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CINETOM
12 septembre 2010

CLAUDE CHABROL - DÉCÈS D'UN GRAND CINÉASTE POPULAIRE

          CLAUDE CHABROL               1930 - 2010     

               Cinéaste, Scénariste, Producteur, Acteur Français 

 

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Le cinéaste Claude Chabrol est décédé, dimanche 12 septembre 2010 au matin, à l'âge de 80 ans. C'est la mairie de Paris qui a annoncé la triste nouvelle, peu après 11 heures.Christophe Girard, adjoint chargé de la culture a déclaré : C'était "un immense cinéaste français, libre, impertinent, politique et prolixe. Merci Claude Chabrol, merci pour le cinéma !" .Le dernier film de Claude Chabrol, "Bellamy", était sorti en 2009 sur les écrans avec Gérard Depardieu dans le rôle principal.

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Né le 24 juin 1930 à Paris, dans une famille de pharmaciens originaires d'Auvergne, Claude Chabrol fréquentera plutôt la Cinémathèque et les cinémas d'art et d'essai que l'université. Critique aux Cahiers du Cinéma, il se distingue moins par l'agressivité que par l'humour et la diversité de ses goûts cinématographiques. Il proclame (à propos du cinéma policier américain) qu'il n' y a pas de "grands" et de "petits" sujets de films, mais, dans l'ensemble, il écrit peu de textes théoriques. Son livre sur Hitchcock (en collaboration avec Rohmer) publié en 1957, est un cocktail subtil de sérieux et d'ironie.

Peu après, il fait un petit héritage et débute au cinéma comme producteur et coscénariste d'un court film de Jacques Rivette, "Le Coup du berger" (1956). Il sera aussi superviseur d' "A bout de souffle" (1960) de Jean-Luc Godard et producteur d' "Une femme et une femme" (1961).

Les problèmes financiers du cinéma lui sont donc familiers. Pour réaliser son premier film, il a besoin d'argent. Il imagine alors de tourner un autre film à très petit budget, fabriqué de manière à obtenir une "prime à la qualité" (subvention officielle qui était attribuée à certains films "intellectuels".) Avec l'argent de la prime, il pourra tourner l'autre film, qui lui tient à coeur.

Chabrol tourne son premier long métrage qu'il produit lui-même : "Le Beau Serge" (1959) avec de jeunes comédiens :  Gérard Blain, Bernadette Lafont et Jean-Claude Brialy. Sa première oeuvre fut un succès et primé au Festival de Locarno. Avec son second film, Claude Chabrol retrouve le ton et les acteurs de son précèdent film et découvre une nouvelle comédienne : Juliette Mayniel avec "Les Cousins" (1959). "La "Nouvelle Vague" fait ses premières armes, et le néo-romantisme de Chabrol est comparé à la peinture de la jeunesse désemparée et libertine d'Alfred de Musset. Il raconte dans son livre "Et pourtant je tourne" (Edition Robert Laffont) qu'à cause de l'atmosphère politique de l'époque (montée de la droite, éviction de Mendès-France, guerre d'Algérie) il était très nerveux pendant le tournage : "je ne dormains plus, je piquais des colères. J'avais trois stagiaires, je les ai tous mis à la porte, apr_s deux jours, sans raison..." Ce deuxième long métrage remporta l' "Ours d'Or" au Festival International du Film de Berlin, en 1959.  En conclusion, les deux premières oeuvres de Chabrol avaient été accueillis avec intérêt et bienveillance, autant le mouvement de replis qui s'était amorcé avec "A Double tour" (1959) avec Jean-Paul Belmondo, Madeleine Robinson et Bernardette Lafont, se donna libre cours avec ce nouveau film. La nouvelle vague, en pleine ascension depuis un an, commeçait à indisposer beaucoup de monde, et ce fut un déchaînement général. A quelques rares exceptions près, la critique s'en donna à coeur joie, et le malheureux Chabrol paya cher un succès trop rapide et trop complet.

Il divorça pour épouser la comédienne Stéphane Audran. Il réalise  "Les Bonnes Femmes" (1960) avec Bernadette Lafont et Stéphane Audran (ce quatrième film de Chabrol était l'un de ses meilleurs, il était de très loin ce qu'il avait fait de mieux depuis ses débuts), Le public suivit l'attitude hostile de la presse et l'échec commercial compléta l'échec critique.  De même avec "Les Godelureaux"  (1960) avec Jean-Claude Brialy et Bernadette Lafont, et enfin "Ophélia" et "L'oeil du malin" avec Jacques Charrier et Stéphane Audran. On accuse Chabrol de "noirceur", de mysoginie, et même de fascisme. Il faut reconnaître que ses personnages sont pour la plupart, à l'époque, des êtres stupides, veules ou même répugnants. Mais Chabrol exprime à travers eux à la fois un pessimisme foncier (qui ne s'estompera que plus tard) et une fascination pour la bêtise : fascination dont la pitié n'est pas absente.

Quelquefois le cinéaste a été guetté par un certain académisme avec "Landru" (1962) incarné par Charles Denner aux côtés de  Michèle Morgan, Danielle Darrieux et Stéphane Audran. L'absence de succès de ces films ambigus le contraint à diriger pendant quelques années "un peu de tout", notamment une série de films d'espionnage traités en parodie de James Bond "Marie-Chantal contre Docteur Kha" (1965).  Puis Chabrol dirige Roger Hanin dans deux films : "Le Tigre aime la chair fraîche" (1964) et "Le Tigre se parfume à la dynamite" (1965)). En 1966, il le réalisateur change de registre et prends à bas le corps une histoire de résistance dans "La Ligne de démarcation" (1966) où une pléiade d'acteurs défilent tout au long du film : Jean Seberg, Maurice Ronet, Daniel Gélin, Stéphane Audran, Jacques Perrin, Jean Yanne et Noël Roquevert.

Une autre mise en scène pour Chabrol avec "La Route de Corinthe" (1967) avec Jean Seberg, Maurice Ronet, Christian Marquand, Michel Bouquet et Chabrol lui-même. Quand il revient aux sujets sérieux, notamment avec "Les Biches" (1968) le goût du public a changé. Les outrances de la nouvelle vague ont été acceptées, et les qualités de Chabrol apparaissent en pleine lumière : cet humoriste ne manque pas de tendresse, la cruauté de certaines de ses descriptions et le produit d'une intelligence lucide.

Les sujets qu'il chosit sont d'apparence réaliste, un peu dans la tradition de Renoir ou Duvivier : couples mis en péril par un adultère, passions subites conduisant au crime de parfaits représentant de la petite bourgeoisie (provinciale, le plus souvent). En outre, la "morale" de ces histoires est éminemment raisonnable : "La Femme infidèle" (1968) est une apologie de la fidélité. A la véracité satirique de ses descriptions, il ajoute un trait personnel qui devient vite objet de chronique : il joue un petit rôle (comique) dans chacun de ses films, et la gastronomie y tient une place de plus en plus importante. Trois repas découpent "Que la bête meure" (1969) en cinq actes (comme une tragédie) : les conflits se nouent ou se dénouent autour de la table familiale dans "Le Scandale" (1967), dans "La Femme infidèle" , dans "Juste avant la nuit" (1971) avec Michel Bouquet, Stéphane Audran et François Périer.  Après une période de trois ans marquée par des films commerciaux; "Le Scandale" constituait le retour de Claude Chabrol à une veine mêlant narration policière, "hitchcokienne", et satire acerbe de milieux bourgeois vivant dans des décors décadents. Autour de Maurice Ronet, Stéphane Audran, Anthony Perkins et Yvonne Furneaux;   

Le choix des acteurs dans "Que la bête meure" est particulièrement intéressant. Les deux rôles principaux sont tenus par Michel Duchaussoy et Jean Yanne qui joue un personnage à l'opposé de ses rôles habituels d'amuseur public, souvent au côté de son complice et ami Jacques Martin. C'est plus qu'un acteur déclara Chabrol, c'est une personnalité extraordinaire, sa voix, sa démarche, son regard...cela ne s'invente pas ou ne s'apprend pas !. Yanne est un acteur américain, typiquement français.

"La femme infidèle" a été tourné à Jouy-en-Josas pendant les mois de juillet et d'août 1968, durant six semaines. Chabrol a choisi Michel Bouquet après l'avoir vu dans une pièce de Harold Pinter. "J'aime bien, dit-il, prendre les mêmes acteurs...cela m'éviter de leur répéter les mêmes choses. Avec Bouquet, néanmoins, j'ai dû agir différemment. Ayant l'habitude des répétitions théâtrales, il a eu un peu de mal à se familiariser avec cette manière de travailler consistant à laisser les acteurs imaginer l'épaisseur à donner à leurs personnages. Tous les soirs il m'invitait à dîner et nous parlions de son rôle" (in "Les Lettres Françaises" (29/01/69).

C'est aussi à table que ses prennent les décisions dans "La Muette" (sketch de "Paris vu par...) (1966) d'un comique cauchemardesque où Chabrol joue le rôle d'un pharmacien!, ou dans "Les Biches" (1968), et un festin de campagne est à l'origine du "Boucher" (1970) avec Jean Yanne et Stéphane Audran.  Le film le plus réussi de Chabrol à ce point de vue serait peut-être "Le Boucher", ce drame à deux personnages qui met en présence une institutrice (Hélène) et un boucher (Paul) également frustrés malgré les apparences. Si Paul dissimule une éffroyable névrose qui fait de lui, périodiquement un assassin de fillettes, Hélène est au début du film une future "vieille fille", apeurée devant l'amour et qui pratique le yoga. Celui-ci est défini par le cinéaste comme une forme atténuée de folie, une religion gymnastico-mentale" qui "n'aboutit à rien". Hélène cesse peu à peu de refouler sa vraie nature et s'épanouit en devenant amoureuse. En même temps, son intelligence  croît, mais c'est pour devinir que celui qu'elle aime est un "monstre". Et comme ce monstre n'est ni hébété, ni antipathique, et qu'il devine à sont tour qu'il est deviné par cette femme qu'il aime, son suicide devant elle devient un acte d'amour. Aussi "Le Boucher" est-il le plus émouvant des films de Chabrol, tout en permettant de prendre au sérieux des notes émouvantes introduites dans d'autres films.   

Un mari devenu fou est le point de départ de "La Rupture" (1970), et le comportement des personnages "normaux qui s'en prennent ensuite à l'héroïne apparait du coup relever lui aussi de l'insanité mentale. Ce long métrage de cinéma fait partie de cette série de films réalisée par Chabrol entre 1968 et 1971, mettant en scène des drames bourgeois ou passionnels dans lesquels son ex-femme, Stéphane Audran, porte le nême prénom d'Hélène. La film a été tourné en huit semaines, de mai à juin 1970 à Bruxelles, Paris et dans la région parisienne. Il fut interdit dès sa sortie aux moins de dix-huit ans, après la seconde semaine d'exploitation, aux moins de treize ans, grâce à une simple coupure lorsque Paul et Sonia montrent le film pornographique à Elise. Aux côtés de Stephane Audran, Jean-Pierre Cassel, Jean-Claude Drouot, Michel Bouquet, Annie Cordy, Jean Carmet et Michel Duchaussoy.

Chabrol a aussi subi l'influence d'Orson Welles, et dans "La Décade prodigieuse" (1972) s'est plu à lui faire jouer le rôle de Théo (dieu en grec) alors que le film repose sur la violation des commandements du Décalogue, et que "Dieu" y est présenté comme un jaloux criminel. Dans "Les Innocents aux mains sales" (1974) avec Romy Schneider et Rod Steiger, l'héroïne s'enfonce à la fin dans une sorte de folie délibérée, seul moyen de regagner son intégrité. On pourrait multiplier ces exemples, jusque dans les films où Chabrol semble surtout étudier les milieux sociaux et les problèmes du couple.

Une fois n'est pas coutume, "Folies Bourgeoises" (1975) fut tourné en anglais. Les principaux interprètes sont : Bruce Dern (qui a tourné avec Hitchcock), Ann-Margret, Jean-Pierre Cassel, Sydne Rome, Maria Schell, Curd Jurgens, Tomas Milian, Francis Perrin, Charles Aznavour et Stephane Audran qui déclara "comme le metteur en scène était français, je ne pouvais pas entièrement me reposer sur lui; c'était dur, surtout dans les quelques moments d'improvisation.

 

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                     «Le beau Serge» (1959) avec Bernadette Lafont - Jean-Claude Brialy

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          Anthony Perkins - Claude Chabrol

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«Que la bête meure» (1969) avec Jean Yanne - Michel Duchaussoy

 

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En 1973, il adapte pour la télévision deux nouvelles d'Henry James, "Le Banc de la désolation" et "De Grey". En 1974, toujours pour la télévision, il réalise plusieurs histoires fantastiques, "Bons et Loyaux services" (Monsieur Bébé), "Accommodements" (Nul n'est parfait), "Une invitation à la chasse" et "Les Gens de l'été". En 1976, il collabore sur la série télévisée : "Madame le Juge", avec Simone Signoret. Il publie son autobiographie "Et pourtant je tourne...".

tLa nourriture qu'on partage ou qu'on ne partage pas avec les habitants de l'au-delà, ce vieux thème de folklore, revient dans "Alice ou la dernière fugue" (1976) avec Sylvia Kristel, Charles Vanel et Fernand Ledoux. Comme pour montrer l'importance de ce motif, le cinéaste affirme qu'il ne tourne que dans des villes où il est certain de pouvoir lui-même bien manger.

Il s'agit donc d'une peinture apparement rassurante de la France contemporaine : Chabrol décrit certes de façon corrosive, férore même, la sottise, l'avarice, la mesquinerie, mais cette peinture répond aux yeux du spectateur moyen à une tradition littéraire bien établie et que Chabrol revendique : celle de Balzac, de Flaubert, quelquefois de Mauriac. En outre, les aspects satiriques sont équilibrés par la réelle sympathie avec laquelle les figures de femmes ou d'enfants sont présentées. Le public accepte le miroir critique que Chabrol lui tend en souriant. Enfin ses déclarations fracassantes témoignent d'une vitalité qui met en toute occasion les rieurs de son côté.

A voir les choses de plus prés, elles sont moins simples. Le cinéaste n'est pas seulement un amuseur doublé d'un psychologue et "prodigieusement  doué" comme l'écrivait un critique en 1967. Certes, il a acquis de film en film un "métier" sans défaillance. Lui-même dit en 1969 : "Je peux tout faire maintenant. Je le dis sans prétention. Si on me demande de faire un quart d'heure d'Eisentein, je fais un quart d'heure d'Eisentein. Extérieurement, attention. Ca n'en aura que de l'apparence.

Claude Chabrol a constitué autour de lui une équipe à peu prés constante de techniciens et recourt le plus souvent possible aux mêmes interprètes ( Stéphane Audran, Isabelle Huppert...). Il en résulte que les films de sa maturité ont un "air de famille" et par conséquent un "style" commun par-delà leurs thèmes. En apparence, Chabrol prend des points de départ variés et travaille à partir de matériaux disparates : romans policiers américains qu'il transpose en France, scripts originaux fondés sur un fait divers, ou au contraire sur un prétexte fantastique (Alice...). Le climat propre et commun à presque tous ses films ne se réduit pas au réalisme dont nous avons parlé, ni au moralisme évident du cinéaste. Celui-ci n'est pas seulement le témoin plus ou moins divertissant de son époque. Le climat qui préside à ses films, l'élément qui faut qu'on se souvient d'eux, est plus profondément obsessionnel.

Si la bêtise fascine Chabrol, ce n'est pas seulement "parce qu'elle n'a pas de limites", a-t'il expliqué, mais aussi "parce qu'elle est dangereuse". Et, trop souvent, l'homme n'échappe à la bêtise que pour tomber dans un autre danger, celui de la folie. Celle-ci est plus attachante, moins médiocre que la bêtise. Elle est souvent le fruit d'une passion contrariée, ou d'une exigence d'absolu. Même quand elle produite par un traumatisme névrotique, celui qui en souffre est l'objet de notre compassion. Mais on sort alors du cadre réaliste pour la peinture de situations exceptionnelles, même si elles concernent l'humanité la mieux cachée en chaque homme.

Présenté au Festival de Cannes 1978, "Violette Nozière" valut à son interprète féminine, Isabelle Huppert, un Prix d'Interprétation ex-aequo avec Jill Clayburgh. Claude Chabrol déclara, à propos de son film : "j'adore les faits-divers. C'est Pierre Brasseur qui, il y a plus de 15 ans, me raconta, avec de vraies larmes dans les yeux, l'histoire de Violette Nozière. Il était moralement amoureux, il la considérait comme une victime de la société. Il avait même écrit un scénario qu'il aurait aimé me voir tourner. Mais dans son scénario, le plus important concernant Violette en prison. Moi, c'est avant le crime qu'elle m'intéressait le plus. Et puis, j'ai su que parmi les personnages que Isabelle Huppert rêvait de jouer, il y avait celui de Violette Nozière."

Claude Chabrol désirait depuis longtemps réaliser un film sur les pays de la Creuse en 1910,mais le nombre impréssionnant de documents à rassembler lui coupait toute envie. Lorsqu'il lut "Le Cheval d'Orgueil" (1980), le best-seller de Pierre Jakez Helias, ilpensa que quelqu'un avait réuni des documents à sa place et que Hélias avait mis à sa disposition une mine de renseignements qu'il aurait mis vingt ans de sa vie à réunir. Claude Chabrol décida donc de tourner un film sur les paysans bretons. L'adaptation du récit de Jakez Helias fut confiée à Daniel Boulanger qui ne garda des sept cents chroniques du pays Bigouden que l'histoire de l'auteur lui-même, le petit Pierre qui grandit entouré de sa mère, de son père et de son grand-père. Tandis qu'éclate la guerre 14-18. Afin que le film ne perde de sa crédibilité, le réalisateur préféra tourner avec très peu d'acteurs (Jacques Dufilho, François Cluzet, Paul Le Person, Michel Blanc et Dominique Lavanant) et fit collaborer la population de Trégennec.

Il fut beaucoup plus à l'aise avec le roman de Georges Simenon, Chabrol fait avec "Les Fantômes du chapelier" (1982) une peinture comme il les affectionne d'une province dont l'apparent conformisme bourgeois sert de couvercle à un bouillonnement de vices et de haines. Michel Serrault et Charles Aznavour formèrent un  duo exceptionnel.

"Le Sang des autres" (1984) est une coproduction avec la télévision et le Canada qu'il accepte de réaliser avec tout le professionnalisme d'un cinéaste chevronné.  Il retrouve l'acteur Jean Poiret dans le rôle "Inspecteur Lavardin" (1986) dont il avait narré la première enquête dans "Poulet au vinaigre". "D'habitude les flics vont par deux, le méchant et le gentil. Dans "Poulet au vinaigre", j'ai mêlé les deux en un seul. Il est assez marrant et plutôt sympathique, mais il ne faut pas s'y fier. (...) Je le trouve plus effrayant du fait qu'il soit souriant. (...)"Masques" (1987) avec son animateur de télévision (Philippe Noiret) diaboliquement démagoque que sa rapacité pousse jusqu'au crime, illustre exemplairement le rôle que s'assigne Chabrol, en tant que cinéaste. "Rien n'est plus sain que de voir les choses telles qu'elles sont. La lucidité est vraiment la voie du bonheur. J'essaie de montrer un ensemble d'illusions et de donner un grand coup de pied dedans."

Après ces trois films, trois succès critiques et commerciaux, Chabrol est revenu, avec "Le Cri du hibou" (1987), au suspense psychologique. Ce film parle de choses graves, comme la mort ou la folie, mais avec juste ce qu'il faut de dérision et d'humour pour que le spectateur n'ait jamais l'impression de subir un message ou d'entendre une leçon.  Car pour Chabrol :"Etre considéré comme farceur et gourmet ne me gêne nullement."

En 1987, Claude Chabril est associé à la série policière télévisée "Sueurs froides". L'année suivante, il tient pour la première fois le rôle principal d'un film : "Alouette je te plumerai" de Pierre Zucca.

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