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11 octobre 2020

CLAUDE LELOUCH, ITINERAIRE D'UN ENFANT DE LA NOUVELLE VAGUE

En quarante ans le monde a changé, l'individualisme, l'opposition de deux mondes différents ne permettent peut-être pas le bon vivre-ensemble, il est temps de se poser les bonnes questions et d'y répondre avec des réponses concrètes.  Hommage à Samuel Pathy.

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              CLAUDE LELOUCH         1939 

        Cinéaste, Producteur, Scénariste Français

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Claude Lelouch avait déclaré : "Je ne m'intéresse qu'à une seule chose, aux gens, puis aux sentiments, puis à l'amour." Cette recette très simple, qui fit le succès de nombre de ses films, Claude Lelouch, s'en alla l'appliquer dès 1966 avec l'immense succès que fut "Un Homme et une Femme". Triomphe à Cannes , le film obtient la Palme d'Or au Festival de Cannes 1966, deux Oscars à Hollywood, quarante-deux récompenses internationales, toutes les recettes du cinéma français pulvérisées à travers le monde, le mythe Lelouch est né.

C'est d'ailleurs à Paris, que Claude Lelouch est né le 30 octobre 1937. Dès son plus jeune âge, il fréquente assidûment les salles de cinéma des Grands Boulevards. A 18 ans, muni d'une caméra offerte par son père, il effectue des reportages dans le monde entier : Les Etats-Unis, la Russie, Suez ou Budapest, il couvre ainsi de nombreux reportages qui lui vaudra pendant son service militaire au Service Cinématographique des Armées, il a l'occasion de tourner de nombreux films en 16 ou 35 mm et fait son apprentissage dans le maniement des hommes et des foules.

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A son retour de l'armée, en 1960, à 23 ans, il fonde sa propre maison de production "Les Films 13" et tourne son premier film de fiction, "Le Propre de l'homme" (1960), un essai sur la rencontre et la première journée de bonheur d'un couple, qu'il interprète lui-même, avec Janine Magnan. Mais c'est un échec total, financier, public et critique. Lelouch réalise alors des "scopitones" (chansons filmées de trois minutes pour les "juke-boxes" comme la célèbre chanson de Claude François "Belles, Belles, Belles" : il en réalisera près de 250...Avec ses gains il entreprend son second long métrage, "L'Amour avec des si" (1962), histoire d'un quiproquo pour lequel il recevra le Prix des Cinq Etoiles, décerné par la critique en Suède. En 1963, c'est "La Femme spectacle", un "reportage-fiction" sur la femme. Censuré, le film ne sortira jamais... 

En 1964, Claude Lelouch tourne en quinze jours "Une Fille et des fusils" avec ses amis Pierre Barouh, Jean-Pierre Kalfon, Jacques Portet et Amidou. Un film bourré de référence aux "thrillers" américains qui attire enfin l'attention de la critique française et qui obtient le Grand Prix du Festival du Jeune Cinéma de Hyères. Puis, c'est la révélation avec "Un Homme et une Femme" avec Anouk Aimée et Jean-Louis Trintignant, comme indiqué ci-dessus, ce fut la Palme d'Or au Festival de Cannes 1966. En 1965, Lelouch réalise "Les Grands moments, c'est un échec commercial. Lelouch déclara : "Quand ça va mal, je vais à Deauville. C'était le 13 septembre...je marchais donc sur  la plage et très loin, il faisait très mauvais ce jour-là, j'ai vu une femme qui marchait aussi. De très loin, elle semblait très très belle. Et il y avait une petite fille qui jouait à côté d'elle. J'essayais de me rapprocher de cette dame... et tout en me rapprochant j'essayais de trouver une explication...Les idées venaient comme çà, et, en marchant, j'écrivais l'histoire d' "Un homme et une femme"...Les décors, la lumière, le chien sur la plage. J'ai vu tout cela ce jour-là" (L'Express, 3 janvier 1972).

Le "style Lelouch" est né, caméra au poing, loin des studios. Claude Lelouch film avec toute la liberté offerte par la technique moderne : caméra légère, émulsions ultra-sensibles, recherchant avant tout la spontanéité de ses interprètes. En 1967, sort sur les écrans de cinéma "Vivre pour vivre" avec Yves Montand et  Annie Girardot, plus vraie que jamais, lorsque le cinéaste la filme en pleurs et tout en vérité, du grand cinéma. Pour son premier film policier "Le Voyou" (1970), Lelouch a réuni des acteurs qu'il s'était plus à diriger précédemment : Jean-Louis Trintignant, Amidou (dans "La Vie, l'Amour et la Mort" en 1968) et Charles Gérard. Après le tournage du "Voyou", Lelouch se concentre sur son film suivant "Smic, Smac, Smoc" (1971), tourné en huit jours en essayant d'être seulement les reporters d'une fiction. Le film connut un petit succès commercial, cependant la critique fut divisée.

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Les premières années 70, Lelouch s'entoure d'acteurs tels que Lino Ventura, Jacques Brel, Charles Denner, Charles Gérard ou Aldo Maccione pour mener à bien son projet "L'Aventure c'est l'aventure" (1972), il récidive avec Ventura et Françoise Fabian dans "La Bonne Année" en 1973. Dans le premier c'est Johnny Hallyday qui chante le générique du film dans le second Lelouch le proposa à Mireille Mathieu. Quant au tournage du "Chat et la souris" (1975), le cinéaste déclara : "J'ai construit l'intrigue, de façon à ce que le spectateur y participe. Je souhaite qu'il ne vienne pas seulement au cinéma pour regarder, pour arbitrer un conflit, mais pour agir, pour jouer un rôle au même titre que les vedettes. Ma caméra devient "subjective" : chaque spectateur doit avoir l'impression de la diriger comme au cours de l'enquête, il doit avoir la sensation de piloter les voitures ou les motos".

Après avoir réuni Anouk Aimée et Catherine Deneuve avec "Si c'était à refaire" en 1976, Claude Lelouch s'en alla en 1977, tourné aux Etats-Unis "Un autre homme, une autre chance", son premier film américain. C'est encore, dans ses grandes lignes, le thème du couple que Lelouch transpose dans l'Ouest de la fin du XIXe  siècle, avec toutes ses facettes que la grande tradition du western hollywoodien a mythifiées. Il était interprété par James Caan, Geneviève Bujold et Francis Huster. "Robert et Robert" (1978), par contre, renoue avec la veine intimiste du cinéaste illustrée précédemment par des œuvres telles que "La Bonne année", "Le Chat et la souris" ou "Si c'était à refaire". Charles Denner et Jacques Villeret, qui trouve ici son premier grand rôle, y sont deux solitaires à la recherche, par agence matrimoniale interposée, de l'âme soeur.

Catherine Deneuve et Jacques Dutronc sont les têtes d'affiche d' "A nous deux" (1979) qui, à la façon d' "Un Homme qui me plaît" (1969), promène deux amoureux en quête du bonheur un peu partout dans le monde. Il fut présenté hors compétition en clôture du Festival de Cannes 1979. Dans "Toute une vie" (1974), déjà, le cinéaste avait tenté de brosser une fresque historique en s'attachant à la destinée de nombreux personnages. En 1981, "Les Uns et les autres", nouvelle illustration de la tentation unanimiste du cinéaste, fut un triomphe. En France, en Russie, aux Etats-Unis, des hommes et des femmes se cherchent, traversent quarante années de l'Histoire du monde contemporain pour se retrouver, dans une apothéose de musique et de danse, sur l'esplanade du Trocadéro, enfin réunis par l'amour et la vie. "Edith et Marcel" (1983), évocation de la vie, de l'amour et de la mort d'Edith Piaf et de Marcel Cerdan, où le rôle de ce dernier devait être interprété par Patrick Dewaere, qui devait trouver la mort peu de temps avant le tournage, alors qu'il était en pleine préparation physique, le jour de son décès et ce fut Marcel Cerdan Jr qui le remplaça au pied levé, aux côtés d'Evelyne Bouix.

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Claude Lelouch raconte qu'il conçut le scénario de "Viva la vie" (1984) la nuit suivant la sortie d'Edith et Marcel, à partir des cauchemars qui troublèrent son sommeil. Cette fois, rien ne fut livré au public, avant la sortie du film, de cette histoire complexe où de nombreux personnages manipulés par des forces occultes font face, dans un climat quaso-onirique, à la menace d'une guerre nucléaire. "Partir, revenir" (1985) c'est encore une incursion dans l'Histoire, celle de l'Occupation, du martyre juif, de la collaboration et de la Résistance.

En 1986, Lelouch réalise une suite à son film ayant connu un succès international avec "Un Homme et une Femme, vingt-ans déjà" (1986) où il retrouve Anouk Aimée et Jean-Louis Trintignant. Le film sera présenté hors compétition au Festival de Cannes 1986. Le cinéaste déclara : "Il y a deux sortes de films, souligna Claude Lelouch, ceux qui font passer le temps et ceux qui expliquent le temps. C'est Malraux qui a dit cela de la télévision. C'est également vrai du cinéma. Et je veux réussir les deux, c'est en ce sens que je travaille. J'aime que les spectateurs ne voient pas passer le temps, qu'ils soient émus et joyeux, mais qu'en sortant du film, ils disent aussi "c'est intéressant"...(in : "Ma vie pour un film", de Claude Lelouch, entretiens avec Jonnick Flot, Editions Lherminier, Paris 1986). 

L'année suivante, Lelouch réunit Jean Yanne et Patrick Bruel dans une comédie policière dans "Attention bandits" lequel sera suivi de son plus grand succès public de la dernière décennie lelouchienne avec "Itinéraire d'un enfant gâté" (1988), réussite totale de ce film qui a permis à Jean-Paul Belmondo d'obtenir le César du Meilleur Acteur. Après des années de critiques des "Cahiers du Cinéma", un revirement spectaculaire va s'opérer au début des années 90, lorsque Lelouch accorde un long entretien au cinéaste dont ils avaient été jusqu'alors les plus féroces contempteurs. Le prétexte en est "Il y a des jours et des lunes" (1990), film jugé "excitant, imparfait, qui brasse idées et personnages avec une énergie certaine. Cette révision critique va perdurer avec "La Belle histoire" (1992) puis avec "Tout ça...Pour ça" (1993) "Son inspiration et sa vocation sont réellement populaires..."; avec "Les Misérables" (1995) à propos duquel le critique décrit Lelouch comme "un cinéaste qui veut tout (...) sans nul cynisme, pour l'amour des défis lancés à la création..."

Avec "Hommes, Femmes : mode d'emploi" (1996), les Cahiers du Cinéma semblent à nouveau prendre leurs distances, "Positif", l'autre revue qui compte dans le paysage critique, assure le relais à partir de ce film-bilan, film pour le futur qui (...) avec l'ironie de ses dialogues, l'humour de ses hasards, accueille l'ombre inhumaine du bonheur, sa tristesse". Même ton louangeur à propos de "Hasards et coïncidences" (1998) "hymne à la vie qui convainc vraiment par ses personnages, son épaisseur humaine".

Producteur avec sa société de production "Les Films 13 et auteur complet de tous ses films, propriétaire d'une salle de cinéma parisienne "Le Ciné 13", Claude Lelouch pense, travaille, vit dans, par et pour le cinéma. "J'avance totalement au feeling et c'est dur dans un monde où l'intelligence veut avoir toujours raison"  déclare ce cinéaste "prolifique et populaire" (Le Petit Robert). Les personnages de ses films, les plus modestes comme les plus ambitieux, "débordent d'une vitalité, d'une chaleur, d'une grâce et d'un humour que seuls savent susciter les grands directeurs d'acteurs, Lelouch est de ceux-là, le plus festif du cinéma français" (in Les Maîtres du cinéma français", Bordas 1990). Nul ne conteste plus, fût-ce pour le critiquer, qu'il soit aussi un auteur. 

"Une pour toutes" (2000) est le trente-septième long métrage de Claude Lelouch, est sorti, à sa demande, le 1er janvier 2000, un samedi et non un mercredi ou un vendredi comme il est d'usage. Cette date, pour le cinéaste que Jean-Michel Frodon baptise, amicalement, "Monsieur Plus" (in "L'âge moderne du cinéma français", Flammarion,1995), est évidemment significative : "Une pour toutes" restera pour l'histoire, le premier film français de l'an 2000 !. Justement, des années 2000, on retiendra dans ses réalisations, "Le Courage d'aimer" (2004) avec Mathilde Seigner et Michel Leeb, entre autres; ainsi que ce dernier hommage à son premier grand film qu'était "Un Homme et une Femme" en forme de nostalgie et de réalisme avec cette trilogie en tournant en 2018 "Les Plus belles années d'une vie" avec ce couple mythique que sont Jean-Louis Trintignant et Anouk Aimée. Bien sûr, on peut citer également, sa participation au film de plusieurs cinéastes reconnus pour 11/09/2001 (2002), pour avoir eu l'idée de proposer un rôle à notre garde ses Sceaux, Eric Dupont-Moretti et au rocker national qu'était Johnny Halliday dans "Chacun sa vie" (2016)   ou dans "Salaud, on t'aime" (2013) avec son ami-complice Eddy Mitchell.  

 

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