FRANK SINATRA, THE VOICE
FRANK SINATRA 1915 - 1998
Acteur, Chanteur, Producteur Américain
Un ami de Frank Sinatra dira un jour de lui : "C'est un type simple qui aime paraître compliqué ou peut-êtrel l'inverse !" Qu'il soit simple ou complexe, Frank Sinatra est en tout cas un personnage difficile à cerner. Et cela n'a rien de surprenant, car au cours de sa carrière, on l'a maintes fois considéré comme un homme fini, certains l'ont loué pour sa philanthropie, tandis que d'autres le réprouvaient pour ses fréquentations douteuses, sans oublier qu'il est passé tantôt pour l'homme le plus admiré, tantôt pour la personnalité la plus détestée d'Hollywood.
Fils d'un ouvrier italien, Frank Sinatra est né le 12 décembre 1915 à Hoboken dans le New Jersey. Fils unique, de parents d'origine italo-sicilienne. Son père, Martin Anthony Sinatra a fait de la boxe sous le nom de Marty O'Brien et sa mère, Natalie Garavanti a eu des activités militantes au sein d'un mouvement lié au parti démocrate, puis elle a occupé un poste pédagogique.
Très jeune, en tant qu'enfant d'immigré, il aura à souffrir pendant longtemps de l'intolérance raciale et religieuse. Il se signale par un comportement batailleur et des idées généreuses mais il a une passion pour la chanson et Bing Crosby est son idole. Pendant ses études à la Demarest High School, Sinatra chanta pour la première fois en public, régulièrement invité pour animer les fêtes, apprécia de plus en plus la chanson et décida d'en faire son métier, au grand desespoir de ses parents. Il abandonna ses études, fit une brève carrière dans le journalisme et se produit dans les concours de chant amateur. Ce fût au sein d'un groupe appelé "Les Quatre d'Hoboken" qu'il obtiendra son premier engagement professionnel.
Vivement apprécié par le major Bowes, un découvreur de talents, il eût l'occasion de faire une tournée jusqu'en Californie. En 1938, après être passé dans plusieurs stations de radio du New Jersey et de New York, il signa un engagement pour le cabaret new-yorkais : "The rustic cabin". C'est là qu'il est découvert par le trompettiste Harry James, lequel lui offra une place de chanteur dans le nouvel orchestre qu'il venait de former.
En juillet 1939, quelques mois après son mariage avec Nancy Barbato, dont il a eu trois enfants, il sort un premier disque avec l'orchestre d'Harry James. De 1940 à 1942, il est chanteur soliste dans l'orchestre de Tommy Dorsey et c'est au seuin de cette orchestre qu'il paraît pour la première fois au cinéma dans "Las Vegas Night", un film musical tourné en 1941 par Ralph Murphy, année où le magazine "Métropole" le consacre meilleur chanteur d'orchestre.
En 1942, peu de temps avant qu'il ne décide de faire carrière seul, il paraît dans un second film musical "Croisière mouvementée" (Ship ahoy) d'Edward Buzzell, près du groupe vocal "The pied pipers". Devenu une idole des "teenagers" il reçoit le surnom de la "Voix" en 1943. Inévitablement Hollywood fait appel à lui. En 1943, la RKO lui confie son premier vrai rôle dans "Amour et Swing" (Higher and Higher" de Tim Whelan, comédie légère dans laquelle il interprétait aux côtés de Michèle Morgan le rôle de Frank Sinatra.. En fait , il ne se contente pas d'y chanter une série de chansons de charme, entre autres "This Is a Lovely Way to Spend an Evening", mais montre aussi qu'il sait être à l'aise dans les dialogues. Ses qualités se confirment l'année suivante dans "Step Lively" de Tim Whelan puis dans un film plus important, "Escale à Hollywood" (Anchors aveigh,1945) en duo avec Gene Kelly et mis en scène par George Sidney, dont ce fût le premier long métrage de Sinatra pour la MGM qui produira par la suite bon nombre de ses films. S'il apparaît dans "Un Jour à New York" (Onthe Town,1949), ce n'est pourtant pas dans le rôle principal. Celui-ci est reservé à Gene Kelly. Alors que Kelly devient aussitôt la grande star du genre pour la MGM, Frank Sinatra doit se contenter des films médiocres que la RKO et l'Universal lui proposent.
Cette même année, il est l'interprète d'un court métrage de Mervyn Le Roy, "The House I Live In", résultante filmée d'une campagne menée par lui contre l'intolérance. Il a fait essentiellement carrière de chanteur à l'écran comme dans "Match d'amour" (Take me Out To the Ball Game,949) de Busby Berkeley. La carrière de Sinatra paraît terminée, mais il lui reste un atout. Par sa volonté et son opiniâtreté, il est prêt aux plus modestes conditions, Sinatra réussit à convaincre la Columbia de lui attribuer, en 1953, le rôle, cette fois sans chansons, du soldat Maggio dans "Tant qu'il y aura des hommes" (From Here to Eternity), version cinématographique de Fred Zinnemann du célèbre roman de James Jones. Confronté à des acteurs comme Montgomery Clift et Burt Lancaster, Sinatra tire brillamment son épingle du jeu. En fait, il est la révélation du film. Son interprétation de Maggio, voyou loyal destiné à mourir de la main du sergent "Fatso" Judson, l'inoubliable sadique incarné par Ernest Borgnine, vaut largement celle des acteurs chevronnés si elle ne les dépasse. Cette performance est récompensée par l'Oscar du meilleur second rôle : sa carrière prend un nouvel essor.
Sinatra renoue aussi avec le succès : vers 1955 sa collaboration avec l'arrangeur et le chef d'orchestre Nelson Riddle donne naissance à de nombreux disques devenus des classiques du genre, dont le plus fameux reste "Songs for Swingin Lovers". Mais fort de son triomphe avec le rôle de Maggio, c'est vers le cinéma que Frank Sinatra va dès lors, déployer toute son énergie. Entre 1953 et 1960, il joue dans le rôle principal dans une quinzaine de films, et participe à deux autres. En fait, il n'est pas exagéré d'affirmer que le succès du personnage de Maggio l'a encouragé à opter le plus souvent pour le cinéma.
Les comédies musicales des années 40 ne lui avaient guère permis d'affirmer sa personnalité en tant qu'acteur. Pourtant son interprétation du mélodrame "Quand tu me souris" (Meet Danny Wilson,1951) de Joseph Pevney, où il joue le rôle d'un chanteur ambitieux compromis dans une affaire de racket contre des night-clubs, annonçait la solitude et la timidité maladive qui caractériseront le personnage de Maggio. cette interprétation lui vaut l'étiquette de héros "marginal" qui le conduita dans les années 60 à interpréter un certain nombre de personnages "noirs".
Dans "Je dois tuer" (Suddenly,1955) de Lewis Allen, thriller à petit budget, fort habile, Frank Sinatra interprète un tueur à gages charger d'assassiner le président des Etats-Unis. Dans "Johnny Concho" (1956) de Don McGuire, il devient un fanfaron froussard qui se sert de la réputation de son frère, bandit terrible et sanguinaire. Dans le film d'Otto Preminger "L'Homme au bras d'or" (The Man With the Golden Arm,1956), il est Frankie Machine, toxicomane pris dans le racket des jeux de hasard et esclave de sa femme qui feint la paralysie pour le garder près d'elle.
Deux autres films "Un Amour pas comme les autres" (Young at Heart,1954) de Gordon Douglas et "Le Pantin brisé" (The Joker Is Wild,1957) de Charles Vidor sont en un certain sens plus proches de la personnalité réelle de Frank Sinatra. Dans le premier il interprète un compositeur cynique et dépressif. Dans le second, biographie sentimental et romancée de l'ascension et du déclin du comique Joe E. Lewis, il est aux prises avec les gangsters, l'alcool et les amours malheureuses, autant d'éléments qui rappellent ses propres tribulations. Les années 50 donneront aussi à Sinatra l'occasion de s'exprimer dans un registre plus "léger" avec une série de films musicaux et de comédies à gros budget. ces interprétations peuvent d'ailleurs être considérées comme des variations optimistes sur le thème du personnage solitaire de ses films dramatiques : après tout, même le soldat Maggio ne manquait pas d'humour.
Dans "Le Tendre piège" (The Tender Trap,1955) de Charles Walters, Sinatra interprète un impresario de Broadway, coureur de jupons sans scrupule, finalement pris au piège de l'amour par une jeune actrice incarnée par Debbie Reynolds. Dans "Blanches colombes et vilains messieurs" (Guy and Dolls,1955) de Mankiewicz, où il joue le rôle de Nathan Detroit, propriétaire du "plus ancien tripot clandestin de New York", il est prêt à tout pour ne pas convoler en justes noces. Dans "Haute Société" (High Society,1956) de Charles Walters où il chante de manière inoubliable "You're Sensational" pour Grace Kelly, il campe un journaliste insolent aux prises avec la bonne société new-yorkaise. On se souviendra également de son interprétation du chanteur cynique racheté par la petite danseuse qui l'aime (Kim Novak), dans "La Blonde ou la rousse" (Pal Joey,1957) de George Sidney, film qui bénéficie entre autres de deux fameuses chansons : "My Funny Valentine" qu'il chante pour la blonde Kim Novak et "The Lady Is a Tramp", dédiée à son autre partenaire Rita Hayworth. Jouant sur deux registres absolument différents, Frank Sinatra couronne cette décennie par deux interprétations magistales : celle du romancier amer et vulnérable qui se heurte à l'hypocrisie d'une ville de province dans "Comme un torrent" (Some Came Running,1958) chef-d'oeuvre de Vincente Minnelli et celle du raté d' "Un Trou dans la tête" (A Hole in the Head,1959), film sous-estimé de Frank Capra. Dans les années 1960, époque où il est partisan déclaré du président Kennedy, il va produire un certain nombre de films où se retrouvent des comédiens qui font désormais partie de qu'on a coutume d'appeler le clan Sinatra : Sammy Davis Jr, Joey Bishop, Dean Martin, Peter Lawford et quelques-uns d'autres.
Au début des années 60, Sinatra est devenu une véritable institution du monde du spectacle. En tant que chanteur, il a retrouvé sa popularité et beaucoup de ses films, surtout ceux où il est entouré des autres membres du fameux "clan" de Las Vegas (entre autres Dean Martin et Sammy Davis Jr.) : "L'Inconnu de Las Vegas" (Ocean's Eleven,1960) obtiennent un succès commercial plus qu'honorable malgré une valeur artistique souvent moindre. Le Policier d' "Un Crime dans la tête" (The Manchurian Candidate,1962) de John Frankenheimer, lui offre l'occasion de renouer avec son ancien personnage, mais ce film se présente comme un cas isolé dans une série de productions comiques et de films d'aventures. Frank Sinatra, comme s'il sentait la nécessité de changer de registre, se hasarde pour la première et unique fois dans la mise en scène avec "L'île des Braves" ( (None but the Brave,1965), film pacifiste chargé de rhétorique où il ne réserve qu'une modeste appartion.
Son interprétation dans le film de guerre de Mark Robson, nettement plus traditionnel, "L'Express du colonel Van Ryan" (Von Ryan's Express,1965); marque en quelque sorte son retour au personnage de l'homme blasé et solitaire : cette solitude en l'occurence est celle d'un officier d'aviation fort impopulaire mais qui se rachète par un acte d'heroïsme final. Toujours dans la même veine, citons son interprétation du film "Tony Rome est dangereux" (Tony Rome,1967) de Gordon Douglas : dans le rôle de Tony Rome, taciturne détective privé de Floride, Frank Sinatra renoue, avec nostalgie avec sa verve humoristique des années 50.
Ce film donnera lieu à une suite : "La Femme en ciment" (Lady in Cement,1968) du même cinéaste. La même année, cependant, Frank Sinatra se signale par une inteprétation des plus intéressantes dans "Le Détective" (The Detective,1968) toujours de Gordon Douglas, il incarne un policier obstiné et scrupuleux qui, dans le cynisme ambiant auquel il n'échappe pas, cherche à sauvegarder ses convictions progressistes.
Ce film sera suivi d'oeuvres beaucoup plus divers, cependant ,on peut citer pour les débuts des années 60 : "La Proie des vautours" (Never so Few,1959) de John Sturges avec Gina Lollobrigida, "Le Diable à quatre heures" (The Devil at Four O'Clock,1961) de Mervyn LeRoy avec Spencer Tracy, "Quatre du texas" (4 For Texas,1963) de Robert Aldrich avec Dean Martin et "Les Sept voleurs de Chicago" (Robin and the Seven Hoods,1964) de Gordn Douglas. Quant au western intitulé "Un Beau salaud" (Dirty Dingus Magee,1970) de Burt Kennedy, il vaut mieux le passer sous silence. Après être resté longtemps absent des écrans, Sinatra redevient policier, en 1980, dans "De plein fouet" (First Deadly Sin). S'il est certain que Frank Sinatra a donné le meilleur de lui-même dans la chanson, sa contribution au cinéma ne doit cependant pas être tenue pour négligeable : il suffit d'une seule interprétation inoubliable comme celle de Maggio pour racheter la médiocrité d'un Dingus Magee. Vie privée, signalons qu'après avoir été le mari de Nancy Barbato, pendant dix ans, il a été celui d'Ava Gardner et de Mia Farrow. Frank Sinatra décède le 14 mai 1998 à l'âge de 82 ans à Los Angeles (Etats-Unis).
La Pluie qui chante - 1946 - Richard Whorf
Tout le monde change - 1947 -Richard Whorf
Le Miracle des cloches - 1948 - Irving Pichel
Le Brigand amoureux - 1948 - Laslo Benedek
Un Jour à New York - 1949 - Gene Kelly & Stanley Donen
Quand tu me souris -1951 - Joseph Pevney
Tendre piège - 1955 - Charles Walters
Blanche Colombes et Vilains messieurs - 1955 - Joseph L. Mankiewicz
Comme un torrent - 1958 - Vincente Minnelli
Les Trois sergents - 1962 - John Sturges
Les Sept voleurs de Chicago -1964 - Gordon Douglas
L'Ombre d'un géant - 1966 - Melville Shavelson
Le Hold-up du siècle - 1966 - Jack Donahue
Chantage au meurtre - 1967 - Sidney J. Furie
*Affiches-cine * Cinetom
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