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21 septembre 2020

DÉCÈS D'UN COMÉDIEN DISCRET MAIS TELLEMENT GÉNIAL : MICHAEL LONSDALE

            

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*Il y a 50 ans disparaissait un grand acteur français, Bourvil. Nous savons qu'il représente l'un des comédiens français les plus appréciés du public avec Louis de Funès, Fernandel ou Jean Gabin. Ce qui m'étonne le silence TV, aucune chaîne n'a sauté le pas pour diffuser un documentaire ou quelques-uns de ses films qui ont eu grâce auprès du public. Ces mêmes chaînes de TV qui ne manquent pas de rediffuser certains de ses films à longueur d'année (avec la joie de constater que les téléspectateurs sont devant leurs postes de TV, mais deviennent amnésiques, lorsque l'hommage s'impose. Il est vrai que France-Télévisions est devenue un groupe avec une présidente totalement à côté de la plaque mais qui perdure dans le temps.

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       DÉCÈS D'UN COMÉDIEN DISCRET & MAGISTRAL

           MICHAEL LONSDALE     1927 - 2020       

 

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, publié le lundi 21 septembre 2020 à 21h55

Comédien des avant-gardes comme des productions populaires, l'acteur franco-britannique Michael Lonsdale, est décédé lundi 21 septembre 2020 à l'âge de 89 ans, après 60 années de carrière et une consécration, pour ce chrétien fervent, pour son rôle de moine dans "Des hommes et des dieux. L'acteur à la chevelure et à la barbe blanche, interprète de plus de 200 rôles au cinéma, théâtre et télévision, est mort lundi après-midi à son domicile, à Paris, a précisé son agent Olivier Loiseau à l'AFP.

Catholique engagé, baptisé à 22 ans, il avait obtenu en 2011, à la veille de ses 80 ans, le César du Meilleur acteur dans un second rôle pour son interprétation de Frère Luc, moine cistercien libre et héroïque, assassiné à Tibéhirine, en Algérie, dans "Des hommes et des dieux" de Xavier Beauvois. Le cardinal Barbarin (ex-archévêque de Lyon) a précisé avoir donné "le sacrement des malades" à ce fidèle. "Il en était vraiment heureux !", a-t-il souligné sur Twitter.

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A l'écran, Michael Lonsdale avait endossé la soutane ("Le Procès" d'Orson Welles, 1962), la robe de bure ("Le Nom de la rose" de Jean-Jacques Annaud, 1986), arboré la pourpre des cardinaux ("Galileo" de Joseph Losey, 1974), allant jusqu'à interpréter l'archange Gabriel dans "Ma vie est un enfer" de Josiane Balasko (1991).

Eclectique, il a porté bien d'autres habits. Tour à tour policier, assassin, vice-consul, chapelier, juge ou duc, il a incarné aussi le "méchant" dans un James Bond ("Moonraker", 1979) et s'est prêté, les fesses à l'air, à une séance sadomasochiste dans "Le Fantôme de la liberté" de Luis Bunuel. Ce célibataire sans enfant apparaissait encore l'an dernier dans un court métrage pour l'Opéra de Paris, "Degas et Moi", d'Arnaud des Pallières.

- Fous rires avec Duras -

A voir ce géant barbu au moelleux vocal stupéfiant, on imaginait mal des débuts laborieux. Car s'il veut croire en son étoile, d'autres ne voient alors qu'un jeune homme timide.

Né à Paris le 24 mai 1931 d'une liaison entre un officier anglais et une Française, Michael Lonsdale, parfaitement bilingue, est élevé à Londres, puis au Maroc où, en 1942, les soldats américains lui font découvrir les films de leur pays. Revenu à Paris en 1947, cet élève rétif, sans même le certificat d'études, ne sachant rien de Molière ni de Racine, fréquente son oncle Marcel Arland, directeur de la NRF (revue littéraire éditée par Gallimard). Il comble rapidement ses lacunes.

Il s'inscrit aux cours de la professeure de renom d'origine russe, Tania Balachova, qui l'aide à dépasser sa grande timidité. Il y rencontre notamment les acteurs français Delphine Seyrig, Jean-Louis Trintignant, Stéphane Audran. Le voilà sur les planches en 1955 dans "Pour le meilleur et pour le pire" de l'américain Clifford Odets. Il se passionne pour les expériences radicales: le metteur en scène Jean-Marie Serreau le retient pour "L'Avenir est dans les oeufs" et "Amédée ou Comment s'en débarrasser" d'Eugène Ionesco. 

Vient l'Irlandais Samuel Beckett ("Comédie", "Va et vient"), qui lui fait découvrir les silences, ces contrepoints qui renforcent le poids des mots. Il devient l'acteur fétiche de Marguerite Duras ("L'Amante anglaise"), sa complice avec laquelle il partage des fous rires.

- Truffaut et De Funès -

Au cinéma, Michael Lonsdale multiplie les expérimentations: il tourne avec Jean-Pierre Mocky ("Snobs!"), Orson Welles ("Le Procès"), François Truffaut ("La Mariée était en noir", "Baisers volés"), Louis Malle ("Le souffle au coeur"), Jacques Rivette ("Out 1") encore Jean Eustache ("Une sale histoire"). 

Il donne la réplique à Louis de Funès dans "Hibernatus" (Edouard Molinaro) et s'amuse dans "Le mystère de la Chambre jaune" (Bruno Podalydès), avec Catherine Breillat ("Une vieille maîtresse"), ou encore avec le jeune Pio Marmaï ("Maestro"). Artiste-peintre, ce connaisseur de Saint-John Perse et Saint Jean de La Croix prête sa voix à d'innombrables documentaires, livres-audio, lit et enregistre Montaigne, Nietzsche, Proust, ou Saint François d'Assise. Dans le monde du cinéma, l'ancien président du Festival de Cannes Gilles Jacob a salué "la voix mais aussi la dégaine, la silhouette, la carcasse, une manière dégingandée de traîner toute la lourdeur du monde, et d'en faire une pirouette, pftt...".

http://www.cinetom.fr/archives/2017/06/18/35394251.html

 

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Michaël Lonsdale est né le 24 mai 1931 à Paris, d'une mère Française et d'un père Anglais, officier de l'Armée des Indes. Michel Lonsdale pour l'état-civil, Michaël Lonsdale pour la scène et éventuellement Alfred de Turris lors de sa première apparition au cinéma. Jusqu'à l'âge de sept ans, il vit à Londres puis son père rejoint Casablanca et Rabat. La famille Lonsdale reste bloquée au Maroc pendant la guerre.

En 1947, il rejoint Paris, un monde nouveau s'offre à lui, qui le pousse à se réfugier dans la peinture. Malgré cela, pour convaincre ses appréhensions. Il s'inscrit au cours de Tania Balachova (1952/1955) qui l'amène à exprimer sa violence intérieure. Et en 1955, il débute sur les planches sous la direction de Raymond Rouleau, dans "Pour le meilleur et  pour le pire" de Clifford Odets.

C'est en 1956 que Michael Lonsdale débute au cinéma dans un film de Michel Boisrond "C'est arrivé à Eden". On le remarque aux côtés de Francis Blanche, Jean Tissier, Jacques Dufilho, Noël Roquevert et Pierre Dac dans le sublîme film tourné par Jean-Pierre Mocky en 1962 "Snobs". Lonsdale enchaîna plusieurs films pendant les années 60, on peut citer "La Dénonciation" (1961) de Jacques Doniol-Valcroze, "Adorable menteuse" (1961) de Michel Deville, "Le Procès" (1962) de Orson Welles, "Et vint le jour de la vengeance" (1963) de Fred Zinnemann (avec Gregory Peck, Omar Sharif et Anthony Quinn, sur fond de guerre civile espagnole, dans les Pyrénées...

Yves Robert complète sa prestigieuse affiche d

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'acteurs dans "Les Copains" (1964), il donna également la réplique à Fernandel dans "La Bourse ou la vie" (1965) échec cuisant pour le cinéaste Mocky. Cela ne l'empêcha pas de demander à Michael Lonsdale de bien vouloir compléter la distribution du film "Les Compagnons de la Marguerite" (1966). Un petit rôle dans "Paris brûle-t'il?" (1966) de René Clément, des retrouvailles avec Fernandel dans "L'Homme à la Buick" (1967) de Gilles Grangier avec Danielle Darrieux.

Outre une fidélité à toute épreuve à quelques cinéastes amis : Jean-Pierre Mocky, Marcel Hanoun, Marguerite Duras ou Joseph Losey, certaines constantes relatives se dégagent aussi dans le choix de ses rôles. L'habit, l'uniforme, voire la robe, siéent à Michael Lonsdale, homme de belle prestance qui a fréquemment incarné les notables de tout poil : député "La Mariée était en noir" (1967) de Truffaut, vice-consul "India Song" (1974) de Marguerite Duras, Président de la République "Les Oeufs brouillés" (1975) de Joël Santoni; et les hommes d'église : abbé "Le Souffle au coeur" (1970) de Louis Malle, moine "Le Nom de la Rose" (1986) de Jean-Jacques Annaud et même Saint "Le Bon roi Dabogert" (1984) de Dino Risi, sans oublier "Des Hommes et des Dieux" (2010) de Xavier Beauvois.

Et lorsqu'il interprète l'homme de la rue, celui-ci, sous une apparence bonhomme, est également politique ou mystique. Voir le chausseur bizarre de "Baisers volés" ou le chapelier masochiste de "Le Fantôme de la liberté". Artiste protéiforme, il a également réalisé un moyen métrage, "La Voix humaine", avec Polia Janska, d'après Jean Cocteau, ou été le narrateur de nombreux courts métrages animaliers, dont ceux de Jean-Marie Baufle et Gérard Calderon, son propre frère. De plus, il a interprété pour la télévision ou la radio plusieurs dizaines de dramatiques. En ce qui concerne les premières, relevons "Ping-Pong" (1958) de Jean Prat, "La conversation" (1965) de Michel Mitrani ou "Le bunker" (1981) de Georges Schaefer, sur les derniers jours d'Hitler.

Enfin, interprète privilégié au théâtre de Marguerite Duras ("L'amante anglaise", "Le navire night", "L'Eden Cinéma", Samuel Beckett ou Peter Händke, il s'y est illustré aussi sous la direction de Jean-Louis Barrault, Peter Brook et Claude Régy. Ceci, sans oublier ses propres mises en scène théâtrales, d'après Marcel Proust ou Marguerite Duras : d'opéras ("Erzsebet" (1983) de Charles Chaynes, au Palais Garnier) ou de spectacles musicaux depuis "Sa Négresse Jésus" (1973) de Michel Puig à la MJC de Nanterre. Encore Michaël Lonsdale trouve-t'il le temps de peindre et d'exposer, activité de ressourcement pour son métier ainsi qu'il a confié à "Libération" : "J'ai appris de la peinture à ne pas calculter, à ne pas décider. Peu à peu en peignant, je me suis rendu compte qu'il fallait laisser aller la main sans comprendre très bien ce qu'on faisait, et répondre à des impulsions très bizarres, à des besoins impérieux. J'ai appris à vivre dans l'instant sans savoir ce qui allait se passer. Dans le métier de comédien, on peut faire la même chose".

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Citons certains films où la prestation de Michaël Lonsdale ne laisse pas indifférent parfois, épisodique quelque fois mémorable: "Et vint le jour de la vengeance" (Behold a Pale Horse,1963) de Fred Zinnemann avec Gregory Peck, Omar Sharif et Anthony Quinn, "Les Copains" (1964) de Yves Robert, "Les Compagnons de la Marguerite" (1966), "La Grande Lessive" (1968), "L'étalon" (1969), "Chut !" (1971), "Un Linceul n'a pas de poches" (1973) tous tournés par Jean-Pierre Mocky. Michaël Lonsdale donna la réplique à quelques monstres sacrés du cinéma français, comme Fernandel dans un autre film de Mocky, qui fut un échec commercial "La Bourse et la vie" (1965) puis dans un film de Gilles Grangier : "L'homme à la Buick" (1967) avec Danielle Darrieux, puis au côté de Louis de Funès dans "Hibernatus" (1969) de Edouard Molinaro.

En août 2010, le magazine "Télérama" introduisait ainsi un entretien avec Michael Lonsdale : "S'il n'avait pas été acteur, il aura aimé être archéologue ou ambassadeur. Il en a le physique . Avec sa barbe drue, on l'imagine bien découvreur, vieux savant. Vice-consul, il l'a éte maintes fois, aidé par sa prestance de lord Anglais. Michael Lonsdale a de fait couvert pas mal de métier, dans la police, l'Eglise ou les ministères. Le public le connaissait jusque-là, au moins de tête, pour l'avoir aperçu ici et là en bon Samaritain ou en bourgeois crapuleux. Grâce à "Des Hommes et des Dieux" Grand Prix du jury à Cannes, dans lequel il fait montre d'une sérénité puissante, il accède à une forme de consécration. De fait, son personnage du frère Luc dans le film de Xavier Beauvois donne l'occasion de redécouvrir un acteur irremplaçable du cinéma français, que les années 2000 ont ramené en pleine lumière grâce à de nombreux seconds rôles marquants. Il en faut un peu à l'acteur pour faire exister un personnage, que ce soit un improbable et hilarant Ange Gabriel dans "Ma vie est un enfer" (1991) de Josiane Balasko ou un iconoclaste visiteur dans "Nelly & Monsieur Arnaud" (1995) de Claude Sautet, sans oublier ses créations "historiques" telles que Louis XVI dans "Jefferson à Paris" (1995) de James Ivory ou "Balzac dans "Mauvais genre" (1997) de Laurent Bénégui.

Sa faste carrière en a fait peu à peu une personnalité emblématique prisée par les jeunes auteurs - Arnaud des Pallières, Sophie Fillières, Bruno Podalydès, Thierry Jousse, etc. - ou par des cinéastes plus chevronnés. On le voit ainsi dans le film de Jean-Daniel Pollet, "Ceux d'en face" (2001), comme, à l'autre bout du spectre cinématographique, dans de grosses productions internationales telles que "Munich"(2005) du cinéaste Steven Spielberg ou "Agora" (2009) de Alejandro Amenabar. Souple et disponible, l'acteur n'hésite jamais à apparaître également dans des courts métrages, parmi lesquels "La Table d'émeraude" (1992) de Pierre Bourgeade, "Deux amis, prélude" (1992) de Pierre Schoeller, "L'Empreinte" (2003) de David Mahieu-Mathias, "Les Mains d'Andréa" (2006) de Sébastien Betbeder ou encore "Bien joué" (2009) de Sandrine Veysset.

A la télévision, on aura notamment vu Michael Lonsdale dans "La Place de l'autre" (2003) de Roberto Garzelli, "La Séparation" de François Hanss (où il incarne le président Paul Doumer et "Le Fauteuil hanté" (2010) de Claude Chabrol. Au théâtre, il joue entre autres "La Mouette" de Tchekhov en 1993 et "La Divine Comédie" de Dante au Festival d'Avignon 2008. Il prête aussi son inimitable timbre à de nombreuses lectures (par exemple des extraits de Proust au théâtre La Bruyère en 2009, ainsi qu'à des films d'animation et des "livres-audio".

     

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