "Un soir sur la plage" (1961) de Michel Boisrond avec Martine Carol, "Le Voyage à Biarrtiz" (1962) et "La Cuisine au beurre" (1963) tous deux de Gilles Grangier avec Fernandel et Bourvil, "La sentinelle endormie" (1965) de Jean Dréville avec Noël-Noël et Francis Blanche, "Le Petit Baigneur" (1968) de et avec Robert Dhéry et Louis de Funès, "L'auvergnat et l'autobus" (1968) de Guy Lefranc avec Fernand Raynaud, "Un merveilleux parfum d'oseille" (1969) avec Françoise Rosay....
En 1971, "Le Viager" de Pierre Tchernia, lui ouvre une nouvelle carrière; il aura attendu vingt ans pour que son talent soit enfin reconnu. Soulignons la présence de nombreux comédiens dans ce film réussit de "Monsieur Cinéma" (Michel Serrault, Rosy Varte, Odette Laure, Jean-Pierre Darras). Maintenant on va penser à lui pour des rôles dramatiques : une silhouette très remarquée dans "Section Spéciale" (1975) de Costa-Gavras, et enfin, des premiers rôles, celui du policier pervers dans "Monsieur Balboss" (1974) de Jean Marboeuf et surtout, celui qui va jouer devant Philippe Noiret dans "Le Juge et l'Assassin" (1975) de Bertrand Tavernier qui le consacre meilleur acteur de l'année lors de la remise des César Michel Galabru précise à ce sujet : "Je suis très surpris par ce que Tavernier a sorti de moi, dont je ne me croyais pas capable, sans vanité ni fausse modestie. Par lui, on est mobilisé, avec lui, on est hissé à la hauteur voulue : c'est comme au football, où on ne joue jamais mieux qu'avec de grands joueurs...Et "Le juge et l'assassin", c'est peut-être "Crime et Chatiment" en Ardèche : on a un grand plaisir et une grande peur, en entrant là-dedans...".
En 1973, Michel Galabru retrouve l'univers de Pierre Tchernia dans "Les Gaspards" avec la complicité de Serrault aux côtés de Philippe Noiret et Annie Cordy. C'est en 1978, que Galabru retrouve pour la cinquième fois la fameuse équipe des gendarmes pour "Le Gendarme et les Extra-Terrestres". A partir du moment où un comédien est capable de faire rire, qui est difficile, dit-il, il a forcément des qualités dramatiques." Michel Galabru tourne beaucoup : plus de cent cinquante films depuis le premier...Certains d'entre-eux, reviennent dans nos mémoires, comme "Jo" (1971) de Jean Girault, "Elle cause plus..., elle flingue" (1972) de Michel Audiard, "Quelques Messieurs trop tranquilles" (1972) de Georges Lautner, "La Valise" (1973) "Un linceul n'a pas de poches" (1974) et "L'ibis rouge" de Jean-Pierre Mocky.
Mi-cinéma-Mi-théâtre, cette évidente passion pour le théâtre trouvera à s'exprimer, sur les planches dans "La Femme au boulanger" et "Le Bourgeois gentilhomme" en 86-87. Une passion que Galabru entend perpétuer : en 1985, il achète le Théâtre des Dix Heures pour qu'il serve de tremplin aux jeunes comédiens et auteurs. En 1979, Galabru donna la réplique à Jacques Dutronc et Michel Piccoli dans "Le Mors aux dents" (1979) de Laurent Heynemann. En 1981, c'est Roger Coggio qui lui propose au cinéma, d'être Scapin dans "Les Fourberies de Scapin" puis l'année suivante, grâce au succès des "Fourberies"... il entreprend une adaptation du "Bourgeois Gentilhomme".
Personne à oublier le rôle magistral de Galabru dans "La Cage aux folles" (1975) de Edouard Molinaro aux côtés de Michel Serrault et Ugo Tognazzi, celui avec Romy Schneider dans "Portrait de groupe avec dame" (1976) de Aleksandar Petrovic, ceux de Pascal Thomas dans "Confidences pour confidences" (1978) et "Celles qu'on a pas eues" (1980), mais aussi celui proposé par Dino Risi dans "Je suis photogénique" (1979) En 1980, Galabru tourne à nouveau sous la direction de Tavernier dans "Une semaine de vacances", tourné à Lyon, le réalisateur donna à Michel Galabru un rôle très différent de celui qu'il lui avait confié en 1975 dans "Le juge et l'assassin". Afin d 'étoffer le personnage de Mancheron, Tavernier se servit de certains souvenirs d'enfance de Michel Galabru. Ce film représenta la France au XXXIII ème Festival de Cannes. A noter sa prestation dans "L'été meurtrier" au côté de Isabelle Adjani, rôle inoubliable. Michel Galabru, Richard Bohringer et Dominique Lavanant furent les principaux acteurs de "Kamikaze" (1986), premier long métrage de Didier Grousset, produit par Luc Besson.
Agé de plus de 90 ans, Michel Galabru reste l'un des acteurs préférés des français. Nous lui souhaitons longue vie...
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MICHEL GALABRU, UNE VOIX AUX ROCAILLES LANGUEDOCIENNES