RAIMU, LE PLUS GRAND ACTEUR DU MONDE
RAIMU 1883 - 1946
Comédien Français
Le cinéma muet n'était pas fait pour lui, dont la voix basse, l'accent de sa provence natale et la diction théâtrale avaient grandement servie une renommée acquise. Orson Welles avait déclara c'est "Le plus grand acteur du monde".
Raimu de son véritable nom Jules Auguste Muraire, César Raimu naquit à Toulon, en Provence, le 17 décembre 1883. très jeune il découvre le spectacle et voue un véritable culte aux artistes qui se produisent à Toulon. Ce fut son tour, le jeune Muraire monta sur les planches et fut concluant au point de faire ses "classes" ainsi que la sélective école du Caf Conc, tout comme Jean Gabin et Fernandel.
(Jules Muraire, alias Raimu lorsqu'il cherchait à perçer dans les ginguettes et les bastringues de Toulon est mort à Neuilly le 20 septembre 1946. En pleine gloire.) Il s'est soumis très vite à la rude école méridionale. Sa persévérance le soutenait. N'arrivant pas à s'imposer le Rallum de ses débuts. Raimu devint souffleur à Marseille, croupier à Aix-Les-Bains et vendit du sel en gros...."Noir&Blanc" -Editions Flammarion - Olivier Barrot et Raymond Chirat).
Vers 1910, sa rencontre avec le grand Félix Mayol est déterminante pour sa carrière. Le créateur de la célèbre chanon "Les mains de femme" lui propose en effet de monter à Paris. Au printemp de 1910, le Concert Parisien devient le concert Mayol, ce qui permis à celui qui allait devenir le grand Raimu de faire ses premiers pas dans cette salle de la rue de l'échiquier à Paris. Raimu triomphe dans de nombreuses revues. Yves Mirande qu'on retrouvera toujours sur la route du comédie écrivit une revue "C'est solide"" au titre prometteur. Raimu prend de la consistance, flatte le public, ne dédaigne pas le déguisement et en arrive à caricaturer la Joconde pour le spectacle "De midi à quatorze heures"
Des acteurs notoires : Lucien Guitry, Max Dearly lui conseillèrent de bifurquer, de se libérer du music-hall. En 1915, il rencontre Georges Feydeau qui, d'emblée, l'engage pour une reprise de "Monsieur chasse". Raimu donne libre cours à sa généreuse nature et les auteurs à la mode se le disputent. Sacha Guitry l'installe en 1916 dans le rôle du mari de "Faisons un rêve".
En 1914, la Première Guerre mondiale éclate, Raimu avait débuté au cinéma en 1912 dans "L'homme nu" d'Henri Desfontaine. Il tournera "L'Agence Cacahuète" de Roger Lion en 1914 avant d'être mobilisé puis réformé en 1915. En 1916, Raimu est déjà l'un des grands comédiens du Théâtre de Boulevard. Comme Louis Jouvet, le cinéma ne l'intéresse pas...Il faut avouer que les films muets ne s'apprétaient pas à son génie, puisque la parole enveloppe le mythe Raimu. C'est pourquoi il lui faudra attendre le début des années 30 et le cinéma parlant pour enfin, pouvoir donner au cinéma, ce qu'aucun acteur n'avait jusqu'alors réalisé.
En 1931, Fernandel donna la réplique à Raimu dans "Le blanc et le noir" (1931) du cinéaste franco-américain Robert Florey. Après le music-hall et le théâtre, Raimu remporta son premier grand succès à Paris en 1929, dans "Marius" de Marcel Pagnol, un triomphe qui se répéta deux ans plus tard avec l'adaptation cinématographique de la pièce. Ils avaient prévu dans le casting, la présence de l'actrice Gaby Morlay et Victor Francen. Pierre Fresnay était Marius, Orane Demazis en Fanny, Raimu en César et Charpin, le généreux Panisse. "Marius" (1931) fit le tour du monde, dans sa version d'origine. La réalisation fut confiée à un cinéaste hongrois : Alexander Korda. Tout a été dit du Bar de la Marine, de son patron et de son fiston. Mieux que quiquonque, Marcel Pagnol a rendu à César ce qui lui revient : sa décision de prêter vie au cafetier chaleureux plutôt qu'à maître Panisse, comme le souhaitait l'auteur, le pittoresque, l'émotion et la jovialité dont il a su revêtir derrière son comptoir le roi du Vieux Port.
L'année suivante, c'est la suite: "Fanny" (1932), Pagnol demanda à Marc Allégret de superviser la direction du film. Le succès de "Marius" au théâtre avait incité l'auteur à écrire une suite "Fanny" qui fut jouée pour la première fois au Théâtre de Paris, le 5 décembre 1931, alors que le film "Marius" triomphait dans les salles de cinéma. Quelques modifications étaient intervenues dans la distribution. Raimu, à la suite d'oppositions avec Léon Volterra, abandonnait le rôle de César au profit d'Harry Baur, Pierre Fresnay relayé par Berval. En 1936, Pagnol se décida de conclure sa trilogie avec un troisième volet "César" (1936) qu'il réalisa lui-même et avec la même distribution, dont son équipe technique qui avait participé aux tournages de "Jofroi" et "Angèle", "Merlusse"...C'est ainsi que le brave Panisse s'en est allé, que la partie de cartes, avec la chaise vide est resté dans toutes les mémoires...Aux côtés de Raimu, Pierre Fresnay, Orane Demazis, Charpin, Alida Rouffe, Paul Dullac, Edouard Delmont, Robert Vattier et Maupi.
Raimu enchaîna avec une réalisation de Marc Allégret dans "Mam'zelle Nitouche" (1931) avec Janine Marèse puis sous la direction de Maurice Tourneur "Les Gaités de l'escadron" (1932) aux côtés de deux débutants : Jean Gabin et Fernandel. 1933. C'est Pierre Colombier qui dirigea Raimu, Edwige Feuillère, Lucien Barroux et Pauline Carton dans "Ces Messieurs de la Santé" (1933). Puis Raymond Bernard le fait tourner dans "Tartarin de Tarascon" (1934) gaillard chasseur de casquettes d'Alphone Daudet en un vieillard prématuré, l'oreille aux aguets, glacé par son ombre. Pierre Colombier reprends du service en réalisant "L'école des cocottes" (1935) avec André Lefaur et René Saint-Cyr.
C'est André Hugon qui réalisa "Gaspard de Bresse" (1935) avec Berval dans le rôle-titre et Raimu dans celui de Samplan. Claude Heymann celui des "Jumeaux de Brighton" (1936) avec Raimu et Michel Simon
Après avoir brillé avec la trilogie de Pagnol, c'est Jean Grémillon qui réussit une oeuvre personnelle avec "L'étrange Monsieur Victor" (1938) aux côtés de Madeleine Renaud (son épouse), Viviane Romance et Pierre Blanchar. Ce film fut tourné à l'aube du deuxième conflit mondial. Sa sortie à Paris, fut inaperçue, il fut réédité qu'en 1974, le producteur Raoul Ploquin le présenta dans sa version intégrale, après de longs péripéties pour obtenir enfin, la première bobine manquante.
De forte corpulence, l'air renfrogné, capable d'être agressif et vulnérable avec la même force de conviction, Raimu excella à rendre l'esprit du midi de la France. Bien plus que sa très belle prestation dans "Un Carnet de bal" (1937) de Julien Duvivier, film à skecktches, son meilleur rôle restera celui de "La Femme du boulanger". Deux ans plus tard, il connut aussi un grand succès avec "La Fille du Puisatier" de Marcel Pagnol. L'aisance avec laquelle Raimu peut passer du registre de la fureur à celui de la tendresse est la caractétistique essentielle de son talent. En témoigne son personnage de cocu pathétique dans "La femme du boulanger". Lorsque revient la femme infidèle (Ginette Leclerc), le boulanger passe passe sa colère sur la chatte Pomponette, partie depuis trois jours "Garce, salope, ordure,", pour suivre "un passant du clair de lune, puis ouvre ses bras à l'épouse repentie et essuie furtivement une larme.
Bien sûr qu'à cette même époque, Raimu tourna plusieurs films devenus des classiques avec le temps et qui ont valu, à Raimu admiration et sympathie d'un vaste public qui ne lui tint pas rigueur des quelques ratés....En 1944, il revint au théâtre par la grande porte de la Comédie Française. Jean Cocteau, qu'il l'y accueillit, décrit ainsi l'émotion du nouveau venu : il ressemblait à un enfant craintif à la porte du proviseur
La dernière période de sa carrière, jussqu'à sa mort en 1946, présente peu d'intérêt, car les rôles qui lui étaient confiés étaient très inférieurs à ses capacités, à l'exception de deux films : "Les Inconnus dans la maison" (1941) d'Henri Decoin, sur un scénario de Clouzot, et "L'homme au chapeau rond" (1946) de Pierre Billon (son dernier rôle), où Raimu donnait la réplique à a Aimé Clariond et Gisèle Casadesus et redoublait de cynisme vis-à-vis- de sa petite fille. Raimu faisait partie de ces acteurs qui se mettent tout entier dans la peau de leurs personnages, et sont capables d'être crédibles même dans des films médiocres.
En ce début de 1946, Raimu avait reçu d'importants contrats de cinéma. Après "Les Gueux au Paradis" (1945) qu'il tourna sous la direction de Pierre Billon aux côtés de Fernandel et Armand Bernard. Non loin de Mâcon, à la suite d'un éclatement de pneu, qui provoqua un accident et heurta un platane de plein fouet. Deux des passagers "Yves Mirande (cinéaste) et Paul-Edmond Decharme s'en tirèrent avec quelques foulures, mais la blessure de Raimu était plus grave (fracture de la partie supérieure du tibia et luxation du genou. Après de multiples efforts pour cicatriser toutes ses blessures, Raimu se portait mieux. C'est après le tournage de "L'homme au chapeau rond", qu'il devait subir une opération chirurgicale. Au matin, il était de bon humeur, quelques heures plus tard, après son opération chirurgicale, il était décédé. Raimu venait de mourir d'une syncope blanche et ne put être réaniné.
Raimu meurt le 20 septembre 1946 , et des funérailles en l'église Saint-Philippe-du-Roule devant des milliers de personnes. Au cimetière, Marcel Pagnol lui fit ses adieux : "Tu vas jouer ce soir dans trente salles et des foules vont rire et pleurer; tu exerces toujours ton art, tu continues à faire ton métier, etje peux mesurer aujourd'hui la reconnaissance que nous devons à la lampe magique qui rallume les génies éteints, qui refait danser les danseuses mortes, et qui rend à notre tendresse le sourire des amis perdus." Raimu repose au cimetière de toulon.
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