RAY MILLAND, UN GALLOIS GENTLEMAN D'EXCELLENCE
RAY MILLAND 1905 - 1983
Acteur, Réalisateur Américain d'origine Britannique
Pendant vingt ans, la Paramount donna à cet élégant Gallois, excellent acteur de surcroît, la chance de tourner avec quelques-unes des plus séduisantes actrices d'Hollywood : Claudette Colbert, Dorothy Lamour, Frances Farmer, Paulette Goddard, Marlène Dietrich, Norma Shearer, Myriam Hopkins, Ginger Rogers, Lana Turner, Barbara Stanwyck, Hedy Lamarr, Susan Hayward, Maureen O'Hara, Joan Collins, Jane Wyman et bien entendu Grace Kelly dans "Le Crime était presque parfait".
Ray Milland est d'origine britannique mais dont l'essentiel de la carrière se déroula aux Etats-Unis. De son vrai nom Reginald Truscott-Jones, il est né le 3 janvier 1905 au Pays de Galles. Après des études King's College de Londres, il fait la connaissance d'une actrice américaine Estelle Brody qui l'oriente vers le cinéma après avoir servi dans les Royal Horseguards et débute ainsi au cinéma dans des petits rôles dès 1929.
Sous le pseudonyme de Spike Milland avant d'adopter le prénom Raymond, qui deviendra Ray, en 1929. Mais il est tenté par Hollywood et, grâce à ses économies, s'embarque en 1931 pour le Nouveau Monde. La MGM le prend sous contrat à la condition expresse qu'il "se débarrasse de son accent anglais". Le jeune comédien prend des cours d'élocution avec Muriel Weber... qu'il épousera la même année. Mais la MGM, qui le "prête" volontiers à la Fox ou à la Warner Bros, ne lui proposer que des rôles insignifiants et l'acteur préféra rentrer au pays natal pour y tourner deux films en 1933. Lors de cette toute première période cinématographique, on retiendra sa participation aux films tournés par Sam Wood "Way for Sailor" (1930), "Bachelor Father" (1931) de Robert Z. Leonard et "Just a Gigolo" (1931) de Jack Conway.
De retour aux USA, en 1934, il occupe divers emplois pour subsister. C'est dans une station d'essence qu'il est remarqué par un producteur de la Paramount. La MGM vient de lancer une nouvelle gloire dans le firmament des Stars : Robert Taylor, un garçon "follement romantique". Ray Milland est engagé pour devenir le "Robert Taylor de la Paramount". Il obtient son premier rôle important en 1935 dans "Aller et Retour" (The Gilded Lily) de Wesley Ruggles avec Claudette Colbert et devient pour la première fois vedette la même année dans "Kidnapping" (Alias Mary Dow) de Kurt Neumann.
Dès lors, il ne cesse de tourner des comédies, des mélodrames mondains, des films d'aventures. Travaillant alternativement pour les studios anglais et américains, Ray Milland montre qu'il peut jouer avec le même talent dans tous les genres : westerns aussi bien que les comédies ou films exotiques. Il parvient ainsi à établir et imposer un personnage : celui d'un séducteur mondain, "léger, sophistiqué et empreint d'un certain cynisme". On peut noter ses prestations en agent secret dans "Bulldog Drummond s'évade" (Bulldog Drummond Escapes,1937) de James Hogan et "Beau Geste" (1939) de William A. Wellman aux côtés de Gary Cooper, Robert Preston, Brian Donlevy et Susan Hayward. Il donna la réplique à de nombreuses jeunes comédiennes dont Deanna Durbin dans "Trois jeunes filles à la page" (Three Smart Girls,1936) de Henry Koster, Dorothy Lamour dans "Hula, fille de la brousse" (The Jungle Princess,1936) de Wilhelm Thiele, Frances Farmer dans "Le Voilier maudit" (Ebb Tide,1937) de James Hogan, Paulette Goddard dans "La Duchesse des bas-fonds" (Kitty,1945) et Marlène Dietrich dans "Les Anneaux d'or" (Golden Earrings,1947) deux films réalisés par Mitchell Leisen
En tournant durant toute cette époque avec acharnement, Ray Milland attend son heure patiemment et acquiert une certaine maîtrise dans son art. Au début des années quarante, certains grands noms du cinéma américain font appel à lui : Cecil B. DeMille : "Les Naufrageurs des mers du Sud" (Reap the Wild Wind,1942) (John Wayne, Paulette Goddard et Susan Hayward), Billy Wilder : "Uniformes et Jupons courts" (The Major and the Minor,1942) avec Ginger Rogers, Frank Borzage : "Ce n'est qu'un au revoir" (connu également sous le titre "Voyage sans retour") (Till We Meet Again,1944). Avec Lewis Allen "La Falaise mystérieuse" (The Uninvited,1944) et surtout Fritz Lang "Espions sur la Tamise" (Ministry of Fear,1944) (Lors de sa sortie en France en 1948, le film s'appelait "Espions sur la Tamise" mais fut rebaptisé "Le Ministère de la peur").
Ray Milland oriente sa carrière cinématographique vers le drame noir et le "thriller". Ce qui autorise Billy Wilder à lui proposer le rôle mémorable d'un alcoolique pathétique dans "Le Poison" (The Lost Week-end,1945). Le cinéaste exigea de tourner en plein New York, sur la 3eme Avenue, dans un vraie hôpital, créant ainsi un univers si réaliste et un personnage si crédible que Ray Milland resta plusieurs années, dans sa vie d'acteur et d'homme, marqué par ce rôle au point d'être moqué ou agressé, dans la rue, pour son ivrognerie de cinéma, que beaucoup avaient fini par croire réelle. Du livre de Charles Jackson, Wilder et Brackett avait gommé, dans leur scénario l'homosexualité de Don Birman ! et pourtant cela aurait pu expliquer en partie les problèmes d'alcool!. L'Oscar, le Prix de la Critique new-yorkaise et un Prix d'Interprétation au Festival de Cannes 1946 consacrent enfin Ray Milland comme l'un des grands comédiens d'Hollywood. Sa distinction naturelle, son raffinement et sa délicatesse un peu obséquieuse en font un séducteur de la quarantaine au comportement parfois trouble et ambigu. Tout en étant dirigé par de grands metteurs en scène, il resta fidèle à certains cinéastes comme Mitchell Leisen (huit films ensemble), Lewis Allen (quatre films). En 1951, sous la direction de Jacques Tourneur, il revient dans son pays tourner "L'Enquête est close" (Circle of Danger). A noter également sa participation au film policier "La Grande horloge" (The Big Clock,1948) réalisé par John Farrow avec Charles Laughton et Maureen 0' Sullivan, ainsi que l'année suivante, un autre tournage du même cinéaste avec Ray Milland et Audrey Totter dans "Un Pacte avec le diable" (Allias Nick Beal). La critique accueillit très favorablement cette fable moderne, mais le public n'était pas au rendez-vous, bouda le film. Ray Milland, la quarantaine avait toujours été employé dans des rôles de jeunes premiers amoureux, était dans un tournant de sa carrière. L'heure des rôles plus sombres, amorcé en 1945 avec "Le Poison" en passant par "L'Espion" (The Thief,1952) de Russel Rouse, prélude à ses rôles futurs de traître. Le comédien était alors de plus en plus difficile dans le choix de ses rôles; il venait de terminer un contrat d'exlusivité qu'il avait signé avec la Paramount depuis 1944, en ayant comptabilisé 17 films pour cette firme.
Après avoir donné la réplique à Ann Todd dans "Une Ame perdue" (So Evil, my Love) en 1948 dans un film tourné par Lewis Allen en Angleterre avec des capitaux américains; Ray Milland retrouve pour la dernière et quatrième fois le cinéaste John Farrow avec lequel il tournera "Terre damnée" (Copper Canyon,1950) dont leur première collaboration fut "Californie terre promise" (California,1946). Beaucoup de commentateurs jugeaient alors Ray Milland trop racé et trop aristocrate pour le western et pourtant, il en tourna un troisième, "Les Clairons sonnent la charge" (Bugles in the Afternoon,1952) de Roy Rowland, et choisit par ailleurs ce genre lorsqu'il passa derrière la caméra pour signer sa première réalisation, "Un Homme traqué" (A Man Alone,1955) et ainsi ajouter une nouvelle corde à son arc. Curieux western presqu'en local clos qui impressionne favorablement la critique. Tout comme son second film, "L'Homme de Lisbonne" (Lisbon,1956), un étrange mélodrame d'aventures. On peut également ajouter "Le Perceur de coffres" (The Sacecraker,1958) un film d'espionnage il signera ainsi cinq films de 1955 à 1968.
En 1954, Alfred Hitchcock lui permet de faire une composition mémorable en mari machiavélique dans "Le Crime était presque parfait" (Dial M For Murder). Ray Milland y pousse au paroxysme son personnage de mondain charmeur et cynique. Un an plus tard, il est aussi fascinant en viveur égoïste et sardonique dans "La Fille à la balançoire" (The Girl in the Red Velvet Swing,1955) réalisé par Richard Fleischer avec Joan Collins et Farley Granger.
Pour beaucoup de cinéphiles, son chef-d'oeuvre se situe en 1962 avec "Panique année zéro" (Panic In Year Zero), l'histoire très violente d'une famille protégeant son unité et sa vie dans une Amérique en proie à la guerre atomique...Absent du cinéma de 1959 à 1961, période durant laquelle il fut la vedette d'une feuilleton télévisé très populaire "Markham", Ray Milland revient en 1962 avec "L'Enterré vivant" (The Premature Burial) de Roger Corman; préférant Ray Milland à Vincent Price. Corman songea à un héros plus jeune et plus romantique que Vincent Price. Milland n'était pas beaucoup plus jeune, mais dans l'esprit du public, il était associé à la notion de jeune premier. Il devait d'ailleurs tourner une nouvelle fois sous la direction de Roger Corman l'année suivante pour "L'Horrible cas du Dr X" (X: The Man with the X-Ray Eyes,1963). A l'heure ou sévissait la peur d'un conflit nucléaire avec l'Est, "Panique Année Zéro" s'attachait à montrer ce que pourrait devenir la société dans le cas d'une attaque atomique. L'histoire très violente d'une famille protégeant son unité et sa vie dans une Amérique en proie à la guerre atomique...Ray Milland avait prit goût à la mise en scène avec cette quatrième réalisation.
Ray Milland apparaît sporadiquement dans certains films très prisés par le grand public "Love Story" (1970) d'Arthur Hiller et "Oliver's Story" (1978) de John Korty dans lesquels il est le père de Ryan O'Neal, "La Montagne ensorcelée" (Escape to Witch Mountain) de John Hough ou "Le Dernier Nabab" (The Last Tycoon,1976) magistralement réalisé par Elia Kazan avec Robert de Niro, Tony Curtis, Jeanne Moreau, Jack Nicholson, Dana Andrews ou Robert Mitchum. Ray Milland décède le 10 mars 1986 à l'âge de 79 ans à Torrance en Californie
1934
Aller Retour - 1935 - Wesley Ruggles
La Vie facile - 1937 - Mitchell Leisen
Toura, déesse de la jungle - 1938 - George Archinbaud
Au pays du rythme - 1942 - George Marshall
La Boule de cristal - 1943 - Elliott Nugent
Californie terre promise - 1946 - John Farrow
Une Ame perdue - So Evil My Love - 1949 - Lewis Allen
Un Pacte avec le diable - 1949 - John Farrow
Ma Vie à moi - 1950 - George Cukor
Terre damnée - 1950 - John Farrow
Le Crime était presque parfait ( bande annonce VO )
L'Enterré vivant - 1962 - Roger Corman
La Chose à deux têtes - 1972 - Lee Frost
* Affichescine * Cinetom
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