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CINETOM
6 septembre 2021

ADIEU BÉBEL (JEAN-PAUL BELMONDO)

                     ADIEU BÉBEL

       JEAN-PAUL BELMONDO           1933 - 2021

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La France entière le surnommait "Bébel", il était notre héros national, l'acteur a fait rêvé des millions de Français pendant plusieurs décennies. Avec la mort de Jean-Paul Belmondo, ce lundi 6 septembre 2021 à l'âge de 88 ans, le 7e art perd une de ses figures les plus populaires, un acteur sachant tout faire, sans se prendre trop au sérieux, des films d'action aux plus belles heures du cinéma d'auteur.

L'interprète aux 80 films est décédé lundi à la mi-journée, a annoncé sa famille dans un communiqué, transmis par leur avocat à l'AFP. "Jean-Paul s'est éteint aujourd'hui (lundi). Il est parti rejoindre ses vieux complices du Conservatoire. Son sourire sincère sera toujours là", écrit dans ce communiqué sa famille, évoquant la disparition de son "pilier".

L'acteur, qui avait été hospitalisé en début d'année pour une fatigue générale, est décédé entouré des siens, à son domicile parisien. Il laisse derrière lui des rôles inoubliables, jeune premier la cigarette au bec dans "A bout de souffle" ou pendu à un hélicoptère à Venise dans "Le Guignolo". 

"Il restera à jamais Le Magnifique. Jean-Paul Belmondo était un trésor national, tout en panache et en éclats de rire, le verbe haut et le corps leste, héros sublime et figure familière, infatigable casse-cou et magicien des mots. En lui, nous nous retrouvions tous", a salué sur Twitter le président Emmanuel Macron.

"Je suis complètement anéanti. Là, je vais essayer de m'accrocher pour pas faire la même chose dans cinq heures... Remarquez, ce serait pas mal si on partait tous les deux ensemble. C'est une partie de ma vie, on a débuté ensemble il y a 60 ans", a déclaré sur CNews l'autre monstre sacré du cinéma, Alain Delon, 85 ans. Souvent dépeints, à tort, comme des rivaux, les deux géants du cinéma français ont connu des carrières parallèles, et leur amitié teintée d'une certaine rivalité a nourri la légende.

"Je suis bouleversée par la disparition de Jean-Paul. Il était et restera pour moi comme pour tant d'autres, l'image même de la vitalité. Il ne cessera jamais d'être en mouvement dans mon coeur et dans ma mémoire", a réagi l'actrice Claudia Cardinale, dans une déclaration transmise à l'AFP par son agent.

"Tu vas me manquer... tu vas tellement nous manquer. Merci Jean-Paul", a commenté sur Instagram Jean Dujardin, pour qui "Bébel" était rien de moins qu'un modèle. 

Parallèlement, les Festivals de Cannes et de Venise ont aussi rendu hommage à "Bébel", louant un homme et acteur "généreux" ainsi qu'une "icône" du cinéma. Commencée sur les planches, sa carrière l'a mené en un demi-siècle aux sommets du box-office français, avec 130 millions de spectateurs cumulés au cinéma. Celui qui était l'une des dernières grandes vedettes populaires de sa génération, avec Alain Delon, Brigitte Bardot ou Jean-Louis Trintignant, peut-être encore plus fédérateur, avait quasiment disparu des écrans après un accident vasculaire en 2001. 

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François Truffaut déclara : "Il est capable de jouer avec autant de naturel un aristocrate ou un garçon du peuple, un intellectuel ou un gangster, un prêtre ou un clown.  C'est la "nouvelle vague", qui l'impose d'emblée avec ce nouveau physique, mais aussi un nouveau jeu d'acteur,  une franche désinvolture, qui font aujourd'hui de lui la figure la plus marquante du cinéma français, depuis les années 60. Il est devenu, en quelques années, le champion du Box-Office français avec Louis de Funès et l'acteur le plus adulé du grand public. 

Le cinéaste René Clair déclara : Belmondo a des qualités mais un physique difficile pour le cinéma. Comme quoi , on peut se tromper... Ses plus grans films : "Classe tout risques" de Claude Sautet,"A bout de souffle" de Godard, "La Viaccia" de Mauro Bolognini, "La Ciociara" de Vittorio de Sica, "Léon Morin prêtre" de Jean-Pierre Melville, "Un Singe en hiver" d'Henri Verneuil, "Le Doulos" de Melville, "L'homme de Rio" de Philippe de Broca, "100 000 dollars au soleil" de Verneuil, "Pierrot le fou" de Jean-Luc Godard, "Le voleur" de Louis Malle, "La sirène du Mississipi" de François Truffaut, "Borsalino" de Jacques Deray, "Les Marié de l'An II" de Jean-Paul Rappeneau, "Le Casse" à nouveau de Verneuil, "Stavisky" d'Alain Resnais, "Peur sur la ville" (Verneuil), "L'alpagueur" de Philippe Labro et "Le Professionnel" de Georges Lautner.

Bien sûr on peut citer "Le Magnifique" ou "Le corps de mon ennemi" avec Blier, de même avec "Week end à Zuydcoote" . Cette selection est mienne, je laisse chacun d'entre nous, son propre arbitre pour selectionner ces films qui nous ont marqué... 

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Acteur français, né à Neuilly-sur-Seine, le 3 avril 1933, son père, Paul Belmondo, d'origine sicilienne, est un sculpteur réputé et sa mère est artiste-peintre. Indiscipliné, chahuteur et peu enclin aux études, le jeune Belmondo s'adonne plus volontiers au football, à la boxe, ou aux bagarres dans la cour du lycée, bagarres qui marqueront à jamais le futur héros de l'écran. Il raconte que c'est au cours d'une altercation avec des élèves d'une classe de philo qu'il a eu "le nez écrasé comme une pomme de terre à l'anglaise" : un handicap qui deviendra bientôt un atout. Il fréquente l'école de la rue Henri Barbusse, l'École Alsacienne - d'où il est renvoyé ... - puis divers autres établissements : Louis-le-Grand, Henri IV, etc.  Jean-Paul fréquente, en cachette de ses parents, l'"Avia-Club", un gymnase où il rencontre le boxeur Maurice Auzel - qui deviendra champion de France.  Belmondo dispute, en amteur, neuf combats de boxe : quatre victoires, autant de défaites, un match nul. "Il avait une belle allonge, une méchante droite et possédait ce dont rare qu'est l'intelligence du ring", dira son entraîneur Son frère, Alain, fut directeur de production; sa sœur, Muriel, danseuse À seize ans.

Mais la maladie va avoir raison de cette belle vitalité : à l'âge de seize ans, Belmondo est atteint d'une primo-infection, ses parents l'expédient alors en Auvergne; c'est à cette époque, dans le calme et l'air vivifiant, que le jeune homme décide de devenir comédien.

A son retour d'Auvergne, son père contribue à lui faire rencontrer Raymond Girard ancien directeur des études classiques à l'Odéon) qui l'accepte dans son cour. Pendant six mois, Girard va l'aider à préparer le concours du Conservatoire d'art dramatique, ou, reçu en 1951, Jean-Paul Belmondo devient l'élève de Pierre Dux. Il y restera quatre ans durant lesquels son jeu énergique est loin de faire l'unanimité des professeurs.Le 3 juillet 1950, il débute sur scène avec une tournée dans les hôpitaux de Paris, dans le rôle du Prince de "La Belle au Bois Dormant".

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En 1955, espérant couronner toutes ces années de travail par une juste récompense, il présente devant le jury de l'école "L'ardent artilleur" de Tristan Bernard. Mais le prix tant espéré se solde par un accessit. Il réitère l'année suivante avec "Amour et piano" de Feydeau. Le jury, présidé par Marcel Achard est courroucé par l'insolence de l'élève Belmondo qui, sous couvert de Feydeau, les nargue. Et une fois de plus le premier prix lui échappe. Mais la salle en délire fait un triomphe au jeune comédien. Scandale ! la photo de Belmondo fait la une de tous les quotidiens du soir. Ce soir de juillet 1956 marque ainsi ses fracassants débuts.

Belmondo échappe à la Comédie Française. Il débute néanmoins sur les planches l'année suivante dans "La Mégère apprivoisée" montée par Vitaly, donnant la réplique, dans un rôle de bouffon, à Pierre Brasseur et Suzanne Flon. La presse apprécie la truculence et "la drôlerie bondissante" du jeune comédien. Louanges encore en 1959 avec "Trésor-Party" : les critiques soulignent sa désinvolture et sa gouaille. Belmondo gagne ainsi ses galons de comédien en imposant un jeu moins théâtral, plus naturel, ce qui lui vaut un public aussi enthousiaste que ses anciens condisciples du Conservatoire. Il fait la connaissance de ses condisciples qui deviendront ses amis fidèles : Jean-Pierre Marielle, Jean Rochefort, Michel Beaune, Françoise Fabian et Pierre Vernier. Le 4 décembre 1953, il épouse Elodie - la meilleure danseuse de Saint-Germain-des-Prés - dont il aura trois enfants : Patricia, Florence et Paul. 

En 1957, il débute à l'écran dans de petits rôles : "Sois belle et tais-toi" de Marc Allégret, il sert de faire-valoir à Mylène Demangeot la vedette du film, l'autre second rôle est tenu par Alain Delon. La même année Marc Allégret fait à nouveau appel à lui pour " Un drôle de dimanche", en lui confiant encore un petit rôle aux côtés de Bourvil, Arletty et Danielle Darrieux. Belmondo végète quelque peu malgrè son indéniable talent. Son jeu, son physique,, sa gouaille, sa virilité ne touchent guèrent d'éventuels employeurs. Mais à l'approche des années 60, les jeunes-Turc des "Cahiers du cinéma" vont bouleverser la routine de la production commerciale et faire appel à des jeunes inconnus : l'heure de Jean-Paul Belmondo va bientôt sonner......

Cette même année 57, Belmondo tourne "Les Copains du dimanche" d'Henri Aisner aux côtés de Paul Frankeur, Julien Bertheau, Yves Deniaud, Marcel Pérès et Michel Piccoli.Le film, tourné sous le titre “Dimanche nous volerons”, fut financé par une Coopérative de Production proche de la C.G.T. Le film ne sortit jamais en salles, à l’exception d’une projection au Marché du film du Festival de Cannes 1957. Le grand public le découvrit le 2 juillet 1967, lors de sa diffusion sur la deuxième chaîne de l’O.R.T.F. 

À l'origine des "Tricheurs" (1958) un scénario écrit par Charles Spaak et Marcel Carné qui fut le réalisateur. "Les Mains Vides", une sorte de Roméo et Juliette à Saint-Germain-des-Prés. Le scénario fut revu et réécrit de nombreuses fois par Carné et Jacques Sigurd. Restait le choix des acteurs. " Mes acteurs, déclare Carné, se sont imposés à moi pour les trois principaux tout au moins. Terzieff, je l'ai vu à la Télévision et je l'ai engagé de préférence à Jean-Paul Belmondo (on me le reproche) parce qu'il avait plus de mystère.

"Les Tricheurs" obtint un très vif succès auprès du public. Lors de la première, le 10 octobre 1958 les jeunes spectateurs portèrent en triomphe Marcel Carné. Le film entièrement accompagné de musique de jazz, obtint les Victoires du meilleur film, de la meilleure actrice (Pascale Petit), du meilleur acteur (Jacques Charrier); il reçut le Grand Prix du Cinéma français et fut le champion des recettes pour la saison 1958/1959.
 

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A nouveau cinéma, nouveau héros. mais c'est le hasard semble t-il qui décide de la carrière de Belmondo. il rencontre pour la première fois Claude Chabrol qui fait appel à lui pour remplacer Jean-Claude Brialy, malade, pour le rôle de Lazlo Kovacks, l'anarchiste désabusé d'"A double tour" (1959). Cette même année Claude Sautet réalisa son premier film "Classe tout risques" (1959). Celui-ci avait remarqué Lino Ventura quelques années auparavant dans "Touchez pas au grisbi" de Jacques Becker, où il avait un petit rôle. Il fit sa connaissance en écrivant pour lui, ensuite, le scénario du "Fauve est lâché" et c'est Ventura qui lui donna à lire le roman de José Giovanni et lui proposa de le tourner. Quant à Jean-Paul Belmondo, il n'était pas encore une vedette, Ventura insista pour l'avoir comme partenaire...

Sautet eut des difficultés à terminer son film. Les producteurs, à cause de la censure, ne voulaient pas de la fin du livre, que Sautet aimait beaucoup. Il ne voulait pas non plus que son personnage se rende à la police. Le tournage ne fut pas terminé. Deux mois après, il eut l'idée du dernier plan : Abel marche dans la foule, pendant qu'une voix off conclut : "Quelques jours plus tard, Abel Davos fut arrêté, condamné et exécuté."

"La Française et l'amour" Réalisé en 1960 par des cinéastes de renommer : René Clair,Jean Delannoy, Christian Jaque,Henri Decoin, Henri Verneuil, Michel Boisrond et Jean-Paul le Chanois .Ce film est un véritable document sociologique et chacun des sketches permet de mesurer l'évolution des mœurs et de constater la disparition de cette femme objet qui nous est montrée, naïve, mal informée, soumise au mari ou à l'amant, en tout cas victime assurée, même si les aventures sont peintes en rose et relevées par un dialogue alerte. C'était aussi l'époque où des ouvrages comme le rapport Kinsey étaient à la mode et où l'on entrevoyait assez confusément l'aube d'une libération de la femme. Tout ce que le film peut avoir de démodé est donc compensé par la valeur, insoupçonnée alors, que comporte un tel témoignage.

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Si l'on examine le générique de "La française et l'amour", on constate tout de suite que les producteurs n'ont fait appel qu'à des valeurs commerciales sûres, aussi bien au niveau de la réalisation qu'à ceux du scénario ou de la musique. La permanence du chef opérateur choisi une fois pour toutes adoucissant en quelque sorte les contrastes que la présence de tel ou tel metteur en scène pouvait mettre en relief. L'interprétation marque, en revanche, une tentative de renouvellement. À côté de comédiens chevronnés du Boulevard qui ont fait leur preuve dans des rôles bien définis  (Paul Meurisse, Jean-Paul Belmondo, Annie Girardot, Martine Carol, François Périer, Dany Robin, Claude Rich, Marie-José Nat et tant d'autres) et qu'ils animent avec une verve infaillible, une série de silhouettes marquantes a été confiée dans la plupart des sketches à des artistes venus du cabaret: Pierre-Jean Vaillard et Darry Cowl, Roger Pierre et Jacques Fabbri, Yves Robert et Robert Lamoureux, Francis Blanche, Jean Poiret et Michel Serrault. Sacha Guitry, qui aimait et savait choisir ses interprètes, avait été l'un des premiers à mettre en pleine lumière les qualités de ces transfuges en leur faisant jouer la comédie au lieu de les utiliser en filmant simplement l'un ou l'autre de leurs numéros éprouvés.

En 1959, c'est enfin le succès critique et public ainsi que la révélation de "À bout de souffle", dont il est la vedette, aux côtés de Jean Seberg, dans une mise en scène de JeanLuc Godard. Ce film phare de la "Nouvelle Vague", grâce auquel Belmondo, en Michel Poiccard, petit truand instinctif et désinvolte, accède du jour au lendemain à la notoriété. Jean-Paul Belmondo devient célèbre. François Truffaut déclara : "Pour moi, cela ne fait aucun doute, Jean-Paul Belmondo, est le meilleur "jeune premier" actuel, le meilleur et le plus complet. Belmondo peut jouer avec autant de vraisemblance et de naturel un aristocrate ou un garçon du peuple, un intellectuel ou un gangster, un prêtre ou un clown. Cette disponibilité est telle que Jean-Paul pourrait même jouer un homme aimé des femmes, un séducteur, ou au contraire un homme rejeté par elles et ces deux rôles contradictoires il serait capable de les conduire vers le drame ou vers la comédie, "à la demande".

 A cours de la décennie 60, il tournera plus de trente films, faisant preuve d'une aisance égale sur tous les registres, de la comédie au drame. Jean-Paul Belmondo, Bébel pour le grand public, se taille une popularité qu'entretiennent ses rôles de héros sans peur ni reproche, bondissant d'un film d'aventures ou policier, exécutant lui-même les cascades les plus périlleuses...mais avant cela, il poursuit sa carrière cinématographique en étant complémentaire dans trois films italiens intéressants : "La Novice" (1960) d'Alberto Lattuada, "La Vaccia" (1960) film dramatique de Mauro Bolognini avec Claudia Cardinale et Pietro Germi. Pour incarner Amerigo, le choix se porta immédiatement sur Belmondo qui tournait "La Ciociara". Mais, celui-ci ayant déjà des engagements, Bini contacta Sami Frey (qui tomba malade) et Delon (coincé par le retard de "Plein soleil. Finalement, Belmondo ayant "un trou" de vingt jours, put tourner la moitié du film et une doublure le remplaça le reste du temps. Enfin celui pour lequel, Sophia Loren remporta l'Oscar de la meilleure actrice "La Ciociara" (1960) du cinéaste Vittorio de Sica. 

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Peter Brook réalisa son deuxième film "Moderato Cantabile" (1960). De belles images poétiques et de beaux jeux de lumière pour nous présenter symboliquement la destinée morose de Me  Desbaresdes. Si le choix du livre de Marguerite Duras et celui de Jeanne Moreau pour interpréter Anne se sont imposés à Brook, celui de Jean-Paul Belmondo, par contre, incombe à la comédienne. Il semble que le jeune acteur ait accepté cette proposition plus par courtoisie que par enthousiasme. Sur le tournage, en Charente, il paraît en effet agacé par les méthodes de travail de P. Brook. Chaque fois qu'il le peut, il rentre à Paris en voiture. Au retour dune de ses nombreuses escapades, il prend à son bord Jérôme. le jeune fils de dix ans de Jeanne Moreau Un terrible accident survient dont Belmondo sort indemne; mais Jérôme semble très gravement blessé. L'enfant tiré d'affaire, le comédien dut néanmoins faire face à une violente campagne d'une certaine presse qui l'accusait d'imprudence et d'immaturité. Présenté au Festival de Cannes 1960, le film valut à Jeanne Moreau le prix d'interprétation féminine ex-aequo avec Mélina Mercouri pour son rôle dans "Jamais le dimanche".

En 1961, Jean-Pierre Melville adapte à l'écran,le roman de Béatrix Beck qui avait obtenu le prix Goncourt en 1952. Dès sa parution, Melville pensa l'adapter à l'écran, mais il ne vit pas alors quels acteurs pourraient interpréter les deux principaux rôles du film "Léon Morin prêtre". Melville avait certes croisé Jean-Paul Belmondo dans un plan dun film "A bout de souffle", mais c'est la prestation du jeune acteur dans "Classe tous risques"qui convainquit le cinéaste que son prêtre idéal était bien ce mauvais garçon, sympathique et cynique.

La version initiale du film durait 193 minutes et comportait de nombreuses séquences décrivant les conditions de vie sous l'Occupation italienne et allemande dans une ville de province (le film a été tourné, en extérieurs, à Grenoble). C'est Melville lui-même qui tint à recentré le film sur le personnage de Léon Lorin en le faisant apparaître au bout de quinze minutes, alors qu'il n'intervenait, dans la version longue, qu'après une heure et quart d'action et en "gommant" presque tout ce qui concernait l'Occupation, le maquis et la Libération.

"Une Femme est une femme" fut le second film, que Jean-Paul Belmondo tourna sous la direction de Jean-Luc Godard. Son personnage s'appelle Alfred Lubitsch en hommage au célèbre cinéaste Ernst Lubitsch dont le film "Sérénade à trois" (Design for living, 1933). Malgré un accueil critique assez favorable. ce film, dans lequel Godard utilisait pour la première fois de sa carrière la couleur et le scope, ne rencontra pas le publie escompté. Alors que son précèdent film avait dépassé les 250 000 spectateurs en exclusivité parisienne, "Une Femme est une femme", sorti le 6 septembre 1961, ne réalisa qu'un peu plus (le 50 000 entrées et disparut rapidement des écrans.

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Après une brève escapade dans le film à sketches "Les Amours célèbres" (1961) (Lauzun) de Michel Boisrond, l'acteur poursuit sa carrière en jouant dans un film de Jean Becker, "Un Nommé la Rocca" (1961) aux côtés de nombreux comédiens dont Pierre Vaneck, Henri Virlojeux, Mario David, Jean-Pierre Darras, Claude Piéplu...Ce film fut adapté d'un roman de José Giovanni, "L'Excommunié", ce dernier fut très mécontent du résultat et en réalisa lui-même, une nouvelle version en 1972 : "La Scoumoune".

Connu pour des comédies intimistes, Philippe de Broca abordait ici pour la première fois le film d'aventures à grande mise en scène avec "Cartouche" (1962), genre qu'il allait tout particulièrement cultiver, avec son acteur fétiche Jean-Paul Belmondo. Ce film est une sorte de "Robin des Bois", mais en plus cabossé, plus sarcastique et plus truculent. Une pléiade d'acteurs ont participés à ce film dont Claudia Cardinale, Odile Versois, Marcel Dalio, Noel Roquevert, Jess Hahn, Jean Rochefort, Philippe Lemaire et Jacques Charon.

1962, l'année de la première collaboration entre Bebel et Henri Verneuil dans "Un Singe en hiver" avec cette rencontre unique de ces deux grands acteurs Gabin-Belmondo.  Lors de la sortie du film "A bout de souffle", la critique avait comparé Jean-Paul Belmondo à Jean Gabin. Mais cette confrontation faillit ne pas avoir lieu car le ministre de la Santé craignait que le film ne soit qu'une apologie de l'alcool.

Avec "Le Doulos" (1963), le film de Jean-Pierre Melville s'ouvre sur trois inserts fixes... "En argot, "doulos" veut dire "chapeau". Mais dans le langage secret des policiers et des hors-la-loi "doulos " est le nom que l'on donne à "celui qui en porte un" : l'indicateur de police. Le "doulos" est le seul mot d'argot employé dans le film : en effet, Melville, qui parlait pourtant très bien la langue verte, ne la supportait pas au cinéma.


Une autre clé du film est donnée par une citation qui apparaît au début de celui-ci : "Il faut choisir, mourir... ou mentir". Cette phrase tronquée est de Louis-Ferdinand Céline, elle se termine par "moi, je vis". Aux côtés de Belmondo, Serge Reggiani, Jean Desailly, Michel Piccoli et René Lefévre.

Cette même année 63, Belmondo retrouva le cinéaste Jean-Pierre Melville pour le tournage de "L'Ainé des Ferchaux" , à l'origine, c'est Alain Delon qui devait interpréter le rôle de Michel, ayant signé un contrat avec le producteur Fernand Lumbroso. A la suite d'un désaccord sur le nom du metteur en scène, il y eut une rupture de contrat. C'est alors que l'impresario de Jean-Paul Belmondo contacta Melville car l'acteur, après leurs deux premières collaboration "Léon Morin prêtre" et "Le Doulos" souhaitait une nouvelle collaboration. Il se trouva que Jean-Pierre Melville avait déjà écrit une adaptation qui s'éloignait singulièrement de l'œuvre originale. Et Lumbroso (le producteur) avait payé seize millions les droits d'adaptation du livre le pria de revenir à une histoire intermédiaire. Toutes les séquences américaines nécessitant la présence de Belmondo et Vanel furent tournées en France, y compris celle de l'autoroute. Il s'agissait de l'autoroute de l'Esterel garni de voitures américaines.

Il y eut trois autres films en 1963 : "La mer à boire" de Renato Castellani, "Peau de Banane" de Marcel Ophuls avec Jeanne Moreau et enfin "Dragées au poivre" de Jacques Baratier avec une affiche impréssionnante : Guy Bedos, Sophie Daumier, Jean-Pierre Marielle, Jacques Dufilho, Sophie Desmarets, Simone Signoret, J-P Belmondo, Claude Brasseur, Anna Karina, Marina Vlady, Francis Blanche, Jean Richard, François Périer, Jean-Marc Bory, Monica Vitti, Georges Wilson, Roger Vadim...

La collaboration de Belmondo avec le cinéaste Philippe de Broca furent au nombre de cinq films, après "Cartouche" ce fut "L'Homme de Rio" (1964) avec Françoise Dorléac, ce film fut un grand succès populaire avec Bébél en grande forme. Ce film aux allures décontractées et désinvoltes, qui l'apparentent à la Nouvelle Vague, est surtout un hommage à Hitchcock de "La mort aux trousses", dont il retrouve le rythme frénétique, le goût pour les situations insolites et l'hyperréalisme spatial. "Les Tribulations d'un chinois en Chine" (1965), un scénario inspiré du roman de Jules Verne avec Ursula Andress, Jean Rochefort et Darry Cowl. Puis "L'Incorrigible" (1975), et enfin "Le Magnifique" (1975) avec Jacqueline Bisset.

Après avoir tourné son deuxième film "Echappement libre" (1964) avec le cinéaste Jean Becker, Belmondo participa au tournage du film d'Edouard Molinaro "La Chasse à l'homme" (1964). Quant à "Cent mille dollars au soleil" ; le film fut choisit pour représenter officiellement la France au Festival de Cannes 1964, ce qui provoqua un tollé général de la part de la critique non seulement française mais également étrangère. En Italie, le journal «Paesa Sera» le qualifia de «sorte de sous-Clouzot qui s'adresse aux plus bas instincts», à Londres, le "Guardian" déplora «Si c'est là un exemple du goût populaire français, que Dieu sauve la France». Et en France, Pierre Billard s'étonna. «Comment supporter, en 1964, cette image purement colonialiste de l'Afrique où un petit groupe de Tarzans européens vient faire la loi parmi les peuplades de dégénérés tout juste hons à recevoir des coups de pieds au derrière et des paires de claques '» in « Cinéma 64» n° 86). Toutefois, le public fut loin de partager cette opinion puisque le film totalisa la meilleure recette de l'année avec 447 000 entrées à Paris en 18 semaines d'exclusivité. Huit mois plus tard, "Week-end à Zuydcoote", toujours de Henri Verneuil et avec Jean-Paul Belmondo, atteignit 478 000 ennées et ce beau diptyque confirma l'association Verneuil-Belmondo qui devait se reformer par la suite pour "Le Casse" (1971), "Peur sur la ville" (1974) "Le Corps de mon ennemi" (1976) et "Les Morfalous"  (1984).

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De "Pierrot le fou" (1965) , déclara Godard, je voulais faire un petit film avec Michel Piccoli et Sylvie Vartan; elle n'a pas pu. Alors Belmondo m'a permis de faire un film avec plus de moyens : ça compte l'argent qu'une vedette amène". Le film, présenté au Festival de Venise, suscite de vives polémiques. Aragon, dans les Lettres Françaises (9-15 septembre 1965), prend la défense du film : "j'aime le langage et c'est pour ça que j'aime Godard qui est tout langage " et précise plus loin : "ce qu'on reproche surtout à Godard ce sont les collages parlés " On peut reconnaître en effet au début du film un extrait de "L'Histoire de l'art" d'Elie Faure (lu par Pierrot), des citations de "Guignol's band" de Céline... Et aussi de nombreuses références au monde de la publicité, de la B.D. ou de la peinture (Renoir, Picasso...). Le réalisateur américain Samuel Fuller joue son propre rôle.

Un troisième film complète le tandem Belmondo-Becker avec "Tendre voyou"  (1966), puis Bébél participe à l'une des plus brillantes distributions du cinéma français  dans "Paris brûle t'il? ", avec pour cinéaste René Clément (Jeux Interdits).  Film tourné selon le principe américain du grand spectacle : une foule de comédiens célèbres jouent de petits rôles et des acteurs de nationalité correspondant à leur personnage s'expriment dans leur langue originelle. La production bénéficia du soutien actif du gouvernement français qui permit ainsi de filmer Paris désert (le tournage avait lieu tous les matins à partir de cinq heures).

Le film a pour base le best-seller international de Dominique Lapierre et Larry Collins, deux journalistes (l'un français, l'autre américain) qui unirent leurs efforts pour écrire ensemble l'histoire de la libération de Paris après avoir retrouvé tous les témoins célèbres et encore vivants de l'événement. Il faut remarquer que le scénario fut écrit avec la collaboration de Francis Ford Coppola, le futur réalisateur du "Parrain".Le film nécessita cent quatre-vingts lieux de tournage.

Aux côtés de Jean-Paul Belmondo, Alain Delon, Simone Signoret, Kirk Douglas, Orson Welles, Jean-Louis Trintignant, Michel Piccoli, Anthony Perkins, Charles Boyer, Leslie Caron, Jean-Pierre Cassel, Claude Dauphin, Yves Montand, Claude Rich, Robert Stack, Glenn Ford, Daniel Gélin, Gert Froebe, Bruno Cremer, Pierre Dux, et tant d'autres...                

En 1967, Louis Malle réalisa "Le Voleur", adapté d'un roman de Georges Darien; plus qu'un film policier est un film psychologique qui donne l'occasion à Louis Malle d'exercer une nouvelle fois ses griffes contre une bourgeoisie traditionnelle. " Le Voleur" c'est l'histoire d'un échec, dit Louis Malle. Dès 1968, François Truffaut disait du célèbre acteur - "Un film à tourner, c'est une route à ouvrir et, avec Belmondo, un bout de chemin est tracé d'avance"

Avec le film "Ho ! ", Jean-Paul Belmondo qui n'avait rien tourné depuis dix-huit mois, effectuait une rentrée attendue. Robert Enrico, souhaitait renouveler le succès de son film "Les Aventuriers", avec Delon, en faisant de Bébel la vedette de cette autre adaptation d'un roman de José Giovanni. Il lui adjoignit la jeune et jolie Joanna Shimkus.

Une rencontre cinématographique inédite : Gérard Oury et Jean-Paul Belmondo,  Bourvil et David Niven complètent l'affiche du film "Le Cerveau" (1969). Le cinéaste a travaillé deux ans sur ce film. Il voulait, en effet, qu'à aucun moment il ne rappelle ses deux plus grands succès : "Le Corniaud" et "La Grande Vadrouille",La Compagnie Générale Transatlanlique a accepté que Gérard Oury attache entre les cheminées du "France" une gigantesque reproduction de la statue de la Liberté.

Jean-Paul Belmondo dit de lui : "Je ne vis que pour jouer et continue à jouer quand je vis. Ce que j'apprécie le plus dans ma gloire, c'est la possibilité de pouvoir jouer ce que je veux. Je suis fier d'être une vedette populaire, comme l'étaient avant-guerre Aimos, Carette et... Gabin. Si dans dix ans, j'ai disparu du podium, j'espère que certains de mes films passeront dans les cinémathèques et que l'on dira de moi : il a fait une belle carrière". "(...) L'idéal serait de pouvoir taper dans le mille à chaque fois (...). L'idéal serait de pouvoir se dire à chaque film : "Il est formidable". Mais je crois que le type qui pourrait faire ça, on le mettrait dans un musée, parce que ça n'existe pas. (...) Souvent, j'entends des jeunes dire : "Je ne ferai pas ci, je ne ferai pas ça". C'est bien d'avoir de la rigueur, mais ça n'est pas possible tout le temps; en tout cas, je n'ai pas fait de choses que je juge, moi, déshonorantes... 

François Truffaut a pris pour sujet du scénario de son film "La Sirène du Mississipi" (1969) un roman de William Irish, l'un des maîtres du "roman noir" américain. Jean-Paul Belmondo et Catherine Deneuve réussissent à tenir en haleine les spectateurs par un film totalement réussit.

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Avec "Un Homme qui me plaît" (1969) c'est une nouvelle rencontre importe pour Bébel, Claude Lelouch, sa partenaire féminine n'est autre qu'Annie Girardot. Il enchaîne l'année suivante aux côtés d'Alain Delon dans "Borsalino" (1970), Delon producteur fournit 700 millions sur les 2 milliards que coûta le film. La rencontre entre Delon et Belmondo était bien sûr l'évènement majeur d'un film dont les aventures étaient inspirées de celles de deux gangsters marseillais: Carbone et Spirito, rois de la pègre des années 30.

Avec "Les Mariés de l'an II" (1971) de Jean-Paul Rappeneau, Jean-Paul Belmondo, qui refusait de se faire doubler dans les cascades, n'a jamais laissé travailler sa doublure qui lui ressemblait de façon étonnante. Il a tourné lui-même les chutes de cheval, il est tombé d'un toit, a plongé dans un fleuve glacé, a sauté dans les flammes d'un incendie.

Comme les distractions manquaient, Belmondo, dont le rôle est très prenant, ne pouvant s'offrir de détente à Paris, était arrivé avec son équipement sportif complet et avait tout de suite créé son équipe de foot avec les techniciens. Parallèlement au tournage, il organisait des rencontres franco-roumaines... et c'est en costume d'époque qu'il gardait les buts. Les autres interprétes du films sont Marlène Jobert, Michel Auclair, Laura Antonelli, Sami Frey, Pierre Brasseur, Julien Guiomar, Charles Denner, Mario David, Patrick Dewaere et Jean-Pierre Marielle.

Dans tous les cinéma, on pouvait voir l'affiche du film "Le Casse" en 1971. – Ce fut deux ans de travail et un budget d'un milliard et demi d'anciens francs – est le cinquième film qu'Henri Verneuil tourna avec Jean-Paul Belmondo. Comme à l'accoutumée, Belmondo ne se fit pas doubler au cours des séquences acrobatiques du film, que ce soit pendant la course-poursuite tournée à travers les rues d'Athènes, ou lors de la scène de la décharge qui, tournée en plan fixe, excluait tout truquage.

En revanche, dans la fameuse scène du silo, Renaud, cascadeur de l'équipe d'Yvan Chiffre qui doubla Omar Sharif, expliqua ainsi son "action" : "Sautant dans un silo, treize tonnes de grains me tombaient sur le dos. Un masque et une bouteille d'oxygène dissimulés me permettaient de respirer. Pour plus de sécurité, Verneuil avait exigé que je porte dans la poche un fil électrique actionnant un signal vert ou rouge, selon le danger. "Fossilisé" dans le grain, Je ne pus remuer un seul doigt pour appuyer sur le bouton du signal. " (in "Télérama" n° 1199).

"Docteur Popaul" (1972) constitue donc la deuxième rencontre avec Claude Chabrol. " Immobilisé et soigné dans sa propre clinique à la suite d'un accident, le Docteur Paul Simay revit sa carrière et son ascension. Mia Farrow et Laura Antonelli sont de la distribution, le film est tiré du roman "Meurtre à loisir" d'Hubert Monteilhet. Deux romans de José Giovanni eurent pour particularité d'être à l'origine à la fois du demier film de Jacques Becker - Le Trou (1959) - et du premier film de Jean Becker; fils du précédent : "Un Nommé la Rocca" (1961). Mécontent de la réalisation de ce dernier, avec qui il avait pourtant écrit l'adaptation, Giovanni décide onze ans plus tard d'en réaliser lui-même un remake; c'est son sixième film. "La Scoumoune" (1972)

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Michel Constantin apparaissait déjà dans "Uun nommé la Rocca"". Il reprend ici le personnage qu'incarnait Pierre Vaneck : Adé devient Saratov, et Geneviève devient Georgia, Claudia Cardinale succédant à Christine Kaufmann. La Rocca devient Borgo et donne à Jean-Paul Belmondo (partenaire de l'actrice italienne pour la troisième fois après "Cartouche"et "La Viaccia" l'occasion d'être un des très rares acteurs à tenir le même rôle dans deux versions espacées du même film.

"L'Héritier" (1972) est la troisième réalisation cinématographique de Philippe Labro, ce film s' apparente à un véritable portrait romantique d'un magnat à "la Kennedy", ou comment poursuivre le mythe de Citizen Kane" . Aux côtés de Belmondo, on retrouve très souvent des amis fidèles Charles Denner, Carla Gravina, Jean Rochefort, son ami disparu Michel Beaune, Maurice Garrel ou François Chaumette.

"Le Magnifique" (1973) de Philippe de Broca avec Jacqueline Bisset devait en premier lieu s'intitulé "Comment détruire la réputation du plus célèbre agent secret du monde", ce film, au générique duquel ne figure aucun nom de scénariste (Francis Veber exigea la suppression de son nom), fut le premier produit par Cerito-Films, la maison de production de Jean-Paul Belmondo. Grâce aux bénéfices réalisés par le film, qui enregistra 726 665 entrées durant son exclusivité sur Paris et la périphérie, Cerito-Films put financer à 80 % "Stavisky" (1974) le film d'Alain Resnais dont Belmondo incarna le rôle titre.

 Jean-Paul Belmondo achève sa collaboration avec Henri Verneuil,  (cinéaste qui lui a permit de donner la réplique au "monstre sacré" qu'était Jean gabin)  avec  "Les Morfalous" (1984), un des derniers films dialogués par Audiard. ) Avec  ce film, Jean-Paul Belmondo a tourné huit longs métrages avec Henri Verneuil depuis le film à sketches "La Française et l'amour" (1959). François Truffaut en parlant de Jean-Paul Belmondo déclarait : "Si l'idée de tourner des remakes ne lui répugnait pas, de Jean-Paul Belmondo pourrait sans effort et sans souffrir de la comparaison, reprendre les meilleurs rôles de Jean Gabin, Fernandel et ceux de Gérard Philipe." En 1984, Georges Lautner réunit dans "Joyeuses Pâques" : Marie Laforêt, Michel Beaune, Rosy Varte et la jeune actrice Sophie Marceau en plein "Boum". Puis "Hold-up" (1985) d'Alexandre Arcady, adpaté d'un roman de Jay Cronley, le cinéaste déclara Alexandre Arcady dit de Belmondo, "Il y a beaucoup d'acteurs, parfois très bons, qui s'économisent : ils ne jouent que lorsque la caméra est sur eux. Lui, il se donne totalement, dans son jeu comme dans la vie. Pour le metteur en scène, comme pour ses partenaires, c'est un fait incontestable ("Le Point", 1--7-85)."

 Entretemps, Jean-Paul Belmondo et Gérard Oury se retrouvent, après plusieurs années d'absence dans le tournage de "L'As des As" (1982), puisque  leur précèdent film "Le cerveau"  fut tourné en 1969. À propos du film, Gérard Oury a précisé qu'il avait traité "le contexte - c'est-à-dire l'Allemagne nazie des années trente - de manière totalement réaliste", comme il l'avait déjà fait pour d'autres comédies à arrière-plan historique "La Grande Vadrouille", "La Folie des grandeurs", "La Carapate". Pour arriver à décrire avec précision cette période, Oury s'est donc adjoint deux collaborateurs de Fassbinder, qui avaient notamment travaillé sur "Lili Marleen" : le directeur de la photo, Xaver Schwarzenberger, et le décorateur Rolf Zehetbauer.
Lors de sa sortie à Paris, fin octobre 82, "L'As des as" a battu tous les records de popularité avec, en une seule semaine, 463 000 entrées.

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"Le Marginal" (1983) de Jacques Deray a déplacé dans les salles tout près de cinq millions de spectateurs, un peu moins que "Le Cerveau", "L'As des as" et "Le Professionnel" qui sont, dans cet ordre, les trois plus gros succès au "box-office" de la filmographie de Jean-Paul Belmondo. Ce succès est le résultat d'une campagne soigneusement orchestrée par la maison de distribution (Cerito) que Belmondo possède avec son associé René Château : pour "Le Marginal", le budget promotion a été à lui seul de trois millions de francs.

En même temps, l'écrivain et cinéaste Alexandre Astruc déclarait, dans un article intitulé "Faut-il brûler Belmondo ?" : "Il me paraît un peu sommaire de se débarrasser de Belmondo en le traitant de produit de publicité... En fait, Belmondo est un des acteurs les plus complets, les plus profonds que nous ayons aujourd'hui... Il y a du Douglas Fairbanks en lui, mais en même temps s'épanouit sur son visage une force dramatique..." Quant au réalisateur Jacques Deray, il déclare avoir voulu, renouer avec un cinéma d'émotion, d'atmosphère, où la qualité de l'homme est plus importante qu'un mécanisme qui tourne sans jamais faiblir... retrouver aussi le souffle du film noir, sa dynamique propre...".

"Le Solitaire" (1987)  était le quatrième film de Jean-Paul Belmondo réalisé par Jacques Deray, les trois autres étant "Par un beau matin d'été" (1965), "Borsalino" (1970) et "Le Marginal" (1983). Le titre de tournage, "Le Cobra" fut abandonné parce qu’un film de George Pan Cosmatos avec Sylvester Stallone portant le même titre était à l’affiche à la même époque. De 1974 à 1983, la sortie d’un film de Jean-Paul Belmondo était un événement médiatique important et l’assurance d’un maximum d’entrées en salles. Mais le comédien avait connu quelques revers avec "Les Morfalous"  et "Hold-up", une perte d’audience accentuée par l’échec encore plus retentissant du "Solitaire".

Peu avant de mourir, Jacques Deray attribuait curieusement le fiasco du film au fait que Jean-Paul Belmondo avait repris la même année le chemin du théâtre qu’il avait abandonné depuis 1959, jouant sur scène “Kean” adapté d’Alexandre Dumas par Jean-Paul Sartre, dans une mise en scène de Robert Hossein, qui rencontrait un succès sans précédent. Son fidèle ami Michel Beaune (disparu en 1990) y était également son partenaire. Le scénario du film fut co-écrit par Simon Michael, pseudonyme d’un ancien policier qui s’était fait remarquer pour sa collaboration aux "Ripoux" de Claude Zidi, grand champion de recette de l’année 1984.

Depuis "Les Morfalous" - "Je vous mentirais si je vous disais que c'est mon film préféré" (1) - il semble que le célèbre comédien ait le souci de modifier son image auprès du public. C'est ainsi, par exemple, qu'il a mis fin à sa longue collaboration avec René Château qui s'occupait du lancement de ses films depuis "Ho" ! (1968) : "Quand j'ai vu arriver le même projet d'affiche que d'habitude pour "Joyeuses Pâques", j'ai craqué... J'en avais marre de voir toujours les mêmes dessins, même quand les films étaient très différents." (1). De même, à ceux qui lui reprochent de tourner toujours sous la direction de Lautner, Oury, Verneuil ou Deray, Belmondo répond par "Hold-up", réalisé par Alexandre Arcady, un cinéaste de quarante ans. Le comédien regrette d'ailleurs que les divers projets envisagés depuis le début des années 80 avec de jeunes cinéastes - Claude Miller, Yves Boisset, Claude Pinoteau ou Alain Corneau - n'aient pu aboutir : "Finalement, ça revient toujours à une question d'écriture... On se dit : "Tiens, on va faire un film ensemble. (...)" Mais après, tout le monde s'embrouille, (...) Ce n'est tout de même pas de ma faute si personne en France n'est capable d'écrire "Asphalt Jungle" ou "L'Ultime Razzia" ! (...) Je préfère tourner avec de très bons faiseurs comme Verneuil ou Lautner. Pourquoi, en effet, faire un film avec Spounzi, qui va faire la même chose, en moins bien ? (...) " (2). A la cinquantaine passée, au moment où un comédien se doit de mettre en question sa carrière, il paraît évident que J.P. Belmondo, comme Alain Delon, tient avant tout à ne pas rester enfermé dans les légendes qui ont fait sa gloire : "Je sais qu'il y a aussi une légende qui dit: "S'il ne se pend pas sous un hélicoptère, il ne fera pas le film... . Ça, c'est faux aussi" (1), ne pas apparaître coupé des jeunes talents : "Le danger, c'est que des types se disent : "Ce gars-là, on ne peut pas l'approcher". Je crois que si, demain, vous me dites " Il y a machin qui vous appelle, voyez-le", je ne le foutrai pas à la porte !" (1). Le souci de modifier son image, de refuser le confort des légendes et d'un splendide isolement passe aussi par le risque d'un retour aux sources, celui d'une remontée sur les planches, en 1987, pour incarner le comédien par excellence, Kean, mis en scène par Robert Hossein. Et, ce risque pris, Jean-Paul Belmondo remporte un nouveau triomphe...

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Jean-Paul Belmondo s'était consacré au théâtre où il avait triomphé dans " Kean", sous la direction de Robert Hossein. Pour son retour devant les caméras, il retrouve Claude Lelouch vingt ans après "Un Homme qui me plaît" (l969) pour tourner dans "Itinéraire d'un enfant gâté" (1988). Ici, Belmondo n'effectue pas de cascades; barbu, la cinquantaine avouée et assumée, il lient néanmoins à prendre des risques. C'est ainsi qu'il affronte, seul - au cours d'une longue séquence qu'il fallut filmer deux fois - un lion dont il s'approche lentement avant de s'immobiliser près de lui... Le film est dédié à Jacques Brel.

1992, Georges Lautner réalise "L' Inconnu dans la maison" (1992), une transposition du roman de Georges Simenon qui avait déjà connu , deux autres versions dont la plus célèbre fut celle interprété par Raimu.

"Les Misérables du  XXème siècle" (1995) fut le troisième film de Claude Lelouch avec Jean-Paul Belmondo, émaillé d’une pénible péripétie : l’incendie du décor de l’auberge normande. «J’ai vu d’un seul coup mon décor brûler, devant moi, déclara le cinéaste. Je l’ai filmé, n’importe comment, parce que mon inconscient me disait que je devais tourner.»
67 jours de tournage, plus de 5000 figurants, 3000 costumes, 52 décors originaux créés par Jacques Bufnoir, un budget total de 98 millions de francs… tels sont quelques chiffres caractéristiques de ce quatrième film inspiré par le drame de Victor Hugo après les adaptations de Raymond Bernard avec Harry Baur (au spectacle de laquelle Fortin se montre très ému), de Jean-Paul Le Chanois avec Jean Gabin et de Robert Hossein avec Lino Ventura. De nombreux acteurs se retrouvèrent à l'affiche aux côtés de Bébel : Annie Girardot, Michel Boujenah, Philippe Léotard, Micheline Presle, Ticky Holgado, Darry Cowl, Robert Hossein, Jean Marais, Philippe Korsand...

Première réalisation pour le cinéma du metteur en scène de théâtre Bernard Murat, "Désiré" (1996) est aussi le premier épisode d’une collection de films et téléfilms tirés des œuvres de Sacha Guitry : Le tournage de ce nouveau film fut l’occasion d’une complice rencontre entre des comédiens qui, à l’exception de Jean-Paul Belmondo et Claude Rich, ne se connaissaient pas. Jean-Paul Belmondo manifesta publiquement son insatisfaction lorsque les distributeurs ne sortirent le film que dans six salles parisiennes.

Quinzième film de Patrice Leconte, "Une Chance sur deux" (1998) ce fut quatre mois de tournage, une équipe de plus de cent personnes et la nouvelle réunion des deux plus anciennes stars masculines françaises Jean-Paul Belmondo et Alain delon, vingt-sept ans après "Borsalino" de Jacques Deray, leur partenaire féminine n'est autre que Vanessa Paradis.

Cocktail de comédie, de science-fiction et de fantastique impliquant d’assez gros moyens financiers, "Peut-être" (1999) d'Alexandre Arcady surprenait dans le cadre de la production cinématographique française classique – il eut d’ailleurs des difficultés à voir le jour, et trois producteurs successifs –, mais aussi dans l’œuvre de Cédric Klapisch, qui précisait : « On a voulu que le film sorte des cadres habituels ; ça aurait pu être un “conte philosophique” comme on en écrivait au siècle des Lumières, (…) une “fable poétique” ou une “histoire surréaliste” ou encore du néo-réalisme poétique. Mais ce n’était pas complètement ça. Donc, comme on sait qu’en France on est amateur d’étiquettes, on s’est dit que “comédie d’anticipation”, ça décrivait bien le film, on pouvait tout mettre là-dedans.
Pour les scènes particulièrement frappantes de Paris ensablé, reconstitué en Tunisie et numériquement, le réalisateur et son équipe choisirent pour élaborer les décors la règle suivante : trois cinquièmes de Paris reconnaissable, deux cinquièmes d’éléments inconnus ou bizarres.
On aperçoit Cédric Klapisch dans un bref rôle d’épicier, au hasard d’une promenade dans le Paris futur.

"Amazone" (2000) est le sixième film de Jean-Paul Belmondo tourné par celui-ci sous la direction de Philippe de Broca. Ce film, qui devait à l’origine s’appeler "Lulu", fut l’occasion pour Jean-Paul Belmondo et Philippe de Broca de revenir sur les lieux du tournage de "L’Homme de Rio".

Après une longue absence de plusieurs années ,liée à un accident vasculaire cérébral, Jean-Paul Belmondo  fit son retour au cinéma, avec "Un Homme et son chien" (2009) de Francis Huster est un remake d’'Umberto D", film italien de 1952 réalisé par Vittorio de Sica et où le rôle principal était tenu non pas par un comédien professionnel, mas par un professeur de philosophie. Pour Jean-Paul Belmondo, « ce personnage, c’est [lui] ». Il a donc demandé à Francis Huster de le filmer vraiment tel qu’il était. Après avoir tourné plus de 85 films, plusieurs décennies de cinéma français, Jean-Paul Belmondo nous a quitté le 6 septembre 2021 à l'âge de 88 ans. Il restera dans la mémoire des français pendant fort longtemps. Adieu Bébél 

 

Voir sur Cinetom liens sur l'évocation de Jean-Paul Belmondo

http://www.cinetom.fr/archives/2009/02/10/12472505.html

http://www.cinetom.fr/archives/2009/02/10/12472434.html

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