DÉCÈS DU CINÉASTE DE LA NOUVELLE VAGUE "JACQUES RIVETTE"
DECES DU CINEASTE DE LA NOUVELLE VAGUE
JACQUES RIVETTE 1931 - 2016
Le cinéaste français Jacques Rivette est décédé vendredi 29 janvier 2016 à l'âge de 87 ans, a annoncé sa productrice Martine Marignac. Réalisateur emblématique de la Nouvelle Vague, il avait mis en scène des incontournables comme "Paris nous appartient", "La Religieuse", ou "La Belle noiseuse". Eternel amoureux du cinéma, Jacques Rivette voyait les films comme une expérience transgressant les codes et les conventions établis du 7ème art.
Véritable cinéphile, il fréquente le ciné-club du Quartier Latin à Paris, où il rencontre Eric Rohmer, qui y officie en tant que présentateur. En 1950, Rivette et Rohmer transforment le Bulletin du ciné-club en Gazette du cinéma, revue critique dans laquelle les intellectuels cinéphiles écrivaient sur le cinéma contemporain et pour laquelle Rivette y écrit de nombreux articles, tout comme Jean-Luc Godard (sous le pseudonyme de Hans Lucas), qu'il croise souvent à la Cinémathèque avec François Truffaut. Egalement critique pour les Cahiers du Cinéma, il s'en empare avec ces mêmes cinéastes, puis en devient le rédacteur en chef de 1963 à 1965. Il réalise plusieurs courts métrages, puis devient l'assistant de Jean Renoir et Jacques Becker, ainsi que directeur de la photographie pour ses amis Truffaut "Une Visite" et Rhomer "Bénénice". Il vient à réaliser son premier long métrage en 1958, "Paris nous appartient", qui contient déjà les principales données que le cinéaste développe dans ses films ultérieurs : le thème du complot qui permet l'utilisation de structures narratives souples, les répétitions théâtrales, le mélange de l'improvisation et de la mise en scène, de la fiction et des séquences documentaires. Pour son premier film comme ceux à venir, Rivette adopte une méthode avec ses acteurs qui lui est singulière puisqu'il ne leur donne pas de scénario mais simplement quelques pages de synopsis, et le texte leur est donné la veille voire le jour même du tournage.
En 1966, il réalise "La Religieuse", son premier film commercial adapté du roman de Diderot, qui connaît un large succès après avoir provoqué le scandale (provoqué par diverses associations religieuses) et subi un an de censure. La même année, il participe à la série-documentaire « Cinéastes de notre temps », produite par André Labarthe, pour laquelle il tourne quatre épisodes sur Jean Renoir. Rivette est connu pour ses films fleuves comme "L'Amour fou", qui dure 4 heures, mais aussi "Out 1, noli me tangere", 13 heures, initié pour la télévision mais qui n'a jamais étre diffusé, jusqu'à ce que sorte une version « courte » de 4 heures en 1974, rebaptisée "Out 1 : Spectre", sans oublier les 3 heures de "Céline et Julie vont en bateau". La durée de ses films fait partie de son idée du cinéma en tant qu' expérimentation, transgressant les codes habituels établis par les autres metteurs en scène. Dans "Céline et Julie vont en bateau", "Duelle" et "Le Pont du Nord", se mêlent quotidien et fantastique sous l'influence du cinéma de Louis Feuillade.
Cinéaste de femmes, il fait la part belle aux comédiennes, notamment dans "La Belle Noiseuse" (grand prix du jury du Festival de Cannes en 1991)avec Emmanuelle Béart, ainsi que le diptyque "Jeanne la Pucelle" avec Sandrine Bonnaire, films qui lui permettent de populariser son œuvre. En 1995, il touche au genre musical avec "Haut bas fragile", un secret de famille sur fond musical, qui ouvre la voie à "Secret défense", une tragédie familiale, alors que "Va savoir" est une réflexion sur l'amour et la création. En 2002, après l'étrange romance "Histoire de Marie et Julien", il se replonge dans le fantastique avec "Ne touche pas à la hache", drame sentimental sur fond d'un XIXème siècle balzacien. Tout au long de sa carrière, ses films n'arrivent pas à trouver leur place, que ce soit dans le cinéma contemporain ou underground. De fait, ils sont soit victimes de la censure comme La Religieuse, soit mal distribués ou jamais sortis en salles comme Noroît, qui a pourtant été considéré comme son plus grand film par les critiques. Malgré cela, ses scénaristes et producteurs, ainsi que ses actrices lui sont des plus fidèles, comme entre tant d'autres Bulle Ogier, qu'il met en scène à huit reprises ou encore Jane Birkin, qu'il retrouve pour la quatrième fois en 2009 dans "36 vues du Pic Saint-Loup". Rivette n'a pas réussi à trouver le type de spectateurs qui ont fait le succès commercial de ses confrères de la Nouvelle Vague. Toutefois, François Truffaut a écrit que c'est "grâce à Jacques Rivette" que la Nouvelle Vague a commencée.
1960
1965
1967 1973
1973 1975
1977
1980
1984 - 1987
1984 - 1987