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CINETOM
1 juillet 2019

MICHAEL CAINE, DE ZOULOU A HARRY BROWN

 

            MICHAEL CAINE                        1933

               Acteur Britannique 

 

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"Quand on naît cocknay", confia un jour Michael Caine à un journaliste, on ne peut que s'élever dans l'échelle sociale." Et, en effet, Michael Caine est un cockney authentique, né à Londres le 14 mars 1933, d'un père débardeur au marché au poisson de Billingsgate et d'une mère femme de ménage. Comme bien des enfants cockney nés pendant les années 30, il est évacué lors de la Seconde Guerre mondiale et découvre, à son retour, que le logement de ses parents ayant été détruit au cours des hostilités, il n'aura pour tout abri, pendant les dix années à venir, qu'une cabane. Il quitte l'école à seize ans et fait divers petits métiers. 

Viens ensuite le service militaire, dont une année se passe à Berlin-Ouest, l'autre sur le front en Corée, où il contracte une forme de malaria qui continuera à le faire souffrir pendant de nombreuses années. Démobilisé, il décide de devenir acteur. Il gagne sa vie le jour aux halles de Smithfield et prend, le soir, des cours d'art dramatique. C'est aussi à cette époque qu'il décide de changer de nom, Maurice-Joseph Micklewhite deviendra Michael Caine, il choisit son pseudonyme d'après le titre d'une pièce "Ouragan sur le Caine" (The Caine Mutiny). Comme il le dira plus tard : "On commence à se sentir bien sous un nouveau nom lorsqu'on le voit pour la première fois dans une critique sympa."

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Les bonnes critiques sont encore loin. Après avoir répondu à une offre d'emploi parue dans un journal professionnel pour un travail d'assistant régisseur dans un petit théâtre classique, il décroche le boulot et fait bientôt partie de la distribution jouant la plupart du temps, on s'en doute, des rôles de cockneys. Quelques rôles à la télévision arrivent, suivis d'une apparition non mentionnée au générique, dans un film de guerre britannique, "Commando en Corée" (A Hill In Korea,1956). Jusqu'en 1964, année où il perce véritablement dans "Zoulou" de Cy Endfield, il fait toute une série de films bien différents de ceux qui suivront quelque temps plus tard : "La Clé" (The Key,1958) de Carol Reed, mélodrame en demi-teinte se passant pendant la Seconde Guerre mondiale, avec Sophia Loren, William Holden et Trevor Howard, "Le Jour où la terre prit feu" (The Day the Earth Caught Fire,1961) réalisé par Val Guest, film de science-fiction traduisant la crainte ressentie à l'époque face aux essais nucléaires effectués dans l'atmosphère, et "Jules de Londres" (The Wrong Arm Of the Law,1963) de Cliff Owen, amusant pastiche du film policier avec Peter Sellers. Chaque fois, Michael Caine fait scrupuleusement ce qu'on lui demande, sans vraiment se surpasser. "Quand je regarde mes premiers films", avouera-t'il plus tard, "je me demande comment quelqu'un a pu croire que j'avais du talent."

"Zoulou" est différent. Au départ, Michael Caine fait des essais pour un rôle de cockney. Finalement, il se voit confier celui de l'officier aristocrate. Le film conquiert la critique et le public. A la lecture des critiques qu'il reçoit il doit enfin se sentir bien sous son nouveau nom! Nom qui résonne encore plus fort avec le film suivant "Ipcress danger immédiat" (The Ipcress File,1965) de Sidney J. Furie, il incarne Harry Palmer, l'espion binoclard, froid et sarcastique crée par Len Deighton. Après les exploits extraordinaires de l'agent secret incarné par James Bond, voici les aventures de Harry Palmer, ancien détenu de droit commun, petit escroc sans envergure, sans idéal et mal noté par ses supérieurs. Quelque part, l'anti-James Bond, plutôt falot dans l'organisation qui l'emploie, ne sautant pas systématiquement dans le lit de toutes les jolies femmes qu'il croise et sans doute plus à l'aise en train de faire la popotte dans sa cuisine. Le personnage a été conçu comme l'antithèse du héros traditionnel. Devant le succès considérable qu'il remporta, deux autres films suivirent : "Mes Funérailles à Berlin" (Funeral in Berlin,1966) réalisé par Guy Hamilton et "Un Cerveau d'un milliard de dollars" (Billion Dollar Brain,1967), premier long métrage de cinéma, réalisé par Ken Russell. Après une dizaine d'années d'obscure figuration, Michael Caine fut propulsé par cette série au rang d'acteurs internationaux. Si ces films sont bien accueillis en ces temps de "bondamanie", c'est sans doute parce que Caine personnifie Palmer avec finesse, cocasserie et un brin d'humour noir. Sa réputation grandit encore grâce au rôle principal de "Alfie le dragueur" (Alfie,1966) de Lewis Gilbert, efféminé peu scrupuleux qui semble faire la causette avec la caméra, mais qui lui vaut une nomination aux Oscars.

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Après "Zoulou", "Ipcress danger immédiat" et "Alfie le dragueur", l'acteur peut se permettre de choisir. Il croit le faire sans y parvenir vraiment, si l'on juge par le nombre de projets incohérents où il se trouve mêlé, comme c'est le cas de bien des acteurs menant une carrière internationale au cours des années 60. "Un mort en pleine forme" (The Wrong Box,1966) de Bryan Forbes est une parodie mal ficelée du merveilleux roman comique de Stevenson, "Un Hold-Up extraordinaire" (Gambit,1966) de Ronald Neame sera la première aventure hollywoodienne de Michael Caine. "Que vienne la nuit" (Hurry Sundown) et "Sept fois femme" (Woman Times Seven) tournés en 1967, comptent parmi les films les moins réussis de leur réalisateur respectif, Otto Preminger et Vittorio de Sica. Le premier est un drame prétentieux, bourré de clichés, où Caine méritait mieux qu'un rôle de sudiste raciste; le second, construit autour de Shirley Mac Laine comprend plusieurs sketches, joués par sept acteurs différents.

On se souviendra de ses différentes prestations comme "Le Chat croque les diamants" (Deadfall,1968) de Bryan Forbes, "Jeux pervers" (The Magus,1968) de Guy Green dans un face à face avec Anthony Quinn, "Enfants de salauds" (Play Dirty,1969) de André de Toth (le cinéaste l'avait déjà dirigé en 1958 dans "Twoheaded Spy"), "L'Or se barre" (The Italian Job,1969) de Peter Collinson et "La Vallée perdue" (The Last Valley,1971) de James Clavell. Parfois, on a l'impression que Michael Caine se désintéresse de son image de marque. Devenu une star, il découvre que ce statut est incompatible avec celui d'acteur. En ce sens, sa carrière ressemble à celle de Peter Sellers.

Depuis le début des années 70, en revanche, Michael Caine a, dans l'ensemble, trouvé un juste milieu entre les rôles immédiatement accessibles que sa carrière lui impose et ceux, plus convaincants, par lesquels il peut faire évoluer son talent d'acteur. Trop souvent, on peut le regretter, les premiers pas n'ont pas eu le succès escompté. Des films comme "Contre une poignée de diamants" (The Black Windmill,1974) film d'espionnage fourre-tout signé Don Siegel, "Le Vent de la violence"  The Wilby Conspiracy,1975) de Ralph Nelson, drame dont l'action se situe en Afrique noire, "Deux farfelus à New York" (Harry and Walter Go To New York,1976) de Mark Rydell et "L'inévitable catastrophe" (The Swarm,1978) d'Irwin Allen, film catastrophe qui met un terme aux films du même nom ou "Le Dernier secret du Poséidon" (Beyond The Poseidon Adventure,1979), tentative du même réalisateur pour faire renaître le genre de ses cendres, sont loin d'avoir fait recette comme on l'avait espéré. Les emplois de l'acteur y sont soit sans surprise  (l'agent secret qu'il incarne dans "Contre une poignée de diamants" n'est qu'un Harry Palmer las et vieilli, soit ennuyeux et peu expressifs.

Cependant, parallèlement aux films que l'on vient de citer, Michael Caine se montre excellent dans deux pastiches du film noir signés Mike Hodges, "La Loi du milieu" (Get Carter,1971) et  "Retraite mortelle" (Pulp,1972), grâce auxquels la mythologie des romans noirs de Chandler passe étonnemment bien le cap des années 70. Dans "Le Limier" (Sleuth,1972), adaptation pleine de talent que Joseph L. Mankiewicz fait en 1972, de la pièce à tiroirs d'Anthony Shaffer, Caine et Sir Laurence Olivier s'affrontent avec une merveilleuse drôlerie, parfois de façon effrayante, dans le jeu du chat et de la souris : Caine est admirable en coiffeur nouveau-riche pris au piège du machiavélique aristocrate-alias Laurence Olivier. Malgré une réalisation un peu anémique, il mérite aussi d'être vu dans "Une Anglaise romantique" (The Romantic Englishwoman,1975) de Joseph Losey pour son rôle d'écrivai à succès fantasmant sur les prétendues infidélités de son épouse.  Le meilleur rôle de sa carrière est peut-être celui que lui offre John Huston dans "L'Homme qui voulut être roi" (The Man Who Would Be King,1975), adapté de l'oeuvre de Kipling, racontant comment deux soldats britanniques (Michael Caine et Sean Connery) quittent l'armée et sont finalement assimilés à des divinités au fin-fond du Kafiristan. Ce film marque avec brio le retour de Huston aux histoires d'aventures chères à Stevenson et, bien sûr, à Kipling, style sur lequel il a fondé sa réputation initiale en tant que scénariste et réalisateur. L'heureux tandem Caine-Connery fonctionne à merveille.

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Caine est devenu de plus en plus indifférent à son image de star. En d'autres termes, il risque d'accepter maintenant les rôles peu flatteurs qu'il aurait probablement refusé il y a quelques années. Dans "Piège mortel" (Deathtrap,1982) de Sidney Lumet, il joue un auteur dramatique homosexuel, meurtrier, qui embrasse Christopher Reeve à l'écran. Autre exemple : "L'Education de Rita" (Educating Rita,1983), comédie dramatique britannique au succès inattendu, où il incarne de façon touchante un vieil érudit confronté émotionnellement à Julie Waters, étudiante très indépendante. Les deux acteurs ont reçu une nomination aux Oscars pour leur rôle respectif. Enfin, il est de loin le meilleur en anti-héros vieillissant et alcoolique, aux côtés de Richard Gere dans l'adaptaton parfois maladroite du roman de Graham Greene "Le Consul honoraire" (The Honorary Consul) porté à l'écran par John Mackenzie sous le titre "Beyond The Limit" (1984).

Avec déjà plus de quarante films à son actif, Michael Caine continue, dans les années 80, d'être un acteur très recherché. On le retrouve dans des productions telles que "Ashanti" (où il joue le rôle d'un missionnaire dont l'épouse est enlevée par un trafiquant d'esclaves) ou encore dans "The Hand" (second film d'Oliver Stone), (où il incarne un dessinateur dont la main, coupée lors d'un accident, se met à mener sa propre vie. Certains rôles lui permettent de démontrer qu'il reste l'un des meilleurs comédiens de sa génération : le psychiatre travesti et meurtrier de "Pulsions" (1980) de Brian de Palma avec Angie Dickinson, le dramaturge de "Piège mortel" (un tête-à-tête angoissant qui reprend la formule d'un de ses grands succès, "Le Limier", sans oublier quelques personnages forts attachants de diplomates "Le Consul honoraire", "Escort Girl" (1986) de Bob Swaim ou d'espions "Le Quatrième protocole" (The Fourth Protocol,1987) de John Mackenzie.

Le genre comique lui réussit particulièrement bien. Il est excellent dans "C'est la faute à Rio" (Blame it on Rio,1984) remake par Stanley Donen du film de Claude Berri "Un Moment d'égarement", ainsi que dans "Le plus escroc des deux" (Dirty Rotten Scoudrels,1988) de Frank Oz où il forme avec Steve Martin un tandem d'irrésistibles filous. Il pratique avec bonheur l'auto-derision, comme on le voit dans "Elémentaire mon cher...Lock Holmes" (Without a Clue,1988) de Thom Eberhardt, où il incarne un faux Sherlock. C'est d'ailleurs grâce à ces deux comédies qu'il obtient des récompenses méritées : "L'Education de Rita" (Educating Rita,1983) de Lewis Golbert (variation contemporaine sur le thème de Pygmalion) lui vaut, pour son personnage de professeur porté sur la bouteille, un Oscar de la British Film Academy et il reçoit l'Oscar du meilleur second rôle masculin pour "Hannah et ses soeurs" (Hannah and Her Sisters,1986) de Woody Allen.

Très porté sur le patrimoine culturel et historique de son pays natal, on le remarque sur le petit écran avec deux téléfilms de David Wickes, "Jack l'éventreur" (1988), pour lequel il reçoit un Golden Globe et "Jekyll et Hyde" (1990). Ce fut une période propice à une diversité de rôles bien différents des autres comme "Les Dents de la mer 4 - La Revanche" (Jaws the Revenge,1987) de Joseph Sargent  ou "Noël chez les Muppets" (The Muppet Christmas Carol,1992) de Brian Henson, qui avait demandé de prêter ses traits à l'avaricieux Ebenezer Scroogge de Charles Dickens. Grâce à Jack Nicholson, son partenaire dans "Blood and Wine", Michael Caine reprend goût au métier d'acteur que par lassitude. Deux rôles le confirment dans sa décision de poursuivre une carrière commencée soixante ans plus tôt et riche de plus de cent cinquante films. D'une part, le minable imprésario de "Little Voice" (1998) de Mark Herman et plus encore, le médecin avorteur de "L'Oeuvre de Dieu, la part du diable" (The Cider Housed Rules,1999) de Lasse Hallström qui lui vaut, son deuxième Oscar.

Suivent d'autres rôles, dans lesquels l'austère médecin chargé de dompter le marquis de Sade dans "Quills, la plume et le sang" (Quills,2000) de Philip Kaufman et l'exubérant conseiller en beauté de "Miss Detective" (Miss Congenialty,2000) de Donald Petrie. Après un rôle épisodique dans "Get Carter" (2000) de Stephen Kay, remake de "La Loi du milieu" dont il était l'interprète principal en 1971, Michael Caine s'affirme à nouveau en correspondant de guerre dans "Un Américain bien tranquille" (The Quiet American,2001), remake d'un film de 1957 qu'avait réalisé Joseph L. Mankiewicz pour lequel il reçoit une quatrième nomination à l'Oscar du meilleur acteur. Autre remake d'un film de Mankiewics, "Le Limier/Sleuth" revu en 2007 par Harold Pinter et Kenneth Branagh,le voit endosser le rôle du cruel Andrew Wyke, l'auteur de romans policiers que jouait jadis Laurence Olivier face à lui, Jude Law reprendant celui de Milo Tindle, que Caine tenait alors.

Travailleur infatigable à plus de 70 ans passés, Michael Caine devient en 2005 l'un des interprètes favoris de Christopher Nolan pour qui il est Alfred, à la fois le majordome et le confident de l'homme chauve-souris dans "Batman Begins" (2005) et "The Dark Night/Le Chevalier noir" (2008), un célèbre illusionniste dans "Le Prestige" (The Prestige,2006) et enfin un professeur d'université dans "Inception" (2010). Mais ce ne sont là que de brèves apparitions, remarquées certes mais apparitions. En revanche, avec "Harry Brown" (2009) de Daniel Barber, tourné dans le quartier londonien de son enfance, il retrouve la tête d'affiche : "marine" à la retraite, il reprend les armes pour venger la mort d'un vieux compagnon.

En 1992, Michael Caine avait publié le premier volume de son autobiographie "My Name is MichaeL Caine" et l'année suivante 'Acting in film" et enfin en 2010 "The Elephant to Hollywood". Entre-temps, la reine Elizabeth II l'avait fait chevalier de l'orde de l'Empire britannique de la culture, l'avait nommé Commandeur des Arts et des Lettres. En 2018, il est toujours à l'affiche de son dernier film "Gentlemen Cambrioleurs" (King of Thieves) de James Marsh, il s'apprête à honorer le tournage du prochain film de Christopher Nolan en 2020 "Tenet".     

    

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                   Un Mort en pleine forme - 1966 - Brian Forbes

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                   Un Cerveau d'un milliard de dollars - 1967 - Ken Russell

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                        Que vienne la nuit - 1967 - Otto Preminger

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                         Jeux pervers - 1968 - Guy Greene

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                   Enfants de salauds - 1968 - André de Toth

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                  La Bataille d'Angleterre - 1969 - Guy Hamilton         

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                     L'Or se barre - 1969 - Peter Collinson

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                         La Loi du milieu - 1971 - Mike Hodges

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                    Une Belle tigresse - 1972 - Brian G. Hutton     

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                        Le Limier - 1972 - Joseph L. Mankiewicz

 

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                       L'Aigle s'est envolé - 1976 -  John Sturges 

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                 L'Education de Rita - 1983 - Lewis Gilbert

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                      Le Quatrième pouvoir -1987 - John Mackenzie

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                  Ouragan sur l'eau plate - 1985 - Dick Clement

 

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                  Un Américain bien tranquille - 2002 - Philip Noyce

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