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CINETOM
15 mars 2023

LAURENCE OLIVIER, LE PLUS GRAND ACTEUR SHAKESPEARIEN

         LAURENCE OLIVIER       1907 - 1989

        Cinéaste,Acteur,Scénariste, Anglais

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Considéré comme l'un des plus grands acteurs de théâtre de son temps, Laurence Olivier s'est aussi révélé comme l'un des meilleurs cinéastes britanniques en réalisant trois magistrales adaptations de Shakespeare à l'écran, qui sont devenues de véritables classiques.

Son père , le Révérend Gerald Kerr Olivier le destine à la prêtrise, mais Laurence Olivier préfère suivre les conseils de la comédienne Sybil Thordike et entrer à la Central School of Dramatic Arts. Laurence Kerr Olivier est né le 22 mai 1907 à Dorking, dans le Surrey. Son père, pasteur aurait tant aimé que Laurence partage sa vocation. Mais le théâtre exerçait sur lui une telle fascination que, à l'âge de dix-sept ans, il abandonna ses études à l'université d'Oxford pour recevoir l'enseignement du célèbre comédien Fogerty.

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Engagé dans la troupe du Birmingham Repertory Theatre, il joue de 1930 à 1938 à l'Old Vic, où il ne tardera guère à devenir le plus grand acteur shakespearien de sa génération. Et c'est avec le sentiment d'être personnellement investi d'une mission qu'il décidera de mettre les œuvres du dramaturge à la portée du grand public en assurant leur transposition à l'écran. A vingt et un an, il tient son premier rôle sur la scène londonienne, dans "Harold" de Tennyson. C'est une réalisateur autrichien qui lui donne sa première chance au cinéma; en 1929, il joue dans "La Veuve temporaire" (The Temporary Widow), comédie germano-britannique de Gustav Ucicky. Après deux apparitions dans "Too Many Crooks" (1930) de George King et "La Femme de Putiphar" (Potiphar's Wife,1930) de Maurice Elvey, la même année, il part présenter "Private Lifes" à Broadway. La troupe est notamment constituée de Noel Coward, de Gertrude Lawrence et de Jill Esmond, sa jeune épouse. Le couple est ensuite invité à passer un bout d'essai à Hollywood. Raoul Walsh l'engage d'abord pour "Le Passeport jaune" (The Yellow Ticket,1931) avec Elissa Landi, puis Robert Milton lui fait tourner "Westward Passage" (1932), avec Ann Harding. L'accueil du public est tiède et le jeune acteur regagne son Angleterre. Jill Esmond obtient davantage de succès. Ce qui éloigne encore plus l'orgueilleux jeune acteur aux "prétentions shakespeariennes". S'il tourne quelques films en Angleterre, entre 1933 et 1939, on le remarque surtout pour ses performances théâtrales.

Pendant les années 30, Laurence Olivier borne sa contribution au septième art à des rôles de jeunes premiers romantiques qui lui attirent les faveurs d'Hollywood, non sans quelques déboires d'ailleurs : Greta Garbo le fera ignominieusement chasser du plateau de "La Reine Christine". Les films qu'il tourne alors en Angleterre ou aux Etats-Unis ne sont toutefois pour lui qu'un moyen commode de gagner de l'argent entre deux pièces de théâtre, et il faut bien dire que, malgré un premier rôle shakespearien celui d'Orlando dans "Comme il vous plaira" (As You Like It,1936) de Paul Czinner, il a toute raison de penser qu'il n'est pas fait pour le cinéma. D'autant que son prestige ne cesse de croître au théâtre et que les producteurs ne lui proposent guère que des rôles refusés par Leslie Howard ou Ronald Colman. En outre son jeu demeure exclusivement théâtral, même dans une production à succès comme "L'Invincible Armada" (Fire Over England,1937) de William K. Howard, le premier des trois films qu'il devait tourner avec Vivien Leigh, sa future seconde épouse. "Vingt-et-un jours ensemble" (21 Days,1937) de Basil Dean fut le dernier film tourné entre Laurence Olivier et Vivien Leigh. 

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C'est seulement sous la direction de William Wyler, qui lui confie le rôle de Heatcliff dans "Les Hauts de Hurlevent" (Wuthering Heights,1939), que Laurence Olivier va prendre conscience de ses possibilités à l'écran et trouver une sorte de consécration internationale. Cette adaptation, au demeurant fort académique du roman d'Emily Brontë, lui vaut une nomination à l'Oscar d'interprétation. Belle revanche pour l'acteur, qui s'était d'abord vu préférer Ronald Colman, qui n'était pas disponible, et Robert Newton dont les essais avaient été catastrophiques. Plus tard, Laurence Olivier avouera avoir eu, jusqu'aux "Hauts de Hurlevent", une attitude plutôt condescendante à l'égard du cinéma : "Mais, à partir de là, j'ai commencé à comprendre que le cinéma était un moyen d'expression original, et que si on le considérait comme tel et que l'on s'efforçait de l'aborder avec humilité, il était possible d'arriver à quelque chose...Il reconnaîtra que sans les conseils de William Wyler, jamais il n'aurait eu l'idée de réaliser "Henry V" (1944), cinq années plus tard.

En attendant, Laurence Olivier sera l'admirable partenaire de Joan Fontaine dans "Rebecca" (1940) d'Alfred Hitchcock et tournera "Lady Hamilton" (That Hamilton Woman !,1941) sous la direction d'Alexander Korda. Mélodrame d'époque bénéficiant d'un luxueux déploiement de décors et de costumes. Si Laurence Olivier était resté à Hollywood, il ne fait aucun doute qu'il serait devenu l'un de ces acteurs romantiques très britanniques dont raffolaient les spectateurs américains. Mais comme il devait un jour le dire un peu durement : "Je n'ai aucune envie de devenir l'une de ces vedettes de cinéma du genre de ce cher Cary." C'est que Laurence Olivier avait alors en tête des projets beaucoup plus personnels, liés à sa passion pour l'œuvre de Shakespeare. A noter sa prestation dans le film de Anthony Asquith "L'Etranger" (The Demi-Paradise,1943), Laurence Olivier s'exprime dans un anglais élémentaire et prononcé très lentement avec un fort accent russe.   

Laurence Olivier avait d'abord espéré que Vivien Leigh, qu'il avait épousée aux Etats-Unis après avoir divorcé de sa première femme, pourrait participer à ses projets : leur association avait fait d'eux l'un des couples d'acteurs les plus en vue de la profession, encore qu'à la scène, Vivien Leigh n'ait pas toujours fait le poids face à son talentueux partenaire. Malheureusement, à la suite du succès phénoménal de "Autant en emporte le vent", celle qui avait incarné Scarlett O'Hara se vit interdire par David O'Selznick de se produire dans des rôles "insignifiants", fussent-ils sortis de l'imagination de Shakespeare...C'est la raison pour laquelle Laurence Olivier dut renoncer à donner à Vivien Leigh le rôle de la princesse Katherine dans "Henry V", la première de ses trois adaptations shakespeariennes.

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A l'origine, Laurence Olivier voulait confier la réalisation du film à William Wyler. La chose s'étant révélée impossible, il lui fallut se résoudre à se charger lui-même de la mise en scène, tout en jouant le rôle-titre. En fait, ainsi que l'historien britannique  Roger Manvell devait le souligner, le projet n'aurait probablement jamais abouti sans l'intervention d'un excentrique avocat italien, Filippo Del Giudice, qui avait déjà convaincu Noel Coward de réaliser "Ceux qui servent en mer" (1942), et qui était à la recherche d'un "classique" patriotique susceptible de coïncider avec le débarquement en Normandie...

Avec un budget de 300 000 livres, qui ne fut dépassé que d'un tiers, Laurence Olivier a procédé à un traitement audacieux du texte original, coupant un quart de la pièce et ajoutant la magnifique séquence de la bataille d'Azincourt, tournée en Irlande, ainsi que la scène de la mort de Falstaff, empruntée à "Henry IV". Cette scène introduite en manière de flash-back, avait pour but d'expliquer la disgrâce du vieil homme. La décision de commencer et de finir  le film dans le cadre traditionnel du Shakespeare's Globe Theatre et de faire jouer Falstaff par le célèbre comédien de music-hall George Robey témoignait d'un rare courage professionnel. Le film fut une réussite, Laurence Olivier ayant su donner une réelle dimension cinématographique à une mise en scène qui, fondée sur la convention élisabéthaine, s'élargit peu à peu pour aboutir au superbe spectacle de la bataille d'Azincourt, ainsi que le font observer Raymond Lefèvre et Roland Lacourbe dans "Trente ans de cinéma britannique".

Bien que le coût de "Henry V" n'ait été amorti qu'après plusieurs années d'exploitation, son succès auprès du public incita immédiatement Laurence Olivier à poursuivre son entreprise avec "Hamlet" (1948). Il n'était pas bien certain d'être parfaitement désigné pour interpréter personnellement Hamlet. Il n'en fut pas moins remarquable. Quant à la mise en scène, très différente de celle de "Henry V", elle se caractérise par un souci de réalisme décoratif et, surtout, par une virtuosité cinématographique qui ne laisse peut-être pas, parfois d'être excessive : on dirait que la caméra, extrêmement mobile, s'introduit dans tous les recoins de l'œuvre, épousant le mouvement dramatique en de savantes arabesques - au détriment d'une certaine concentration. Ces réserves faites, et malgré les nombreuses coupes qui firent sursauter les puristes, le "Hamlet" de Laurence Olivier est impressionnant.

Tournée en technicolor comme "Henry V", alors que "Hamlet" était en noir et blanc, la troisième et dernière adaptation shakespearienne de Laurence Olivier est souvent considérée comme la plus forte et la plus aboutie cinématographiquement. Pourtant, l'acteur-réalisateur en avait proposé la réalisation à Carol Reed, souhaitant se consacrer entièrement à son interprétation. Le refus de Reed fut somme toute bénéfique. Raymond Lefèvre et Roland Lacourbe écrivent : "Dans "Richard III" (1956), Laurence Olivier mise surtout sur l'interprétation du personnage central qu'il campe, sous un maquillage enlaidissant, d'une manière aussi personnelle qu'efficace. Ses apartés avec les spectateurs sont d'une audace surprenante et permettent d'approcher progressivement la psychologie de cet étrange et inquiétant tyran qui multiplie les crimes les plus odieux.(...) Le mélange des genres propres à Shakespeare trouve un équivalent visuel dans la manière d'alterner des langages cinématographiques apparemment opposés. La stylisation la plus poussée s'harmonise avec le réalisme cinématographique traditionnel, la nuance fugace avec le paroxysme."

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Aux Etats-Unis, à la suite d'un accord sans précédent avec la N.B.C., "Richard III" fut d'abord programmé à la télévision. La diffusion du film était interrompue à trois reprises par des flashes publicitaires de la General Motors, dont l'un vantait une batterie de voiture "plus puissante que tous les chevaux du roi Richard".... Les recettes enregistrées par "Henry V", "Hamlet" et "Richard III" furent cependant insuffisantes pour décider un producteur à financer l'adaptation de "Macbeth", que Laurence Olivier avait ensuite envisagée. La suite de sa carrière cinématographique en sera profondément affectée. Si la réalisation du "Prince et la danseuse" (The Prince and the Showgirl,1957) qu'il interprétait aux côtés de Marilyn Monroe, n'a rien ajouté à sa gloire, si son adaptation des "Trois soeurs' (Three Sisters,1970) de Tchekhov ne s'écarte guère du principe du théâtre filmé, Laurence Olivier devait toutefois, mais en tant qu'acteur seulement, retrouver l'occasion de marquer profondément le cinéma britannique : ce fut avec "Le Cabotin" (The Entertainer,1960) de Tony Richardson. Tiré d'une pièce de John Osborne, que Laurence Olivier avait crée à la scène, ce film attestait la passion qui habitait le grand acteur shakespearien, capable de mettre en jeu son prestige pour apporter son soutien à l'œuvre de l'un de ces "jeunes gens en colère" qui suscitaient tant de controverses au sein du monde intellectuel londonien. Mais il avait compris que le rôle d'Archie Rice était l'un des plus forts qu'il lui ait été donné de jouer. Ce film, écrit et tourné par les "jeunes gens en colère" (comme on a défini la "nouvelle vague britannique" du début des années 60), se veut anticonformiste et dévoile un aspect de la société anglaise que les anciennes comédies se gardaient bien de nous montrer. "Le Cabotin" lui permet de ne pas s'enliser davantage, Laurence Olivier reçoit sa sixième nomination pour l'Oscar. Il épouse sa partenaire, Joan Plowright, un an après avoir divorcé de Vivien Leigh. 

Par la suite, Laurence Olivier ou Sir Laurence Olivier, puisque anobli par la reine d'Angleterre fera de nombreuses apparitions à l'écran, souvent savoureuses comme "L'Opéra des gueux" (The Beggar's Opera,1953) dont il s'agit du premier film de Peter Brook. Pour reconstituer les bas-fonds londoniens du XVIII -ème siècle, il choisit le style des tableaux de Hogarth et des estampes de Rowlandson. En 1965, Laurence Olivier tourne sous la direction de Otto Preminger dans "Bunny Lake a disparu" (Bunny Lake is Missing,1965), il enchaîne le tournage l'année suivante avec la réalisation de Basil Dearden dans "Khartoum" avec Chartlon Heston et Ralph Richardson, sans oublier sa magistrale interprétation dans le huis-clos du film de Joseph L. Mankiewicz "Le Limier" (Sleuth,1972), mais parait-il l'acceptation du tournage de ce film par l'acteur, est lié essentiellement afin de résoudre ses problèmes financiers. Dans ce film de Mankiewicz, il rivalise de prouesses avec Michael Caine : durant 139 minutes on ne voit que ces deux acteurs sur l'écran, tous deux seront nominés, ainsi que le réalisateur.

En 1976, il tient sans doute son rôle le plus terrifiant, celui du dentiste nazi qui martyrise Dustin Hoffman dans "Marathon Man" de John Schlesinger. Ce qui lui vaut un nomination pour l'Oscar du meilleur second rôle. Deux ans plus tard, il retrouve Franklin J. Schaffner et l'univers "nazi" en jouant dans "Ces Garçons qui venaient du Brésil" (The Boys From Brazil) avec Gregory Peck et Lilli Palmer. Depuis, outre nombre de dramatiques télévisées, l'acteur a peu tourné pour le cinéma. On l'a vu en chasseur de vampires dans "Dracula" (1979) de John Badham, dans le rôle de Zeus pour "Le Choc des Titans" (Clash of The Titans,1981) de Desmond Davis, dans celui de l'Amiral Hood pour "Le Bounty" (The Bounty,1984) de Roger Donaldson...Le réalisateur George Roy Hill le dirige également dans "I Love you, je t'aime" (A Little Romance,1979), Richard Fleischer l'a choisi pour le remake du "Chanteur de Jazz" (The Jazz Singer,1981). C'est en 1989, qu'il tourne son dernier film "War Requiem" de Derk Jarman. Il a été fait chevalier en 1948 et a obtenu l'Academy Award en 1979 pour l'ensemble de son œuvre. Sir Laurence Olivier meurt d'une insuffisance rénale le 11 juillet 1989 à l'âge de 82 ans à  Steyning (Royaume Uni).

Spencer Tracy a dit un jour de lui qu'il était "le plus grand de tous les acteurs de cinéma", compliment d'autant plus remarquable qu'il venait de l'un de ceux qui eussent légitimement pu prétendre à ce titre. Pourtant, parce que Laurence Olivier s'est toujours considéré avant tout comme un acteur de théâtre, sa carrière sur la scène lui valut d'ailleurs le premier titre de lord en 1970, jamais conféré à un comédien, la plupart des critiques anglosaxons ont eu longtemps tendance à négliger ses rôles à l'écran. Laurence Olivier n'en a pas moins tourné un peu plus d'une soixantaine de films, au premier rang desquels figure sa fameuse trilogie shakespearienne composée de "Henry V", "Hamlet" et "Richard III"   

  

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               Au fil de l'épée - 1959 - Guy Hamilton 

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               Le Chanteur de jazz - 1980 - Richard Fleischer

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*Affiches-cine * Cinetom

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