JAMES WHALE, Frankenstein, l'homme invisble...
JAMES WHALE 1896 - 1957
Cinéaste, Scénariste, Producteur américain
James Whale possédait le don rare de concilier l'humour avec la sombre beauté de l'épouvante gothique. James Whale ne tourna que quatre films d'épouvante mais ce furent précisément ceux qui firent la fortune d'Universal, et tout particulièrement le premier et le plus célèbre "Frankenstein" (1931), il était très significatif du climat très perturbé des années 30. L'autorité et les valeurs morales sortaient très ébranlées de la crise, si le public se pressait nombreux pour assister aux exploits de ce monstre, c'était peut-être parce que ceux-ci concrétisaient en quelque sorte son désir latent de révolte contre l'ordre établi qui avait si bien trahi sa confiance....
Cinéaste d'origine britannique, né à Dudley Staffs (Staffordshire), le 22 juillet 1896. Il meurt le 29 mai 1957, des suites d'une chute. Après des études à Londres, il débute comme dessinateur humoristique au magazine "Bystander". Mobilisé dans le "Seventh Worcester Infantry Regiment" durant la guerre de 14-18, il est fait prisonnier et, pour tromper son ennui, fait du théâtre amateur. Rendu à la vie civile, il devient acteur professionnel et joue en 1918 dans "Abraham Lincoln" monté par la Birmingham Repertory Company. Tour à tour régisseur, décorateur ou comédien au "Savoy Theatre", puis au "Royal" et au "Strand", il se retrouve producteur en 1928 tout en signant à la fois les décors et la mise en scènede "Journey's End" de R.C. Sheriff (joué à Paris sous le titre "La fin du voyage"). Appelée à un retentissant succès, la pièce est montée à Broadway l'année suivante, c'est alors qu' Hollywood le sollicite pour la porter à l'écran.
JOURNEY'S END (1930)
Il commence sa carrière au cinéma en même temps que le parlant et collabore avec Howard Hughes (bien que non crédité au générique) pour terminer la version sonore des "ANGES DE L'ENFER", un célèbre film sur les exploits de l'aviation durant la Grande Guerre. C'est en 1931, que la firme Universal entreprit la réalisation de d'une adaptation d'un roman classique de la littérature fantastique anglaise du XXème siècle : "Frankenstein" de Mary Wollstonecraft (Mary Shelley), la seconde épouse de Shelley qui lui assurera la gloire internationale. La jeune femme du poète anglais Shelley, n'avait que dix-neuf ans lorsqu'elle écrivit "Frankenstein ou Le Prométhée Moderne", en 1816.
. James Whale chercha et dénicha un nouvel interprète pour le rôle du "monstre" : William Henry Pratt, qui allait se rendre mondialement célèbre sous le nom de Boris Karloff. Cet acteur qui avait tourné une centaine de films depuis 1916, ne trouva en fait la gloire qu'à partir de cette époque. "FRANKENSTEIN" (1931) fut en vérité une réussite, mais il nous faut signaler ici une erreur courante : le film de James Whale s'intitulait "Frankenstein, l'homme qui créa le monstre" (Frankenstein, the man who made the monster), mais on confondit rapidement, dans l'optique du public, le docteur Herbert von Frankenstein était incarné par Colin Clive. Le "monstre" prit le nom de son inventeur dans l'esprit des spectateurs. Il y a sans doute à cela des raisons psychologiques, notamment dans le fait que les distributeurs européens limitèrent le titre à Frankenstein tout court, et que le vrai personnage du film n'étant pas le médecin diabolique mais sa créature et qu'on prit sans doute fait et cause pour le " monstre" assez pitoyable, plus que pour son inventeur. C'est en fait un film d'une forme très classique qui recourt à l'impressionnisme au moment ou cette forme était fort vivante, et utilise le style de narration claire propre au cinéma américain. L'ambiance crée par le metteur en scène était parfaitement conventionnelle, mais ne manquait pas d'un certain souffle poétique : un village au centre de l'Europe, les brumes d'un cimetière ou l'on recherche des cadavres en pleine nuit, la création du "monstre" dans un laboratoire très moderne malgré les apparences, la poursuite finale dans la montagne, et la destruction de la créature dans un moulin en flammes, tout cela relevait d'un talent certain.
James Whale se montra particulièrement heureux dans deux séquences : la rencontre entre le monstre et une fillette -ce qui fit frémir de nombreuses générations et que tous les successeurs du cinéaste reprirent dans les versions postérieures à ce film ; est dans le passage du film ou le personnage, renouvelant le thème de la Belle et la Bête, entrait dans une maison ou une jeune fille, déjà vêtue de sa robe blanche, préparait son mariage. Terreur et poésie se mêlaient dans cette étrange aventure qui n'a rien perdu de son charme ni de son éclat.
Mais c'est le succès considérable remporté l'année suivante par son adaptation de "Frankenstein" qui lui assurera la gloire internationale.Mary Wollstonecraft Shelley, la jeune femme du poète anglais Shelley, n'avait que dix-neuf ans lorsqu'elle écrivit "Frankenstein ou Le Prométhée Moderne", en 1816.
Dans le rôle du monstre, sous le masque pathétique créé par le maquilleur Jack Pierce, un inconnu malgré ses quelque soixante-dix films tournés auparavant, William Henry Pratt, qui deviendra célèbre dans l'histoire du cinéma, sous le nom de Boris Karloff pour sa création particulièrement originale du monstre de Frankenstein..
En 1932, James Whale réalise "THE OLD DARK HOUSE" qui peut être considéré comme le prototype des histoires filmées de " maisons hantées " : demeure sinistre peuplée de personnages inquiétants avec nuit d'orage propice à une atmosphère de terreur. Boris Karloff obtenait le premier rôle au générique. Avec ce film, Charles Laughton et Raymond Massey faisaient leurs débuts à Hollywood.
"THE OLD DARK HOUSE" (littéralement: la vieille maison sombre) fut distribué en France sous plusieurs titres : "UNE SOIRÉE ÉTRANGE", "LA MAISON DE LA MORT" ou "LA MAISON DES TÉNÈBRES" ( le maussade et efféminé propriétaire d'une maison maudite observe avec un certain humour l'hétéroclite compagnie qui s'est réfugiée pour la nuit sous son toit et qui se compose entre autres, d'une énorme brute muette et alcoolique, d'un tueur armé d'un couteau et d'un pyromane..
En 1933, sort sur les écrans "L'HOMME INVISIBLE" constitua une performance technique étonnante pour l'époque (1933). Les effets spéciaux créés par John P. Fulton pour le film de James Whale furent longtemps inégalés, si bien qu on fit appel à lui pour tous les avatars ultérieurs de l'homme invisible.
Chaque version fut le même festival de truquages stupéfiants où l'on voyait une cigarette s'allumer toute seule, une bicyclette rouler sans personne pour la conduire, une chemise ou un pantalon flotter dans l'espace, et des bandelettes se dérouler sur du vide...
(Le héros apprécie les pouvoirs que lui donne la monocaine mais déplore, en même temps, que l'invisibilité qu'elle lui confère le condamne à vivre nu, car les vêtements "dessinent" sa silhouette et révèle sa présence.
Le comédien Claude Rains, qui personnifia l'homme invisible dans la version de 1933, ne fait entendre que sa voix durant la presque totalité du film : ce n'est qu'au dernier plan que l'on voit enfin apparaître son visage. Et ce fut paradoxalement par ce rôle qu'il débuta sa prolifique carrière au cinéma ! C’est d’ailleurs Boris Karloff qui devait "incarner" l'homme invisible, mais y renonça à cause de ce terrible handicap pour un acteur.
Pendant le tournage avec James Whale
Claude Rains "L'homme invisible " et James Whale
Dans "LA FIANCEE DE FANKENSTEIN" (The Bride of Frankenstein) (1935), James Whale renouvelait sa performance en y ajoutant une note relativement érotique. Mais déjà le titre du film suit le public qui identifie le "monstre" à son inventeur. La fiancée en question n'est pas destinée à épouser le docteur, mais sa créature, et elle est elle-même une nouvelle version, féminine du "monstre". Le docteur Frankenstein, aidé par le perfide Prétorius, crée de toutes pièces une "femelle" dont l'union avec son premier "monstre" permettrait de procréer une nouvelle race de petits monstres. James Whale avait, on le devine, le sens de l'humour. Il se montra plus raffiné encore dans la fabrication de sa "créature", en utilisant un laboratoire plus compliqué et plus spectaculaire que dans son film de 1931, sans compter une ambiance terrifiante : la nuit se couvrait d'une tempête artificielle, remplie de signes néfastes et de mauvais augure. Il fallait faire peur à tout prix. La "créature féminine" (Elsa Lanchester, épouse de Charles Laughton), pourtant devenait singulièrement humaine à sa manière. Elle était peu à peu horrifiée par l'aspect terrifiant de son "fiancé", et lui préférait un homme normal, et non pas un"humanoide".
Le "monstre", évidémment, se trouvait blessé dans sa fierté et ses sentiments, et c'est sans doute là que réside le génie de James Whale ; son personnage n'est pas un robot, aveugle et criminel, mais un être qui, pour avoir été crée de toutes pièces, n'en n'était pas moins pourvu de sentiments véritables, dignes de tous les êtres humains . Il souffre, et d'une façon pathétique, de l'horreur de son apparence. On le repousse parce qu'il est hideux, on le fuit parce qu'il est monstrueux, mais il ne le sait pas, il ne comprend pas pourquoi il fait peur....
Dès lors, James Whale restera dans l'histoire du cinéma comme un spécialiste du fantastique avec ses grandes réussites du genre que demeurent "UNE SOIRÉE ÉTRANGE", "L'HOMME INVISIBLE "et surtout "FRANKENSTEIN" - " LA FIANCÉE DE FRANKENSTEIN". Pourtant, le fantastique ne représente qu'une partie infime de sa production, qui couvre tout aussi bien le mélodrame "LE BAISER DEVANT LE MIROIR", "FEMMES DÉLAISSÉES" (1938), le film de guerre "JOURNEY'S END", "APRÈS" (1937), "THEY DARE NOT LOVE" (1941), la fantaisie policière "COCKTAILS ET HOMICIDES" (1935)et même la comédie musicale "SHOWBOAT" (1936). On lui doit en outre une curieuse adaptation de "Fanny" de Marcel Pagnol "PORT OF SEVEN SEAS" (1938).
Whale était surtout doué pour les comédies de moeurs; il pouvait exprimer le raffinement de la bonne société -qu'il semblait bien connaître - tout en la critiquant avec une ironie acerbe. Ce regard aigu lui permettait d'introduire avec une parfaite maîtrise des éléments presque comiques dans les drames les plus sombres.
Mais James Whale connaît de sérieux déboires en 1936, durant le tournage d'"Après", un vigoureux pamphlet contre la guerre adapté d'un roman d'Erich Maria Remarque et mutilé par Universal à la suite de pressions exercées par l'Allemagne nazie. Ecœuré par ces sortes de pratiques, le cinéaste finit par se désintéresser du cinéma et quitte le métier en 1941, alors qu'il est au faîte de la gloire, pour se consacrer à sa seule passion dévorante, la peinture. Il se contentera de mettre en scène quelques pièces pour un petit théâtre de Santa Monica ainsi qu'une pièce à Broadway en 1944 et une autre en Angleterre en 1951. Le reste du temps, il vit en reclus dans sa villa, n'acceptant que la visite de quelques amis triés sur le volet. C'est dans cette même villa qu'il meurt le 29 mai 1957, des suites d'une chute et dans des circonstances sur lesquelles planèrent bien des doutes. On sait néanmoins aujourd'hui qu'il se suicida en se jetant la tête la première contre le ciment de sa piscine et qu'il laissa une lettre expliquant son geste. Il avait été victime de plusieurs crises cardiaques et sa santé déclinante ne lui laissait plus le loisir de peindre, de conduire sa voiture ni même de lire. Pour lui, la vie n'offrait désormais plus aucun attrait.
Pendant le tournage, James Whale et Ernest Thesiger
Préparation du maquillage du "Monstre" (Boris Karloff) par Jack Pierce
Boris Karloff 1887 - 1969
Ernest Thesiger 1879 - 1961
______________________
___________________________________
___________________________________
____________________________________________
Filmographie
- 1930
JOURNEY'S END
LES ANGES DE L'ENFER (Hell's Angels, co-réalisé avec Howard Hughes).
- 1931
WATERLOO BRIDGE
FRANKENSTEIN
- 1932
IMPATIENT MAIDEN
LA MAISON DE LA MORT ou UNE SOIRÉE ÉTRANGE (The Old Dark House).
- 1933
LE BAISER DEVANT LE MIROIR (The Kiss Before the Mirror)
L'HOMME INVISIBLE (The Invisible Man).
- 1934
COURT-CIRCUIT (By Candlelight)
SUR L'AUTRE RIVAGE (One More River).
- 1935
LA FIANCÉE DE FRANKENSTEIN (The Bride of Frankenstein)
COCKTAILS ET HOMICIDES (Remember Last Night ?).
- 1936
LE THÉATRE FLOTTANT ou SHOWBOAT (id.).
- 1937
APRÈS (The Road Back, co-réalisé avec Ted Slowman)
THE GREAT GARRICK.
- 1938
PORT OF SEVEN SEAS
SINNERS IN PARADISE
FEMMES DÉLAISSÉES (Wives Under Suspicion).
- 1939
L'HOMME AU MASQUE DE FER (The Man in the Iron Mask)
- 1940
- 1941
L'ENFER VERT (Green Hell).
THEY DARE NOT LOVE (co-réalisé avec Charles Vidor).
- 1949
HELLO OUT THERE (moyen métrage inédit).
_____________________