JEAN SEBERG, 40 ANS DÉJÀ !
JEAN SEBERG 1938 - 1979
Actrice Américaine
Elle restera toujours la petite blonde qui vendait le "Herald Tribune" sur les Champs-Elysées. En 1959. Dans "A bout de souffle", bien sûr. Dans ce premier film et coup de maître de Jean-Luc Godard, Jean Seberg opposait à un Belmondo hors-la-loi, traqué, anarchisant, une fraîcheur et un côté rose bonbon bien anglo-saxons.
Les yeux rieurs, les cheveux presque ras, le joli sourire et la pointe d'accent yankee séduisirent le public français. Dès lors, entre 1960 et 1968, la petite Américaine fit une carrière suivie en France, mais sans trop de bonheur (si l'on excepte "L'Amant de cinq jours" de Philippe de Broca et "La Ligne de démarcation" de Claude Chabrol). Cependant, en 1963, Jean Seberg fit un retour à Hollywood (où elle avait été lancée par Otto Preminger dans "Sainte-Jeanne") pour y tourner "Lilith" sous la direction de Robert Rossen. Pronfondément névrosée mais dégageant une extraordinaire poésie, "Lilith" est peut-être le personnage qui ressemble le plus à la vraie Jean Seberg. Celle qui allait être très perturbée dans les années soixante-dix, qui ressentit le besoin de s'engager dans une activité anti-raciste aux Etats-Unis et qui fut, pour cette raison, harcelée par le F.B.I. La "petite Américaine idéaliste" (comme la qualifia son second mari, l'écrivain Romain Gary) devait finalement se suicider en septembre 1979. Dans ce contexte, les quelques films qu'elle avait pu tourner après 1968 "Airport", "L'Attentat", "Le Grand délire" - ne pesèrent certainement pas bien lourds dans la balance. Georges Cohen
Jean Seberg est née le 13 novembre 1938 à Marshalltown dans l'Iowa (Etats-Unis). Fille d'un pharmacien et d'une institutrice, issue d'une famille luthérienne et suédoise, elle fait des études supérieures et participe à divers spectacles montés par son université et assure ainsi ses débuts de comédienne dans la troupe de théâtre de son université. Jean Seberg n'a guère à attendre pour connaître le succès au cinéma : Otto Preminger, qui est à la recherche d'une jeune fille pour incarner la sensible héroïne de George Bernard Shaw dans "Sainte-Jeanne" (Saint Joan,1957), choisira en effet cette adolescente au corps fragile et aux yeux clairs parmi trois mille candidates. Le célèbre réalisateur la fera de nouveau tourner en 1958 dans l'élégant "Bonjour Tristesse" d'après le roman de Françoise Sagan, un film qui, cette fois, sera hélas boudé par le public.
Quelque peu critiquée par son propre public, Jean Seberg décide alors de se rendre en France. C'est finalement Jean-Luc Godard qui lui permettra de révéler tout son talent dans le déjà nommé "A bout de souffle" (1960), au côté de Jean-Paul Belmondo. Le film révèle au public le jeune metteur en scène, l'acteur Belmondo et propulse Jean Seberg au rang de vedette. Devenue l'une des égéries de la "nouvelle vague", elle éveille aussitôt l'intérêt des réalisateurs. Dans les années qui suivent les propositions cinématographiques affluent, c'est "La Récréation" (1960) de François Moreuil, "L'Amant de cinq jours" (1961) de Philippe de Broca avec Jean-Pierre Cassel", "Echappement libre" (1964) de Jean Becker avec Belmondo, "La Route de Corinthe" (1967) de Claude Chabrol avec Maurice Ronet et Michel Bouquet. A noter sa prestation avec Clint Eastwood et Lee Marvin dans "La Kermesse de l'Ouest" (Paint Your Wagon,1969) de Joshua Logan.
En 1967, Romain Gary réalise un film bâti littéralement autour d'elle : "Les Oiseaux vont mourir au Pérou". Peu de temps auparavant, elle avait participé aux exploits de l'agent OSS 117 dans "Estouffade à la Caraïbe" (1967) de Jacques Besnard avec Frederick Stafford, mais sans pouvoir tout à fait confirmer les espoirs qu'elle avait fait naître, sauf peut-être dans "L'Amant de cinq jours". Davantage sensibilisée par les revendications extrémistes des Black Panthers, cette jeune actrice au destin sacrifié amorcera tragiquement son déclin. Le FBI aura sa part de responsabilité avec le concours du chef de la police, J. Edgard Hoover, en tant que directeur du Bureau Federal d'Investigation.
C'est en 1977 qu'elle apparaît pour la dernière fois à l'écran dans "Die Wildente", d'après Henrik Ibsen. Georges de Beauregard qui avait été le producteur de "A bout de souffle" avait demandé à Jean Seberg d'être le personnage principal qu'il avait mis en chantier, mis en scène par Raoul Coutard : "Opération Léopard". Elle était partie en août 1979 pour une journée et demie de tournage en Guyane. Le 8 septembre 1979, on découvrit le corps de l'actrice dans sa voiture : la police conclut à une "overdose"de barbituriques ainsi qu'une forte dose d'alcool dans le sang. Jean Seberg repose au cimetière du Montparnasse, son second mari, l'écrivain Romain Gary se suicide à son tour le 2 décembre 1980 soit trois mois après l'actrice, il laissera une lettre dans laquelle, il écrit "aucun rapport avec Jean Seberg".
Choc - 1965 - Mervyn Leroy
Les Oiseaux vont mourir au Pérou - 1968 - Romain Gary
La Kermesse de l'Ouest - 1969 - Joshua Logan
Pris au piège - 1974 - Daniel Pétrie
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