ROBERT LYNEN "POIL DE CAROTTE"
ROBERT LYNEN 1920-1944
Acteur Français
Acteur Français né à Nermier (Jura) le 24 mai 1920, mort à Karlsruhe (Allemagne) le 1er avril 1944. C'est dans une famille d'artistes que Robert Lynen voit le jour. Son père Robert Lynen, Alsacien, est peintre (Il se suicidera en 1933).
Sa mère Amélia, d'origine américaine, est chanteuse et pianiste. Inscrit très jeune à l'Ecole du spectacle, il a douze ans lorsque Julien Duvivier remarque son "visage pas comme les autres" un visage doux, constellé de tâches de rousseur. Après quelques essais, il l'engage pour interpréter le rôle principal de "POIL DE CAROTTE" (1932) aux côtés d'Harry Baur et Catherine Fontenay. Le film connait un grand succès public et Robert Lynen est propulsé du jour au lendemain enfant-vedette du cinéma français.
Poil de carotte (1932) Harry Baur
Julien Duvivier va désormais veiller de près à sa carrière et le faire tourner dans quatre autre films. En 1933, il lui écrit sur mesure "LE PETIT ROI" (1933) et ainsi prolonger le succès que venait de remporter son jeune interprète Robert Lynen dans la version parlante de "Poil de Carotte". "Le Petit Roi" ne rencontra qu'un accueil mitigé. Le film fut tourné dans la region de Cracovie et pour la seconde partie sur la Côte d'Azur. Le sujet du film est un portrait d'un jeune héritier qui s'ennuie dans son palais-prison et que la proclamation d'une republique viendra délivrer.
LE PETIT ROI avec Robert Lynen, Marcel Carpentier et Arlete Marchal
En 1934, Robert Lynen a pris les traits de Rémy, lenfant volé et adopté par un chanteur vagabond dans l'adaptation du chef d'oeuvre lacrymal d'Hector Malot "SANS FAMILLE" de Marc Allégret.
Quant aux autres rôles offerts par Julien Duvivier, ils seront tous secondaires que ce soit dans "LA BELLE EQUIPE" (1936) avec Jean Gabin et Charles Vanel, "L'homme du jour" (1936) avec Maurice Chevalier ou "UN CARNET DE BAL" (1937) avec Harry Baur, Fernandel ou Louis Jouvet.
SANS FAMILLE avec Robert Lynen-Vanni Marcoux et Dorville
Deux films ou l'on peut noter, à nouveau la présence d'Harry Baur dans le même générique que Robert Lynen.
En 1937 il interprète Théo, fils de douanier qui devient trafiquant de cocaine pour les beaux yeux de Ginette Leclerc dans "LE FRAUDEUR". Puis tourne "MOLLENARD" (1938), il est à nouveau le fils d'Harry Baur, capitaine au long cours cloué à terre par la maladie. La même année, Robert Lynen retrouve ses habits de cour dans "EDUCATION DE PRINCE" d'Alexandre Esway, il interprète le Prince Sacha de Silestrie, fils indocile de la reine déchue. Pour le jeune comédien, le film est surtout l'occasion d'une nouvelle rencontre importante avec Louis Jouvet. "Il est comme un grand frère qui me mène au but" confie t'il à la presse..."Il est tellement chic avec moi que c'est un plaisir de lâcher le tennis, le canoe, la natation pour la caméra....
Le petit Robert Lynen est devenu un adolescent de dix huit ans, très sportif mais tout en étant romantique, il aimerait bien interprêter "Le Grand Meaulnes" et "Les Hauts de Hurlevent" . Mais c'est sous les traits de Daniel Eyssette, "LE PETIT CHOSE" d'Alphonse Daudet, que Robert Lynen poursuit sa carrière, sous la direction de Maurice Cloche. Il retrouve ce même réalisateur l'année suivante pour "LA VIE EST MAGNIFIQUE". Adapté d'un roman de Marcelle Vioux, "Belle jeunesse", le film est presque entièrement réalisé en extérieurs, dans les Landes, et conte les amours adolescentes de quatre jeunes campeurs en vacances.
LE PETIT CHOSE avec Robert Lynen,Aimé Clariond,Arletty, Charpin
En 1940, au moment de l'armistice, Robert Lynen a vingt ans. Il part pour un chantier de jeunesse, dans l'Estérel, puis partage sa vie entre son métier de comédien et une entreprise marseillaise, "Azur Transports", couverture d'un réseau de résistance.
En 1941, il accepte une tournée théâtrale avec une pièce de Denys Amiel, "Trois et un" et tourne son dernier film, le peu mémorable "CAP AU LARGE". Puis, devenu "L'Aiglon", sous-lieutenant des Forces Françaises Combattantes, il mène plusieurs missions de résistance dans le réseau "Alliance", avant d'être arrêté par la Gestapo à Cassis, en février 1943. Après plusieurs mois de prison et deux tentatives d'évasion, il est condamné à mort par un tribunal militaire et passé par les armes, le 1er avril 1944, à la forteresse de Karlsruhe. Robert Lynen avait 23 ans. Enterré dans une fosse commune, son corps ne sera rapatrié en France qu'en 1947, pour y reposer dans le carré militaire du cimetière de Gentilly.
Dans la résistance, dans le réseau Alliance, ou l'arche de Zoé comme le surnommaient les allemands, le Chef Marie-Madeleine Fourcade (Seule femme chef d'un réseau de resistance, soit dit en passant) avait baptisé Robert Lynen "Aiglon" ce à quoi le jeune comédien avait répondu "Ce sera mon plus beau rôle, et j'essaierai d'être à la hauteur de ce rôle (Editer par MM Fourcade l'Arche de Zoe)
Vingt ans plus tard, le 3 février 1967, la Cinémathèque de la Ville de Paris a pris le nom de Cinémathèque Robert-Lynen, en mémoire du comédien héros de la Résistance.
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_______"Il restera dans la mémoire de tous les cinéphiles de France"______________Cinetom___________________
Vie et mort de Poil de Carotte. Robert Lynen, acteur et résistant. 1920-1944
François Charles
Strasbourg, Edition La Nuée Bleue, 2002
LA DEDICACE DE L'AUTEUR : "Je vous parlerai de moi, ou plutôt d'un être qui, à la longue, est devenu plus cher, plus précieux que moi-même... du dénommé "Poil de Carotte" (...) nous vivons ensemble (...) il a pris ma place". Ces paroles sont de Jules Renard, bien sûr. Qu'aurait-il pensé de ce garçon qui, lui aussi, s'identifia (ou fut identifié) pendant toute sa courte vie à l'enfant malheureux aux taches de rousseur, Robert Lynen, qui à douze ans fut le "Poil de Carotte" du film de Julien Duvivier? Ce qui me paraît fascinant dans le tragique destin de ce garçon, c'est la mise face à face de la gloire mondiale qu'il connut pendant les années trente, enfant choyé, et son entrée en Résistance dès l'été 1940, jusqu'à son arrestation par la gestapo début 1943 pour connaître la torture et la mort à 23 ans. Ce qui m'a paru urgent, c'est de conserver le souvenir de cet adolescent qui, sans argent et à la différence de tant d'autres artistes, refusa des contrats mirifiques de l'allemande Continental-film, et combattit en France malgré les risques "car la vraie guerre est ici" disait-il. Robert Lynen-Poil de Carotte : c'était un enfant. Il l'est resté dans la gloire comme dans la guerre, fantasque, imprévisible, amuseur, et en même temps, idéaliste, absolu et chevaleresque. Je ne peux le concevoir devenu "grande personne". Sa mort sous les balles du peloton d'exécution allemand l'a gardé enfant pour toujours. (François Charles)
En cette année où le Concours national de la Résistance et de la Déportation porte sur l'engagement des jeunes dans la Résistance, l'ouvrage de François Charles, consacré à un des " jeunes résistants " les plus célèbres, tombe à pic. Sacré enfant prodige du cinéma français à 12 ans, pour son incarnation du héros de Jules Renard dans l'adaptation de Duvivier, Robert Lynen connaît un destin héroïque et tragique pendant l'occupation : il s'engage dès 1940 dans l'action clandestine à Marseille, puis devient agent du réseau Alliance de Marie-Madeleine Fourcade. En 1943, son destin bascule : il est arrêté en même temps que tout le secteur marseillais du réseau, torturé, transféré en Allemagne, condamné à mort et exécuté en avril 1944.
Le grand mérite de cette biographie - la première qui lui soit consacrée - est de nous donner les clés pour comprendre ce parcours exceptionnel. Non pas que son itinéraire résistant le soit : d'autres jeunes de son âge, comme Philippe Viannay ou Serge Ravanel, se verront confier des responsabilités nationales dans les organisations clandestines, sans commune mesure avec ce que l'on sait des activités somme toute " ordinaires " de l'agent de liaison Lynen : recueil de renseignements sur l'occupant, transport de courrier et d'émetteurs-récepteurs, recrutement . Mais au coeur de ce destin émouvant, il y a la question de l'engagement, un engagement remarquable par sa précocité.
Question classique pour les premiers rebelles de 1940, qui n'étaient qu'une poignée : comment trouvèrent-ils en eux-mêmes les ressorts moraux pour s'extirper du découragement général ? Elle se pose doublement dans le cas d'un " enfant vedette " du cinéma d'avant-guerre - le film de Duvivier avait eu un succès international, des " clubs de fans " s'étaient constitués au Japon ! - dont la carrière était encore en devenir.
Après le tournage de deux autres rôles d'enfant (Le petit roi, Sans famille), Robert Lynen, entré dans l'adolescence, n'avait pu décrocher que quelques premiers rôles dans des films très secondaires, excepté peut-être Le Petit Chose de Maurice Cloche, et des apparitions fugitives dans deux oeuvres majeures (La Belle Equipe, Carnet de Bal). L'occupation pouvait lui offrir - elle le fit pour toute une nouvelle génération d'acteurs - l'opportunité de se faire une place au soleil, en profitant de la soif de divertissement des Français obsédés par les pénuries, de l'appel d'air créé par l'exil ou l'exclusion de talents déjà consacrés, et, éventuellement, des contrats juteux de la firme allemande Continental. Qu'est ce qui le poussa donc à refuser tout (hormis le tournage épisodique de deux films mineurs, non financés par les Allemands) et à risquer sa vie ?
L'explication tient beaucoup à l'histoire si singulière de la famille Lynen. Placée en apparence sous le signe d'une " vie de bohême " à l'écart des réalités de l'époque, elle se révèle à l'examen porteuse d'expériences complexes, profondes et fortes qui ont certainement préparé le jeune homme à affronter le choix majeur de son existence.
Son père, d'origine alsacienne, a lâché le dessin industriel pour parcourir l'Europe à pied en peignant. En 1905, il s'est embarqué pour les Etats-Unis, où il a rencontré l'âme soeur, Mildred, aussi artiste (chant et piano) et voyageuse que lui. Après cinq ans de pérégrinations à deux, ils ont eu la chance de se lier d'amitié avec un riche héritier de la même trempe qu'eux - indifférent à l'argent et amoureux fou d'art - Charles-James Onimus. Hébergés dans une des villas d'Onimus sur la Côte d'Azur, vivant de vente de tableaux et de leçons de piano dans un milieu mondain et artiste, ils ont eu deux premiers enfants, Edgar et May.
L'amitié du trio repose sur des choix de vie profonds. En 14, Lynen-père et Onimus assument tous deux la même option antibelliciste : l'un se fait réformer et essaye de travailler avec la Croix-Rouge, l'autre s'engage comme infirmier. Après la guerre, les Lynen abandonnent sans état d'âme la vie mondaine pour élever des chèvres et des vaches dans une ferme jurassienne à Nermier, qu'Onimus met à leur disposition. C'est là que Robert passe les trois premières années de sa vie, au contact étroit de la nature ; et son éducation restera singulière, même après le retour de la famille à Paris. Lynen-père s'est résolu à lâcher partiellement sa peinture pour le dessin industriel, afin de faire vivre sa famille, mais Robert n'ira pas à l'école avant 9 ans, sa mère assurant son apprentissage.
On ne peut s'empêcher de penser que les choix personnels des parents, cette façon d'être indifférent à la position sociale, d'accepter un sort matériel favorable ou non, pourvu qu'il laisse entière la liberté de s'adonner à ses passions, ont infusé très tôt chez Robert. Recruté par hasard pour Poil de Carotte (il venait d'être inscrit par sa mère à l'Ecole des Enfants d'artistes et n'avait jamais rien tourné), il semble avoir vécu sa carrière cinématographique d'enfant prodige avec un détachement total, exempt de tout cabotinage. Qu'on en juge par ce dialogue avec Louis Jouvet, qui fut son partenaire en 1938 : " Tu le sais mon petit Robert, que tu es mauvais comme une vache ? - Oh oui, m'sieur Jouvet. - Et tu t'en fous ? - Oh non, m'sieur Jouvet, mais moi, le cinéma, ça ne m'amuse pas. Ce que j'aime, c'est le camping ".
L'anecdote, rapportée par le scénariste Carlo Rim, n'est pas anodine ; ses anciens amis témoignent de la distance récurrente qu'il affichera à l'égard du métier d'acteur, en dépit d'un talent naturel évident. Robert se cherche vraiment : à 16 ans, au moment où un premier rôle au théâtre lui était proposé, il a essayé de fuguer pour s'engager comme mousse sur un bateau à Rouen. L'incertitude sur son être profond s'aggrave des deux drames familiaux sous le signe desquels il a grandi. En 1925, Edgar,le frère aîné, est mort d'une blessure au genoux mal soignée. Dix ans après, c'est son père qui s'est suicidé, sans doute désespéré de commencer à perdre la vue et de rencontrer d'éternels problèmes d'argent.
C'est dès lors son beau-frère Pierre Henneguier, marié à May, qui joue un peu le rôle de chef de famille et, vis-à-vis de lui, de frère aîné. Henneguier a entretenu chez Robert le goût familial de la nature et des voyages, en l'emmenant camper et canoter " sur toutes les rivières de France ". Mais c'est aussi lui qui l'a ramené de Rouen, au moment de sa tentative de fugue. Enfin, Henneguier est, à la veille de la guerre, journaliste à Ce Soir, le quotidien d'Aragon, soutien de l'Espagne républicaine.
Que son beau-frère soit pour Robert un inspirateur ou un modèle devient évident pendant la campagne de France. Robert veut les suivre dans le corps franc où Henneguier s'est porté volontaire - en vain, évidemment, vu son âge. Aussi quand, après l'armistice, Henneguier rassemble quelques amis à Marseille pour " faire quelque chose ", Robert veut tout de suite en être.
Au début, on tâtonne : grâce à un ami banquier, le petit groupe crée Azur-transport, une société de transport par camions, qu'il espère bien faire servir à des activités clandestines. Le groupe parvient à camoufler des armes, fait passer des renseignements au père de l'un d'eux, René Gimpel, lié au réseau polonais F2, diffuse la feuille clandestine Les petites Ailes du mouvement " Libération Nationale ", que Maurice Chevance lui a fait connaître. Tout se passe encore dans une sorte de semi-clandestinité : l'atmosphère anesthésiée de la zone libre encourage à peu cacher ses sympathies, par désir de rencontrer enfin d'autres rebelles autant que par provocation.
L'année 1941 est un tournant pour Robert : après avoir été appelé aux Chantiers de Jeunesse au printemps, il choisit à l'automne de faire partie des tournées théâtrales de Jean-Pierre Aumont. Raisons économiques, d'abord : Azur-transport est peu rentable. Peut-être aussi perçoit-il que l'initiative d'Henneguier a atteint ses limites, y compris sur le plan de l'organisation et de l'activité clandestine ? En décembre 1941, il apprend l'arrestation de son beau-frère et le démantèlement de son groupe ; il interrompt aussitôt sa tournée. Henneguier sera rapidement libéré, mais entretemps, Robert aura tiré, tout seul, la leçon de cette première période. Il saisit l'opportunité que lui offre le réseau Alliance, conscient d'intégrer désormais une organisation clandestine structurée, reliée directement à Londres et capable de l'employer à de multiples missions sur tout le territoire.
Chacun des deux amis suivra désormais séparément le destin qu'il se sont choisi, en pleine connaissance de cause. Celui d'Henneguier l'amènera à réussir en 1944 certains des plus importants sabotages de la région parisienne, à la tête des groupes francs du Délégué militaire Rondenay. Celui de Robert Lynen le conduira jusqu'à la mort, après l'avoir sans aucun doute révélé à lui-même.
Bruno Leroux e temp_
Filmographie Acteur
1932 POIL DE CAROTTE de Julien Duvivier
1933 LE PETIT ROI de Julien Duvivier
1934 SANS FAMILLE de Marc Allégret
1936 LA BELLE ÉQUIPE de Julien Duvivier
1937 L'HOMME DU JOUR de Julien Duvivier
1937 UN CARNET DE BAL de Julien Duvivier
1937 LE FRAUDEUR de Léopold Simons
1937 MOLLENARD de Robert Siodmak
1938 LA VIE EST MAGNIFIQUE ! de Maurice Cloche
1938 LE PETIT CHOSE de Maurice Cloche
1938 EDUCATION DE PRINCE de Alexandre Esway
1940 ESPOIRS de Willy Rozier
1942 CAP AU LARGE de Jean-Paul Paulin
________________s, il devient Rémy dans l'oeuvre d'Hector Malot, "Sans Famille" (1934).
En 1938, il http://www.plaques-commemoratives.org/archives_videos/video.2006-10-18.6620204688/viewre
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