FRANCOISE DORLÉAC           1942 - 1967

Actrice Française

François Truffaut l'avait surnommé Mademoiselle Framboise Dorléac. D'après ses dires, elle était intransigeante, à la limite de l'intolérance, elle était une moraliste. Françoise Dorléac est née le 21 mars 1942 à Paris, sœur de Catherine Deneuve et fille du comédien Maurice Dorléac, lequel joua en quarante ans près de deux cent pièces et douze films, et de Renée Simonot qui fut pensionnaire de l'Odéon pendant 24 ans.

Cette situation de famille allait guider Françoise vers le métier de comédienne. Elle devait débuter dans le monde du spectacle aux côtés de Louis Jouvet dans "La Puissance et la gloire", mais les répétions furent arrêtées le 14 août 1951 car l'acteur ressentait les premiers symptômes de la maladie qui devait l'emporter cinquante six heures plus tard. A quinze ans, Françoise tourne un court métrage intitulé "Le Mensonge" (1957). Initialement, elle fut renvoyée du lycée La Fontaine pour indiscipline et qu'elle habitait chez ses parents, avec Catherine et ses deux autres sœurs.

Françoise s'inscrit au cours d'art dramatique de Raymond Gérard. En 1960, Hervé Bromberger lui propose le rôle de la sauvageonne dans "Les Loups dans la bergerie". Sa prestation dans le film est remarquée, car Simone Berriau fait appel à Françoise pour incarner au théâtre "Gigi" mis en scène par Robert Manuel. Dès lors sa carrière est lancée, elle obtient un petit rôle dans "La Fille aux yeux d'or" (1961) de Jean-Gabriel Alibcocco avec Marie Laforêt, puis "Ce soir ou jamais" (1961) de Michel Deville et enfin "Tout l'or du monde" (1961) de René Clair avec Bourvil. Puis dans ce triste hiver 1962, Norbert Carbonnaux la dirige dans "La Gamberge", elle a vingt ans et Jean-Pierre Cassel est l'homme de sa vie.

Le réalisateur Philippe de Broca l'engage pour être la partenaire de Jean-Paul Belmondo dans "L'Homme de Rio" (1964). Elle tenait un rôle plein de dynamisme et de gaîté, elle trouva, à 22 ans, sa première consécration de comédienne avec le personnage de Nicole, tout de finesse et de nuances. Elle s'impose définitivement au public avec le film de François Truffaut "La Peau douce", lequel n'obtient qu'un accueil mitigé de la critique et public. Cette même année, elle retrouve Belmondo pour le tournage du film "La Chasse à l'homme" d'Edouard Molinaro. Son talent est même reconnu à l'étranger, Irwin Allen la demande pour participer au film "Genghis Khan" (1965) de Henry Levin, puis elle enchaîna avec "Passeport pour l'oubli" (Where the Spies Are,1965) de Val Guest avec David Niven, puis Roman Polanski la dirige dans "Cul-de-sac" (1966) aux côtés de Lionel Stander et Donald Pleasence. Le cinéaste avait cherché longtemps, parmi les comédiennes anglaises, l'héroïne de son film avant de penser demander avis à Catherine Deneuve, son interprète de "Répulsion". Celle-ci conseilla à Polanski de proposer le rôle à sa sœur. 

En ce qui concerne le tournage du film "Les Demoiselles de Rochefort" (1967) de Jacques Demy, on peut dire que cette comédie musicale fut un évènement médiatique considérable y compris à l'international, sans omettre les critiques qui furent très satisfaisantes. Aujourd'hui, ce film est considéré comme l'une des plus grandes comédies musicales de tous les temps. "Les Demoiselles de Rochefort" rendent un hommage aux comédies musicales hollywoodiennes, très coloré y compris les bâtiments de la ville. Le réalisateur a réussi à mettre en scène, Catherine Deneuve et Françoise Dorléac avec une musique de Michel Legrand, qui leurs correspondaient.  Deneuve déclara : "Heureusement qu'il y a eu ce film-là. C'était vraiment un bonheur total de se retrouver comme deux adolescentes en toute liberté".

Lorsque s'achève le tournage du film "Le Cerveau d'un milliard de dollars" (Billion Dollar Brain,1967) de Ken Russell, Françoise Dorléac devait succomber des suites d'un accident de voiture le 26 juin 1967, elle avait vingt-cinq ans...Cette fin tragique c'est un départ précipité de Saint-Tropez, ou elle était accompagnée par Macha Méril, elle doit rejoindre l'aéroport de Nice pour Orly, puis un avion pour Londres, ou elle doit assister à la projection des "Demoiselles de Rochefort" en anglais. Françoise Dorléac roule trop vite, elle aperçoit la bretelle de sortie de Villeneuve-Loubet, elle donne un brusque coup de volant qui provoque le dérapage de sa voiture de location et percute violemment un poteau de signalisation. Elle ne parvient pas à s'extraire de son véhicule dont les portières restent bloquées et meurt brûlée vive.  

François Truffaut déclara : "Pour tous ceux qui l'ont connue, Françoise Dorléac représentait davantage une personne comme on en rencontre peu dans une existence, une jeune femme incomparable que son charme, sa féminité, son intelligence, sa grâce et son incroyable force morale rendaient inoubliable à quiconque avait parlé une heure avec elle. Personnalité forte, éventuellement autoritaire, contrastant avec un physique fragile et romantique du type algue manne ou lévrier. Françoise Dorléac, actrice selon moi insuffisamment appréciée, aurait certainement trouvé avec le trentaine le vrai contact avec le grand public qui l'aurait alors adorée comme l'ont adoré tous ceux qui ont eu la chance de travailler avec elle. 'Elle s'appelait Françoise", in "Les Cahiers du Cinéma", no 200-201,1968)

*Affiches-ciné * Cinéma français * Cinetom