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CINETOM
6 juillet 2014

MARLENE DIETRICH, LA VENUS BLONDE

           MARLENE DIETRICH                1901 - 1992    

               Actrice, Chanteuse Américaine    

   

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Maria Magdalena von Losch Dietrich, plus connue sous le nom de Marlène Dietrich est née le 27 décembre 1902 à Berlin. Certains  biographes et historiens du cinéma ne sont pas tous d'accord, au sujet du lieu et de la date de naissance. De famille bourgeoise, orpheline de père officier de la police prussienne, mort pendant la Grande Guerre, sa mère se remaria avec Eduard von Losch qui était officier dans un régiment de grenadiers. Marlène Dietrich avait fait des études musicales à l'école de Dessau et fréquenté l'académie de Max Reinhardt, au Deutsches Theater.0000289437_020

Marlène débute au cinéma en 1919 dans "Im Schatten des Glücks" de Jacob Fleck et Luise Fleck, mais il faudra attendre 1923 pour officialiser les débuts au cinéma avec "Le Petit Napoléon" (Der Kleine Napoleon) de George Jacoby, elle épouse le 17 mai 1923 Rudolf Sieber, scénarite et assistant réalisateur, dont elle avait eu une fille en 1924. Elle participe à l'interprétation de textes d'auteurs importants, comme Shakespeare, Kleist, Wedekind...en compagnie d'acteurs de renommés comme Hans Albers...mais ses succès personnels les plus marquants, elle les avait obtenus avec les comédies musicales : "Es liegt in der luft" (1923), "Broadway" (1925), et "Zwei Kravatten" (1928). Ce fut précisément en voyant Marlène Dietrich dans ce dernier spectacle que le réalisateur Josef von Sternberg eut la conviction d'avoir découvert l'interprète idéale du film qu'il avait alors en projet...

Il convient de rappeler que si c'est Sternberg qui a "crée" Marlène, ce n'est pas lui qui la fit débuter à l'écran. Quand il a découvrit sur scène, elle avait déjà 17 films à son actif, bien entendu dans de petits rôles. "L'homme au bord de la route" (Der Mensch am Wegen1923) de William Dieterle, "La Rue sans joie" (Die Freudlose Gasse,1926) de G.W. Pabst, "La Du Barry" (Eine Du Barry von heute,1926) d'Alexander Korda et "Le Navire des hommes perdus" (Das Schiff der verlorenen Menschen,1929) du cinéaste français Maurice Tourneur.

Le bout d'essai auquel Sternberg soumit Marlène Dietrich avant de l'engager constitue la deuxième étape de la création de son mythe. Sternberg fut littéralement subjugué par l'effet de la voix rauque de la jeune actrice tandis qu'elle interprétait une chansonnette assez leste :"You're the Cream in my Coffee". L'enthousiasme du metteur en scène était loin d'être partagé par l'acteur Emil Jannings à qui était dévolu le rôle principal de "L'Ange bleu" (Der Blaue Engel,1930). Avec ce film, en effet, Jannings, la plus grande gloire du cinéma germanique, s'apprêtait à faire ses début au parlant. L'UFA et le producteur Erich Pommer avaient tout mis en oeuvre pour "servir" l'acteur et en faire le véritable pivot du film : un sujet fort tiré du roman de Heinrich Mann : "Professor Unrat", un personnage dramatique, une équipe technique de haut niveau, Hans Albers et Rosa Valetti dans les seconds rôles, enfin, un metteur en scène d'origine autrichienne qui venait de faire ses preuves à Hollywood l'année précédente avec "Les Nuits de Chicago" (Underworld).

Jannings sentit le danger et il n'eut pas tort. Dès le début du tournage, par la grâce de l'actrice et la volonté du metteur en scène, Jannings se rendit compte qu'il ne serait pas la véritable vedette du film. Il tenta, mais en vain, de désamorcer la mécanique explosive de Lola-Lola en forçant son propre jeu (lequel ne se caractérisait pas, déjà, par la subtilité et la retenue).

Vaincu, il se laissa gagner par la colère. "Durant le tournage de la scène de strangulation, a raconté Dietrich, Jannings donnait l'impression de vouloir m'étrangler pour de bon. Mon cou resta couvert de bleus après que la scène eut été tournée." Jannings ne pardonna jamais à l'actrice le tour que celle-ci lui avait involontairement joué. Plus tard, devenu l'acteur officiel de l'Allemagne nazie, d'autres motifs s'ajoutèrent à son ressentiment envers Marlène. Celle-ci, en effet, n'avait pas répondu aux demandes réitérées de Goebbels la priant de revenir dans son pays, et avait obtenu, en 1939, la citoyenneté américaine. Toutefois, Janning ne pouvait renoncer à apparaître comme un des responsables d'un évènement historique (du moins sur le plan cinématographique); dans ses mémoires, publiés après sa mort, il prétend que ce fut lui qui conduisit Sternberg voir Dietrich dans "Zwei Krawatten".    

L'engouement de Sternberg et le succès de "L'Ange bleu" ouvrirent à Dietrich la route de Hollywood, plus précisément celles des studios de la Paramount où l'on cherchait un type de femme à opposer à celui de Greta Garbo, star de la MGM. Etre originaire d'Europe était un élément très apprécié à Hollywood; mais les actrices étaient rapidement débarrassées de tout ce qui faisait au départ leur originalité pour qu'elles puissent devenir conformes à un certain style plus hollywoodien. Marlène perdit ainsi sa spontanéité charnelle toute berlinoise; son corps et son visage furent soumis à des traitements amincissants pour présenter une image plus allusive et énigmatique de l'érotisme. Dans le cas de Marlène Dietrich, pourtant, c'est plus Sternberg que Hollywood qui porta la responsabilité de cette transformation.

En véritable Pygmalion, il transféra sur sa vedette tout le poids de sa sensibilité inquiète et troublée. Il créait la femme-symbole, celle qu'on ne peut pas suivre jusqu'au bout du monde après l'avoir rencontrée. Les exemples ne sont pas rares, dans l'histoire du cinéma, de tels transferts aboutissant à la création d'un personnage mythique, mais celui de Sternberg est sans aucun doute le plus éclatant.

Séduit par le thème de la perdition de l'homme par la femme, fascinante incarnation du démon de la chair, Sternberg avait beaucoup travaillé autour du personnage de Lola-Lola, notamment au niveau de l'éclairage, utilisant tous les effets de clair-obscur du cinéma expressionniste. Lola-Lola incarne la sensualité à l'état pur. Peu à  peu, dans les films que Sternberg et Dietrich réalisèrent ensemble à Hollywood, cette image perdit de son animalité pour gagner en sophistication.

Amoureuse éperdue d'un légionnaire interprété par Gary Cooper dans "Coeurs brûlés" (Morocco,1930), ce fut le premier film américain de Marlène Dietrich. Sternberg et la Paramount changèrent le titre original en "Morocco" pour donner ainsi plus d'exotisme. Le film obtint trois nominations pour l'Oscar; celle de la meilleure interprétation féminine à Marlène Dietrich, celle de la meilleure mise en scène à Josef von Sternberg. Mais aucun Oscar ne fut décerné, quant à Gary Cooper, il conserva un mauvais souvenir du tournage, pretextant que le cinéaste n'en avait que pour Marlène...

Froide et cynique espionne dans "X-27" (Dishonored,1931) de Sternberg, la Paramount changea le titre en "Dishonred", malgré les protestations de l'auteur, qui faisait remarquer que la jeune femme n'était pas déshonorée, mais fusillée!. Après le succès remporté par le couple Gary Cooper-Marlène Dietrich dans "Morocco", la Paramount avait songé à les réunir à nouveai dans "X-27", mais Cooper ne voulait plus tourner sous la direction de Sternberg avec lequel il ne s'était pa du tout entendu.

Marlène fut une aventurière internationale dans "Shanghai Express" (1932) de Josef von Sternberg. C'est l'un des films les plus connus du tandem Sternberg-Dietrich. Elle enchaîne avec "Blonde Vénus" (1932) où elle incarne une chanteuse de luxe et mère malheureuse dans "Blonde Vénus" (1932). C'est la cinquième collaboration de Marlène avec Sternberg, elle a pour partenaires : Cary Grant et Herbert Marshall.

En 1933, alors que Sternberg se trouve en Europe, Marlène demanda auprès de la Paramount, que le cinéaste dirige son prochain film : "L'Impératrice rouge" (The Scarlet Empress,1934), Sternberg accepta, et Marlène incarna Catherine de Russie, tsarine de toutes les russies. Marlène est aussi perverse que passionnée dans "La Femme et le Pantin" (The Devil is a Woman,1935) de Josef von Sternberg, tous ces rôles, auxquels l'actrice se prête avec docilité, ne servent qu'à glorifier un même personnage : la femme fatale.

A l'énumération de ces rôles, on ne peut pas ne pas songer à ceux de Garbo. L'espionne de "X-27" renvoie à "Mata-Hari", "L'impératrice rouge" à "La Reine Christine", la demi-mondaine de "Shanghai Express à "Anna Christie"... 

 

Très avertie du goût des spectateurs, Marlène Dietrich savait innover et remodeler son personnage quand l'occasion se présentait. Après sa rupture avec son cinéaste Pygmalion, elle sut rencontrer les réalisateurs les plus talentueux et amorcer une nouvelle carrière, tout en préservant son image symbolique. Après Sternberg, le mythe persiste, mais Marlène y introduit la dimension de l'ironie, de la légèreté malicieuse et, pour tout dire, de l'intelligence.

 

C'est Ernst Lubitsch qui l'aida à ranger au rayon des accessoires tout ce qui est "strass et clinquant de la periode sternbergien. Il supervisa et produisit : "Desir" (Desire,1936) de l'élégant Frank Borzage et réalisa "Ange"  (Angel,1937).  Dans cette comédie sophistiquée sur l'adultère, le maître viennois de Hollywood révélait enfn le véritable visage de l'actrice et sa grâce spirituelle. Curieuse vocation que celle de Lubistch : deux ans plus tard, il jetait aux orties le personnage romantique de la Divine, Greta Garbo. A partir d' "Ange", Marlène allait utiliser, avec beaucoup d'humour, de subtilité et de brio, son personnage symbolique dans ces films brillants et très divertissants.  Mais celui de Lubitsch fut à la fois un échec public et critique. En 1936, Il avait supervisé "I Love a Soldier", où Marlène était la partenaire de Charles Boyer. Le tournage fut interrompu, et terminé longtemps après avec d'autres comédiens.  

Se succédèrent ainsi : "Femme ou démon" (Destry Rides Again,1939) de George Marshall, "La Maison des sept péchés" (Seven Sinners,1940) de Tay Garnett (le film connut une succès populaire. Agée de 40 ans, la femme-fatale inaugurait une série de personnages plus mûrs, où elle ne trichait plus avec son âge...). C'est le premier film qui réunit Marlène Dietrich et John Wayne. Les deux comédiens se retrouveront à nouveau deux ans plus tard pour "Les Ecumeurs" (The Spoilers,1942) de Ray Enright et "La Fièvre de l'or noir" (Pittsburgh,1942) de Lewis Seiler. 

Il y eut aussi "Madame veut un bébé" (The Lady Is willing,1942) de Mitchell Leisen. Interprète intelligente, elle peut collaborer d'égal à égal avec des metteurs en scène exigeants : Jacques Feyder dans "Le Chevalier sans armure" (Knight Without Armour,1937) ou René Clair dans "La Belle ensorceleuse" (The Flame of New-Orleans,1941), qui fut un échec commercial, malgré des critiques qui considèraient cette oeuvre "cocasse et impertinente", en effet, on est ici en présence du cas assez rare d'une actrice qui se sert de son expérience pour se tourner  gentiment en dérision. Marlène semblait vouloir marquer son détachement jusque dans sa manière de s'habiller : il n'était pas rare de la voir, désormais porter, dans sa vie privée, de simples vêtements masculins. 

Au cours de la seconde guerre mondiale, Marlène Dietrich se dévoue pour l'United Services Organisation, allant de base militaire en base militaire, en se rendant en France, en Tchécoslovaquie, aux Iles Aléoutiennes. Elle suivit les troupes alliées, participant au maintien moral des hommes en chantant pour eux (ce qui lui valut la Légion d'honneur).   C'est d'ailleurs, elle-même qui annonça aux militaires devant lesquels elle se produisait à Anzio que le débarquement de Normandie venait de commencer. A l'époque, Marlène avait en toute conscience et bien qu'il en coutât quitter son pays et refuser le nazisme. Au moment même où les armées de Hitler envahissaient l'Europe, elle optait pour la nationalité américaine.                    

 Ce n'est plus le public qui accrédite le mythe de Marlène, c'est le cinéma lui-même. On ne fait pas plus de films centrés sur un personnage totalement fictif, mais sur une femme bien réelle, riche d'expérience, tant au cinéma que dans sa vie privée. Son jeu nuancé et sa précense à l'écran, son abattage lui attirent des auteus particulièrement prestigieux : avec Fritz Lang, elle tourne "L'Ange des Maudits" (Rancho Notorious,1952) et avec Orson Welles, "La Soif du mal" (Touch of Evil,1958). 

 Hitchcock très sensible au charme des femmes blondes, fait appel à elle pour "Le Grand Alibi" (Stage Fright,1950). Billy Wilder réédite, à sa manière, son vieux duel avec Emil Jannings en la confrontant à Charles Laughton dans "Témoin à charge" "Witness for the Prosecution,1957). C'est presque de droit qu'elle figure au générique du "Procès à Nuremberg" (Judgement at Nuremberg,1961), dans lequel Stanley Kramer a dressé le bilan nazisme.

 

 

 

                               "L'Enigme" (1929) de Kurt Bernhardt

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          Le Chevalier sans armure (Knight without Armour,1937) de Jacques Feyder 

  

 

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                  La Scandaleuse de Berlin (A Foreign Affair,1948) de Billy Wilder 

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                      Le Voyage Fantastique (No Highway in the Sky,1951)  

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