MIRIAM HOPKINS, LA BLONDE EXUBÉRANTE

2 février 2019

MIRIAM HOPKINS, LA BLONDE EXUBÉRANTE

MIRIAM HOPKINS 1902 -1972

Actrice Américaine

Cette blonde exubérante cultivait à l'écran une grâce et des manières exagérément "raffinées" qui convenaient très bien aux rôles d'intrigante et d'arriviste qu'on lui attribuait. Elle connut ses premiers succès à la Paramount au début des années 30.

Avec ses boucles blondes et ses yeux bleus, Ellen Miriam Hopkins, née le 18 octobre 1902 à Savannah (Georgie), fut l'une des actrices les plus populaires du grand écran. Enfant, elle avait rêvé de devenir danseuse classique. Et c'est comme chorus girl qu'elle débute sur les planches en 1922, dans "The Music Box Revue" où elle apparaît, entre autres, dans un ballet aquatique. Mais Miriam avait les chevilles trop fragiles et dut, après deux fractures, renoncer à la danse. Elle reste néanmoins au théâtre, comme ingénue dans plusieurs pièces. En 1926, elle connaîtra son premier succès dans un rôle dramatique avec l'adaptation de "Une Tragédie américaine" de Theodore Dreiser.

Comédienne reconnue à Broadway, elle est sollicitée en 1930 par la Paramount qui la prend sous contrat et lui offre, en guise de premier film, une comédie anodine, "Fast and Loose" (1930) de Fred Newmeyer, où la critique lui reproche de n'avoir rien oublié de son jeu théâtral. En revanche, son deuxième film, "Le Lieutenant souriant" (The Smiling Lieutenant,1931) de Ernst Lubitsch, dont Claudette Colbert et Maurice Chevalier sont les têtes d'affiche, lui offre la possibilité de mettre en valeur un talent tout de finesse en accord parfait avec le style de Lubitsch qui la dirigera encore dans "Haute Pègre" (Trouble in Paradise,1932) et "Sérénade à trois" (Design for Living,1933).

En revanche, "Dr Jekyll et M. Hyde" (Dr Jekyll and Mr Hyde,1932) de Rouben Mamoulian et "La déchéance de Miss Drake" (The Story of Temple,1933) de Stephen Roberts démontrent ses capacités sur le registre dramatique. Dans le premier, elle incarne Ivy Pearson, la chanteuse de cabaret victime du monstrueux Hyde, avecune sensualité canaille. Dans le second, adaptation du "Sanctuaire" de William Faulkner, elle émouvante en Temple Drake, jeune bourgeoise écervelée qui tombe amoureuse de son violeur, un gangster.

Devenue star, Miriam Hopkins est l'interprète de drames tels que "Becky Sharp" (1935) de Rouben Mamoulian, lre premier film en Technicolor, "Ils étaient trois" (These Three,1936) réalisé par William Wyler, "The Woman I Love" (1937) dont elle épousera le metteur en scène Anatole Litvak, alors que "Madame poursuit Monsieur" (Woman Chases,1937) de John G. Blystone aux côtés de Joel McCrea, son partenaire favori et "S.O.S. Vertu" (Wise Girl,1937) de Leigh Jason sont des comédies qui vérifient la diversité de son talent. Le cinéaste Howard Hawks lui propose de donner la réplique à Edward G. Robinson et son partenaire favori Joel McCrea dans "Ville sans loi" (Barbary Cost,1935) et Michael Curtiz lui propose d'incarner Julia Haynes aux côtés d'Errol Flynn, Randolph Scott et Humphrey Bogart dans "La Caravane héroïque" (Virginia City,1940).

Parallèlement à son activité cinématographique, Miriam Hopkins n'a jamais cessé de jouer sur les scènes de Broadway. Bien lui en a pris car sa carrière à l'écran va rapidement décliner. Dans "La Vieille fille" (The Old Maid,1939) de Edmund Goulding et "L'Impossible amour" (Old Acquaintance,1943) de Vincent Sherman, elle cède le rôle principal à Bette Davis. Elle vieillit mal, grossit, devient, disent certains, insupportable sur un plateau. On ne la verra plus au cinéma que dans des personnages secondaires comme "La Rumeur" (The Children's Hour,1961) de William Wyler dont le thème relevait de l'homosexualité. La pièce de Lillian Hellman qui porte le même nom que le film , était à l'affiche, depuis 70 semaines, d'un théâtre de Broadway lorsque son adaptation cinématographique fut présentée, le 3 mars 1936, au Rivoli de New York. Il y avait cependant, entre la pièce et le film "Ils étaient trois", une différence capitale : à la scène, Martha et Karen étaient lesbiennes. Il n'était pas question à l'époque de porter à l'écran un tel sujet. Aussi, d'aucuns s'étonnèrent-ils que Samuel Goldwyn ait pu acheter 50 000 dollars les droits d'adaptation d'une pièce dont ni le titre, ni le thème ne pouvaient être utilisés. William Wyler, en 1962, en signa une nouvelle adaptation, "La Rumeur" avec, cette fois, le lesbianisme comme origine du scandale. Shirley MacLaine reprenait le rôle de Miriam Hopkins (Martha), Audrey Hepburn : Karen, James Garner : Jo et Miriam Hopkins...Lily.

Son avant-dernier film au cinéma "La Poursuite impitoyable" (The Chase,1965) de Arthur Penn ne lui permet que d'incarner la mère de Robert Redford, mais elle restera active, sur les planches et sur les plateaux de télévision, jusqu'à sa mort le 9 octobre 1972 à New York, d'une crise cardiaque, elle avait 69 ans.

1930