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15 août 2015

VITTORIO DE SICA, L'UN DES MAÎTRES DU NÉO-RÉALISME ITALIEN

        VITTORIO DE SICA                1901 - 1974

         Réalisateur, Acteur Italien naturalisé français 

 

Après avoir été le plus célèbre acteur italien des années 30, De Sica se consacra à la réalisation. Son remarquable esprit d'observation et sa profonde sensibilité lui ont permis de signer d'incontestables chefs-d'oeuvre et de contribuer au renouveau du cinéma italien. 

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Vittorio De Sica est né le 7 juillet 1901 à Sora, un village de la Ciociaria, le 7 juillet 1901 à une centaine de kilomètres de Rome. Il a gardé quelque chose du côté dur et réservé des gens de cette région. Lorsque sa famille s'installe à Naples, puis à Florence et enfin à Rome, il connaît, pendant toutes ces années, sinon la faim, du moins le besoin. Encore adolescent, grâce à son physique fluet et surtout à un visage angélique, il fut engagé  pour un film avec Francesca Bertini et Gustavo Serena dans "L'Affaire Clemenceau" (Il processo Clemenceau,1918) de Edouardo Bencivenga.

Pendant ses heures libres, De Sica jouait dans les spectacles destinés aux soldats. Après avoir obtenu son diplôme de comptable, selon les voeux de son père, il demanda une récompense : il fallait le laisser tenter sa chance, pendant un certain temps, au théâtre. Il fut engagé par Tatiana Pavlova en 1923 et par Luigi Almirante en 1925.

C'est l'époque des troupes ambulantes : tous les deux ou trois jours un nouvel endroit, des dizaines de textes au répertoire, des comédies dans le goût français, des drames véristes, quelques adaptations de classiques. Il fallait des années d'apprentissage avant d'obtenir des rôles importants et de figurer en tête d'affiche. De Sica y parvint en 1930 lorsqu'il s'associa à Giuditta Rissone, Giulio Donadio et Umberto Melnati. Mais le public ne se pressait pas en nombre à leurs spectacles, malgré la bonne volonté des acteur et le niveau honorable des textes. De Sica fut finalement remarqué par un avocat qui dirigeait des troupes théâtrales, Mario Mattoli. Un soir, celui-ci vit l'acteur jouer devant une salle à moitié vide, il engagea la troupe et la fit participer aux grands spectacles Za-Bum qu'il organisait. De Sica, en frac, chantait, dansait, souriait ce qui lui valut le surnom de Maurice Chevalier italien.

A chaque tournant décisif dans la vie de De Sica, on trouve toujours un homme qui l'encourage et le persuade de s'engager sur de nouvelles voies. Ces hommes, tour à tour, seront Mario Mattoli, Mario Camerini, Giuseppe Amato, Cesare Zavattini, Carlo Ponti. Ce fut Camerini qui découvrit chez cet acteur qui souriait au public dans son bel habit d'homme du monde le brave garçon pétri de bons sentiments et avide de réussites faciles. Le réalisateur, qui cherchait un interprète masculin pour "Les hommes, quels mufles !" (Gli uomini, che mascalzoni,1932), alla le voir au théâtre. Le spectacle, aux dires de Camerini, était particulièrement inepte. De Sica chantait un air ridicule. Mais, sous le visage poudré, Camerini devina quelque chose de pudique et de sérieux. Malgré l'avis contraire de la production qui ne voulait rien savoir de cet acteur affligé d'un grand nez, il fit de lui le Bruno des "Hommes, quels mufles!", un film qui inaugura une longue série de comédies où l'acteur jouait des rôles de jeune homme, sérieux ou fantaisiste. De Sica finit par en avoir assez. Il avait épousé en 1937, entre un film et une tournée, sa partenaire Giuditta Rissone (une fille, Emi, naîtra de leur union). Sans que personne ne s'en rendit compte, De Sica observait, il suivait avec attention la technique de travail de Camerini, le meilleur réalisateur de l'époque. Et de temps à autre, en prenant soin de ne déranger personne, il influençait la manière de jouer telle ou telle scène, comme le confirme Paola Barbara, qui interpréta avec De Sica "Ces Garçons" (Questi ragazzi,1937) de Mario Mattoli.  

Giuseppe Amato napolitain célèbre dans le milieu du cinéma pour ses échecs retentissants, mais aussi pour son flair indéniable, fut d'accord pour que De Sica fit son premier film, ce fut "Roses écarlates" (Rose scarlatte,1940), une adaptation honnête et plaisante de la pièce "Deux douzaines de roses écarlates", d'Aldo De Benedetti, que l'acteur avait déjà jouée avec succès au théâtre. La comédienne principale en était la française Renée Saint-Cyr. Malgré ses rares apparitions sur le plateau, le producteur imposa le nom de De Sica au générique, comme responsable du film, aux côtés de celui du réalisateur.

Suivit ensuite "Madeleine, zéro de conduite" (Maddalena zero in condotta,1941), qui est tout entier l'oeuvre de De Sica. Il ne se contente pas ici de diriger les acteurs, mais confère un ton vivant à une suite de quiproquos, passant avec facilité des séquences amusantes, où excellent Maddalena, l'élève d'une école libre (Irasema Dilian), et ses compagnes, à d'autres séquences, plus sentimentales.

Le fil de l'histoire, dans les premiers films de De Sica de "Madeleine, zéro de conduite" à "Les enfants nous regardent" (I Bambini ci guardano,1943), est toujours "aux mains" des femmes. Le personnage masculin est souvent un sournois comme dans "Mademoiselle Vendredi"  (Teresa Venerdi,1941) ou un incapable comme dans "Un Garibaldien au couvent" (Un garibaldino al convento,1942). C'est Maddalena qui prépare le piège dans lequel tomberont De Sica et Roberto Villa. C'est Teresa Venerdi qui prend les décisions importantes et qui, lasse de jouer à l'orpheline maltraitée, s'enfuit du collège pour aller s'installer chez son jeune médecin adoré, où elle met en déroute ses rivales. Dans "Un Garibaldien au couvent", ce sont Caterina (Carla Del Poggio) et Mariella (Maria Mercader) qui mettent le feu aux poudres. Plus tard dans "Les enfants nous regardent", le film qui révèla en De Sica un réalisateur confirmé, celui-ci reprend et approfondit les notations émouvantes qu'on trouvait déjà dans quelques-uns de ses films précèdents (la caresse du jeune médecin sur le visage douloureux de  Teresa Venerdi). Une fois de plus, c'est la femme qui est le moteur de l'action. Le mari et l'amant sont cantonnés dans des comportements stéréotypés.

"Un Garibaldien au couvent" et "Les enfants nous regardent", réalisés en 1942-1943 (alors que se précisait déjà la défaite militaire de l'Italie fasciste, furent des étapes importantes non seulement dans la carrière, mais aussi dans la vie de De Sica. Le premier film cité lui permit de rencontrer une actrice espagnole, belle et intelligente : Maria Mercader. De Sica en tomba amoureux mais, en raison des lois et des moeurs italiennes de l'époque, dut attendre de nombreuses années avant de pouvoir l'épouser. Elle lui donna deux fils : Christian et Manuel. "Les enfants nous regardent" mit De Sica en rapport, pour la première fois, avec Cesare Zavattini, le scénariste qui travaillera avec lui pendant sa période de grande création c'est-à-dire l'après-guerre et les années du néoréalisme.

L'apport de Zavattini, qui signe avec d'autres auteurs ses premiers scénarios pour les films de De Sica, est parfois difficile à définir. Mais il ne fait pas de doute qu'avec "Les enfants nous regardent" certaines qualités de De Sica réalisateur ressortent beaucoup mieux. Plus que jamais, De Sica est homme qui regarde autour de lui, qui observe et qui se souvient de tout. Il a étudié, par exemple, la manière des plus grands peintres italiens, de Morandi à Carrà, dont il collectionne les tableaux. Il a suivi surtout ce qui est arrivé dans l'Italie déchirée par la guerre.

La nouveauté thématique et expressive de "Sciuscià" (1946), du "Voleur de bicyclette" (Ladri di biciclette,1948), d' "Umberto D" (1951), déjà signalée par la critique italienne, c'est surtout à l'étranger qu'on la remarque et qu'on l'étudie. Après "Rome ville ouverte" de Rossellini, "Sciuscià" est accueilli avec enthousiasme par les milieux intellectuels de Paris et de New York. De Sica n'a pas obtenu la confiance des producteurs italiens pour entreprendre "Le voleur de bicyclette". C'est une société américaine qui proposa de financer le projet à condition de confier le rôle principal à Cary Grant alors que De Sica était plus influencé par Henry Fonda, ce fut avec ses propres deniers qu'il produisit le film, engagea des acteurs non professionnels et tourna en décors naturels, conformément aux principes de l'école néoréaliste. Le succès du film fut considéré surtout à l'étranger, malgré une campagne de dénigrement orchestrée par les milieux romains bien pensants qui reprochaient au cinéaste d'avoir donné du peuple italien une image pa trop "misérable". 

Le néoréalisme connaîtra une vie brève mais intense : de 1945 à 1952-1953. Les meilleurs scénaristes italiens s'intéressent l'actualité quotidienne pour en tirer des sujets, des personnages crédibles. Les meilleurs réalisateurs font descendre la caméra dans les rues, dans les banlieues et dans les plus lointains villages. Cette agitation fait naître des jalousies parmi les professionnels qui restent enfermés dans les studios, avec leurs petites stars et leurs comiques, pour y fabriquer des sujets proches de ceux d'avant-guerre. Elle inquiète les bureaucrates et attire l'attention de quelques politiciens.  

On bâtit de toutes pièces des affaires : "Miracle à Milan" (Miracolo a Milano,1951), une fable gentille et bizarre sur des pauvres sympathiques et des riches égoïstes est plus ou moins présentée comme un manuel de la subversion. Où s'en vont donc les vagabonds du film qui, après avoir arraché les balais des mains des braves éboueurs de la piazza del Duomo, disparaissent dans les nuées. Peut-on imaginer un endroit où le langage cessera enfin d'être équivoque?.

Les spectateurs italiens, déformés par les farces et les romans-photos, gavés de production hollywoodiennes, ne se posent pas ces questions. En régle général, ils ne vont pas voir les oeuvres néo-réalistes. "Sciuscià" et "Le voleur de bicyclette", malgré deux Oscars, enregistrent moins d'entrées que n'importe quel film de Mattoli. Or, produire un film coûte de plus en plus cher. De Sica, qui a gagné de l'argent en travaillant avec les Américains avec "Station Terminus" (Stazione Termini,1953), pathétique brève rencontre et recueil d'observations saisies sur le vif et en reprenant son métier d'acteur, prend de gros risques financiers pour "Le Toît" (Il tetto,1956).

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Ce film reflète, du début à la fin, les théories de Zavattini : une histoire en prise directe sur un problème de société (le manque de logements qui empêche les jeunes couples de s'installer). Réalisé dans des décors naturels, avec des acteurs aux visages "justes", "Le Toît" est un film manichéen, mais qui émeut. Il a plus de qualités que de défauts. Pourtant, lorsqu'il sort sur les écrans, on parle de "formule", et François Truffaut en fait un "éreintement" féroce. Chez beaucoup, les émotions de l'immédiat après-guerre ont disparu. Il suffit qu'un censeur bloque un film en commission, qu'Angelo Rizzoli annonce qu'il reviendra aux "deux orphelines", qu'Amato proclame qu'il ne produira plus certains films pour ne pas se ruiner, pour que certains pensent pensent à faire autre chose. Il faut gagner de l'argent en faisant du cinéma "insouciant". De l'argent, De Sica en a besoin : il est possédé par la passion du jeu...

Ressortant des placards tous les vieux oripeaux des comédies de genre. De Sica devient l'avocat étourdi de l'épisode "Il processso di Frimen" dans "Heureuse époque" (Altri Tempi,1952) de Blasetti; le comte qui, battu aux cartes oar un petit garçon, pique une colère monstre dans "L'Or de Naples" (L'oro di Napoli,1954), l'adjudant aux prises avec des servantes bourrues, des sages-femmes, de belles "bersaglière", des marchandes de pizza, des meunières...Et, ô surprise, il atteint le vedettariat international. Pendant la même période, pris en main par un producteur habile qui travaille dans le circuit des coproductions, Carlo Ponti, De Sica réalise des films qui obtiennent un très grand succès, "Hier, aujourd'hui, demain" (Ieri, oggi, domani,1963), "Mariage à l'italienne" (Matrimonio all'italiana,1964)...

Durant la troisième phase de sa carrière de réalisateur, il est considér comme un auteur à succès, grâce à des coproductions internationales. Mais De Sica refuse de faire simplement de l'argent. Lorsque cela lui est possible, il n'oublie pas qu'il a été néo réaliste et ajoute aux ingrédients du spectaculaire le "piment" propre à cette école. "L'or de Naples" où De Sica travaille sur les joyeuses inventions du débonnaire Giuseppe Marotta, est un film pétillant et bien enlevé; "La Ciociara" (1960) avec Sophia Loren et Jean-Paul Belmondo, comporte quelques séquences pleines de mordant, propose un beau portrait de femme du peuple, qui vaudra un Oscar à Sophia Loren; "Il Boom" (1963), une farce avec Alberto Sordi, qui laisse un goût amer; "Les Fleurs du soleil" (I girasoli,1970) est par moment remarquable; "Le Jardin des Finzi-Contini" (Il giardino dei Finzi Contini,1970) oeuvre nostalgique, est très bien mené, et les personnages et les milieux sont brossés d'une main sûre.

Lorsque Vittorio De Sica meurt le 13 novembre 1974, c'est une institution nationale qui disparaît. Pourtant, cet italien type était naturalisé français depuis 1967. Mais toute son oeuvre s'inscrit en faux contre ce geste.    

 

                                      Réalisateur

                                             1944 - 1946

   

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                   AA01VDS8

                                                              1948 

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                                          Miracle à Milan - 1951

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                                   Station Terminus - 1953 

 

 

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                                             Le Toît - 1956

 

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                                                                       1960 

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                                                                    1962

 

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                             Les Séquestrés d'Altona - 1962

 

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                                             1963

 

             AA01VDS19 

                             Hier, aujourd'hui, demain -1963 

 

 

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                                                              1964 

            AA01VDS24

 

                                                                        1968

 

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                                         Les Fleurs du soleil - 1970

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                                   Acteur

                 Perdus dans les ténébres - 1947            

 

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