JOAN FONTAINE                  1917 - 2013 

                 Actrice Américaine    

Joan Fontaine née Joan de Beauvoir de Havilland le 22 octobre 1917 à Tokyo de parents anglais. Après leur divorce, elle s'installe à Saratoga en Californie avec sa mère et sa soeur Olivia de Havilland. Vers l'âge de dix ans elle repart à Tokyo voir son père et reste auprès de lui pendant sept ans. A son retour aux Etats-Unis, Olivia est déjà une actrice connue et Joan décide, elle aussi, de faire une carrière de comédiennes. Sous le pseudonyme de Joan Burfield, elle joue plusieurs petis rôles au théâtre quand un agent de la  MGM l'engage pour le film de Joan Crawford, "La Femme de sa vie" (No More Ladies,1935) de George Cukor et Edward H. Griffith. Mais après montage, son apparition est réduite à quelques plans; déçue, elle retourne sur les planches interpréter "Call It a Day", dans le personnage qu'a créé sa soeur à l'écran.

En 1937, la RKO lui propose un contrat, se décide à changer de nom, elle prend le nom de Joan Fontaine, d'après le patronyme du second mari de sa mère. A cette époque, Joan Fontaine n'en est pas à son premier coup d'essai cinématographique, loin de là. Elle joue déjà depuis plus de trois ans. Mais George Cukor se souvient : "Elle avait été à la RKO où elle avait incarné des rôles de femmes indépendantes sans grand intérêt, et elle n'était pas extraordinaire non plus... A son actif, plusieurs films dont "Une Demoiselle en détresse" (A Damsel In Distress,1937) l'un des meilleurs films avec Fred Astaire des années 30, sous la direction de George Stevens qu'elle retrouva en 1939 avec "Gunga Din", superbe film d'aventures. Cette même année 1939, elle devient l'une des héroïnes de la charmante comédie de George Cukor "Femmes" (Women), aux côtés de Norma Shaerer, de Joan Crawford et de Paulette Goddard. On se souvient avec émotion, en particulier de la séquence où Joan Fontaine, au cours d'une conversation téléphonique, découvre qu'elle est toujours amoureuse de son mari. 

Joan Fontaine était encore relativement inconnue, et suffisamment jeune pour produire à l'écran, une forte impression en incarnant le personnage de la jeune héroïne un peu gauche et naïve du célèbre roman de Daphné du Maurier. Alfred Hitchcock lui-même en déclara en parlant d'elle au cours de ses entretiens avec François Truffaut : "Au début, je trouvais qu'elle était peu consciente d'elle-même comme actrice, mais je voyais en elle  les possibilités d'un jeu controlé et je l'estimais capable de figurer le personnage d'une façon tranquille et timide. Quand nous avons commencé, elle faisais d'ailleurs un peu trop la timide, mais je sentais qu'on y arriverait, on y est arrivé."

En 1939, le producteur David Selznick décide de confier l'un des principaux rôles du film qu'il prépare avec Alfred Hitchcock, "Rebecca", à Joan Fontaine, la "petite" soeur d'une actrice déjà célèbre, Olivia de Havilland (Les Aventures de Robin des Bois, Autant en emporte le vent, La Fosse aux serpents). Evinçant Vivien Leigh, Ann Baxter et Margaret Sullavan, elle est donc engagée par David Selzick sur les recommandations du cinéaste George Cukor, pour interpréter le rôle de la seconde femme de Max de Winter, incarné par Sir Laurence Olivier dans "Rebecca" (1940) qui fut un triomphe et remporta un Oscar. Elle fut nommée pour l'Oscar de la meilleure actrice mais échoua.  Il lui fallut attendre l'année suivante pour obtenir l'Oscar de la Meilleure Actrice pour "Soupçons" (Suspicion) ainsi que le Prix de la Critique New Yorkaise. Ce fut le maître incontesté du suspense a qui l'on doit cette autre réalisation.

Son air ingénu, sa fragilité physique semblent la vouer aux personnages de jeunes filles. En 1943 elle a déjà alors plus de vingt-cinq-ans et se voit confier le rôle d'une adolescente dans le film d'Edmund Goulding  "Tessa, la nymphe au coeur fidèle" (The Constant Nymph,1943), rôle qui lui vaut d'être citée pour un Oscar.

En 1944, elle tourne le très célèbre "Jane Eyre", un film de Robert Stevenson, d'après le roman de Charlotte Brontë, où elle a pour partenaire Orson Welles. Mais lassée sans doute de jouer les jeunes effarouchées, elle change de répertoire et, la même année, on la retrouve dans la bande à costumes de Mitchell Leisen, "L'Aventure vient de la mer" (Frenchman's,1944). Ce fut sa première apparition en technicolor sur les écrans.

En 1946, elle fut l'héroïne d'un des premiers films de John Berry, "From This Day Forward", produit par son deuxième mari William Dozier. En 1948, elle tourne sous la direction de Billy Wilder "La Valse de l'Empereur" (The Emperor Waltz) aux côtés de Bing Crosby. Grand succès commercial. C'est la même année qu'elle fut dirigée par un directeur artistique, cinéaste prodige Max Ophüls, lui offrant l'un de ses plus beaux rôles au cinéma : "Lettre d'une inconnue" (Letter From An Unknow Woman), un mélodrame qui fit verser des torrents de larme à des salles entières de jeunes spectatrices. 

L'écrivain et scénariste Howard Koch déclara à la sortie du film : "Madame Joan Fontaine était l'une des seules actrices à pouvoir rendre au personnage de Lisa toute son intensité dramatique. Son interprétation est, à mon avis, l'une des plus brillantes qu'il nous ait été donné de voir sur les écrans..."

Après ce succès, sa carrière se diversie. En 1948, l'année même de "Lettre d'une inconnue", elle tourna un excellent thriller sous la direction de Norman Foster, et aux côtés de Burt Lancaster, "Les Amants traqués" (Kiss The Blood Of My Hands), puis en 1950, Nicholas Ray la dirige dans "Born To Be Bad". L'année 1952 est celle du célèbre "Ivanhoé", une adaptation particulièrement réussie du roman de Walter Scott par l'un des metteurs en scène les plus prolifiques de Hollywood, Richard Thorpe. 

Elle enchaîna avec Ida Lupino, actrice et réalisatrice de "The Bigamist" (1953), avec Norman McLeod, c'est une comédie légère "La Grande nuit de Casanova" (Casanova's Big Night). De fait, une de ses grandes prestations des années 50 demeure le très étonnant film noir de Fritz Lang "L'invraisemblable vérité" (Beyond A Reasonable Doubt,1956), où elle a pour partenaire Dana Andrews. Par la suite, sa carrière cinématographie se ralentit un peu. Elle tourne dans quelque films mineurs : "Une Ile au soleil" (Island In The Sunn,1957) de Robert Rossen, "Femmes coupables" (Until They Sail,1957) de Robert Wise, "Un certain sourire" (A Certain Smile,1958) de Jean Negulesco, "Le Sous-marin de l'Apocalypse" (Voyage To The Bottom,1958) du producteur-réalisateur  Irwin Allen, "Tendre est la nuit" (Tender is The Night,1961) , le dernier film d'Henry King  et "The Witches" (1966) de Cyril Frankel. En 1966, elle abandonne les écrans pour le théâtre.  

En 1979 elle publie son autobiographie, "No Bad of Roses". Joan Fontaine décède le 15 décembre 2013 en Californie, elle avait 96 ans. Sa soeur, l'actrice Olivia De Havilland, son aînée demeure à Paris. J'ai eu la chance de pouvoir lui parler quelque part, pas loin de la Rue de la Pompe à Paris 16ème....  

            La Femme de sa vie (No More Ladies,1935)                                     

              Ames rebelles (This Above All,1942)  

              Tessa, la nymphe au coeur (The Constant Nymph,1943) 

              Lettre d'une inconnue (Letter from an Unknow woman,1948)  

              Le Crime de Madame Lexton  (Ivy,1947) 

              Vol sur Tanger (Flight to Tangier,1956)

                   ____________Cecil B. DeMille________________________________