GENE HACKMAN, UN JEU SOBRE ET TRÈS EFFICACE
GENE HACKMAN 1930
Acteur Américain
Gene Hackman est né le 30 janvier 1930 à San Bernardino en Californie. Son enfance se passe à Danville dans l'Illinois. Des problèmes familiaux l'amènent à s'engager dans la marine à l'âge de 16 ans, en trichant sur son âge. Il sert en Chine, au Japon et à Hawaï. A sa libération, il entre à la radio comme assistant puis repart pour la Californie afin d'y suivre des cours d'Art dramatique au Padadena Playhouse.
Au début des années 50, alors qu'il n'était qu'un petit comédien de province encore bien loin d'Hollywood, il allait fréquemment voir les films de Brando. "Je pense que je me suis lancé dans ce métier grâce à lui, déclarera-t'il plus tard. J'avais l'impression d'avoir avec Marlon Brando une sorte de parenté, pas à cause de son allure, mais à cause de quelque chose dans son jeu qui me faisait penser : "Moi aussi, je peux faire ça." Je suis sûr que c'est pour cette raison qu'il a tant d'imitateurs. Les gens voient en lui une sorte de force, qui est en même temps une approche très terre à terre de la vie.
aIl débute dans des théâtres de province et à la télévision dans des séries comme "F.B.I.", "The Defenders" mais aussi "Les Envahisseurs", avant d'obtenir son premier grand rôle au théâtre en 1963 dans "Children from their games" d'Irwin Shaw. La pièce essuie un échec total, mais Gene Hackman se taille un succès personnel immédiat et remporte la Clarence Derwent Award.
Remarqué par Robert Rossen, il obtint son premier rôle important à l'écran dans "Lilith" (1964), dernier film du réalisateur aux côtés de Jean Seberg et Warren Beatty mais aussi dans un autre film réalisé par George Roy Hill : "Hawaï" lorsqu'il fut révélé par "Bonnie and Clyde" (1967). Il aura pourtant fallu être grand devin pour prédire alors qu'il deviendrait l'un des acteurs les plus côtés du box-office américain des années 70, classé en 1972 au troisième rang mondial pour la popularité. Suivre la "percée" de Gene Hackman jusqu'à "French Connection" permet de découvrir une subtile alternance entre rôles sympathiques tel que Buck Barrow ou l'astronaute en détresse des "Naufragés de l'espace" (Marooned,1969) de John Sturges et des personnages déplaisants comme le chef de bande de "La Mutinerie" (Riot,1968) ou le policier corrompu de "Cisco Pike" (1971)
Hackman a toujours paru avoir la quarantaine, et il faut bien dire que son physique est tout à fait quelconque. Un visage comme le sien n'aurait jamais dû lui valoir la célébrité dans un milieu où règnent les Paul Newman, Robert Redford et autre McQueen. Encore que...face aux traditionnels héros hollywoodiens des années 60, tous blonds aux yeux bleus, l'apparence plus massive, le visage plus mûr de Hackman aient été, finalement, des atouts. Mais; même ainsi, cet ancien Marine, un mètre quatre-vingt-huit plus de quatre-vingt dix kilos, aurait autrefois été condamné à jouer les utilités, plutôt que les premiers rôles; comme celui de "Popeye" Doyle dans "French-Connection" (The French Connection,1971) de William Friendkin, avec lequel il conquit ses galons de star. Engagé pour incarner un flic coriace et formé à l'école de la rue, lancé à la poursuite de trafiquants de drogue, Hackman fit son "apprentissage" à Harlem avec Eddie Egan, le policier dont les exploits avaient inspiré le roman que Friedkin portait à l'écran. "C'était à mourir de trouille", dira-t'-il plus tard. Il reprit certaines méthodes de son mentor, comme de pousser un suspect dans une cabine téléphonique pour le maîtriser. Il tint aussi le volant pour les spectaculaires scènes de poursuite en voiture, et refusa constamment d'être doublé lors des prises dangereuses. Malgré la distance que l'acteur s'efforça de garder vis-à-vis de son personnage, le sentiment d'isolement qui faisait dire à Doyle : "Faites jamais confiance à personne" devint l'une des caractéristiques de l'image cinématographique de Hackman.
Arrivé à Hollywood au moment où le star system s'effondrait, Hackman put se rendre compte qu'on n'attachait plus la même importance au "type" physique, qui importait moins que le talent, et, qu'un homme d'âge moyen, il avait trente-sept ans au moment de "Bonnie and Clyde", n'était pas forcément voué aux personnages secondaires.
Au départ, son image d'"homme ordinaire" lui permit de travailler sans problèmes pendant les quatre années qui séparent "Bonnie and Clyde" de "French Connection". Francis Ford Coppola devait plus tard expliquer les raisons de son choix de l'acteur pour "Conversation secrète" (The Conversation,1974) : "Hackman était idéal pour ce rôle parce qu'il a une allure tout à fait quelconque, et c'était la caractéristique la plus importante du personnage." Il était un spécialiste des écoutes qui surprend une conversation sur la préparation d'un meurtre. Mais tout s'inverse au cours du récit, et c'est sa propre vie privée qui se trouve menacée, le menant droit à la paranoïa. Le film est sorti en plein Watergate, et c'est ce qui a décidé de son succès, mais l'interprétation de Hackman, alors âgé de quarante-quatre ans, en fut aussi un facteur essentiel. Son visage neutre, sa conduite obsessionnelle mais, en apparence, parfaitement normale, lui permirent d'exprimer l'anxiété d'un homme d'âge mûr dépassé par les évènements et piégé par sa propre technologie. "Harry Caul" incarne la peur et la solitude qui étaient le lot de tous les conspirateurs américains de cette époque : non seulement les "plombiers" de Nixon, mais aussi les membres de la CIA et les grands hommes d'affaire dont les coups fourrés étaient peu à peu étalés au grand jour.
Hackman ne garde pas grand souvenir des films qu'il a tournés avant de devenir un acteur confirmé, mais c'est une période où l'on peut relever deux remarquables créations; celle de l'entraîneur d'une équipe de ski dans "La Descente infernale" (Downhill Racer,1969) de Michael Ritchie, et le fils contraint de s'occuper de son vieux père incarné par Melvyn Douglas dans "I Never Sang for My Father" (1970).
Les rapports d'Eugene Hackman et de son père prirent fin lorsqu'il était adolescent; ses parents divorcèrent et sa mère l'emmena à Danville, dans l'Illinois. C'est un détail biographique qu'on retrouve curieusement, dans le scénario écrit par Alan Sharp pour "La Fugue" (Night Moves,1975) d'Arthur Penn, où Hackman joue le rôle de Harry Moseby, que beaucoup considèrent comme sa meilleure interprétation. C'est cette même année, qu'il accepte de tourner une suite à "French Connection" "(No 2)". Le succès public et critique remporté en 1971, appelait cette suite, où l'on retrouve les deux adversaires, Doyle et Charnier (Fernando Rey), dans un contexte différent, réalisé par John Frankenheimer.
Hackman parle sans détour de son style de jeu. Il a déclaré lors d'une interview : "Il y a un peu de moi dans tous les rôles que je joue. Trouver ce petit quelque chose, le développer, c'est ça l'art du comédien." Défintion peut-être sommaire, mais qui témoigne d'une attitude lucide et consciencieuse, tranchant avec les mystifications dont les acteurs sont coutumiers lorsqu'ils parlent de leur travail. Hackman reconnaît qu'il peut réfléchir des jours durant à un nouveau rôle, mais sans jamais "devenir" le personnage. "Je me contente de vivre avec lui", précise-t'il.
Entre-temps, trois films avaient permis d'asseoir la popularité d'Hackman. "L'Aventure du Poséidon" (The Poseidon Adventure,1972) de Ronald Neame avec Ernest Borgnine, Shelley Winters ou Roddy McDowall lui permit d'interpréter un prêtre assez peu orthodoxe, s'efforçant de sauver les passagers d'un bateau submergé, mais résolu à aider "les gagnants, pas les perdants". Dans "L'Epouvantail" (Scarecrow,1973) de Jerry Schatzberg, il incarnait un clochard égocentrique, rêvant de posséder sa propre station de lavage de voitures, le film obtint la Palme d'Or au Festival de Cannes 1973. Dans "Zandy's Bride" (1974), il était l'époux égoïste et brutal de Liv Ullmann.
A ce rôle tout en nuances, succéda celui du détective privé de "La Fugue" avec lequel Hackman passait d'un "Harry" à l'autre. Engagé par la veuve d'un magnat du cinéma pour retrouver sa fille, Harry Moseby évolue dans un univers où tout s'écroule, y compris son propre mariage, où tout est truqué : la recherche de la jeune femme permet de découvrir une affaire de meurtre et de vol. Il s'y empêtre jusqu'au moment où pris au piège, il lui devient impossible de dominer les multiples rebondissements de l'intrigue. Le jeu de Hackman est construit sur une série de ruptures de ton, de la tendresse à la colère aveugle, de la clairvoyance à la confusion, qui font de Moseby un personnage digne des héros du film noir des années 40. Le caractère profondément dérangeant de "La fugue" tient à cette tension entre une structure policière classique et ce sentiment d'incertitude typique de l'Amérique d'après le Watergate...
C'est à peu près à la même époque que Hackman fit une étonnant apparition dans "Frankenstein Junior" (Young Frankenstein,1974) de Mel Brooks : il y joue le vieil ermite aveugle qui recueille le monstre dans sa modeste retraite, et lui renverse par inadvertance de la soupe bouillante sur les genoux... "Dans "La Chevauchée sauvage" (Bite the Bullet,1975) de Richard Brooks, il campe un cow-boy désabusé, lancé dans une longue course à cheval contre son rival (James Coburn). Pour changer d'image, Hackman accepte ensuite le rôle du major Foster, Américain engagé dans la Légion étrangère, dans "Il était une fois...la Légion" (March or Die,1977). On le retrouve sous l'uniforme le temps de quelques séquences, qui lui valurent de substanciels revenus, dans le colossal "Un Pont trop loin" (A Bridge too Far,1977) de Sir Richard Attenborough avec une pléiade d'acteurs internationaux... A noter sa prestation dans l'un des derniers films réalisés par Stanley Kramer avec "La Théorie des dominos" (The Domino Principle,1977).
Ses admirateurs ont diversement apprécia sa prestation dans "Superman" (1978) de Richard Donner, le nom de Hackman viendra jusste après celui de Brando au générique...Cela ne lui empêchera pas de faire la suite "Superman II" (1980) où il incarne le...super-criminel Lex Luthor. Il semble pourtant que son talent comique, trop peu employé, ait séduit Richard Lester, réalisateur du deuxième volet de la série. Les années 80 s'ouvrent sur la reprise dans "Superman II", "Superman IV", en dépit de la fréquence de ses apparitions à l'écran (environ trois films par an) l'acteur réussit à maintenir un excellent niveau de qualité. Si le couple qu'il forme avec Barbra Streisand dans "La vie en mauve" (All Night Long,1981) de Jean-Louis Tramont paraît assez improbable, son idylle émouvante avec une femme plus jeune que lui (Ann Margret) dans "Soleil d'automne" (Twice in a Lifetime,1985) emporte l'adhésion.
Acteur éclectique, il se montre aussi à l'aise dans la fresque historique "Reds" (1981) réalisé par Warren Beatty, qui fut son partenaire dans "Lilith", que dans le film de sport "Le Grand défi" (Hossiers,1986), en entraîneur d'une équipe de basketball, le mélodrame "Besoin d'amour" (Misunderstood,1984) de Jerry Schatzberg, remake de "L'incompris" de Luigi Comencini, où il reprend le rôle tenu par Anthony Quayle près de vingt ans auparavant, le film de guerre "Retour vers l'enfer"(Uncommon Valor,1984) de Ted Kotcheff au côté de Robert Stack ou d'espionnage "Target" (1985) d'Arthur Penn avec Matt Dillon et surtout le thriller politico-social "Les Coulisses du pouvoir" (Power,1986) de Sidney Lumet, "Sens unique" (No Way Out,1987) de Roger Donaldson avec Kevin Costner, genre dans lequel son sens de la nuance et son humanité apportent une richesse psychologique et une profondeur inattendues.
1988 s'avère pour lui une année particulièrement chargée, avec cinq sorties, dont un film de Woody Allen "Une autre femme" (Another Woman,1988) et "Mississippi Burning" d'Alan Parker, où son rôle d'ex-shérif d'une petite ville du Sud devenu agent du FBI lui vaut une nomination à l'Oscar. Poussé par Warren Beatty, son admirateur inconditionnel, il envisage de se lancer dans la mise en scène et, pour cela, achète les droits du "Silence des agneaux". Il renonce toutefois à le réaliser, trouvant le sujet trop violent. En 1990, il a pour partenaire Anne Archer dans "Le Seul témoin" (Narrow Margin), solide remake par Peter Hyams d'un film de Richard Fleischer datant de 1952, "L'énigme du Chicago-Express".
En 1990, Gene Hackman se voit décerner le titre d'acteur le plus employé des cinq dernières années. A la fin de l'année, il est victime d'un infarctus et doit subir une opération cardiaque. Après un bref temps de repos, il reprend ses activités sur un tempo moins frénétique, mais avec d'autant plus de discernement. Avocat intègre opposé, sur le plan privé et professionnel, à sa propre fille interprétée par Mary Elizabeth Mastrantonio dans "Class Action", shérif vicieux et corrompu dans "Impitoyable" (Unforgiven,1992) de Clint Eastwood, qui lui vaudra son deuxième Oscar, celui du Meilleur Second Rôle Masculin ou complice repentant d'un cabinet juridique aux activités frauduleuses dans "La Firme" (The Firm,1993), tous ces rôles témoignent d'un extraordinaire talent encore bonifié par la maturité. En 2004, Gene Hackaman met un terme à sa carrière cinématographique, après avoir été Nicholas Earp dans "Wyatt Earp" (1994) aux côtés de Kevin Costner et Dennis Quaid, un condamné dans "L'héritage de la haine" (The Chamber,1996) ou "La famille Tenenbaum" (The Royal Tenebaums,2001) de Wes Anderson et même avec Danny DeVito dans "Braquages" (Heist,2001).
1964
1966
1967
1968
La Mutinerie - 1968
Les Naufragés de l'espace -
1971
1972
Carnage - 1972 de Michael Ritchie
L'Aventure du Poséidon - 1972
L'épouvantail - 1973 de Jerry Schatzberg
Opening Scene - Scarecrow; by Jerry Schatzberg (1973)
1974 - 1975
1976 - 1978
Il était une fois la Légion
1980 - 1985
Retour vers l'enfer - 1983
Une autre femme - 1988
Opération crépuscule - 1989
1990 - 1991
1992 - 1993
La Firme - 1993
1994 - 1995
Mort ou Vif - 1995
USS Alabama - 1995
1996 - 1998
L'Héritage de la haine - 1996
L'Heure magique - 1998
2000 -
Braquages - 2001
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