YVES ROBERT, UN HOMME DE JOIE
YVES ROBERT 1920 - 2002
Cinéaste,Acteur,Scénariste,Producteur Français
Il fut l'un des cinéastes les plus prolifiques du cinéma français, comédien dans l'âme, il a su diriger, orchestrer des comédies légères parfois malicieuses et de qualité. Il a dirigé de nombreux comédiens : Louis De Funès, Philippe Noiret, Pierre Richard, Bernard Blier, Jean Rochefort, Catherine Deneuve, Pierre Mondy, Claude Rich, Robert Lamoureux, Guy Bedos, Robert Hirsch, Jean-Pierre Marielle, Marlène Jobert, Jean Carmet, Mireille Darc, Claude Brasseur, Victor Lanoux, Marcello Mastroianni, Françoise Fabian, Alida Valli, Jean Richard, Sophie Desmarets, Jacques Dufilho, Pierre Tchernia, Michel Galabru, Michel Serrault, Tsilla Chelton, Blanchette Brunoy, Michael Lonsdale, Danny Carrel, Marthe Villalonga, Daniele Delorme, Philippe Caubère, Jacques Villeret, Michel Piccoli, Miou-Miou, Jean Yanne, Valérie Lemercier, Hélène Vincent et tant d'autres.
Yves Robert est né le 19 juin 1920 à Saumur (Maine-et-Loire), une enfance proche de la nature, un amour de la campagne. Venu de bonne heure à Paris, il exerce divers métiers : typographe, livreur, pâtissier, terrassier et même modèle au Musée Grévin, mais c'est en 1939 qu'il retrouve la capitale. Il est responsable national du Mouvement des Auberges de la Jeunesse.
Passionné de théâtre, il débute à Lyon en 1943, avec la Compagnie Grenier-Hussenot où il jouera plusieurs pièces dont "Orion le tueur" et "Liliom" et, outre ses talents de mime, montre bientôt qu'il peut être un animateur de talent en montant les premiers spectacles de "La Rose Rouge", le célèbre cabaret de Saint-Germain-des-Prés où débutèrent Juliette Gréco et les Frères Jacques. Il met en scène : Boris Vian, Raymond Queneau, Jacques Prévert et Robert Desnos.
Il interprète de nombreuses pièces de théâtre, notamment "Colombe" de Jean Anouilh et "La Tête des autres" de Marcel Aymé. En 1949, il obtient le Prix du Meilleur comédien, il est également responsable de mises en scènes au théâtre : Françoise Sagan, Marcel Achard, Jean Cocteau, etc. En tant qu'acteur de cinéma, il débute en 1948 dans le film de René Lucot dans "Les Dieux du dimanche" dans le rôle d'un joueur de football. Il tournera dans une quarantaine de films dont "Juliette ou la clef des songes" (1950) de Marcel Carné, "Les Grandes manoeuvres" (1955) de René Clair aux côtés de Gérard Philipe, Michèle Morgan et une débutante Brigitte Bardot, "La Jument verte" (1959) de Claude Autant-Lara avec Bourvil et Francis Blanche, "La Mort de Belle" (1961) de Edouard Molinaro, "Le Cinéma de Papa" (1970) de Claude Berri, "Le Viager" (1972) de Pierre Tchernia, "Un Mauvais fils" (1980) de Claude Sautet ou "La Crise" (1992) de Coline Serreau.
Yves Robert débute dans la mise en scène de cinéma en 1951 avec un court-métrage, comme ce fut le cas, souvent pour la plupart des metteurs en scène...celui-ci se nomme "Les Bonnes manières". Trois ans plus tard, il signe son premier long métrage : "Les Hommes ne pensent qu'à ça" avec Louis De Funès et Jacques Fabbri entre autres. C'est ainsi qu'il récidive avec De Funès dans "Ni vu, ni connu" en 1958, l'un des premiers grands rôles du comique naissant qu'était Louis De Funès. L'année suivante il prépare la mise en scène de "Signé Arsène Lupin" avec Robert Lamoureux.
En 1961, il obtient, pour "La Guerre des boutons", le Prix Jean Vigo et la Victoire du Cinéma Français en 1962, il réalise également de nombreux films publicitaires. En 1963, Yves Robert propose une suite à "La Guerre des boutons", "Bébert et l'omnibus". En tant que producteur dans sa propre maison de production "La Guéville" qu'il fonde avec son épouse : Daniele Delorme. A noter que le cinéaste eut beaucoup de mal à trouver un distributeur, et ce fut finalement une compagnie américaine la Warner, qui accepta de prendre le film en charge et le fit sortir à la sauvette, au milieu des vacances : ce fut un succès triomphal, et mondial.
Yves Robert et son scénariste François Boyer restèrent très fidèles au roman de Jules Romains lors du tournage du film "Les Copains" (1965) avec Philippe Noiret, Pierre Mondy, Claude Rich, Michael Lonsdale, Christian Marin, Guy Bedos et Jacques Balutin. A la demande du cinéaste, Georges Brassens composa sa célèbre chanson "Les Copains d'abord" avant le tournage du film, ce qui permit de l'utiliser sur le plateau en play-back de certaines scènes.
L'humour et la malice le disputent, dans ses films, à la tendresse et à l'émotion, attirant la sympathie d'un immense public, comme ce fut le cas pour "Alexandre le bienheureux" (1968) avec Philippe Noiret et le chien Kaly, on découvrit aussi dans un petit rôle, le comédien qui sera, quelques années plus tard "Le Grand blond avec une chaussure noire" (1972) : Pierre Richard. Yves Robert ne joue pas seulement ici le rôle de chef d'orchestre, il est, en sa qualité de producteur, scénariste, réalisateur, acteur, le véritable chef d'orchestre de ce film. En 1974, la même équipe se retrouvait pour tourner la suite avec "Le Retour du grand blond" avec la même équipe sauf Bernard Blier, mort en tentant de résoudre le mystère du grand blond.
Avec le tournage de "Salut l'artiste" (1973), Yves Robert a tenu à tourner cet hommage "mélancolique" au monde si particulier des petits comédiens, qu'il connait bien pour être lui-même acteur, au cinéma comme autrefois au cabaret, il déclara : "Pour moi, dit-il, un comédien n'est pas tout à fait un être comme les autres. Il ne ressent pas les choses de la même manière. Le fait d'être pendant une partie de sa vie en représentation, d'exprimer les drames, les joies, les émotions de personnages de fiction, fait que la vie privée et la vie professionnelle se mélangent un peu." En 1976, Yves Robert réalise "Un Eléphant ça trompe énormément", celui-ci demande à Jean-Loup Dabadie de lui écrire les dialogues dont le sujet du film est l'amitié entre copains. Une suite sera diffusée dans les salles de cinéma l'année suivante et s'intitule : "Nous irons tous au paradis" avec la même distribution : Jean Rochefort, Claude Brasseur, Guy Bedos, Victor Lanoux, Danièle Delorme et Marthe Villalonga.
Jean-Loup Dabadie et Yves Robert passèrent plusieurs semaines à ausculter des idées de scénarios. Au bout du compte, ils s'aperçurent qu'ils avaient la même envie, d'une part raconter une histoire d'amour et d'autre part évoquer la poltronnerie naturelle de l'homme, c'est ainsi que le film "Courage fuyons" (1979) naîtra avec le tandem Jean Rochefort et Catherine Deneuve. Cinq ans plus tard, à l'occasion de la sortie du film "Le Jumeau" avec Pierre Richard, Yves Robert déclara : "J'aime les comédies, par pudeur, parce que j'aurais honte de dire des choses sérieuses. Mais il y a, je pense, dans "Le Jumeau", une certaine vérité cachée dans une fable qui est aussi une espèce d'hommage au mensonge..."
Yves Robert s'intéressa à l'œuvre de Marcel Pagnol et plus particulièrement de mettre en scène "La Gloire de mon père" (1990) et "Le Château de ma mère" (1990), il dû attendre plusieurs années avant de pouvoir convaincre, en compagnie du producteur Alain Poiré, les héritiers de l'écrivain. Ce fut finalement Philippe Caubère, lui-même marseillais d'interpréter le père de Marcel dans les deux films tourné simultanément, présenté au cinéma, deux mois plus tard. Après un avant-dernier film tourné en 1991 "Le Bal des casse-pieds", le cinéaste achève sa carrière cinématographique en tournant son ultime film "Montparnasse-Pondichéry" (1993) avec Miou-Miou, André Dussolier et lui-même. Le 10 mai 2002, il décède d'une hémorragie cérébrale à l'âge de 81 ans, il est inhumé au cimetière du Montparnasse.
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