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CINETOM
14 juin 2018

LOUIS DELLUC, DE PAR LA PLUME ET LA CAMERA

                 LOUIS DELLUC                      1890 - 1924 

    Cinéaste, Critique de Cinéma, Scénariste Français

 

 

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Chaque année, depuis sa création en 1936 par Maurice Bessy et Marcel Idzkowski, le "Prix Louis-Delluc" récompense le meilleur film de la production française. C'est en quelque sorte le "Goncourt du cinéma". Louis Delluc naquit le 14 octobre 1890 àCadouin, en Dordogne. Il fait ses débuts de journaliste en 1910, s'occupant surtout de théâtre dans un premier temps. Mais à partir de 1915, année où il épouse Eve Francis, Delluc se tourne vers le cinéma. A l'âge de trente ans, il devient critique attitré du quotidien "Paris-Midi" et rédacteur en chef de la revue "Le Film". Il fonde en 1921 "Cinéa", hebdomadaire dans lequel il publie de façon très vivante ses réflexions sur le cinéma.

Avant Delluc, la plupart des critiques étaient très influencés par les producteurs et les distributeurs. Bien souvent, ils étaient même payés en fonction du nombre de pages qu'ils écrivaient pour souligner les qualités de tel ou tel film. Pour sa part, Delluc sut conquérir un public plus compétent : des passionnés des Balles russes aux spécialistes des théories révolutionnaires de Gordon Graig sur le décor. Il fit aussi appel au concours d'écrivains comme le surréaliste Louis Aragon, le symboliste Apollinaire, ou de peintres comme Picasso et Fernand Léger.

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Dès 1917 on reprocha à Delluc de parler avec trop d'enthousiasme du cinéma américain. Admirateur de Thomas H. Ince, il aimait aussi beaucoup Charles Chaplin et D.W. Griffith, lequel était alors plus apprécié en France pour "Le Lys brisé" (Broken Blossoms,1919) que pour les deux films généralement considérés comme ses chefs-d'oeuvre, "Naissance d'une Nation" (The Birth of a Nation,1915) et 'Intolérance" (Intolérance,1916). En revanche, il avait une vision plutôt désenchantée du cinéma français. Il soutenait que Louis Feuillade, le maître des films à épisodes, était sur le déclin depuis 1914, et se demandait si "Cinéa", Delluc avait fait imprimer l'exhortation suivante : "Le Cinéma français doit être français" ! Ses meilleurs articles ne tardèrent pas à être réunis et publiés dans une série d'ouvrages : "Cinéma et Cie", "Photogénie", les Français étaient vraiment faits pour le cinéma d'action, où s'illustraient si brillamment les Américains. Delluc pensait plutôt qu'il fallait bannir toute affectation et affirmait que "l'artisan trouve le sentier qui mène à l'art "grâce à la représentation immédiate de la réalité.

Delluc et les réalisateurs qu'il appréciait le plus - dont Abel Gance, Germaine Dulac et Jean Epstein - s'intéressaient beaucoup aux films suédois de Victor Sjöström et Mauritz Stiller, tournés en décors naturels et au stylé dépouillé. Sur la couverture de nombreux numéros de "Charlot" et "La Jungle du cinéma". Delluc écrivit huit scénarios, dont sept furent ceux de ses propres films, entre 1919 et 1923. Il fut d'abord le scénariste du film "La Fête espagnole" (1919) de Germaine Dulac, histoire étouffante sur la rivalité entre deux hommes pour une même femme, capricieuse et fière. Le final du film ne manque pas d'ironie puisque la riche tentatrice s'envole avec un troisième amant, laissant les deux rivaux s'entre-tuer en duel. Premier film réalisé par Delluc, "Le Silence" (1920), défini à l'époque comme un "monologue pour images", est le portrait d'un homme tourmenté par le remords parce qu'il a tué sa femme. De cette oeuvre, malheureusement perdue, ne subsistent que quelques photos qui font rêver. Elle fut suivie de "Fièvres" (1921), le meilleur film de Delluc si l'on croit Georges Sadoul et quelques autres.

Bien que Delluc, qui forgea le terme "cinéaste", ait aujourd'hui une réputation d'esthète ennuyeux, ses films étaient en fait destinés à un large public. Assez réaliste pour ne rien ignorer des nécessités et des pressions commerciales qui allaient de pair avec le septième art, il écrivit par exemple : "Les maîtres de l'écran sont ceux qui parlent au grand public."

Eve Francis joua dans la plupart des films de Delluc. Elle révéla tout son talent dans l'oeuvre la plus connue de son mari, "La Femme de nulle part" (1922). Ce film, l'avant-dernier que réalisa Louis Delluc, se présente, par-delà sa structure résolument mélodramatique, comme une médiation sur le temps : auprès de la femme qui "se penche sur son passé", il y a l'autre qui voit en face d'elle l'image de ce qu'elle pourrait devenir un jour. "Dans ce film du souvenir, c'est le futur qui commande le présent", écrit Marcel Tariol dans sa monographie sur Louis Delluc. C'est une des premières "recherches du temps perdu" du cinéma, caractéristique des tendances de la première avant-garde française, dont on pourrait trouver des prolongements aujourd'hui chez un Alain Resnais ou une Marguerite Duras.

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On notera sur le plan technique, l'importance assignée au décor naturel comme la route caillouteuse par laquelle arrive l'héroïne et qui l'engloutit à la fin, le ciel gris, la promenade dans la roseraie) et à la "photogénie" dans ce film qui, disait Léon Moussinac, suscite en nous l'émotion "comme on subit l'élan d'un poème ou d'une mélodie". Ce fut pourtant un échec commercial. On sait le rôle influent que joua Louis Delluc non seulement comme réalisateur mais aussi comme critique. Il ne se contente pas de théoriser mais il met en pratique ses réflexions en particulier celle sur ce qu'il définit comme la "photogénie" propre au cinématographe dans un livre qui porte ce titre : "Dans le jargon interlope des cinématographistes, photogénie indique la médiocrité ou, plutôt, le juste milieu...la photogénie, au contraire, c'est l'accord du cinéma et de la photographie!... Récit très bien monté sur le rôle de la persuasion et la recherche de la jeunesse perdue, ce film est surtout exceptionnel par ses décors naturels, comme indiquait ci-dessus, mais aussi par son usage fréquent et sophistiqué du flash-back. Une femme entre deux âges revient habiter dans la villa somptueuse où elle mena autrefois une vie très aisée. Mais son goût de l'aventure a désormais tout changé pour elle, et à la fin du film on la voit s'éloigner pour toujours sur une route poussiéreuse.

S'inspirant de "La Montre brisée" (Karin Ingmarsdotter,1920) de Sjöström, le dernier film de Delluc fut "L'Inondation" (1923), avec des images du Rhône en crue dans la campagne du Vaucluse, une oeuvre qui se signale surtout par son contenu naturaliste et bucolique.  De santé fragile, Louis Delluc meurt de la tuberculose à l'âge de trente-trois ans, le 22 mars 1924, après avoir publié un mois auparavant sa dernière critique. Notons que c'est à lui que l'on doit le terme de "cinéaste" (certains auraient préféré "écraniste"!), ainsi que la création du premier Ciné-club. Il entra peu après dans la légende du cinéma. Étudier à présent son travail d'expérimentation sur la profondeur de champs, le montage alterné et le contrôle de la structure narrative en général, ne serait que justice. Son nom a été donné au prix qui récompense chaque année le meilleur film français.        

 

PRIX LOUIS DELLUC

 

 

1937      LES BAS-FONDS de Jean Renoir (Jean Gabin/Louis Jouvet)

1938      LE PURITAIN de Jeff Musso (Jean-Louis Barrault)

1939      LE QUAI DES BRUMES de Marcel Carné (Jean Gabin/Michèle Morgan)

1945      ESPOIR de André Malraux (Guerre civile espagnole)

1946      LA BELLE ET LA BETE de Jean Cocteau (Jean Marais/Josette Day)

1947      PARIS 1900 de Nicole Védrès

1948      LES CASSE-PIEDS de Jean Dréville (Noël-Noël/Bernard Blier)

1949      RENDEZ-VOUS DE JUILLET de Jacques Becker (Daniel Gélin/Maurice Ronnet)

1950      LE JOURNAL D'UN CURE DE CAMPAGNE de Robert Bresson (Claude Laydu)

1952      LE RIDEAU CRAMOISI de Alexandre Astruc (Anouk Aimée/Jean-Claude Pascal)

1953      LES VACANCES DE MR HULOT de et avec Jacques TATI   

1954      LES DIABOLIQUES de Henri-Georges Clouzot (Simone Signoret/Paul Meurisse)

1955      LES GRANDES MANOEUVRES de René Clair (Michèle Morgan/Gérard Philipe)

1956      LE BALLON ROUGE de Albert Lamorisse

1957      ASCENSEUR POUR L'ECHAFAUD de Louis Malle (Jeanne Moreau/Maurice Ronet)

1958      MOI UN NOIR  de Jean Rouch

1959      ON N'ENTERRE PAS LE DIMANCHE de Michel Drach

1960     UNE AUSSI LONGUE ABSENCE de Henri Colpi (Alida Valli/Georges Wilson)    

1961     UN COEUR GROS COMME CA de François Reichenbach

1962     L'IMMORTELLE de Alain Robbe-Grillet

             LE SOUPIRANT de et avec Pierre Etaix  *Ex-Aequo

1963     LES PARAPLUIES DE CHERBOURG de Jacques Demy (Catherine Deneuve/N. Castelnuevo)

1964    LE BONHEUR de Agnès Varda (Jean-Claude Drouot)

1965    LA VIE DE CHATEAU de Jean-Paul Rappeneau (Philippe Noiret/Catherine Deneuve)

1966    LA GUERRE EST FINIE de Alain Resnais (Yves Montand/Paul Crauchet)

1967    BENJAMIN OU LES MEMOIRES D'UN PUCEAU de Michel Deville (Catherine Deneuve)

1968    BAISERS VOLES de François Truffaut (Jean-Pierre Léaud/Claude Jade)

1969    LES CHOSES DE LA VIE de Claude Sautet (Romy Schneider/Michel Piccoli)

1970    LE GENOU DE CLAIRE de Eric Rohmer (Jean-Claude Brialy)

1971    RENDEZ-VOUS A BRAY de André Delvaux (Yves Montand/Anouk Aimée)

1972    ETAT DE SIEGE de Costa-Gavras (Yves Montand)

1973    L'HORLOGER DE ST PAUL de Bertrand Tavernier (Philippe Noiret/Jean Rochefort)

1974    LA GIFLE de Claude Pinoteau (Lino Ventura/Isabelle Adjani/Annie Girardot)

1975    COUSIN, COUSINE de Jean-Charles Tacchella (Victor Lanoux/Marie-Christine Barrault)

1976    LE JUGE FAYARD dit LE SHERIFF de Yves Boisset (Patrick Dewaere)

1977    DIABOLO MENTHE de Diane Kurys

1978    L'ARGENT DES AUTRES de Christian de Chalonge (J-L Trintignant)

1979    LE ROI ET L'OISEAU de Paul Grimault

1980    UN ETRANGE VOYAGE de Alain Cavalier (Jean Rochefort)

1981    UNE ETRANGE AFFAIRE de Pierre Granier-Deferre (G. Lanvin/M. Piccoli)

1982    DANTON de Andrzej Wajda (Gérard Depardieu)

1983    A NOS AMOURS de Maurice Pialat (Sandrine Bonnaire/Cyril Collard)

1984    LA DIAGONALE DU FOU de Richard Dembo (Michel Piccoli)

1985    L'EFFRONTEE de Claude Miller (Charlotte Gainsbourg/Bernadette Lafont) 

1986    MAUVAIS SANG de Léo Carax (Juliette Binoche)

1987    AU REVOIR LES ENFANTS de Louis Malle

            SOIGNE TA DROITE de Jean-Luc Godard

1988   LA LECTRICE de Michel Deville

1989

1990

 

A SUIVRE....

 

  Affiches *Cinémafrançais

 

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