HARRY BAUR
Acteur Français
Harry Baur est né à Paris le 12 avril 1880, de parents catholiques alsaciens. Son père était originaire de Mulhouse, sa mère de Bitche en Moselle. Ses parent furent ruinés, deux homme armées pénètrèrent dans la boutique, et fit main basse sur les bijoux et s'enfuirent. Les Baur étaient ruiné et furent contraints de prendre un appartement moins onéreux au Cour de Vincennes, puis un logis plus modeste au boulevard Blanqui.
Le père d'Harry Baur meurt alors qu'il n'avait que dix ans.Des études secondaires au collège de Saint-Nazaire, École d'Hydrographie à Marseille, Harry Baur exerça temporairement plusieurs métiers colporteur,charretier, tresseur de courrones mortuaires, fabricant de fleurs artificielles…
(Harry Baur avec une croix au-dessus de la tête)
Avec le temps, Harry Baur parvint à décrocher un premier engagement à la « Comédie Mondaine » dans « Le Filleul du 31 », puis des premiers prix de tragédie " Le Cid " et de comédie " L'Avare " au Conservatoire de Marseille, service militaire au Mans. Devient le secrétaire de Mounet-Sully et joue, à partir de 1904, dans de nombreux théâtres parisiens : Comédie Mondaine, Grand Guignol, Palais-Royal, Mathurins, puis chez Gémier et Antoine. Réformé en 1914, à la suite d'un début de paralysie faciale, continue de jouer à la Gaîté-Lyrique, à l'Ambigu, à la Porte Saint-Martin, au Gymnase, à l'Édouard VII, aux Variétés, etc. Tient notamment le rôle de César à la création de " Fanny " de Marcel Pagnol. Il collabore à la rubrique cinématographique du " Crapouillot ", signant parfois du pseudonyme d'Orido de Fhair
L’année 1911,marquera le changement, Harry Baur avait pris du poids tant dans la variété de ses emplois mais aussi physiquement.
Entre 1909 et 1914, Harry Baur interpréta près de trente films muets dont notamment dans « LA LÉGENDE DU BON CHEVALIER « de Victorin Jasset,(1909), « L'ÉVASION DE VIDOCQ », « LA FILLE DES CHIFFONNIERS » avec Mistinguett, « LE SUICIDE DE LORD STILSON, » « SHYLOCK », « L'AME DU BRONZE », « LA VOYANTE » avec Sarah Bernhardt (1923).
Tout cela hélas n’a guère laissée de traces dans les mémoires ni même dans les cinémathèques. Sa véritable carrière cinématographique commence en 1930, par un grand succès du cinéaste Julien Duvivier « DAVID GOLDER » ou il incarne magnifiquement un banquier juif trahi. Ce film révéla la puissance de jeu d’Harry Baur. Sa création de « David Golder » le classa d’un seul coup parmi les grandes vedettes françaises.Le comédien tournera plusieurs de ses meilleurs films avec Julien Duvivier
DAVID GOLDER de Julien Duvivier (1931)
Dirigé par des metteurs en scène aussi différents que Duvivier, Raymond Bernard, Gance, L'Herbier, Chenal, Robert Siodmak, Maurice Tourneur, il campera, avec la même aisance, le père Lepic de "POIL DE CAROTTE", le commissaire Maigret, Jean Valjean, le juge Porphyre de "CRIME ET CHATIMENT", Hérode, Tarass Boulba, Beethoven, le capitaine Mollenard, le tsar Paul Ier, Raspoutine, Volpone. " Quand je joue, disait-il, seul existe pour moi et en moi le personnage que j'incarne.
Le comédien avait débuté en 1931 dans un film parlant, tourné en Angleterrea "LE CAP PERDU ".
En 1931, au studio de Courbevoie fut tourné le film "LE JUIF POLONAIS" du réalisateur Jean Kemm, qui ne connut aucun succès.
LE JUIF POLONAIS (1931) de Jean Kemm
CRIMINEL (1932) de Jack Forrester
Suivront trois films de Duvivier "LES CINQ GENTLEMEN MAUDITS " (1932) avec René Lefèvre et Robert Le Vigan, "POIL DE CAROTTE " avec Robert Lynen , d’après le célèbre roman de Jules Renard ou Harry Baur fait du personnage de Monsieur Lepic, une composition inoubliable au côté du jeune Robert Lynen (qui fut fusillé par les allemands le 1er avril 1944), et "LA TETE D’UN HOMME " avec Gina Manès., il s’agit d’un des premiers Simenon portés à l’ecran dans lequel il incarne le commissaire Maigret, sûrement le meilleur Maigret au Cinéma…
LES 5 GENTLEMEN MAUDITS (1932) de Julien Duvivier
POIL DE CAROTTE (1932) de Julien Duvivier avec Robert Lynen
LA TETE D'UN HOMME (1932) de Julien Duvivier
1933, le jeune cinéaste Anatole Litvak tourne "CETTE VIEILLE CANAILLE" il retrouvera par la suite ¨dans un autre générique Pierre Blanchar,
CETTE VIEILLE CANAILLE (1933) d'Anatole Litvak
puis Henri-Diamant-Berger l’engage pour la première version parlante des « TROIS MOUSQUETAIRES ».
LES TROIS MOUSQUETAIRES (1933) d'Henri Diamant-Berger
1934, marque l’année de la trilogie de Raymond Bernard « LES MISERABLES » qui resteront à jamais gravés dans la mémoire des cinéphiles son rôle le plus célèbre et le plus réuissi en Jean Valjean, une distribution de premier plan, Charles Vanel en Javert, Charles Dullin en Thénardier, il y avait aussi Jean Servais ou Florelle.
Les Misérables (1934) de Raymond Bernard
Cette même année, Harry Baur fut la vedette principale de différents films qui n’eurent pas le même succès escompté, « UN HOMME EN OR » du célèbre cinéaste Jean Dréville, « LE GRELUCHON DELICAT » de Jean Choux ou "ROTHSCHILD "en 1934.
UN HOMME EN OR (1934) de Jean Dreville
Dans « LES NUITS MOSCOVITES » inspiré d’un roman de Pierre Benoit,Harry Baur incarné un marchand de blé russe, brutal, grossier mais riche..il donna la réplique à Annabella et Pierre-Richard Wilm, il y eu deux versions, l’une réalisée par Alexis Granowski et l’autre, l’année suivante par Anthony Asquith. Baur n’était pas familier de la langue anglaise. La presse anglaise fit remarquer que ce film était l’un des meilleurs de la saison passée. Le succès du film incita les producteurs de films à n’offrir que des rôles de russes au comédien. Il eut bien du mal à s’en défaire par la suite …
LES NUITS MOSCOVITES (1934) d'Alexis Granowski
En 1935, il interprète le juge Porphyre de « CRIME ET CHATIMENT » de Pierre Chenal ;d’après le roman de Dostoievski, le face à face avec Pierre Blanchar fut remarquable,.le film fut un grand succès commercial.
CRIME ET CHATIMENT (1935) de Pierre Chenal
Mais bien d’autres cinéastes que celui de « GOLGOTHA » (1935) (il n’eut qu’un rôle épisodique) recoururent au grand talent d’Harry Baur. Ils lui confièrent généralement des rôles de composition, le plus souvent dans des « films à costumes » eux-mêmes inspirés de la littérature. L’art du grimage du grand comédien pouvait s’y donner libre cours et par goût du pittoresque, il lui arrivait parfois (tout comme Raimu) de changer un peu sa composition.
Harry Baur et Simone Simon ont été les protagonistes du film « LES YEUX NOIRS » suivi de « TARASS BOULBA » (1936) avec Jean-Pierre Aumont et Danielle Darrieux, qui formula dans ses mémoires n’avoir jamais rencontré Harry baur dans le film.. !La composition de Baur fut l’une des plus prodigieuses de sa carrière cinématographique.
Il enchaîna avec « LE GOLEM » puis « LES HOMMES NOUVEAUX » (1937) de Marcel L’Herbier ou l'on peut apercevoir le jeune Jean Marais dans un plan qui n’excède pas dix secondes.
LE GOLEM (1936) de Julien Duvivier
Le cinéaste Maurice Touneur tourne « SAMSON » aux côtéx de Gaby Morlay et André Luguet, un drame de l’adultère et du pouvoir de l’argent. Gaby Morlay et Harry Baur forment un couple d’interprètes dont les silences sont aussi éloquents que les paroles.
SAMSON (1936) de Maurice Tourneur
avec Maurice Tourneur, Gaby Morlay et Harry Baur
Abel Gance lui fournit un rôle admirable dans un chef d’œuvre un peu méconnu « UN GRAND AMOUR DE BEETHOVEN » (1937) ou il donne une vision puissante et inspirée du grand compositeur.
« UN CARNET DE BAL » est parait-il un film amer, triste, désabusé, il s’agit du premier et plus célèbre film à sketches français, Harry Baur fut un moine dominicain, eclipsé par Raimu et Louis Jouvet. Le succès du film fut rettentissant et récompensé par la Coupe « Mussolini » du meilleur film etranger à la Biennale de Venise !.Il constitue aussi par son affiche qui réunit les plus grands comédiens d’avant-guerre.
« MOLLENARD » figure parmi les meilleurs films de la période avant guerre et un grand rôle pour le comédien Harry Baur qui fut victime d’une attaque cardiaque sans gravité toutefois. Le jeune acteur Robert Lynen incarnait à nouveau le fils d’ Harry Baur.
MOLLENARD (1938) de Robert Siodmak
Avec « LA TRAGEDIE IMPERIALE » (1937) de Marcel L’Herbier, Harry Baur devient un Raspoutine plus vrai que nature avant de devenir le Tsar Paul 1er dans « LE PATRIOTE » (1938) de Maurice Tourneur aux côtés de Pierre Renoir et Josette Day.
LE GOLEM (1936) de Julien Duvivier
PARIS (1936) de Jean Choux
SARATI LE TERRIBLE (1938) d' André Hugon (Photo du haut)
LA TRAGEDIE IMPERIALE (1938) de Marcel L'herbier (Photo du bas)
Les extérieurs de « L’HOMME DU NIGER » furent tournés au Soudan entre mars et avril 1939 et ceci dans des conditions difficiles. Le film fut selectionné pour représenter la France au 1er Festival de Cannes en 1939, ajourné pour cause de guerre.
L'HOMME DU NIGER (1939) de Jacques De Baroncelli
Il enchaîna avec « LE PRESIDENT HAUDECOEUR » (1940) de Jean Dréville, ce fut la seconde fois que le comédien retrouva le cinéaste Jean Dreville , le premier étant « Un homme en or ».A noter que le véritable fils d’Harry Baur (Cecil Crane alias Cecil Baur) jouait avec son père au même générique
LE PRESIDENT HAUDECOEUR (1939) de Jean Dreville
L’entrée en guerre de la France avait pour effet la suspension de la plupart des tournages de films. Le film " VOLPONE" fut adapté par Jules Romains, et fut au théâtre un grand succès de Charles Dullin qui tient ici le rôle de Corbaccio. Il sera présenté à Paris le 10 mai 1941. Son réalisateur suit fidèlement le texte et dirige des comédiens qui font du film un véritable panthéon du théâtre français. Il faut saluer le jeu inégalable de Fernand Ledoux, Charles Dullin, Louis Jouvet, Jacqueline Delubac, ou bien de Jean Temerson, tout ces grands comédiens autour d’Harry Baur.
VOLPONE (1940) de Maurice Tourneur
Il va promener, pendant plus de dix ans durant, le même visage d'argile, le même caractère ombrageux et matois, la même truculence abrupte, évoquant le boyard ou le paysan caucasien - ce qui lui faisait dire : "Il semble que je sois voué aux rôles russes! "
« L’ASSASSINAT DU PERE-NOEL » fut le premier film produit par La Continentale, firme allemande pendant la période de guerre, le cinéaste Christian-Jaque (François 1er) (Fanfan la tulipe) débuta à Chamonix le tournage du film le 15 février 1941. On découvrit des intentions cachées dans le dialogue de Charles Spaak. Harry Baur avait un rôle en or dans le personnage du père Cornusse, fabriquant de mappemondes….
En 1941, Maurice Tourneur retrouva une ultime fois le comédien dans " PECHES DE JEUNESSE" avec Jacques Varennes et Guillaume de Sax, le sujet peut se lire comme une sorte de version masculine du « Voile Bleue » avec Gaby Morlay et Pierre Larquey.
" Dénoncé comme " juif " et " communiste " (par confusion curieuse avec certaines de ses interprétations), il est arrêté en 1942, , il fut interrogé, torturé dans des conditions mal eclaircies, I emprisonnépar la Gestapo. Il ne fût relaché que pour revenir mourir chez lui, le 8 avril 1943.
Ses obsèques eurent lieu à St Philippe du Roule en présence du Tout-Paris du cinéma et du théâtre. Ainsi pris fin tragiquement autant que prématurément la carrière du grandiose interprète de Jean Valjean ou de Beethoven. Il repose à Montmartre, au cimetière Saint-Vincent, ou sa tombe demeure une des plus visitées.
Perso :
Harry Baur restera à mes yeux le plus grand acteur français du XXème siècle je regrette que les allemands ne se soient jamais excusés d’avoir assassiné Harry Baur et Robert Lynen (fusillé par les allemands) Je rends un hommage solennel a Harry Baur et Robert Lynen.
Pour ceux et celles qui souhaitent le détail de l’arrestation du grand acteur, quelques extraits du livre d’Hervé Le Boterf « Harry Baur »
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