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CINETOM
17 mai 2014

ERNST LUBITSCH, MAÎTRE DE LA COMÉDIE LEGERE

          ERNST LUBITSCH                    1892 - 1947      

           Cinéaste Américain d'origine Allemande

 

 

 

Connu comme le maître de la comédie légère, sophistiquée, à l'européenne, Ernst Lubitsch est le plus célèbre réalisateur du vieux continent à arriver à Hollywood peu après 1920. Le succès qu'il y rencontre ouvre la voie aux nombreux cinéastes expatriés qui envahir la Californie jusque vers les années 30.

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Ce grand styliste du cinéma américain a une renommée internationale, il la doit à ce que l'on a baptisée la "Lubitsch's touch", un style brillant où se mêlent l'allusion subtile, l'élégance et le brio des dialogues et de la mise en scène, la satire ironique et légère des faiblesses de la société, plus spécialement dans les rapports entre hommes et femmes.

Ernst Lubitsch, américain d'origine allemande est né le 29 janvier 1892 à Berlin, il émigra aux Etats-Unis en 1922. Fils d'un tailleur berlinois, son père l'incite à travailler avec lui dans sa boutique de vêtements, mais le travail manuel n'est pas son fort, son père le décrit incapable de s'occuper d'un magasin et décide de l'orienter vers la comptabilité. C'est ainsi que le jour, Lubitsch compte, et la nuit, s'occupe de sa passion du théâtre.

Lubitsch commence une carrière d'acteur, fortement influencé par le grand metteur en scène de théâtre Max Reinhardt, son employeur en 1911-1912. D'ailleurs, l'influence du théâtre apparait nettement à travers l'oeuvre de Lubitsch, puisqu'il a souvent adapté à l'écran ne serait-ce que de façon plus ou moins éloignée, diverses pièces et opérettes. Les films du cinéaste s'inspirent des traditions de l'opérette viennoise, de la farçe française et de la romance historique; ils révèlent, dès l'origine, un sens remarquable du visuel associé à une compréhension instinctive du langage filmique. Outre la richesse inventive, on sait que Lubitsch se plaignait à soigner scrupuleusement la préparation de ses films, consultant volontiers ses collaborateurs et acteurs.

Après avoir dirigé et interprété de courtes comédies en 1915, vers 1917-1918, Lubitsch a déja réuni une équipe attitrée de collaborateurs. A la tête de de la première troupe constituée par le réalisateur, on trouve les actrices Pola Negri, qui sort de l'anonymat en 1918 avec Carmen et Ossi Oswalda, vedette de "La Princesse aux huitres" (Die Austerprincezessin,1919), sa première grande comédie à succès. Emil Jannings et Harry Liedtke, ses acteurs favoris, partageront l'affiche avec Pola Negri dans ce triomphe du début des années 20 que sera "Madame Du Barry" (La Du Barry,1919), le plus gros succès commercial pour un film muet étranger présenté aux Etats-Unis. Auprès de Theodor Sparkhul, derrière la caméra, s'affaire tout un bataillon de remarquables décorateurs et costumiers, ce qui prouve le soin extrême apporté par Lubitsch à la création du cachet si particulier de ses films. Les scénaristes, toutefois, sont peut-être les plus importants d'entre tous. Lorsque le metteur en scène part pour Hollywood en 1923, il emmène avec lui son scénariste, Hans Kraly.

Sur les treize films que tournera Lubitsch avec Ossi Oswalda (1897-1947), "Je ne voudrais pas être un homme" (Ich Möchte kein mann Sein,1918) est le seul film a n'avoir jamais été distribué en France. "Anne Boleyn" (1920) est, avec "Carmen" et "La Du Barry" et avant "La femme du Pharaon", la troisième des quatre superproductions à costumes qui feront la réputation d'Ernst Lubitsch à l'échelon international, réputation qui l'amènera à se voir diriger des films aux Etats-Unis. Lubitsch s'est rndu célèbre, à juste titre, pour la façon dont il retouchait et embelissait une scène, avec le concours de ses scénaristes. Dans "L'éventail de Lady Windermere" (Lady Windermere's Fan,1925) Lubitsch avait démontré qu'il n'avait pas besoin de la parole pour donner au spectateur l'impression d'un dialogue. Une adaptation de l'oeuvre d'Oscar Wilde, il n'utilisa pas une seule ligne du texte original, prouvant ainsi que les sous-titres pouvaient être superflus dans le cinéma muet. Avec l'avénement du parlant, Lubitsch décide de franchir le pas et en exploita toutes les possibilités, en portant une attention particulière aux scénarios

Dans les années 20 et 30, chaque studio hollywoodien avait un style particulier, une sorte de "marque de fabrique" qui le distinguait des autres. Les films de la Paramount se rattachaient à la tradition européenne par la présence d'acteurs et de cinéastes tels que Marlène Dietrich, Maurice Chevalier, Josef von Sternberg, Rouben Mamoulian et surtout Ernst Lubitsch.

A la différence des autres cinéastes engagés dans le "studio system", personne n'imposa à Lubitsch les sujets de ses films, le choix des acteurs, le découpage final. Dès ses premiers films muets tournés aux Etas-Unis, dont "Comédiennes" (The Marriage Circle,1924), "Paradis défendu" (Forbidden Paradise,1924) et "Le Prince étudiant" (The Student Prince,1927), version muette et stylée de l'opérette, interprétée par Ramon Novarro et Norma Shearer. L'immigré allemand avait su gagner la faveur de Hollywood au point d'être considéré comme Américain à part entière. Le tournage débuta en décembre 1926 aux studios MGM. Aussi, au début du parlant, reçut-il carte blanche de la Paramount pour la réalisation de son premier film sonore, "Parade d'amour" (The Love Parade,1929). "Le Patriote" (The Patriot,1928), où il retrouve Emil Jannings, lui vaut une première nomination aux Oscars et le ramène au studio qu'il ne devait pratiquement plus quitter pendant dix ans... 

En 1929, après un dernier film muet, "L'abîme" (Eternal Love), Lubitsch s'attaque au sonore avec une comédie musicale inspirée de l'opérette "Parade d'amour", Maurice Chevalier y joue pour la première fois auprès de Jeannette MacDonald, sur fond de vieille Europe, dans le royaume mythique de Ruritanie. Avec ce divertissement charmant et sophistiqué, qui fourmille d'exemples de la Lubitsch touch, le réalisateur reçoit une seconde nomination aux Oscars et s'impose, dans le même temps, comme un "grand" de la comédie musicale hollywoodienne. Grâce à lui, dès "Le lieutenant souriant" (The Smiling Lieutenant,1931) et "Une Heure près de toi" (One Hour with you,1932), le genre est déjà en pleine ascension. Musique et intrigue sont bien intégrés dans ce dernier et on se régale du dialogue plein d'esprit entre un Maurice Chevalier gouailleur et Jeannette MacDonald, dont il est le partenaire idéal. Ce fut George Cukor qui co-réalisa cette oeuvre, Maurice Chevalier fait part de ses réflexions à la caméra, et donc au public, dans une sorte d'aparté cinématographique : exemple très moderne du "Lubitsch Touch" (remake de "Comédiennes"). Invité à Hollywood par Mary Pickford pour la diriger dans "Rosita chanteuse des rues" (Rosita,1923), dont elle est l'interprète principal. Lubitsch est engagé sous contrat par la Warner Bros, alors miniscule, qui tente d'accroître son prestige. 

Mais quelle est donc l'essence du "style Lubitsch" ? De quoi s'inspire t'il? Une anedocte que Lubitsch se plaisait à raconter, permet de s'en faire une idée: en 1918, dans un Berlin ruiné par la guerre, un homme épuisé par les privations, cherche à se suicider. Il achète donc une corde pour se pendre, mais celle-ci, comme d'ailleurs tout en ce temps-là, est de mauvaise qualité et se casse. Interprétant l'incident comme un signe du ciel l'exhortant à vivre, l'homme entre dans un bar et demande un café. Mais le café, lui aussi est de mauvaise qualité, l'homme tombe malade et meurt. Cette petite histoire, affirmait Lubitsch, me fit comprendre le pouvoir dramatique de l'ironie et je l'expérimentai dans mes premiers films tournés à Berlin."   

"Monte Carlo" (1930) fut le deuxième film sonore de Lubitsch. Samson Raphaelson, le scénariste de "Haute Pègre", de "Rendez-vous" (The Shop Around the Corner,1940) et de beaucoup d'autres de ses réalisations racontait que quand il voyait la version finale des films, il ne savait plus si le "style Lubitsch" était le résultat de son propre travail ou celui du metteur en scène. L'âge d'or du "style Lubitsch" correspond à la période des ses films parlant américains : "Parade d'amour" (1929), "Monte-Carlo" (1930), "Le lieutenant souriant" (The Smiling Lieutenant,1931), "Haute Pègre" (1932) son film préféré et "Ninotchka" (1939). 

Maurice Chevalier et Jeannette MacDonald tournera un dernier film avec Lubitsch un remake de "La Veuve joyeuse" (The Merry Widow,1934), étonnant pour ses décors et ses costumes, mais  aussi pour son colossam budget, plus de 1 500 000 dollars, ce qui en fait la production la plus coûteuse de la MGM à l'époque. Dans son autobiographie, la scénariste Anita Loos, employée sur le film par le producteur Irving Thalberg, déclare qu'elle avait pour instructions d'inciter le cinéaste à se concentrer sur l'élément humain. "Peu importe qui écrivait les scénarios d'Ernst, il les ponctuait de ces petites touches qui rendent ses films uniques...Une banale scène d'amour se réchauffait soudain lorsque la caméra quittant les tourtereaux, venait se poser sur une paire de mules d'appartement, les guêtres à boutons de nacre du héros ou un bibelot.

Sur un autre registre Lubitsch signe, à peu près à la même époque, deux de ses comédies les plus pétillantes, et les plus raffinées, avec Paris comme toile de fond, "Haute pègre" (Trouble in Paradise,1932) et "Sérénade à trois" (Design For Living,1933). Dans le premier, Herbert Marshall joue un gentleman cambrioleur tiraillé entre son associée de charme, Miriam Hopkins, et la richissisme Kay Francis, qui l'emploie; dans le second, la même Miriam Hopkins se retrouve dans un classique ménage à trois, aux côtés de deux copains bohèmes, le peintre incarné par Gary Cooper et le dramaturge interprété par Fredric March, comédie adroitement adaptée par Ben Hecht de la pièce de Noël Coward.

Chargé de la production à la Paramount en 1935-1936, Lubitsch revient à la mise en scène pour "Angel" (Ange,1937), où il dirige le couple Marlène Dietrich-Gary Cooper, il est au mieux de sa forme avec "Ninotchka" (1939). Greta Garbo, en communiste guindée, s'ouvre peu à peu aux charmes de Paris et de l'amour, guidée par Melvyn Douglas. Le dernier chef d'oeuvre de Lubitsch sort en 1942, "To be or not to be" (Jeux dangereux,1942), comédie noire, extrêmement inventive et spirituelle, montrant une troupe d'acteurs, conduite par Carole Lombard et Jack Benny, en train de duper les nazis en Pologne.

"Le Ciel peut attendre" (Heaven Can Wait,1943) est salué par une troisième nomination. Gene Tierney et Don Ameche sont les principaux interprètes, premier en couleur de Lubitsch, suivront "La folle ingénue" (Cluny Brown,1946) avec Charles Boyer et Jennifer Jones, une satire de la mentalité anglaise d'avant-guerre. En 1947, Lubitsch commença à tourner "La dame au manteau d'hermine" (That Lady in Ermine,1948) une histoire comique de fantômes, mais il ne put l'achever (Otto Preminger le termina à sa place): souffrant depuis longtemps de crises cardiaques, il succomba après des attaques répétées, à l'âge de cinquante-six ans, ce 30 novembre 1947 à Los Angeles . Nombreux furent les réalisateurs qui subirent son influence : Frank Tuttle, Frank Capra, Rouben Mamoulian, Preston Sturges, Lewis Milestone et Billy Wilder. 

 

 

                                            Intoxication  (1919)

        4005 

                                                 Passion             

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                                                1920

  

                               Le Prince étudiant - 1923

    

                                                  Montmartre  -1923       

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                                                                         1926                                                       

   

                                                        Le Patriote - 1928

        

                                                          L'Abîme  - 1932

                                                      Haute Pègre - 1932

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                                               Sérénade à trois - 1933

     

 

                                               La Veuve joyeuse -1934

   

     

                                                              1937

  

                            La Huitième Femme de Barbe Bleue - 1940

                      

                                    Illusions perdues - 1941

 

                                             

 

                                Le Ciel peut attendre -1943

  

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