SIMONE SIGNORET DE CASQUE D'OR A LA VIE DEVANT SOI
SIMONE SIGNORET 1921 - 1985
Actrice, Ecrivain Française
"Je ne peux pas jurer que j'ai été d'une sincérité totale en affirmant que je n'ai pas de nostalgie. J'ai peut-être la nostalgie de la mémoire partagée"...Simone Signoret
Simone Signoret aura été la seule actrice française à recevoir l'Oscar de la Meilleure Actrice à Hollywood pour "Les Chemins de la Haute-Ville" de Jack Clayton avec Laurence Harvey. Depuis 2006, Marion Cotillard a succèdé à l'immense actrice qu'était Simone, en obtenant l'Oscar de la Meilleure Actrice pour "La Môme". Quelques années auparavant c'est Juliette Binoche qui l'avait obtenu pour le Meilleur second rôle féminin dans "Le Patient Anglais".
Simone signoret se fait remarquer dans "Manèges" d'Yves Allégret aux côtés de Bernard Blier (qui débute des premiers rôles au cinéma après avoir été pendant des années un second rôle) et Jane Marken. C'est le début d'une grande aventure cinématographique où le public la réclame avec le temps comme la plus grande actrice française. Ses plus grands films : "La Ronde" de Max Ophüls, "Casque d'or" de Jacques Becker avec Serge Reggiani et Raymond Bussières, "L'Impasse des Deux Anges" de Maurice Tourneur, "Thérèse Raquin" de Marcel Carné avec Raf Vallone, Jacques Duby et Sylvie, "Les Diaboliques" de Clouzot avec Paul Meurisse, Charles Vanel, Vera Clouzot, Pierre Larquey et Michel Serrault, "La Mort en ce jardin" de Luis Bunuel, "Les Chemins de la Haute-Ville" de Jack Clayton, "Le Jour et l'heure" de René Clément, "Compartiments tueurs" de Costa-Gavras, "L'Armée des ombres" de Jean-Pierre Melville avec Lino Ventura, Paul Meurisse, Jean-Pierre Cassel, "L'aveu" de Costa-Gavras avec Yves Montand, "Le Chat" de Pierre Granier-Deferre avec Jean Gabin, "La Veuve Couderc" de Pierre Granier Deferre avec Alain Delon, Jean Tissier "La Chair de l'Orchidée" de Patrice Chéreau, "Police Python 357" d'Alain Corneau, "La Vie devant soi" de Moshe Mizrahi, "Chère inconnue" de Moshé Mizrahi, et "L'étoile du Nord" de Granier Deferre. Le 30 septembre 1985 disparaissaît l'une de nos plus grandes actrices françaises, vingt cinq ans ont passé depuis, elle reste dans toutes les mémoires... Une petite pensée également à Rock Hudson, Yul Brynner et Orson Welles dont la date d'anniversaire de leurs disparitions sont similaires.
Actrice Française, née Simone Kaminker, le 25 mars 1921, à Wiesbaden en Allemagne. Elle décède le 30 septembre 1985, à l'âge de 64 ans, dans sa propriété d'Autheuil-Anthouillet. Elle fait des études classiques et obtient ses deux bacs. Quand, pendant la guerre, son père qui est juif à rejoint l'Angleterre, laissant femme et enfants sans ressources. Simone doit travailler. Curieusement, elle trouvera son premier emploi comme secrétaire de Jean Luchaire, journaliste ultra-collaborationniste (il sera fusillé après la Libération) qu'on appelle le "führer" de la presse parisienne et qui dirige "Les Nouveaux Temps" où Simone va travailler environ un an. C'est un premier contact indirect avec le monde parisien et même avec le cinéma, car son patron est le père de la jeune vedette alors très célèbre, Corinne Luchaire, et lui-même choisit volontiers ses nombreuses maîtresses parmi les jeunes actrices de l'écran.
En 1941, Simone rencontre plus directement le cinéma en décidant de faire de la figuration pour arrondir ses fins de mois. Jean Boyer lui donne un tout petit rôle en 1942 dans "Le Prince charmant" où Lucien Barroux et Renée Faure avaient le premier rôle. Elle apparaît jusqu'à la Libération dans une demi-douzaine de films, dont "Les Visiteurs du Soir" (1942) de Marcel Carné, où sa beauté éclatante frappe Arletty et "Adieu Léonard" (1942) de Pierre Prévert, où elle se lie avec la bande des frères Prévert, qui colonise depuis longtemps Saint-Germain des Prés. Mais ses apparitions demeurent aussi fugitives qu'anonymes. "C'est une école merveilleuse, dira t'elle plus tard, parce que pour l'amour propre c'est extrêmement douloureux..." On l'aperçoit furtivement dans "Les Enfants du Paradis" (1944) de Marcel Carné, considéré comme la plus grande oeuvre de l'histoire du cinéma français.
Elle poursuit sa carrière cinématographique avec des rôles un tout petit plus importants dans "Béatrice devant le désir" (1943) de Jean de Marguenat avec Fernand Ledoux, Jules Berry et Renée Faure. Mais aussi "La Boîte aux rêves" (1945) d'Yves Allégret et "Le Couple idéal" (1945) de Bernard Rollan et Raymond Rouleau. Simone obtient son premier grand rôle dans "Les Démons de l'aube" (1946), un film de guerre réalisé par Yves Allégret qu'elle épouse la même année et dont elle a une fille, Catherine, en 1946. Simone Signoret obtient le Prix Suzanne Bianchetti, et la carrière de Simone démarre mieux que celle d'Yves. Tandis qu'elle triomphe successivement dans "Macadam" (1946) dernier film de Jacques Feyder (en tant que superviseur seulement) aux côtés de Françoise Rosay et Paul Meurisse.
Sa connaissance de l'anglais lui permet d'aller tourner à Londres, la même année, "Les Guerriers dans l'ombre" (Against the World, 1947) réalisé par un maître incontesté du cinéma britannique Charles Crichton. Entre-temps, Jean Sacha avait mise en scène une nouvelle version de "Fantomas" (1947) incarné par Marcel Herrand, quant à Simone Signoret elle y jouait le rôle d'Hélène et l'inspecteur Juve sous les traits d'Alexandre Rignault. Il faut souligner les dialogues signés par Françoise Giroud.
"Les Guerriers dans l'ombre" (Against The Wind, 1947)
Après le succés considérable de "Dédée d'Anvers" (1947) qui reprenait les vieux clichés d'avant guerre (filles, marins et ports d'Europe, chers à Mac Orlan), Yves Allegret tourne un nouveau film, très noir et d'une belle vigueur, avec sa femme : "Manèges" (1949), bâti entièrement sur des retours en arrière et la construction dramatique du film nous découvre l'histoire par une narration, mais par une suite de scènes révélant les pensées des divers personnages, ou les moments qu'ils ont vécu, mais qu'ils racontent différemment. "Manèges" est un des rares films sans musique. Il faut également souligner la performance des trois principaux interprètes : Simone Signoret, Bernard Blier et Jane Marken.
Ce fut également le dernier film du couple Allégret - Signoret puisque la même année, la jeune actrice et le chanteur à succès Yves Montand ont fait connaissance et ont très vite décidé d'unir leurs existences. C'était le début d'une longue histoire, promise à un bel avenir. Elle divorce d'Yves Allégret en 1949 et épouse Yves Montand le 22 décembre 1951 à Saint-Paul de Vence.
La filmographie de Simone Signoret montre bien que, dans la période qui suit, elle a l'esprit ailleurs et il faudra attendre "Casque d'or" (1952) de Jacques Becker, son plus beau rôle, pour la voir renouer avec le succès. Le premier tour de manivelle fut donné le 24 septembre 1951. Ce chef d'oeuvre reste l'un des films les plus célèbres (Prix de l'Académie Award à Londres en 1953. Entre-temps, Simone avait participé au tournage du film de Max Ophüls : "La Ronde" (1950) au côté de Gérard Philipe. Ce long métrage reçut le Prix du meilleur scénario 1950 à la Biennale de Venise.
Après "Casque d'or", Simone Signoret tourne moins, mais toujours dans des films importants. "Thérèse Raquin" (1953) sous la direction de Marcel Carné avec Raf Vallone, Jacques Duby et Sylvie. A propos de ce film qui obtint le Lion d'Argent au Festival de Venise 1953, Marcel Carné déclara : "On a toujours des scrupules à toucher à l'oeuvre d'un grand écrivain. Mais nous avons le droit de modifier cette oeuvre pour l'adapter au cinéma. D'ailleurs, Zola lui-même justifia ce genre d'entreprise par la préface qu'il écrivit pour son adaptation théâtrale". Quant à Simone, elle déclara : "Le personnage présentait pour moi un énorme intérêt, mais des écueils aussi; il est si différent de ceux que j'ai interprétés jusqu'ici, à commencer par le milieu socila auquel appartier Thérèse, celui de la petite bourgeoisie la plus médiocre. Thérèse est une "déplacée". Elle n'a pas trouvé son milieu en naissant. Elle existe mais ne vit pas. Jusqu'au jour où elle rencontre Laurent, et alors tout change en elle. Et cette métamorphose de l'être profond de Thérèse, je me garde bien de l'exprimer extérieurement, par une modification de mon aspect physique" (Simone Signoret)
Ce sont "Les Diaboliques" (1954) d'Henri-Georges Clouzot qui lui apporte de grandes satisfactions personnelles. Elle y incarne la maîtresse de Paul Meurisse, lui-même marié à la directrice du pensionnat Vera Clouzot. Quant à Charles Vanel, il n'interviendra qu'au moment de la disparition du directeur de l'établissement...Une oeuvre magistrale qui conforte les capacités de Simone Signoret à incarner des personnages troublants.
Elle donne la réplique à Georges Marchal, Michel Piccoli et Charles Vanel dans "La Mort en ce jardin" (1956) du réalisateur Luis Bunuel. Cette même année et pour la première fois, Yves Montand et Simone Signoret tournent dans le même film; c'est l'adaptation par Jean-Paul Sartre de la fameuse pièce d'Arthur Miller (le mari de Marilyn Monroe), "Les Sorcières de Salem". La réalisation de Raymond Rouleau n'est pas tout à fait à la hauteur, mais avec une telle affiche le film attire tout de même les spectateurs. C'est à cette même période que le couple Montand-Signoret font le fameux voyage politico-artistique en Union Soviétique peu après les évènements de Budapest.
Simone accepter de tourner à Londres et en anglais "Les Chemins de la Haute-Ville" (1958) de Jack Clayton aux côtés de Laurence Harvey. Pour son rôle d'épouse frustrée, elle obtiendra le Prix de la Meilleure interprétation Féminine à Cannes, en 1959 et l'Oscar de la Meilleure Actrice, à Hollywood, en 1959. Elle fut nominée en compagnie de Katharine Hepburn, Audrey Hepburn, Doris Day et Elizabeth Taylor. Ce fut Rock Hudson qui lui remit son prix, c'est la consacrécration internationale. Sa carrière est alors à son apogée.
En 1960, celle de Montand marque un peu le pas, il tourne "Le Milliardaire" avec Marilyn Monroe, c'est la période ambigue entre le mythe Monroe et l'acteur-chanteur. Très vite les journaux rapportent qu'entre Marilyn et Montand, les rapports ont cessé d'être strictement professionnels, et bientôt la presse du monde entier est pleine d'articles sur cette nouvelle idylle qui passionne l'opinion publique, comme aux plus beaux jours du Hollywood de jadis. C'est une période difficile pour Simone Signoret, qui la traverse avec beaucoup de dignité, avec aussi semble-t'il, l'assurance de celle qui est certaine d'avoir le dernier mot. Cette rivale trop éclatante, dont l'instabilité et les nombreux caprices sont célèbres, et qui n'a plus que deux ans à vivre, elle ne va pas tarder, en effet, à s'éffacer et à disparaître, rapide comme une apparition, de la vie du couple français, à qui, en fin de compte, Hollywood n'aura guère réussi.
Simone Signoret reste paradoxalement près de deux ans sans tourner. Mais elle s'engage sur un plan politique. C'est le début de la guerre d'Algérie, elle sera aux côtés de Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir, André Breton, Marguerite Duras, Claude Sautet, Alain Resnais, une des signataires du fameux manifeste des 121 (sur le droit à l'insoumission).
Sa carrière prend un virage définitif avec son interprétation du personnage de Roberte dans "Les Mauvais coups" (1960) réalisé par François Leterrier, d'après le roman de Roger Vailland, elle n'hésite pas à y jouer un personnage plus âgé qu'elle. Il s'agissait du premier long métrage de celui qui incarna avec brio "Un Condamné à mort s'est échappé" de Robert Bresson.
Enormément sollicité à l'étranger, elle tourne en Italie, à Hollywood et en Angleterre. En 1962, elle traduit elle-même "Les Petits Renards" (Little Foxes) de Lilian Hellman et le joue au théâtre à Paris. En 1966, elle joue "Macbeth" en anglais à Londres. Après avoir donné la réplique à Stuart Whitman dans "Le jour et l'heure" (1963) orchestré par René Clément, Simone enchaîne avec "Dragées au poivre" (1963) de Jacques Baratier avec une pléiade d'acteurs : Guy Bedos, Sophie Daumier, Jean-Pierre Marielle, Jacques Dufilho, Sophie Desmarets, Jean-Paul Belmondo, Claude Brasseur, Anna Karina, Marina Vlady, Francis Blanche, Monica Vitti, Jean Richard, François Périer, Jean-Marc Bory, Roger Vadim, Alexandra Stewart, Georges Wilson et Andréa Parisy.
En 1965, Simone Signoret et Yves Montand se retrouvent ensemble à l'affiche du premier film d'un jeune cinéaste promis à un bel avenir : "Compartiment tueurs" (1965) de Costa-Gavras avec Michel Piccoli, Jacques Perrin, Catherine Allégret, Jean-Louis Trintignant, Pierre Mondy, Charles Denner, Georges Géret... Ces retrouvailles cinématographiques du couple Signoret-Montand ne faisaient que consacrer celles qui s'étaient produites dans la vie depuis longtemps. Malgré cela, les deux vedettes continuent de tourner très rarement ensemble, et il faudra attendre que le même metteur en scène les réunisse encore une fois dans "L'Aveu" en 1970. A noter aussi que pour la première fois Simone Signoret partageait l'affiche avec sa fille, Catherine Allégret dans "Compartiments tueurs".
Comme indiqué auparavant, par un curieux chassé-croisé, comme leur vie en a en a beaucoup compté, c'est maintenant Simone Signoret qui tourne à son tour à Hollywood. Cette nouvelle carrière est d'ailleurs assez décevante: ni "La Nef des fous" (Ship of fools, 1965) de Stanley Kramer avec Vivien Leigh, José Ferrer et Lee Marvin, ni "M 15 demande protection" (The Deadly Affair, 1967) avec James Mason et Maximilien Schell ou "La Mouette" (The Seagull, 1968) tous les deux de Sidney Lumet, n'ajoutent grand-chose à la gloire de la vedette de "Casque d'or". Il lui faudra revenir en France pour retrouver de bons rôles et de bons films, tels que "L'Armée des Ombres" (1969) réalisé par Jean-Pierre Melville avec Lino Ventura, Paul Meurisse, Jean-Pierre Cassel, Christian Barbier, Paul Crauchet et Serge Reggiani.
Simone Signoret a vieilli et cela se remarque, mais cela ne l'empêche pas d'obtenir de grands rôles mémorables. A partir des années 70, sa carrière va prendre une nouvelle orientation. Très changée physiquement, alourdie et vieillie prématurément, Simone Signoret, qui ne rappelle plus la jeune beauté de "Dédée d'Anvers", va se consacrer à des rôles de composition, dans des films de valeur inégale, où il lui arrive de succomber à la tentation de jouer les monstres sacrés : "Le Chat" (1971) de Pierre Granier-Deferre avec Jean Gabin
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