PAUL MUNI, VALEUR SURE DE LA WARNER

27 mai 2013

PAUL MUNI, VALEUR SURE DE LA WARNER

PAUL MUNI 1895 - 1967

Acteur Américain

Grâce à quelques interprétations superbes, Paul Muni fut pendant plus de dix ans l'acteur le plus prestigieux et la valeur la plus sûre de la Warner. Pour beaucoup, il fut même le plus grand acteur des années 30.

Paul Muni, de son vrai nom Muni Wiesenfreund, était né le 22 septembre 1895 à Lemberg en Pologne dans une famille juive, dans une région faisant alors partie de l'empire austro-hongrois. Sa famille, une troupe d'acteurs ambulants, émigra en Amérique alors que Muni était encore enfant. Il y apprit le métier d'acteur en fréquentant le Yiddish Art Theatre de Maurice Schwarzb, en compagnie d'acteurs connus comme Celia et Luther Adler, Madame Jacob Ben-Ami et Lee Strasberg (qui devint plus tard directeur de l'Actor's Studio). C'est dans cet atmosphère du monde des planches que grandit le jeune homme surnommé Muni dès son plus jeune âge, un pseudonyme qu'il adoptera par la suite en devenant célèbre.

On raconte que c'est à l'âge de 12 ans, alors qu'il remplaça, affublé d'une barbe, un comédien absent jouant le rôle d'un patriarche, que naquit sa vocation et sa passion pour le maquillage. Durant les années vingt, Muni Weisenfreund affirmera en effet sa notoriété naissante en campant une impressionnante galerie de personnages dont la majorité aura deux ou trois fois son âge. Il n'y apparaitra jamais imberbe.

A l'âge de trente et un ans, Muni interpréta son premier rôle en anglais dans la pièce de théâtre "We Américans"", qui obtint un bon succès à Broadway. Toujours à l'affut de nouveaux talents, Hollywood chercha à l'attirer sur la côte ouest, mais Paul Muni résista pendant trois ans aux flatteries de la capitale du cinéma.

Ce ne fut qu'en 1929 qu'il se décida à accepter la proposition qui lui était faite. Il devait le regretter très rapidement, car les films auxquels il participa, "Seven Faces" (1929) et "Le Vaillant" (The Valiant,1929) de William K. Howard, ne lui donnèrent pas satisfaction. Cette expérience apprit à Muni et à Bella, qui était à la fois sa femme et son manager, à être plus prudents dans leurs choix. Le retour à Hollywood fut plus heureux : pour la Columbia, Muni accepta le rôle principal de "Scarface" (1932) d'Howard Hawks, inspiré de la vie d'Al Capone. Pour cet acteur plutôt austère, sinon intellectuel, incarner le gangster le plus tristement célèbre à l'époque représentait un véritable défi. "Scarface" allait être pour Muni, le fulgurant tremplin d'une brillante carrière. La même année, Muni révélait une autre facette de son talent en interprétant pour la Warner cette fois, "Je suis un évadé" (I Am a Fugitive from a Chain Gang) de Mervyn Le Roy.

Ces deux succès encouragèrent Muni à exiger un droit de regard sur les scénarios de ses films. Il accepta cependant de tourner un petit film sans interêt, "Docteur Socrates" (1935), sous la direction de William Dieterle, à la seule condition de pouvoir ensuite incarner, toujours avec Dieterle,le grand savant français dans "La Vie de Louis Pasteur" (The Story of Louis Pasteur,1936). Ce film a petit budget connut un succès étonnant et obtint trois Oscars, dont celui de l'interprétation qui revint à Paul Muni. Le film marqua en outre le début d'une fructueuse collaboration entre l'acteur et le metteur en scène : on doit au tandem Muni-Dieterle la réalisation de deux autres grandes biographies, "La Vie d'Emile Zola" (The Life of Emile Zola,1937), qui portait l'accent sur le rôle de Zola dans l'affaire Dreyfus, et "Juarez" (1939), histoire de la lutte du père de la nation mexicaine. Les succès commerciaux de ces films, un peu moindre pour le dernier, étonna d'autant plus la Warner, qu'elle s'était fort peu intéressée à ces deux productions. William Dieterle déclara à propos de sa collaboration avec Paul Muni : "Nous avons les mêmes idées sur le cinéma, à savoir qu'un film devrait être quelque chose de plus qu'un simple divertissement, parce qu'il existe un vaste public assoiffé de films portant un message."

Sur le jeu d'acteur de Muni, les avis furent partagés : un critique des années 30, par exemple; se demandait "s'il était un grand artiste ou une momie maquillée"; d'autres en faisaient le meilleur acteur américain de son époque. Il est certain de toute façon que Muni travailla toujours avec beaucoup de sérieux, se consacrant à son métier comme bien peu d'acteurs le faisaient alors.

Dans son autobiographie "The Lonely Life", Bette Davis brosse un savoureux portrait de celui qui fut son partenaire dans "Ville Frontière" (Bodertown,1935) d'Archie Mayo : "Paul était à mon avis un homme très séduisant, mais évidemment il ne devait pas être dela même opinion que moi, puisqu'il se cachait souvent derrière une barbe... de toute façon il est sûr que c'était un excellent acteur. Mais selon moi, mis à part le soin qu'il apportait à certains petits détails, l'absence d'une totale maîtrise de soi contribuait à affaiblir certaines de ses interprétations. C'est là une critique que je fais souvent aux acteurs qui jouent instinctivement. L'intelligence de Paul était toujours en éveil; il mena son combat parce qu'il estimait juste et il contribua à la dignité et à la respectabilité de Hollywood.

Après la guerre, il ne fit plus guère d'apparition au cinéma, se consacrant surtout au théâtre, et aucun de ses derniers films ne figure dans les réussites notables de cette période. Paul Muni avait perdu l'usage d'un oeil à la suite d'une délicate intervention chirurgicale.

Sa dernière apparition sur une scène remonte à 1959, dans une adaptation musicale de "Grand Hôtel". Au cinéma, après tourné sous la direction de John Farrow dans "Le Commando frappe à l'aube" (The Commando Strike at Dawn,1942), il enchaîna l'année suivante avec Frank Borzage dans "Le Cabaret des étoiles " (Stage Door, Canteen,1943). En 1946, il donna la réplique à Anne Baxter et Claude Rains dans "L'évadé de l'enfer" (Angel on my Shoulder) de Archie Mayo. Son dernier film, ce fut Daniel Mann qui en assura la mise en scène dans "La colère du Juste" (The Last Angry Man,1959). Oublié, enfermé dans un mutisme tenace, il disparaît le 25 octobre 1967. Sa femme, Bella Frinkel fut sa compagne pendant une cinquantaine d'années.

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1929