Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
CINETOM
10 avril 2016

GERARD BLAIN, UNE OEUVRE EXEMPLAIRE PAR SON AUTHENTICITÉ

            GERARD BLAIN                            1930 - 2000

              Acteur, Cinéaste Français  

AA01GB7

Gérard Blain est né le 23 octobre 1930 à Paris. Sa carrière a commencé à la fin de la guerre par des furtives apparitions comme figurant, notamment dans "Les Enfants du Paradis" (1945) de Marcel Carné, il avait également tourné en 1943 dans "Le bal des passants" et "Le carrefour des enfants perdus" de Leo Joannon. 

Mais c'est seulement en 1955 qu'il obtient son premier rôle important dans "Voici le temps des assassins" de Julien Duvivier aux côtés de Jean Gabin et de Danielle Delorme. Gérard Blain crée ensuite une image de marque originale en devant l'acteur préféré des cinéastes de la "nouvelle vague". La consécration viendra en 1957 avec "Les Mistons" de François Truffaut et "Le Beau Serge" (1958) de Claude Chabrol. Gérard Blain, qui devient presque du jour au lendemain l'un des acteurs fétiches de la "nouvelle vague", s'intéresse déjà à la mise en scène et témoigne son goût de l'authenticité en choisissant pour Truffaut décors naturels et jeunes figurants.

Avec "Les Cousins" (1958), toujours avec Chabrol, il se hisse au tout premier rang et il sera le premier acteur français de sa génération à voir s'ouvrir devant lui une carrière internationale : rien moins que John Wayne comme partenaire dans "Hatari" (1961) de Howard Hawks, pour lequel il imagine une séquence qui sera conservée. La plupart s'en seraient contentés, mais Gérard Blain déteste Hollywood et son caractère factice; il refuse le contrat de cinq ans qu'on lui propose. Le star System lui pèse et, de retour en Europe, on le verra de plus en plus rarement en France. On ne retiendra guère que "Les Vierges" (1962) de Jean-Pierre Mocky où il donna la réplique à Charles Aznavour, Francis Blanche et Jean Poiret.

C'est surtout en Italie (où il avait déjà tourné pour Carlo Lizzani) qu'il poursuivra une carrière qui le satisfait de moins en moins mais lui permet de faire sur les plateaux son apprentissage des techniques cinématographiques. Il est désormais de plus en plus hanté par cette vocation impérieuse de metteur en scène.

Si Gérard Blain s'est déclaré frustré par son métier d'acteur, toutes ces années lui auront permis de laisser mûrir  en lui ses exigences, avant de se révéler par une première oeuvre vraiment personnelle et inimitable. "Les Amis" (1970) est l'histoire d'une éducation, sentimentale et sociale tout à la fois, celle d'un adolescent souffrant de la médiocrité d'un milieu auquel il tente d'échapper et trouvant dans l'affection sincère et passionnée d'un homme plus âgé, qui saura cultiver patiemment cette jeune intelligence, la source d'épanouissement qui lui avait manqué. Lorsque ce soutien lui sera tragiquement enlevé, il aura suffisamment mûri, pour pouvoir affronter la vie. Les critiques salueront unanimement la délicatesse et la justesse de ton, la sensibilité pudique avec laquelle Gérard Blain a su aborder, et il était l'un des premiers, si ce n'est le premier à l'avoir traité sans manichéisme ni racolage, un sujet particulièrement scabreux. Il n'est pas sûr toutefois que l'on est accordé toute leur signification à la limpidité absolue de la mise en scène, à la rigueur élagué de toute fioriture et au jeu sobre et volontairement dédramatisé des acteurs, qui restitue au dialogue toute sa charge émotionnelle.

Avec "Le Pélican" (1973), Gérard Blain a voulu "essayer d'aller plus loin dans la pureté cinématographique", c'est-à-dire, "à partir de la réalité brute, de travailler à une certaine abstraction, qui pour moi représente le style". C'est peut-être le plus lumineusement tragique de tous ses films, le plus poétique aussi par sa densité irradiante. Pour incarner Paul, qui revendique désespérément et farouchement sa paternité dans un monde qui le rejette comme un corps étranger, Gérard Blain n'a fait confiance qu'à lui-même, et l'intériorité concentrée de son jeu apporte encore au personnage un poids incomparable. Déchu de ses droits paternels à la suite d'une condamnation, Paul en est réduit à se ré-approprier  visuellement son enfant, en épiant aux jumelles tous ses mouvements. Admirables séquences que celles-là, où s'exprime avec une éblouissante évidence la distance du regard à la chose regardée. Paul ne pourra jamais pénétrer dans cet univers protégé dont il n'est que le voyeur et la barrière ne sera pas davantage brisée lorsqu'il kidnappera son fils. Il lui faut cependant continuer à vivre pour affirmer plus que jamais cette paternité par laquelle il se définit par rapport au monde.

"Un enfant dans la foule" (1975) reprend, avec plus d'amplitude, le thème des "Amis", en l'ancrant cette fois, dans un contexte "historique" : un apprentissage difficile et cependant positif de la vie, de l'avant-guerre aux orages de la Libération en passant par les incertitudes de l'Occupation. On a voulu y voir un film autobiographique. "Pas plus que "Les Amis" ou "Le Pélican", répond Gérard Blain, si l'on entend par autobiographie l'inventaire d'anecdotes tirées de sa propre expérience. Au contraire, mon travail consiste toujours à transposer des bribes et des fragments de souvenirs, à les charger sur un plan émotionnel et thématique et à les organiser dans un récit cohérent. "Un enfant dans la foule" n'est ni un film introverti ni nostalgique, c'est un film tourné vers le public..."C'est en tout cas le plus ouvert et le plus serein des ses films, certainement celui où sont les plus palpables les pulsations du temps. Comment expliquer dès lors l'incompréhension qui accueillit "Un enfant dans la foule" au Festival de Cannes de 1976, où sa sortie plus que confidentielle l'été suivant? Le rigoureux classicisme de la mise en scène de Gérard Blain, son refus de toute redondance dramatique, de toute emphase et de tout artifice dramatique dans le jeu des acteurs, ont déconcerté un public conditionné par les artifices et les simulacres du naturalisme. D'autant que les critiques, pour être élogieuses, n'en étaient pas moins dissuasives, insistant pesamment sur l'austérité, sur le dépouillement, autant dire, pour le spectateur moyen, sur l'ennui, du film. Enterrement paradoxal et révoltant pour une oeuvre aussi riche de perspectives et aussi universellement accessible que l'est par exemple "De grandes espérances" de Dickens.

Pour "Un Second souffle" (1978), Gérard Blain dirige pour la première fois des acteurs confirmés, Robert Stack, Anicée Alvina et Sophie Desmarets, et non des débutants ou des non-professionnels. Qu'à cela ne tienne : il lui suffira de gommer impitoyablement tout leur savoir-faire, tout leur métier, tous leurs tics. On pourrait croire aussi qu'il se tourne vers un cinéma plus psychologique en dépeignant un homme vieillissant cherchant l'illusion d'une jeunesse retrouvée dans une liaison avec une toute jeune fille. Or ce sujet qui aurait pu séduire un Claude Sautet, il va le retourner comme un gant pour en livrer l'épure impeccable aux antipodes de l'épopée intimiste du quotidien. C'est avec un détachement distant, une ironie subtile qu'il observe son personnage se débattant dans les pièges qu'il s'est lui-même préparés. François (Robert Stack) apparaît un peu comme une sorte de double négatif des autres héros de Gérard Blain. Ceux-ci en effet, même vaincus, même humiliés dans leur chair comme le personnage du "Pélican", n'en assument pas moins librement leur destin et témoignent tous d'une énergie vitale, d'une force morale, d'un volontarisme qui les portent jusqu'au bout de leur itinéraire spirituel. François est au contraire enfermé dans le cercle du narcissisme et il se retrouve le coeur et le corps vides, à ceci près qu'il a appris enfin à se connaître lui-même. Là encore il n'est pas étonnant que l'élévation morale avec laquelle Gérard Blain considère un sujet aussi grave (et finalement aussi rarement abordé dans sa nudité existentielle) ait suscité bien des réactions de rejet.

Dans un monde où l'argent et son spectacle sont devenus les valeurs dominantes, "Le Rebelle" (1980) nous donne à voir le refus sauvage et viscéral, la lutte sans merci d'un jeune loup solitaire qui défend jusqu'à la tragédie sa liberté et son intégrité. "La force et la grandeur de ce film, écrit le cinéaste Jean-Claude Guiguet, tiennent dans la réalité vivante de cette formidable intuition : que pour rendre justice à la corruption, il faut avoir gardé sa pureté et son innocence, qualités que le héros et sa jeune soeur incarnent ici. Pour une fois les tenants de la subtilité auront tort. Certaines urgences n'ont que faire de la nuance; elle n'est souvent qu'un leurre et plus fréquemment encore le masque des complicités. Pour s'installer au coeur des choses, au centre d'un drame, il est nécessaire d'affirmer une netteté sans fioritures. Aujourd'hui où la maîtrise n'est qu'habileté et la rigueur calcul de carrière, on oublie que seule la clarté de la mise en images authentifie le trouble, le secret et le vertige de la vision. Jamais l'inverse."

Gérard Blain, à qui l'on doit depuis le remarquable et fort peu académique "Portrait de Michel Tournier" (1983), moyen métrage destiné à la diffusion vidéo, concluait aisni ce magistral article du Figaro en 1978 : "Les cinéastes qui comptent sont ceux qui nous rappellent à l'ordre. Ils nous aident à voir plus clair et plus près. Ils nous enseignent la patience et la vigilance. Ils nous fortifient pour nous aider à ouvrir les yeux sur un monde qui doit de toute façon poursuivre sa trajectoire, même si la désillusion et la mort figurent parmi les étapes du voyage." Quelle plus belle définition pour l'auteur du "Rebelle" ?. Gérard Blain est resté fidèle à ses thèmes privilégiés : l'approche de l'enfance et de l'adolescence à travers les relations père-fils. Grand admirateur de Robert Bresson, il exigen un jeu d'acteur très intériorisé, et il a recrée la réalité en l'épurant. Marié à l'actrice Estella Blain ("Angélique et le roy" dans le rôle de Madame de Montespan) de 1953 à 1956, puis Bernadette Lafont de 1956 à 1959, et enfin Monique Sobieski de 1960 à 1966 avec qui il a eu un fils, lui-même comédien. Gérard Blain meurt le dimanche 17 décembre 2000 à l'âge de 70 ans quelques mois après la sortie de son dernier film "Ainsi soit-il" (2000).. 

 

                                                1944

                 AA01GB10 

          AA01GB11

                                                           1945

AA01GB12 

                                 1946                                                                  1954

AA01GB13 AA01GB15 

        AA01GB14                     

                       AA01GB16

                                                          1956

AA01GB33

$_57

 

                        AA01GB18

 

                                             1957        

           AA01GB19 

  AA01GB61

                                                    1958         

 

  AA01GB68

  

              AA01GB69

 

              AA01GB20

 

AA01BGBEAUSERGE

 

AA01GB21 AA01GB22 

                                                         1959               

 

                AA01GB67                                 

   

AA01GB37

 

                           1959                                                                     1960

AA01GB24 AA01GB25 

                                                    1961 - 1964 

AA01GB26AA01GB30                     

                AA01GB29 

                                                         1962 

AA01GB36

 

AA01GB64

                                                  1963 

 

           AA01GB31 

           

           AA01GB27 

         AA01GB39

                            AA01GB32 

                                                         1966 

           AA01GB34 

                            AA01GB41

                                                          1967 

  AA01GB35 

AA01GB3

AA01GB6

 

                                                           1977 

AA01GB45  AA01GB44

 

                    AA01GB63 

                                                   1978 - 1985

AA01GB46 AA01GB47 

                        1981                                                                        1987
AA01GB49 AA01GB48

 

                                                          1987

AA01GB50 AA01GB51

 

                                                     1988-1989

 

AA01GB52 AA01GB53

 

                              1992                                                                    1995

 

AA01GB54 AA01GB55

 

                                                          2000                                   

                                AA01GB56

 

Mise en scène

                                                            1970                         

               7359

 

 

AA01GB9

 

 

                                                  1973                

 

                        AA01GB43

                                                               1976                            

                         AA01GB57

 

                                               1978        

                                 

                         AA01GB60

 

                                                        1980                                

              AA01GB71 

                                                1987           

                      AA01GB58

                                                          1995

                            AA01GB55

                                                           1999

                        AA01GB59               

                                

 

 

 

 *Affiches-cine/Cinéma français/Cinetom

 

 

                _________________________          Françoise Arnoul

 

 

 

 

Commentaires
CINETOM
Visiteurs
Ce mois ci 2 198
Depuis la création 1 702 201
Pages
Newsletter
8 abonnés
CINETOM
Derniers commentaires