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CINETOM
26 avril 2018

MADELEINE SOLOGNE, LA BLONDE YSEULT

          MADELEINE SOLOGNE          1912 - 1995 

            Actrice Française

 

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Madeleine Sologne ou Yseult la blonde fournit avec Tristan-Marais le couple le plus lumineux des années sombres. Née Madeleine Vouillon, le 27 octobre 1912 à la Ferté-Imbault dans le Loir et Cher, d'un père tailleur. La mort de sa mère l'amène à seize ans chez Caroline Reboux, grand chapelier de l'entre-deux guerres, tout en travaillant dans des maisons de haute-couture. A vingt-ans à peine, elle gère son propre magasin.

Amie du peintre Kisling chez qui elle pose parfois et qui la pousse vers la scène, elle épouse l'opérateur Alain Douarinou, prend pendant deux ans des cours de comédie avec Julien bertheau et Jacques Baumer, et débute vers 1936 dans une pièce de Julien Luchaire, en même temps que Michèle Alfa. C'est à peine si on la distingue dans les tout petits rôles qu'on commence à lui offrir au cinéma. Elle était certes en évidence dans "La Vie est à nous" (1936) de Jean Renoir, mais la diffusion particulière du film ne lui apporte guère plus de renommée que "Pantins d'amour" (1936) de Walter Kapps, "La plus belle fille du monde" (1937) de Dimitri Kirsanoff ou "Les Filles du Rhône" (1937) de Jean-Paul Paulin dans lequel sa chevelure naturellement foncée lui permet d'interpréter une gitane.

Marc Allégret lui propose bien le rôle principal d'"Entrée des Artistes", mais elle ne peut l'accepter, ayant déjà signé pour un autre film. On l'aperçoit mieux dans l'épatant "Raphaël le tatoué" (1938) de Christian-Jaque, un authentique film burlesque à la française, cependant largement dominé par Fernandel dans un double rôle.

Promue en tête d'affiche pour deux films de science-fiction, "Le Monde tremblera" (1939) de Richard Pottier, aux côtés de Erich von Stroheim, Claude Dauphin, Carette, Le Vigan...et "Croisières sidérales" (1941) de André Zwobada, vedette du "Danube bleu" (1939) de Emile Edwin Reinert, de "Départ à zéro" (1941) de Maurice Cloche ou des "Hommes sans peur" (1941) d'Yvan Noé, il se produit en 1942 l'imprévisible révélation dont le pourtant bien limité Maurice Gleize est l'artisan. Ce fut "L'Appel du bled", l'un de ces sujets héroïques vivement souhaités par la Direction du cinéma de l'époque, et que Roger Régent raconte en témoin : "Le principal personnage, une jeune Parisienne raffinée et sensible, se trouvait tout à coup par son mariage avec un colon du Sud algérien, transplantée en plein Sahara et prisonnière d'un horizon désertique, de la solitude, des tempêtes de sable (...). Pour la première fois ce petit visage triangulaire semblait avoir trouvé sur la pellicule la juste mesure de son relief. Ces pommettes creuses et ce front qui paraissait lissé par la tempête offraient au Sirocco et à toutes les bourrasques de l'équinoxe sentimentale leurs surface étrangement photogénique. L'ombre et la lumière avaient trouvé leur place exacte sur ces angles et ces plages douces du visage, elles avaient annexé à leur usage exclusif ce regard, cet arc de sourcil (...) : Madeleine Sologne venait de naître." (Cinéma de France,1948).

Elle fut la femme d'un film, "L'Eternel Retour", en 1943, et le symbole d'une époque, très précisément celle de la guerre, entre 1939 et 1945. Incarnation d'un mythe à l'écran, elle ne fut pas loin d'en figurer un par elle-même...Ce sublime film signé par Jean Cocteau et Jean Delannoy lui apporte une énorme popularité. Si les garçons de l'époque revêtent tous le pull jacquard que porte Tristan-Jean Marais, les filles copient la longue chevelure blonde de Madeleine Sologne/Yseult, et ce personnage de légende va lui coller à la peau, ce qui n'est pas sans nuire au reste de ses créations.

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La vraie naissance, on le sait, vint moins de cette histoire de fous qu'était "Le Loup des Malveneur" de Guillaume Radot que de "L'Eternel retour". Que n'a-t'on pas écrit sur la réapparition des mythes en période d'occupation, celui de Tristan et Yseult en l'occurence, sur la tenue vestimentaire des héros romantiques Jean Marais et Madeleine Sologne qui lança une véritable mode parmi les jeunes gens de leur génération, comme indiqué ci-dessus. Le film eut un succès considérable, on lui préta d'excessives qualités artistiques sans s'arrêter à un maniérisme académique qui devait mal vieillir. Les cheveux plats et blonds décolorés de Madeleine Sologne formaient une coiffure proche de celle qu'au même moment Veronica Lake imposait en Amérique avec "Ma Femme est une sorcière", et l'actrice, plutôt froide, d'un film glacé devint du jour au lendemain une vraie vedette.

Comment perdurer après une aussi spectaculaire percée, lorsque comme Madeleine Sologne on ne se prend guère au sérieux, que l'on se montre plus volontiers en pantalon qu'en robe longue, la chevelure dissimulée sous un foulard et l'allure sympathiquement rustique. Comme par le passé, Madeleine Sologne allait manquer de metteurs en scène qu'elle pouvait inspirer, "Vautrin" (1942) de Pierre Billon est une honnête reconstitution surtout notable pour Michel Simon, "Un Ami viendra ce soir" (1945) de Raymond Bernard, bien compliqué et marqué par son contexte, la Résistance et elle interprète une folle !. (le cinéaste était d'origine juive et eut beaucoup à souffrir de l'occupation nazie, réfugié à Nice au moment de la débâcle de juin 1940, le cinéaste dû se cacher dans le Vercors lorsque les Allemands envahirent la zone libre. Il y resta jusqu'à la Libération et y conçut sans doute le scénario d' "Un ami viendra ce soir").

D'abord intitulé "Illusions", "La Foire aux chimères" (1946) marqua le retour en France du cinéaste Pierre Chenal. Très mal accueilli par la presse au moment de sa sortie, le film fut comparé à "La Symphonie pastorale" à cause de la jeune aveugle interprétée par Madeleine Sologne. Le film fut présentée hors compétition au Festival de Cannes 1946, alors que celui tourné avec Michèle Morgan fut récompensé par le prix d'interprétation féminine. Vinrent ensuite, en séquences de plus en plus espacées, les temps maussades des Stengel, Brabant, Darène, Gobbi même "Le Temps des loups" (1969). Redevenue brune, Madeleine Sologne avait après-guerre refait un peu de théâtre "La forêt pétrifiée à la Renaissance", en 1948. Hollywood, disait-on, lui faisait les yeux doux : elle résista. Et pourtant, elle s'essaya à la comédie à la mode d'Hollywood, mais ni "Mademoiselle X" (1944) de Pierre Billon, ni "Marie la misère" (1945) de Jacques de Baroncelli ne sont très convaincants.

Actrice au fond modeste, d'un rôle daté, Madeleine Sologne s'endormit dans un oubli qui dura jusqu'à son décès le 31 mars 1995 à Vierzon, elle avait 82 ans. Ethérée à l'image tragique souvent - sa vocation pensait-elle - elle donnait au contraire l'impression d'être hors de l'écran une femme vivante et sans prétention, drôle, spectatrice aux côtés de second époux le directeur de production Léopold Schlosberg, d'une carrière menée avec quelque recul. Dans ce métier un tel détachement n'est pas souvent bien reçu. En s'éloignant, s'enfonçant dans l'ombre, ne paraissante plus entre 1947 et 1980 que dans trois films dont "Il suffit d'aimer" (1960) de Robert Darène, où elle joue la mère de Bernadette Soubirous.

Je me souviens avoir souvent entendu Jean Marais évoquer la tendresse toute particulière pour cette actrice trop souvent oubliée...     

 

                                                                    1936

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                                                         1937

 

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                                                                1938

 

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L' éternel retour - Bande Annonce

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                                                                1947

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                                                              1956

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                                                               1960

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                                                               1969

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*Affiches: Cinemafrançais.fr/Affichescine.com/Cinetom.fr

 

 

 

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