"A l'époque,(...) j'endossais les espoirs de tout un peuple. Je n'avais aucun contrôle sur les contenus des films (...) mais je pouvais refuser un rôle, ce que je fis de nombreuses fois".
Dans "Devine qui vient dîner ?" en 1967, il campe le fiancé d'une jeune bourgeoise blanche le présentant à ses parents, un couple d'intellectuels qui se croient ouverts d'esprit. La rencontre est un choc, et donne un film majeur sur le racisme de l'époque. Les militants de la cause noire critiquent cependant âprement Sidney Poitier pour avoir accepté ce rôle de médecin de renommée internationale, aux antipodes des discriminations dont souffrent ses pairs. Il est désigné comme le "Nègre de service", "fantasme de blanc". Ses qualités irréelles de gendre idéal masquent sa négritude et les problèmes racistes, estiment-ils. En 2002 Sidney Poitier recevait un Oscar d'honneur pour "ses performances extraordinaires, sa dignité, son style et son intelligence".
Sidney Poitier est né le 20 février 1927 à Nassau dans les Antilles Britanniques. Né dans une famille de cultivateurs des Caraïbes, il quitte l'école à treize ans. Après avoir effectué de brèves études à New York, il exerce différents petits métiers avant de débuter dans l'American Negro Theatre de Harlem en 1945, dans une pièce produite et réalisée par des noirs : "Lysistrata" et se produit l'année suivante à Broadway.
Le cinéaste américain le fait débuter en 1950 au cinéma dans "La Porte s'ouvre" (No Way Out). On le remarquera ensuite dans un film à caractère "social" : "Pleure ô pays bien aimé" (Cry the Beloved Country,1951) de Zoltan Korda, qui lui apporte son premier rôle d'envergure. Puis ce fut "Graine de violence" (The Blackboard Jungle,1955) de Richard Brooks au côté de Glenn Ford, ce fillm révéla au public français une chanson qui allait connaître un succès foudroyant "Rock Around the Clock", qui fit beaucoup pour le succès du film et qui introduisit une danse nouvelle, le Rock and Roll.
Sidney Poitier donna la réplique au cinéaste-acteur John Cassavates dans "L'Homme qui tua la peur" (Edge of The City,1957) de Martin Ritt, son film ayant des points communs avec celui d'Elia Kazan "Sur les quais"...Il y eut aussi le film de Richard Brooks "Le Carnaval des Dieux" (Something of Value,1957) avec Rock Hudson. Sidney Poitier reçut une nomination à l'Academy Award pour le film de Stanley Kramer : "La Chaîne" (The Defiant Ones,1958) avec Tony Curtis. Quand le cinéaste voulut tourner le film, il proposa le rôle à Robert Mitchum qui déclara : "Je ne veux pas jouer avec un noir". Enfin Kramer le proposa à Marlon Brando qui déclara :"D'accord si on me laisse jouer le noir". Enfin, Kramer le montra à Kirk Douglas qui donna son accord à condition de jouer les deux rôles...rapporté par Kirk Douglas lui-même dans son entretien paru dans "Positif" no112-janvier 1970.
Après avoir incarné Porgy dans "Porgy and Bess" (1959) d'Otto Preminger, prétentieuse version cinématographique de l'opéra de Gershwin. Harry Belafonte refusa le rôle de Porgy qui échut contre son gré à Sidney Poitier. Un incendie détruisit le décor et les costumes la veille du tournage et le film qui fut un échec aux Etats-Unis, ne sortit en France que quelques semaines en 1966, au studio Marigny. Sidney Poitier gagna un Oscar pour son rôle d'homme à tout faire dans "Le Lys des champs" (Lilies od the Field,1963). Entretemps, il avait enchaîné différents tournages, l'un avec Martin Ritt où le jazz régnait dans "Paris Blues" aux côtés de Paul Newman et Serge Reggiani. Sans oublier sa présence au côté de Clark Gable dans "L'esclave libre" (Band of Angels,1957) de Raoul Walsh.
Le producteur-réalisateur Stanley Kramer devait tourner lui-même "Pressure Point" (1962) mais occupé par les préparatifs d'un autre projet fit appel à Hubert Cornfield pour le mener à bien. Kramer imposa le début et la fin dont les scènes entre Sidney Poitier et un débutant nommé Peter Falk. Il remporte un succès sans précèdent avec "Dans la chaleur de la nuit" (In the Heat of the Night,1967) où il incarne un inspecteur de police aux prises avec un shérif raciste (Rod Steiger). Par le biai d'une enquête policière, le cinéaste Norman Jewison abordait le problème racial, sujet brûlant pour Hollywood et les Etats-Unis. Pour une fois, l'inspecteur perspicace était un Noir, et le flic demeuré un Blanc !; mais Sidney Poitier s'était fait le champion de la cause noire depuis longtemps, dans des films comme "Graine de violence","L'homme qui tua la peur", "La chaîne", "Le lys des champs", "Devine qui vient dîner?".... Poitier s'oppose à Rod Steiger, vieux routier du cinéma...les deux hommes apprennent à se découvrir et à s'estimer. La parabole est évidente et le film eut un énorme retentissement à l'époque. Le film obtint cinq Oscars...Dans la comédie de Stanley Kramer sur le mariage mixte, "Devine qui vient diner?" (Guess who's Coming To Dinner?,1967) l'humour l'emporte sur le social, au côté de Sidney Poitier, Spencer Tracy et Katharine Hepburn.
En 1968, en même temps qu'il écrivit le scénario original de "Mon homme" (For Love of Ivy), il fonde sa propre firme de production, et s'associe l'année suivante avec Barbra Streisand, Steve McQueen et Paul Newman pour créer la First Artists Production Col Ltd. Puis il aborde la réalisation en 1971 avec "Buck et son complice" (Buck and the Preacher) au côté de Harry Belafonte. Après deux décennies de travail d'acteur, Sidney Poitier décida de se lancer dans la réalisation. En collaboration avec son vieil ami Harry Belafonte (co-producteur du film), il voulut prendre le contre-pied du cinéma afro-américain urbain et hyper-violent (du style Shaft) qui, au début des années soixante-dix, avait pris d'assaut les écrans. Le succès honorable du film encouragea Poitier, tout en restant comédien, à poursuivre son expérience dans la mise en scène : "A Warm december" (1972), "Lets do it Again" (1975), "A Piece of the Action" (1977), "La folie aux trousses" (Hanky Panky,1982)....
A noter ses différentes prestations dans "Les anges aux poigs serrés" (To Sir, With Love,1966) de James Clavell, "Appelez-moi Mister Tibbs" (They Call Me Mister Tibbs!,1970) de Gordon Douglas, "L'organisation" (The Organization,1971) de Don Medford (il s'agit de la troisème et dernière enquête du lieutenant Virgil Tibbs, inspiré du personnage crée par John Ball et incarné par Sidney Poitier. l'acteur noir le plus populaire du cinéma américain a été marié à l'actrice Johanna Shimkus
Les Conducteurs du diable - 1952 - Budd Boetticher
La Chaîne - 1958 - Stanley Kramer
Un Raison au soleil - 1961 - Daniel Petrie
Les Drakkars -1963 - Jack Cardiff
La plus grande histoire contée - 1965 - George Stevens
Les Anges aux poings serrés - 1966 - James Clavell
*Affiches-ciné * Cinetom
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